Articles taggés FN

Présidentielles : le capital a gagné sur toute la ligne. Un PCF sur le terrain des luttes pour organiser la riposte dès le 1er mai.

Communistes, nous avons toujours dénoncé l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Avec elle, le système s’est doté d’un instrument idéologique redoutable pour contenir les quelques concessions démocratiques qu’il a dû laisser devant les luttes des travailleurs et du peuple, pour les détourner vers une acceptation de sa politique, une « servitude volontaire ». Avec le quinquennat, imposé sous la « gauche plurielle » en 2000 (Mélenchon compris), le système a subordonné, systématiquement tous les 5 ans, les élections législatives au vote pour un chef. Seule, l’existence d’un parti révolutionnaire de classe et de masse, le PCF, a historiquement permis de contrecarrer ce piège, d’offrir une alternative, du moins une forme de résistance aux travailleurs. Mais, et c’est une constatation fondamentale, même si elle se situe dans la suite logique des années précédentes, 2017 sanctionne la disparition complète du point de vue communiste organisé. Aux présidentielles 2017, le système fait un carton plein. Il a atteint ses trois cibles.

L’alternance droite/gauche, à bout de souffle, est dépassée

Premièrement, il est parvenu à dépasser son mode habituel de gouvernement politique, l’alternance droite/gauche pour mener, de façon complémentaire, successivement depuis 30 ans, la politique au service du capital. A bout de souffle, le système risquait de ne plus être opérationnel devant le niveau du mécontentement populaire et des luttes potentielles. Le système l’a remplacé en arrivant à introniser Macron comme une figure de renouvellement, alors qu’il est l’héritier direct du président sortant honni, qu’il est un valet direct du capital. Pour accentuer cette posture, Macron n’a pas hésité à s’attacher les soutiens de personnes allant de Robert Hue et Patrick Braouezec à Alain Madelin. Le scrutin présidentiel, personnifié, est décidément un terrain privilégié pour le matraquage idéologique, passé au marketing politique 2.0 (internet).

Le système a sacrifié un bouc émissaire, avec acharnement, son fidèle Fillon, postulant naturel à l’alternance. Logiquement, l’opinion publique s’est choquée davantage d’un costume à 13.000 euros que des dizaines de milliards d’euros de cadeaux au profit, accordés ou promis par Macron ou Fillon. Cette manipulation de la campagne a en outre permis d’abaisser comme jamais le niveau du débat politique dans le pays. Fillon, trop clair, trop cru, dans ses perspectives de casse sociale, risquait de raviver très vite les luttes ouvrières. La candidature confusionniste Macron semble plus à même de faire passer, en « douceur », la même politique. Egalement de faire de l’extrême-droite l’opposition privilégiée, plutôt que le mouvement social. On notera que le parti libéral-réactionnaire, Les Républicains, ne devrait pas couler avec son candidat. Contrairement au PS, voué à un éclatement.

Subissant les trahisons et la concurrence traduite par les sondages, le candidat de la gauche social-démocrate normale, pourtant « frondeur », Hamon, a endossé le sinistre bilan de Hollande à la place de Macron. La force de l’idéologie dominante est vraiment épatante !

Le système érige le FN en opposant principal aux politiques ultra-capitalistes

Deuxièmement, les tenants du système peuvent se réjouir que les conditions soient rassemblées, après ce vote, comme jamais, pour que l’extrême-droite représente et canalise l’opposition à la politique ultra-capitaliste de la présidence et de la majorité Macron à venir. Plus que jamais, le FN va servir de dérivatif, de repoussoir mais aussi de légitimation au prochain gouvernement, comme il l’a fait pour sa candidature. Macron et Le Pen sont les meilleurs ennemis. Macron a cultivé dans sa campagne, globalement creuse, les clivages avec le FN sur le multiculturalisme, l’immigration ou la Russie de Poutine. De son côté, Le Pen a habilement affiné sa démagogie sociale attrape-tout, ce qui la rapproche de la caractérisation du fascisme. Elle capte aisément, pour la déformer vers le nationalisme, l’opposition populaire à l’UE du capital, dont Macron est le chantre.

