Articles taggés valls

La censure de la politique de la casse du droit du travail ne pourra passer que par la convergence des luttes organisée syndicalement

Tract – pétition, vivelepcf, 12 mai 2016

La censure de la politique de la casse du droit du travail ne pourra passer que par la convergence organisée (syndicalement, politiquement) des luttes des cheminots, des fonctionnaires, des salariés du privé et du public

Le vrai passage en force de la loi Valls/El-Khomri n’a pas lieu à l’Assemblée. L’utilisation par le gouvernement de l’article 49-3 pour couper court aux débats n’est une surprise pour personne. Il ne doit pas masquer qu’au moins 90% des députés, de droite, d’extrême-droite, ou de « gauche » suivent la politique de casse sociale, voulue par le patronat, appliquée par le gouvernement avec l’Union européenne. La quasi-totalité des députés « frondeurs » a approuvé ou laissé passer l’ANI ou la loi Rebsamen déjà contre le code du travail, le « pacte de responsabilité » et le CICE. Le 49-3 fait l’affaire de quelques élus de « gauche » qui espèrent préserver une certaine virginité avant les élections de 2017 : lamentable !

Non, le vrai passage en force, c’est que la loi El-Khomri est adoptée contre l’opposition massive des travailleurs et d’une large majorité de l’opinion publique. Ce rejet n’a pas diminué, ces derniers mois, malgré l’intense propagande du pouvoir, malgré la complicité étudiée des organisations syndicales et politiques de collaboration, les postures variées du Medef, malgré la confusion de certains mouvements de protestation, malgré les provocations violentes.

Le coup de force politique du 11 mai exacerbe la colère. Il peut et doit renforcer la lutte pour le retrait pur et simple de la loi El-Khomri. Il a eu lieu le même jour qu’une grande manifestation nationale des cheminots, précisément contre la casse du statut du travail à la SNCF.

La convergence d’intérêt est totale entre les luttes des cheminots et celle du reste du monde du travail. Les coïncidences, loin d’être fortuites, sont précises. A la SNCF aussi, le travail de sape des syndicats de collaboration qui négocient le poids des chaînes, enfin le niveau du recul social et de la casse du service public, atteint ses limites.

Les conditions existent pour une mobilisation massive et gagnante du monde du travail, avec la jeunesse, dans les prochains jours et les semaines qui viennent. Laissons de côté les calculs politiciens de ceux qui spéculent « à gauche » pour leurs ambitions en 2017 ! Disons à ceux que des mouvances rassemblent sur des places pour « rêver d’un autre monde » que les voies de la construction de cet autre monde, contre le capitalisme, sont connues depuis longtemps : la lutte des classes, les luttes pas à pas qui s’y inscrivent.

Les appels de syndicats locaux de cheminots se multiplient pour des actions plus continues, des grèves, à partir du 18 mai. De nouvelles manifestations nationales contre la loi El-Khomri étaient déjà prévues pour cette date. Les délégués au récent congrès de la CGT ont adopté un appel national à construire un mouvement reconductible pour lui faire échec.

« Ça passe ou ça casse » ? Hollande, Valls, Macron se montrent sûrs que ça va passer. Montrons leur qu’ils se trompent ! Commençons à inverser la politique au service du capital !

Communistes, nous mettons toute notre énergie à soutenir, renforcer et alimenter ces luttes dès maintenant. Censurer la politique du gouvernement : c’est les luttes qui le feront !

Projet Valls-Khomri . Extension de la « garantie jeunes » : peu de réel, rien de sérieux !

Brève, AB pour vivelepcf, 21 mars 2016 

La mobilisation de la jeunesse contre le projet de loi Valls-Khomri monte. Jeunes travailleurs, apprentis, étudiants, lycéens, la plupart ne veut pas que la précarité, qu’ils subissent souvent déjà, s’aggravent et se prolongent indéfiniment.

Le gouvernement commence à avoir peur tant les liens se développent avec la mobilisation des salariés. Il commence à avoir peur que les organisations de jeunesse social-démocrates soient débordées et ne parviennent pas à contenir le mouvement, notamment après la grande journée nationale de grève et de manifestation du 31 mars.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la mise en scène, avec la soi-disant réécriture du projet El-Khomri, de l’extension de la « garantie jeune » annoncée par Valls. Mais la réalité de la mesure est si fumeuse que l’on peut compter que cette annonce va se retourner contre ses auteurs.

