Brève, vivelepcf, 7 juin 2015

En Espagne, être « républicain » a encore un sens fort. C’est se revendiquer de ceux qui combattirent pour la République, la démocratie, les libertés pendant la Guerre civile contre le fascisme entre 1936 et 1939. C’est refuser la monarchie que les tenants de la dictature franquiste ont rétablie en 1975 pour couvrir la préservation des intérêts capitalistes et impérialistes devant l’inévitable transition vers la « démocratie » bourgeoise.

Certes le nouveau roi Philippe VI, Felipe VI, s’est juste de donné la peine de naître – et de poser pour les magazines avec la reine – pour devenir chef de l’Etat. Il n’a pas eu à travailler, encore moins à être élu. Contrairement à sa sœur et son beau-frère, il n’est pas inculpé pour escroquerie. Contrairement à son père Juan-Carlos, il ne s’adonne pas à des loisirs aussi choquants que la chasse aux éléphants en Afrique. Il n’est est pas moins son fils, le fils de l’héritier désigné par Franco.

Au vue de ce que représente cette monarchie espagnole, communistes, nous ne pouvons qu’être révoltés par l’accueil à la fois fastueux et obséquieux que des institutions de la République française ont fait à ce couple de tête couronnée le 3 juin dernier.

La Maire de Paris, Anne Hidalgo a convié l’héritier de l’héritier de Franco pour inaugurer une plaque en l’honneur des « Combattants de la Nueve », ces Républicains espagnols qui participèrent à la Libération de Paris en août 1944 dans la deuxième DB. Cet acte de révisionnisme est un affront pour la mémoire de ces militants républicains, majoritairement anarchistes et communistes.

A l’Assemblée Nationale, le Président Claude Bartolone a mobilisé la Garde Républicaine en grandes pompes pour accueillir le couple royal. Sur le ton habituel à l’animateur de télé Stéphane Bern, alternant les « majesté » et les « sire »,  il a ensuite donné la parole en séance publique au roi pour trente minutes de fadaises pro-européennes.

Notre réaction politique de réprobation et de dégoût s’arrêterait là si plusieurs députés du groupe GDR-FdG-PCF n’avaient décidé de participer à la séance et de se joindre aux vivats pour le monarque.

En octobre 1995, le président RPR Philippe Seguin avait déjà innové en invitant un chef d’Etat étranger, en l’occurrence le roi Juan-Carlos, à l’Assemblée. Les députés PCF de l’époque avaient boycotté la séance et l’avaient fait savoir.

Cette année, les députés André Chassaigne, Marie-George Buffet, Patrick Carvalho, Gaby Charroux et le détenteur depuis 1980 du siège de Robert Ballanger, l’ex-PCF François Asensi, se sont dressés pour applaudir le roi d’Espagne.

Chassaigne s’est trouvé à l’aise pour se justifier aux journalistes interloqués du Figaro : « Je ne suis pas choqué par cette intervention dans la mesure où elle a une dimension essentiellement symbolique pour valoriser les liens qui unissent nos deux pays » – « Le discours du roi a eu une tonalité et un contenu allant dans ce sens. Bien évidemment, il n’avait pas à s’immiscer dans nos choix politique. Il a su garder la hauteur nécessaire ».

La « hauteur » ? Après 18 ans de normalisation du PCF : quel dégât !