Les résultats du 23 avril montrent une perspective extrêmement inquiétante. Le FN paraît davantage en situation de dépasser son rôle de contrepoint et de faire valoir des politiques « ultralibérales » et pourrait devenir un recours pour le capital, devant l’aggravation de la crise et la nouvelle cure antisociale qu’annonce l’élection de Macron. Le Pen a obtenu un nombre jamais atteint de voix, 7,7 millions. Son influence électorale s’est socialement et géographiquement homogénéisée, mis à part les banlieues à forte population d’origine émigrée et les centres-villes. Le scrutin a montré que la droite extrême dispose de réserves, pas pour gagner le 7 mai, mais pour la suite. Pensons, sans tirer systématiquement de trait d’égalité, à une partie de l’électorat ultraréactionnaire qu’a courtisé Fillon et qui a, ces dernières années, montré ses capacités à tenir la rue. Pensons au vote pour Dupont-Aignan qui masque à peine son ambition de devenir premier ministre d’ouverture d’une présidente Le Pen.

Une recomposition de la gauche accélérée afin de faire taire la contestation de classe

Mais ce qui est aussi inquiétant, face à Macron et à ces sombres perspectives, c’est la recomposition de la gauche que la présidentielle accélère. Avec l’avènement de Macron, l’éclatement du PS se précipite. Fondamentalement et historiquement, comme dans d’autres pays, la social-démocratie a perdu l’essentiel de sa raison d’être, celle de gérer le « grain à moudre » pour faire rempart aux partis révolutionnaires et au camp socialiste. Il faudra approfondir cette analyse plutôt que constater le soi-disant « double échec « du « socialisme réel » et de la social-démocratie.

Une grande partie des notables du PS devrait rejoindre Macron et achever sa mue « libérale ». Et le reste ? Les contours de la recomposition politique à gauche sont encore imprécis. Mais ce qui se dessine constitue la troisième réussite du système à ces élections.

Ce qui va passer pour la « gauche », voire la « gauche de la gauche », sera dominé par le réformisme, des transfuges socio-démocrates (Hamon et cie, Mélenchon ex-PS), des représentants des lobbys sociétaux inscrits dans le fonctionnement idéologique du système, avec une place renforcée pour le populisme incarné par Mélenchon. On penche plus vers l’exemple Tsipras, Iglesias ou même Beppe Grillo (dont les représentants devisaient à Rome avec Mélenchon du « plan B ») que vers Corbyn (qui n’est pas pourtant exactement ma tasse de thé).

Je fais partie des camarades qui n’ont pas donné de consigne de vote pour le 1er tour. C’est-à-dire notamment que je n’ai ni appelé à voter Mélenchon, ni spécialement appelé à ne pas voter pour lui. Mais, puisque Pierre Laurent et la direction de notre parti se sont rangés derrière sa candidature, puis qu’une partie de la réaction l’a abusivement qualifié de « communiste » (un compliment pour lui, une injure pour nous !), nous avons fait notre possible, en continuant à militer pendant la campagne, pour éviter tout amalgame entre Mélenchon et, nous, communistes.

De nombreux électeurs et camarades ont voté Mélenchon, par défaut, sans illusion sur le personnage, mais pour voter le plus utile « à gauche » parmi tous ces mauvais choix. Depuis le départ, ça ne pose aucun problème. Après la désignation de Hamon (différent mais pas moins « à gauche » que Mélenchon), il y avait le choix, sans parler des candidats gauchistes. Face à la candidature sabotée de Hamon, Mélenchon a gagné la 3ème primaire, celle des sondages qui en ont fait le vote le plus « utile ». Mais de fait, fort de ses 19%, Mélenchon sort très renforcé dans la recomposition à venir de la gauche.

La personnification de la politique, le dédain des partis, le populisme pratiqué par Mélenchon sont à l’opposé de nos conceptions. Son programme économique et social est tout sauf anticapitaliste. Les mots même « capitalisme » et « lutte des classes » sont absents de son programme. La FI (« France insoumise ») propose, sous les oracles de Keynes et Roosevelt, de revenir à une forme ancienne du capitalisme monopoliste d’Etat, national, avec injonction dirigiste de milliards d’euros dans l’économie capitaliste. Philippot est sur la même longueur. Le protectionnisme, c’est une politique capitaliste, à l’opposé de la réponse aux besoins dans le pays. Sur les revendications sociales et les mesures concrètes, Mélenchon est au plus bas (SMIC, retraites etc.) et va même jusqu’à promouvoir la fusion CSG/impôt sur le revenu, machine à détruire le financement de la Sécurité sociale. Sur l’UE, la position du Maastrichien est fourbe, laissant envisager que l’UE du capital serait réformable, renvoyant aux calendes grecques toute rupture (« plan B »). Sur la paix, Mélenchon condamne l’OTAN mais pas le surarmement français, comme il a applaudi Sarkozy pour la destruction de la Libye. J’en passe, notamment sur les envolées nationalistes et le changement de couleur, du rouge au bleu, depuis 2012.