La soi-disant « garantie jeunes » est d’abord un dispositif qui existe déjà depuis 2013, sans effet probant sur le chômage des jeunes, en dehors de la manipulation statistique. Des jeunes de 18 à 25 ans, ni étudiants, ni salariés, sans ressources peuvent toucher l’équivalent du RSA (461,26 euros par mois) pendant un an à condition de suivre un cursus dans des missions locales pour l’emploi avec en général des stages chez des patrons.

Valls promet une augmentation du nombre de jeunes « accompagnés » de 50.000 à 200.000 et il annonce l’affectation de 420 millions d’euros par an pour cela.

Mais, problème n°1 : l’annonce vaut d’ici 2017 et bien des choses vont changer d’ici la fin 2017.

Problème n°2 : Pas besoin d’avoir fait l’ENA pour comprendre que le chiffre ne colle pas. Divisez 420 millions par 12 fois 461,26 et vous trouverez 76.000 ! Et non 150.000 ! L’annonce chiffrée cumule sans doute deux années de suite… Donc cela fera peut-être 100.000 jeunes « accompagnés » sur les 900.000 rentrant dans les conditions du dispositif.

Problème n°3 : dans le cadre de la politique d’austérité et d’augmentation des dépenses militaires, sur quel budget public et social seront prélevés les 420 millions annoncés, avec quelles conséquences sur l’emploi ?

Problème n°4 : Aucun moyen nouveau de l’Etat ne semble être prévu pour les missions locales pour l’emploi. Ou alors, cela signifie encore moins de jeunes réellement « accompagnés ». Avec des statuts bâtards, en général associatifs, souffrant de la pénurie de moyens des collectivités, ces missions locales sont elles-mêmes fort précaires. Les institutions publiques qui sont censées les soutenir, par exemple le CIDJ (Centre d’information et de documentation de la jeunesse) voient leur financement littéralement sabré. Dans une collectivité riche comme Paris, la municipalité exécute les missions locales pour l’emploi (le slogan syndical de la grève de 2013 résume tout : « Mission locale de Paris en danger, salariés méprisés, jeunes en galère »).  

En définitive, qu’est-ce que c’est que l’extension de la « garantie jeunes » ? Ce sera quelques milliers de jeunes qui apprendront à rédiger un CV sans pouvoir inscrire une seule ligne supplémentaire dessus. Ce sera quelques milliers de jeunes qu’on enverra accomplir des tâches non-qualifiées gratuitement pour des patrons.

Communistes, nous n’avons jamais cru, ni fait semblant de croire un jour, à la « priorité à la jeunesse » proclamée en 2012 par Hollande ! Tous en grève et en manif le 31 mars !

Salariés, jeunes contre la loi Valls-Khomri, cheminots, fonctionnaires : TOUS ENSEMBLE CONTRE LA CASSE DU STATUT DU TRAVAIL !

Le numéro était cousu de fil blanc. Hollande et Valls ont envoyé la nouvelle ministre EL-Khomri trois pas en avant dans la casse du code du travail. Eux-mêmes ont fait ensuite, le 14 mars, le pas en arrière prévu. Comme s’ils avaient entendu la contestation !

C’était téléphoné : les syndicats de collaboration – CFDT en tête –, certains frondeurs du PS, se rallient au nouveau projet et le Medef fait mine de tousser. Jeu de postures et opération politicienne !

Dans le fond, rien du projet de loi anti-travailleurs n’a changé. Les soi-disant « concessions » étaient calculées. La nouvelle version étend un peu moins loin les possibilités de licencier sans raison valable. Le plafonnement des pénalités, en cas de condamnation par la justice prudhommale, est abandonné : il aurait été invalidé pour inconstitutionnalité. Les patrons n’auront pas encore la « liberté » de faire travailler les apprentis sous-payés 10 heures par jour et 40 heures par semaine. Grâce aux décrets Macron de 2015, ils peuvent déjà les disposer, sans expérience, sur des machines dangereuses ou des échafaudages…

L’essentiel, le plus grave, dans la loi Khomri-Valls, c’est la tentative de faire prévaloir les « accords » d’entreprise sur les accords de branche et même sur le droit commun. Cela s’appelle « l’inversion de la hiérarchie des normes ». En fait, très concrètement, cela permet à un patron d’imposer des reculs sociaux dans son entreprise à la faveur d’un accord local avec des syndicats de complaisance (ou de salariés mandatés par un syndicat de complaisance), ou bien d’un « accord » obtenu sous la pression, le chantage à l’emploi, le couteau sous la gorge des salariés, par un « référendum » d’entreprise.