Mais le plus dangereux chez Mélenchon, c’est la perspective de rupture politique qu’il met en avant. Avec la « 6ème république », il la place sur le terrain des institutions, de la superstructure, de l’amendement de la démocratie bourgeoise et non sur la lutte des classes. Il la place en terme de renversement de régime allant jusqu’à se revendiquer de De Gaulle et du 13 mai 1958. Cette perspective et son populisme nourrissent le terrain où pousse le plus facilement la mauvaise herbe d’extrême-droite. Et c’est très grave.

Mélenchon et sa « France insoumise » ne peuvent pas être le centre de gravité d’une gauche de résistance et de reconquête. Notre priorité doit être la reconstruction du PCF.

Le système peut se réjouir d’une quatrième victoire, dont il n’est pas directement responsable : la disparition totale du PCF et du point de vue communiste organisé. Ses causes ne remontent pas à la décision de ne pas présenter de candidat. Si la direction du PCF n’a pas présenté de candidats, c’est parce qu’elle a abandonné tant de positions communistes et adopté des positions réformistes qu’elle ne peut pas assumer dans une élection nationale, sous peine de dépasser, par le bas, le score de Marie-George Buffet en 2007. Souvenons-nous du congrès bâclé de 2016 et de la base de discussion vide de sens et illisible !

Depuis 6 mois, les choix et les revirements de la direction du Parti sont suicidaires. Même si c’était dans une logique tactique et électoraliste, elle commençait à se rendre compte que l’opération Front de Gauche et l’intronisation de Mélenchon qu’elle a favorisée se retournent contre le PCF. Des critiques évidentes à l’encontre de Mélenchon, qu’à quelques-uns nous propagions dès 2008 et 2011, commençaient à être reprises. Et puis fin novembre, revirement et alignement lancé par Pierre Laurent par voie de presse sur Mélenchon. Sur la base de prédictions avérées de bon résultat de Mélenchon, de prédictions démenties de victoire de Valls aux primaires ? D’autres, en « opposition », se prononçaient pour une candidature « provisoire » anticipant un ralliement possible au candidat PS… Après la désignation de Hamon et les flottements dans les sondages, la direction du PCF endosse une nouvelle raison d’être : entremetteur entre les courants Hamon et Mélenchon de la social-démocratie ! Avant, vu les sondages, un alignement complet sur Mélenchon malgré le mépris hautain affiché par ce dernier pour les communistes et leurs candidats. Beaucoup de communistes vivent cela comme une humiliation.

Comme beaucoup de camarades, de « tendances » pas nécessairement identiques, nous avons tenu le terrain localement pendant la campagne, préservé quelque chose. Mais cela ne durera pas indéfiniment, si cette direction continue à plier sous les sondages et l’idéologie dominante.

Je respecte pleinement les dirigeants du Parti qui ont défendu, face à l’alignement sur Mélenchon, un point de vue « identitaire », très différent du mien, se référant aux orientations du PCF et du PGE et les assume. Mais je ne crois pas que les positions, que je ne partage pas, proposant la réorientation de l’UE et de  la BCE, qui font passer le Maastrichien Mélenchon pour plus anti-UE que nous, proposant la modulation des cotisations patronales, proposant de tirer le revenu universel de Hamon avec une incompréhensible « sécurité emploi formation » défendent le Parti et sa raison d’être révolutionnaire.

Sans exagérer, l’heure et grave pour le pays et l’heure est grave pour le PCF, les deux allant, pour moi, ensemble.

Dans l’immédiat, pour le 2nd tour, en cohérence avec l’analyse ci-dessus, je pense que le Parti ne doit pas donner de consigne de vote. Cela ne veut pas dire appeler à ne pas voter Macron et condamner ceux qui pensent que c’est un moyen de faire barrage à l’extrême-droite. Le désaccord n’est pas sur le fond avec eux et l’on ne va pas se disputer. Mais ma réflexion m’amène à penser que l’extrême-droite et Macron sont objectivement complices et que le capital version Macron est plus près que jamais d’enfanter une forme de fascisme. Il est en tout cas inadmissible que Pierre Laurent ait court-circuité le débat du parti et du CN.

Pour les législatives, je formule un vœu pieux : que le PCF adopte le principe (souffrant peu d’exceptions) de présenter des candidatures de rassemblement dans toutes les circonscriptions, d’entamer ou de poursuivre l’action militante, de se dégager de toute négociation, de ne rien quémander, sous la pression des résultats de la présidentielles, pour des candidatures uniques de « gauche » préfigurant la recomposition politique à dominante réformiste. A ce moment : le Parti d’abord ! Aussi pour le rassemblement de ceux qui nous intéressent le plus : l’avant-garde de la classe ouvrière.

Pour le fond, à terme, je renvoie aux analyses de la motion alternative que j’ai signée pour le congrès : « Reconstruisons le Parti de classe. Priorité au rassemblement dans les luttes ».

Une date immédiate s’impose : le 1er mai ! Tout va être fait pour détourner les manifestations traditionnelles du mouvement ouvrier vers un appui, politique et même syndical, au prochain gérant loyal du capitalisme français. Il est plus important que jamais que nous nous investissions toutes nos forces pour en faire le début de la riposte à l’ultracapitalisme de Macron et à l’extrême-droite, recours du système.  

EDT pour vivelepcf, 26 avril 2017

 

Appel à signer : Présidentielles : Communistes, pourquoi nous ne donnons pas de consigne de vote pour le 2nd tour.

 

Travailleurs, retraités, jeunes attaqués et appauvris par les politiques antisociales, Réfugiés fuyant les bombes, les dictatures, la désolation, Nous avons les mêmes ennemis : les capitalistes profiteurs des guerres !

Communiqué de la section du PCF de Saint-Martin-d’Hères (Isère), repris pour Vive Le PCf.

Un millier de manifestants ont eu raison de la provocation du FN à Saint-Martin-d’Hères.

C’est pour nous une victoire de la solidarité de classe, contre le discours démagogique, xénophobe et de peur de l’extrême droite, que d’avoir initié un rassemblement place du CNR, ce qui a provoqué l’inquiétude du FN qui a finalement annulé sa provocation de manifestation sur des mots d’ordre nauséabonds, dans notre ville communiste depuis 1945.

En effet, ce vendredi 4 novembre 2016, un millier de personnes étaient rassemblées place du Conseil National de la Résistance à l’appel des communiste de SMH, de l’UD CGT de l’Isère, d’organisations politiques d’extrême gauche et des organisations de jeunesse et étudiantes.

Une manifestation partant du domaine universitaire a convergé vers notre rassemblement. Peu avant notre rassemblement, le FN a annulé sa manifestation devant la mairie de Saint-Martin-d’Hères. Nous considérons cela comme une victoire mais appelons aussi à rester vigilants face aux manœuvres politiciennes de haine du FN et au cynisme et à l’hypocrisie des politiciens du système, toujours prêts à détourner la colère des travailleurs vers leurs frères de classe alors que nous avons les mêmes ennemis : les capitalistes profiteurs de guerre !

La presse a minimisé honteusement notre rôle moteur dans cette mobilisation réalisée en moins de 3 jours. Nous, communistes, nous ne nous formalisons pas, nous avons l’habitude… Notre force réside en notre présence sur le terrain aux côtés des travailleurs.

Sur la place du CNR dans une bonne ambiance, plusieurs prises de parole ont eu lieu dont celle de Monsieur David Queiros, maire PCF de Saint-Martin-d’Hères qui, (en réponse aux provocations xénophobes du FN sur notre commune communiste depuis 1945), a souligné la réussite du rassemblement populaire et festif sur des positions de solidarité internationaliste. Chaque organisation appelante a pu s’exprimer : nous étions avec nos différences tous unis contre la provocation du FN sur SMH et contre son discours de haine, de peurs..

L’annulation de leur manifestation est une grande victoire de la solidarité de classe !

Nous avons la fierté d’avoir une ville où, depuis des décennies, des travailleurs réfugiés de tous les pays s’y sont installés et vivent ensemble, réfugiés du fascisme Italien, Espagnol, Portugais, réfugiés du colonialisme et des guerres impérialistes d’hier et d’aujourd’hui… Nous refusons de voir stigmatiser nos voisins, nos collègues, nos amis. Nous sommes tous des travailleurs et nos intérêts sont communs.

Ce n’est certainement pas quelques dizaines de réfugiés arrivés sur SMH, comme dans d’autres villes, qui nous mettent en difficulté. C’est la politique capitaliste, va-t-en guerre imposée aux travailleurs pour que quelques uns s’enrichissent !

La politique du capital, par sa déréglementation du travail issue des différents projets de loi gouvernementaux rejetés par les travailleurs , produit la casse des statuts des cheminots, des fonctionnaires mais également l’augmentation des emplois précaires, les licenciements… tout en offrant de nouveaux cadeaux au patronat (200 milliards d’aides données aux entreprises via plus de 4500 dispositifs) alors que les travailleurs sont au pain sec et à l’eau !

STOP AU VRAI SCANDALE ! LA POLITIQUE VA-T-EN GUERRE DU GOUVERNEMENT !