Heures supplémentaires n’importe quand et sous-payées, semaines de 60 heures, dimanches et journées de repos sacrifiés, changement de poste forcé, etc. : le projet Valls-Khomri vise uniquement à renforcer l’arbitraire patronal, la liberté d’exploiter le travail! D’autant plus qu’il programme de nouvelles réductions des prérogatives de l’inspection et de la médecine du travail, de toutes les protections des salariés. Sans règles communes, les patrons d’une même branche feront porter leur concurrence sur le dos de leurs salariés, sur le moins-disant social !

Soyons conscients que la loi Valls-Khomri est une étape vers un démantèlement complet du statut du travail dont les « jobs zéro heure » en Grande-Bretagne ou les VTC, faux taxis sans cadre social, donnent une idée. Le prétexte de l’emploi ne tient pas ! On ne combat pas le chômage en développant la précarité, le sous-emploi, en trichant sur les chiffres, en comprimant la réponse aux besoins des gens, en favorisant les patrons qui exploitent et délocalisent…

Les jeunes qui se mobilisent contre Valls-Khomri ont pleinement raison. Ils refusent l’avenir que le système capitaliste veut leur imposer en France comme dans les autres pays de l’UE. Ils rejettent le présent qu’ils subissent déjà avec la généralisation de la précarité, les dispositifs gouvernementaux d’exception, soi-disant pour combattre le « chômage des jeunes ». De jeunes livreurs à domicile, par exemple, sont déjà obligés de travailler sous le statut « d’auto-entrepreneur », au bénéfice total de leur donneur d’ordres, pour des clopinettes.

A certains jeunes les plus en difficulté, Valls-Khomri promettent l’extension de la « garantie-jeune ». La mesure n’est pas financée. Elle ne le sera – pour quelques uns – qu’en ponctionnant les autres salariés. Avec un revenu « garantie » de 450 euros, en dessous du seuil de pauvreté, les jeunes concernés seront contraints d’accepter des emplois d’appoint encore plus mal-payés et précaires ! Pour Hollande, Valls et Macron, la vie promise pour le plus grand nombre des jeunes, c’est « on commence à la « garantie jeune » pour finir au minimum vieillesse » ! Non merci !

Nous étions déjà 500.000, salariés, jeunes, dans les rues le 9 mars, pour une première journée sans appel général à la grève. Les forces existent pour mobiliser beaucoup plus largement et gagner. Des actions, notamment étudiantes, sont prévues le 17 et le 24 mars. Communistes, nous les soutenons. Pour le 31 mars, une grève nationale est lancée. Un mouvement durable peut être constuit.

Le 9 mars, plus de 50% des cheminots étaient également en grève. Des luttes se développent dans les hôpitaux, dans l’éducation nationale, dans toute la fonction publique.

Les convergences de lutte ne se décrètent pas. Mais là, plus que jamais, les convergences d’intérêt sont totales. Les cheminots se battent contre la casse des dispositions de leur statut social SNCF. Là encore travailler plus pour gagner moins ! Et au détriment du service public et de la sécurité. Les fonctionnaires combattent la remise en cause rampante du statut général de la fonction publique, notamment la mobilité forcée, la rémunération à la tête du client (protocole PPCR, imposé par Valls contre les syndicats majoritaires). Les statuts publics représentent, pour toute la société, des références, des garde-fous contre les dérives patronales.

Salariés du privé, agents de la SNCF, agents hospitaliers, enseignants, fonctionnaires en général, jeunes :

Tous défendent le STATUT DU TRAVAIL !

TOUS ENSEMBLE A PARTIR DU 31 MARS !

  • Retrait pur et simple du projet de loi Valls-Khomri !

  • Limitation légale du recours au CDD. Retour au renouvellement une seule fois seulement et obligation d’embauche en CDI sur le même poste.
  • Maintien intégral du statut SNCF et extension à tous les travailleurs du rail !
  • Retrait du protocole PPCR dans la fonction publique !