Elle coûte, chaque année, des milliards d’euros (1 avion rafale = 250 millions d’euros = 20 000 SMIC ANNUELS !), alors que cet argent serait mieux investi pour l’ensemble des travailleurs dans les écoles, les hôpitaux, les services publics, voilà le vrai scandale !

Le FN n’a pas le monopole de l’hypocrisie. L’extrême droite pousse jusqu’au bout celle des gouvernements successifs de la France, des autres pays d’Europe et de l’UE.

Qui est responsable des guerres qui ont semé la désolation, détruit les États en Irak, en Libye, en Syrie et ailleurs ? Qui sinon les Sarkozy, Hollande ou Fabius, Blair, Cameron ou Merkel, complices de l’impérialisme américain ? En concurrence avec la Turquie ou la Russie pour piller les richesses de ses pays.

La lutte contre le « terrorisme » n’est qu ’un prétexte. Les autorités françaises flattent et arment les dictatures du Golfe, comme le Qatar et l’Arabie Saoudite, celles qui alimentent les groupes terroristes.

Des réfugiés dans le monde, il y en a de plusieurs sortes :

- Il y a ces millionnaires, ces milliardaires de France, qui le plus souvent n’ont jamais travaillé et qui s’installe en Suisse, en Belgique ou à Monaco pour échapper à l’impôt républicain. Il y a ces affairistes qui placent leurs avoirs dans des paradis fiscaux, sous les tropiques, pour frauder le fisc et le financement de la Sécurité Sociale.

- Il y en a d’autres très différents : ceux qui fuient au péril de leur vie, sur des radeaux de fortunes, des pays écrasés par la guerre, la misère, la répression, les dictatures, notamment la Syrie, l’Afghanistan, la Somalie, l’Erythrée…

Il y a 40 millions de réfugiés de guerre dans le monde. Quelques centaines de milliers atterrissent en Europe.

L’hypocrisie est complète sur le sort des « migrants ». Tantôt les réfugiés sont refoulés, laissés à la mer. Tantôt ils sont tolérés, au compte-goutte, en Europe, selon les besoins en main d’œuvre, souvent qualifiée, toujours ultra-précaire vu leur situation de détresse, des économies, notamment allemande, suédoise ou britannique.

Communistes, face aux manœuvres politiciennes de haine du FN, au cynisme et à l’hypocrisie des politiciens du système, nous nous prononçons pour :

- L’arrêt de la participation de la France aux guerres à l’étranger, la cessation immédiate des livraisons d’armes au dictatures du Golfe et d’ailleurs, la sorite de la France de l’OTAN
- La levée immédiate de l’état d’urgence
- La réduction des dépenses militaires
- L’argent pour l’école, l’hôpital, pas pour la guerre !

Pour la justice sociale, contre les logiques de divisions et de haine, contre l’engrenage de la guerre impérialiste, qui nourrit le terrorisme là-bas et ici, pour la solidarité entre les travailleurs de toute origine, pour la paix, communistes, syndicalistes, nous réaffirmons notre engagement total pour les travailleurs et les populations.

CN du PCF – janvier 2016 – intervention d’Emmanuel DANG TRAN

Conseil national du PCF des 16 et 17 janvier 2016, intervention d’Emmanuel DANG TRAN, fédération de Paris

J’ai le plaisir (hum…) d’intervenir en dernier dans la discussion de ce Conseil national. Dans quelques minutes, Pierre Laurent, parti d’ici depuis 2 heures vers les studios, annoncera sur France 3 une position sur la question qu’il aura mise au centre de ce CN sans que ses membres n’aient rien pu trancher : la perspective de « primaires à gauche ».

Cela confirme la tenue à l’écart du CN des décisions principales, telle que d’autres l’ont dénoncée à leur façon ici. Dernièrement sur l’alignement sur « l’union nationale » et l’état d’urgence après les attentats, auparavant en juillet sur le soutien au plan Tsipras/EU etc.

Au CN du 10 juin dernier, la direction a fait voter une résolution très générale sur les régionales ouvrant à des alliances imprécises. J’ai voté contre ce texte, contre son contenu insuffisant et contre sa démarche prévisible [seule voix contre, sachant que plusieurs proches camarades du CN étaient excusés]. Cela n’a pas manqué, dans les semaines qui ont suivi, la direction du Parti s’est engagée dans une recherche d’alliances électorales contre-nature derrière les pro-européens d’EELV. On voit le résultat. On mesure aujourd’hui, à ce CN, à travers les interventions enthousiastes ou réticentes des camarades de la région pilote Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, la nature de la recomposition politique engagée avec la constitution d’un groupe commun dans le nouveau conseil régional avec les élus EELV.

Alors demain, dans la perspective de « primaires » pour les présidentielles, on continue à noyer le PCF dans un ensemble allant jusqu’à l’anticommuniste, européiste (giscardien !) Cohn-Bendit ?

J’ai conscience que je vais être un peu hors sujet en ne parlant pas que des primaires… le sujet imposé du jour que pourtant le PCF pourrait et devrait purement et simplement ignorer…

Je veux exprimer mon inquiétude devant la tentative de pénétration du FN dans le monde du travail, qui devrait préoccuper le Parti en première ligne. Comme la camarade des Ardennes, je pense que nous devons analyser et démonter avec soin le brouillage qu’organise le patronat quand Gattaz appelle à s’opposer au FN.

Dans la Somme, cette semaine, il y a eu la provocation antisociale qu’ont représentée les condamnations des syndicalistes de Goodyear. Il y a eu aussi un meeting contre la fermeture programmée de l’usine SAPAG de Ham. SAPAG, racheté par le groupe américain Pentair, produit des valves notamment pour Areva et Total. L’intersyndicale avait invité des élus et représentants politiques de tous les partis, dont le PCF 80 et … le FN. Le président de séance FO a passé la parole au FN sans que personne ne bronche à l’exception de la délégation du PCF de la section de Saint-Quentin (ville de l’Aisne voisine où résident de nombreux ouvriers de SAPAG). Les camarades ont été poliment éconduits. En substance, les salariés leur ont expliqué que les politiques sont tous des pourris et qu’il n’y a pas lieu de faire une différence pour le FN. Voilà qui doit nous interroger fortement. La défiance vis-à-vis « des politiques » n’empêche pas que les salariés les invitent et comptent sur les institutions politiques et les élus pour sauver l’entreprise, sur le gouvernement PS et la région LR de Xavier Bertrand. Le FN s’infiltre, comme force « vierge », avec ses nouveaux élus interpelant les institutions sur des positions « nationales » qui paraissent plus offensives face à la multinationale US. Il profite du « tous pourris » et a obtenu des résultats électoraux énormes dans ce secteur. A la fois pour défendre l’entreprise et pour contrer la démagogie des pires ennemis des travailleurs, ce cas pose la question de l’intervention du Parti, non à la remorque de la « gauche » dans les institutions, mais dans la lutte et la mobilisation pour faire plier les capitalistes.

Je reviens aux « primaires ».

-          Nous dénonçons les effets pervers de la présidentialisation de la démocratie déjà bourgeoise. Comment peut-on imaginer la reproduire en caricature nous-mêmes ? Le problème n’est pas que les primaires ne seraient pas « dans notre « culture », comme a dit Pierre Laurent, c’est que nous devons continuer à rejeter cette mascarade politicienne à la façon US. Il n’est pas acceptable que l’on détourne l’attention et l’énergie du CN et des communistes sur un tel sujet.

-          Nous sommes au début 2016, face à une violente politique antisociale : nous n’avons pas à rentrer dans le système politique qui renvoie tout changement éventuel à l’élection présidentielle une fois tous les cinq ans et qui laisse semer entre temps toutes les illusions électorales. A quoi même ont servi la campagne et le score de Mélenchon en 2012 (« voter pour lui comme pour moi-même » dixit Mélenchon dès le soir du 1er tour) sinon à rabattre sur Hollande avant d’alimenter de terribles désillusion et résignation ?

-          Par ailleurs, personne ne peut être dupes ici des intentions politiciennes qui animent ceux qui appellent à la tenue de « primaires » (et vont multiplier les plus basses manœuvres). Il n’y aura pas de primaire avec Hollande, pas avec Mélenchon et sans doute pas du tout. Il s’agit en réalité de préparer une recomposition politique pour 2017 et surtout pour la suite, et de se disputer accessoirement le rôle et les places que telle ou telle personnalité ou formation pourra y tenir.

Une politique encore plus violemment antisociale encore, à la faveur d’une nouvelle crise financière – peut-être une « crise des émergents » –  est à redouter. Le recul des acquis sociaux en France est encore loin d’atteindre la situation des pays d’Europe du sud ou même de la Grande-Bretagne. On imagine sans mal un Juppé ou un Valls assumer la période suivante, en s’appuyant d’ailleurs sur l’état d’urgence. Le Fn peut continuer à jouer son rôle de déversoir et de repoussoir. Mais le système peut avoir besoin dans notre pays, à l’image de Podemos ou de Syriza, d’une fausse opposition de « gauche », plus ou moins « radicale » dans les mots, mais résolument réformiste et pro-européenne. Pour occuper ce créneau aux présidentielles puis ensuite, les socio-démocrates « frondeurs » ou l’ultralibéral européiste Cohn-Bendit se tiennent prêts. Trop marqué, Mélenchon n’y a pas sa place. Communistes, nous n’avons rien à faire avec ça, avec ce que la stratégie de la direction du PCF a commencé à préparer aux départementales et aux régionales en courtisant EELV !