La force de la lutte peut et doit déjouer les calculs politiciens suivant la provocation gouvernementale. La riposte contre le projet Valls-Khomry est aussi une riposte globale contre les lois qui l’ont anticipé – ANI, Rebsamen, Macron, contre le « pacte de responsabilité », transfert inédit – 42 milliards d’euros par an – de l’argent du travail vers le profit capitaliste. En prévision des élections de 2017, une partie de la « gauche » se recompose pour recréer des illusions électorales. Des politiciens, de jeunes technocrates en herbe, roses, verts ou rouge tendre, qui ont accompagné Hollande en 2012 puis ses mauvais coups, essayent de se poser en opposants (certains pour quelques semaines avant les vacances, d’autres en vue de « primaires » politiciennes). Toutes les forces sont bienvenues contre la loi Valls-Khomri mais les travailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres luttes !

Déchéance de nationalité : les calculs politiciens cyniques s’inscrivent dans le choix de faire le lit du racisme pour fracturer la société française. S’indigner mais surtout riposter, ensemble, dans la lutte des classes.

EDT pour vivelepcf, 24 décembre 2015 

VOIR AUSSI (liens):

Réaction du PCF Paris 15 en 2010 quand Sarkozy réclamait la déchéance de nationalité de « certains délinquants d’origine étrangère ».

Alain Bocquet (PCF) : « la déchéance de nationalité, c’est une question qui peut se poser ». NON!

Ne nous laissons pas enrôler dans leur sale logique de guerre ! tract après les attentats

Nationalité : après « Charlie », les slogans d’extrême-droite doivent-ils rentrer dans le « consensus républicain » ?

Hollande et Valls, avec l’extension des cas de déchéance de la nationalité française, mais aussi Bartolone, avec son récent dérapage sur la « race blanche », font le lit du racisme et de la xénophobie. Ce sont des mots lourds mais ce sont les mots qui conviennent.

Les calculs politiciens bien réels, à court terme pour les élections régionales (conserver des régions en dopant le vote FN) ou à moyen terme en vue de renforcer la diversion FN et de favoriser une certaine recomposition de la « gauche » d’ici 2017, infâmes en eux-mêmes, ne doivent pas cacher la cohérence d’ensemble des discours des plus hauts dirigeants du pays. Avec la déchéance de nationalité, il s’agit, sous couvert de s’occuper de quelques cas exceptionnels, de montrer du doigt une composante supposée de la population, de renforcer voire créer des identifications collectives, de fracturer la société française pour mieux réserver la domination patronale et capitaliste.

L’indignation devant ce tels propos, devant leur grossièreté voulue, est spontanée chez beaucoup, notamment chez nous communistes.

En entendant Bartolone à son meeting électoral du 10 décembre, assimilant ceux de « race blanche » aux riches de Neuilly et Versailles dont sa concurrente Pécresse serait la candidate, j’ai bondi. Le dérapage voulu, puisqu’assumé par son auteur, n’a pas eu le résultat électoral recherché, au contraire. Il a fait voter pour Pécresse une frange qui s’est sentie atteinte. Si le but était de capter des électeurs issus de l’immigration, ça été raté aussi. Comment voter, sinon à ses propres dépens, pour quelqu’un qui a une conception raciale de la société ? J’ai été profondément choqué aussi de voir rester impassibles, pendant le meeting commun, les alliés dociles de « gauche » qui ont rejoint les listes Bartolone.

De même, le 16 novembre, à Versailles à la réunion en congrès des députés et des sénateurs, pas un seul orateur, même à gauche, ne s’est offusqué des annonces de Hollande sur la déchéance de nationalité : tous se sont rangés docilement dans l’unité nationale et l’état d’urgence derrière Hollande, avant de faire de même, en tout cas pour les député Front de gauche, en faveur de la prolongation de l’état d’urgence. Il s’est même trouvé un député PCF, vétéran de l’Assemblée, pour approuver publiquement la déchéance de nationalité proposée par Hollande. Certains s’inquiètent aujourd’hui devant la prolongation et la constitutionnalisation de l’état d’urgence, devant l’extension des cas de déchéances de nationalité, après les annonces de Valls du 23 décembre. Nous disons : « mieux vaut tard que jamais ».

Après l’indignation, vient le temps de la dénonciation. Celle-ci est nécessaire. Mais elle ne suffit pas sous peine notamment de rentrer dans des combinaisons politiques stériles, induites et même recherchées, par la campagne idéologique gouvernementale.

D’abord, évacuons quelques faux débats.  