-          Au-delà de la tactique politicienne, c’est l’orientation politique de la « gauche » ou de la « gauche de la gauche » que les primaires tendent à imposer qui est inacceptable pour les communistes. Et cela même si d’aventure, il devait y avoir une candidature PCF de témoignage à la primaire, voire à l’élection même (celle de Pierre Laurent ?) dans ce cadre. Quelques affirmations anti-austérité, le refus de l’extension de la déchéance de nationalité (après avoir approuvé ensemble l’état d’urgence et la poursuite de la guerre !) constituent un plus petit dénominateur commun sans consistance. La résistance et la riposte que le PCF doit porter dans la lutte des classes sont incompatibles avec les positions pro-européennes des frondeurs ou d’EELV, avec la nostalgie du programme de Hollande 2012 !

J’appelle le CN et les communistes à refuser la combine et tout ce scénario pour 2017 et à engager une riposte nationale immédiatement en 2016. Une fois de plus, cette réunion du CN n’aboutira à rien sur ce qui est le principal. Dans les fédérations, dans les sections, redoublons les campagnes contre le « pacte de responsabilité » et notamment contre le CICE. Nous ne pouvons pas considérer comme fait accompli (à aménager) le plus gros transfert d’argent socialisé vers le profit capitaliste.

Pour ne citer qu’une seule lutte concrète : mobilisons pour le service public nationalisé EDF, en nous appuyant sur les luttes contre les 4000 suppressions d’emploi programmées, les hausses de tarifs, la privatisation scandaleuse ordonnée par l’UE des barrages, première source d’électricité « propre ».

Un seul mot aujourd’hui, pour finir, sur le congrès : pourquoi ne pas revenir au calendrier initial qui prévoyait une « Convention nationale sur le projet » ce printemps et la tenue du congrès cet automne ? Cela permettrait aux communistes de se prononcer en toute connaissance, au bon moment, sur la préparation – qui risque d’être structurante contre leur parti – de la campagne des présidentielles…

Quelques grands patrons prétendent vouloir lutter contre le FN : inconscients, hypocrites, cyniques, ils font son jeu.

Vivelepcf, 27 décembre 2015 

A l’occasion des élections régionales, plusieurs grands patrons ont exprimé publiquement leur volonté de combattre le Front national. Pourtant ils font partie de ceux qui, directement en lien avec les gouvernements successifs et l’Union européenne, ont suscité et mis en œuvre les politiques de casse sociale dont le FN exploite et détourne le rejet populaire. Qu’est-ce qui les motive à intervenir directement en politique aujourd’hui ? L’inconscience, l’hypocrisie, le cynisme ?

Avant le premier tour des régionales, il y a d’abord eu l’interview très relayée de Pierre Gattaz au Parisien le 1er décembre. Nous l’avons déjà commentée sur ce site. Comme beaucoup d’observateurs, nous y avons vu un cadeau électoral pour le FN en même temps qu’une utilisation du FN pour brouiller l’alternative politique et jeter la confusion dans le monde du travail.

Gattaz met en garde contre les propositions économiques du FN qu’il ose comparer au programme commun de la gauche d’avant 1981. En clair, Gattaz cherche à discréditer chez les travailleurs et à « gauche » des propositions de rupture essentielles comme le retour à la retraite à 60 ans, la hausse du SMIC et des salaires, la rupture avec l’euro en les associant au repoussoir FN. A cette fin, il ne craint pas de légitimer, en tant que lui-même repoussoir patronal, la démagogie sociale du FN.

Dans le même temps, les déclarations du président du MEDEF coïncident – dans le temps – avec celles des grandes confédérations syndicales (séparément ou ensemble) contre le danger FN. Voilà de quoi semer la confusion dans les entreprises. Bien sûr, le contenu des analyses patronales et syndicales diffèrent en grande partie. Mais l’importance de la montée (organisée) du FN et sa dramatisation risquent de minimiser ces différences, notamment d’ici les présidentielles de 2017, en supplantant les questions économiques et sociales et l’expression de la lutte des classes.

Cynique, hypocrite, dangereux : le discours de Gattaz se tient.

Il est d’ailleurs logiquement appuyé par un autre grand patron maître en hypocrisie (« dialogue social »), qui aime à passer pour « social » mais qui, avec Attali, est l’inspirateur direct des pires politiques de Hollande, CICE, Pacte de responsabilité, loi Macron… : Louis Gallois (ex-PDG de la SNCF, d’Airbus, actuel président du Conseil de surveillance de PSA). Dans Marianne du 18 décembre, il affirme « partager entièrement la position politique de Gattaz sur le FN » et il le félicite : « il faut bien que les gens s’expriment. Il y a une sorte de trouille à réagir au FN. Je pense qu’il était très important que Pierre Gattaz se soit exprimé ». Gattaz : quel courage !

Dans Les Echos du 10 décembre, après les 28% du FN au 1er tour, parmi d’autres personnalités, deux PDG sont interrogés sur la question : « comment lutter contre la montée du FN ? ». Leurs analyses, à l’un et à l’autre, laissent pantois.

Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris, s’efforce depuis des mois de faire passer son plan de suppression de jours de repos des personnels, en même temps qu’il engage la fermeture de plusieurs établissements et des centaines de suppressions d’emploi. Aux Echos, il prétend s’exprimer, non en tant que DG de l’AP-HP, mais en tant que président de « l’Institut de l’engagement ». Comme cet « humaniste » ne « s’engageait » pas dans son occupation professionnelle ! Face au FN, Hirsch fait une priorité de « de ne pas donner d’armes au « tous pourris », « tous s’arrangent entre eux ». D’où la nécessaire remise en cause des comportements qui alimentent ce sentiment ».  Mais Martin Hirsch s’est-il regardé ? Tout le monde, du moins à l’AP – HP, sait qu’il a été ministre de Sarkozy avant d’être nommé au plus haut poste à l’AP – HP par Hollande ! Est-il donc hypocrite jusqu’à l’inconscience ? Quand quelqu’un comme lui donne de telles leçons contre le FN, comment le citoyen, l’électeur peuvent-ils les percevoir ? Passons rapidement sur la suite de son interview où il refait la publicité de son « service civique » et de son RSA destinés principalement à fournir de la main d’œuvre gratuite au patronat.

Autre interviewé par Les Echos sur le FN, Stéphane Richard, PDG d’Orange. Ses propos dépassent ceux des précédents dans l’inconscience, l’hypocrisie et le cynisme. Le premier actionnaire d’Orange reste l’Etat et Richard, n’est PDG d’Orange depuis 2011 que par la grâce des gouvernements, rappelons-le. Rappelons aussi qu’il poursuit la politique de liquidation et de pillage du service public au profit des banques et des actionnaires privés, marquée par un véritable et reconnu massacre social.

Mais en tant que « chef d’entreprise » (apolitique !), il estime avoir des « choses à dire » sur le FN. Il lance notamment : « On ne peut pas compter sur le personnel politique en place depuis vingt ou trente ans pour offrir une alternative au FN. Il faut faire exploser les partis en place si l’on veut un renouvellement. On pourrait créer un nouveau parti, ou avoir un rassemblement citoyen contre le FN ». L’ex-collaborateur de Borloo et Largarde dans leur cabinet ministériel, ancien candidat UMP, sait de quoi il parle ! Encore un qui ne se regarde pas dans la glace!

Le nouveau parti qu’il propose ? Le parti des patrons et des milliardaires ! Il complète en effet dans les Echos : « Je souhaite que les dix premières fortunes de France, les Arnault, Pinault, Bouygues, Drahi, Niel créent ensemble un fonds de 1 milliard d’euros pour financer les projets des jeunes, de la déradicalisation, des campagnes anti-FN ». Face au FN, ou plutôt au prétexte du FN : aller vers la dictature directe du grand capital ! Au passage, Richard invite à violer la loi sur le financement des partis politiques… Plus loin que Gattaz, Richard donne aux démagogues du FN un certificat d’opposants au grands capital !

Le FN contre les grands patrons, les grands patrons contre le FN ?  Les dirigeants du FN doivent bien rire ! Les salariés de France Telecom, avec cet idéologue décomplexé à leur direction, beaucoup moins !

Tout cela rappelle le photomontage des années 30 du graphiste allemand John Heartfield, même si nous ne sommes pas dans les mêmes circonstances : « Des millions sont derrière moi – le sens du salut hitlérien » où l’on voit derrière Hitler, non des millions de personnes mais de gros capitalistes lui donnant des millions de marks…

C’est d’abord dans le combat de classe contre le patronat et le capital que pourra être démasquée et réduite l’extrême-droite.