Valls le dit lui-même : l’extension des cas de déchéance de nationalité est avant tout « symbolique ». Elle ne sert à rien dans la lutte contre le terrorisme. En effet, on se demande bien en quoi la perspective d’être privé de la nationalité français pourrait dissuader un assassin prêt à une attaque suicide. Par ailleurs, la plupart des auteurs présumés des attentats du 13 novembre ne possédaient pas de bi-nationalité, sinon franco-belge. Profitant du contexte des attentats, Valls reprend en réalité en 2015 une opération idéologique déjà portée par Sarkozy en 2010, après le débat imposée sur « l’identité nationale ». A l’époque, Sarkozy avançait la déchéance de nationalité dans le cadre d’une « guerre contre la délinquance », assimilant alors personnes issues de l’immigration (et gens du voyage en l’occurrence) à délinquants. La seule différence avec aujourd’hui tient à ce que Hollande et Valls sont officiellement de « gauche ».

Un autre débat ne soit pas être mélangé avec la campagne idéologique du moment : le principe de la bi-, multi-nationalité. Au fil du temps, la France a signé des conventions avec d’autres pays qui maintiennent réciproquement aux naturalisés leur nationalité d’origine, parfois avec des pays qui appliquent le droit du sang et non le droit du sol et qui revendiquent comme leurs citoyens des descendants d’immigrés en France. L’évolution de cette situation peut être légitimement discutée. Mais cela n’a rien à voir avec la disposition présente du gouvernement français concernant les « terroristes ».

S’il y avait eu une double nationalité franco-allemande en 1914, on aurait pu imaginer que les personnes concernées aient été contraintes d’opter pour l’une ou l’autre. Mais nous ne sommes pas en temps de guerre contre un pays dont des binationaux sont ressortissants. Il est inacceptable que les autorités françaises considèrent qu’un assassin terroriste franco-marocain, par exemple, doivent être refilé au Maroc ! Quant à l’affirmation d’un attachement à un autre pays que la France, d’un soutien à la politique d’un autre pays, cela fait partie de la liberté d’opinion de chacun. Quand Manuel Valls fait allégeance à une puissance étrangère qui ne respecte pas le droit international, en l’occurrence Israël, nous dénonçons et combattons ses positions, d’autant plus qu’il est premier ministre, mais il ne vient à l’idée de personne (sauf des Le Pen !) de remettre en cause sa naturalisation française.

Avec l’extension de la déchéance de nationalité, dans le contexte, le pouvoir cherche à jeter une suspicion générale, dans la majorité de la population, à l’encontre des Français d’origine étrangère, binationaux ou non, des étrangers vivants en France. Sont visés, avant tout, ceux qui sont originaires des pays où la religion musulmane est dominante. Parmi les Français, il y en aurait des bons et des moins bons suivant leur origine. Ces derniers étant invités à manifester leur loyauté. S’il voulait les éloigner, notamment ceux qui sont dans les situations sociales les plus difficiles, de la vie en commun dans la société française, les renvoyer à tel ou tel élément identitaire, le pouvoir ne ferait pas mieux. Plus les Hollande, Valls ou Bartolone parlent des « valeurs de la République », de la « communauté nationale », plus ils les détruisent.  Quelle hypocrisie et quel danger !

Les objectifs politiciens immédiats sont limpides. La mesure du pouvoir banalise, légitime ceux qui l’ont le plus tôt et le plus bruyamment défendue. Les dirigeants du PS viennent de scandaleusement servir la soupe au FN avant les régionales. D’ici les présidentielles de 2017, la focalisation du débat sur le FN, ses positions anti-immigrés est le moyen à la fois d’écraser la contestation de la politique économique et sociale du pouvoir et de garantir un vote « utile », en réalité un vote par défaut contre le pire, pour un de tenants directs des intérêts des puissances d’argent.

Au-delà, le développement du germe de la division à tous les niveaux de la société, parmi les exploités, profite au système capitaliste qui en est l’instigateur. En même temps que nous dénonçons les mesures qui font le lit du racisme, de façon indissociable, nous devons intensifier et élargir la lutte contre toute sa politique.

On commence à voir comment la question de la déchéance de nationalité et celle de la constitutionnalisation de l’état d’urgence, la focalisation du débat public sur elles, préparent également le terrain à une recomposition politique à gauche. C’est sans doute un des objectifs du pouvoir. Après l’incorporation générale dans l’union nationale suite aux attentats du 13 novembre, maintenant, des voix plus nombreuses s’élèvent de la « gauche de la gauche », des « écologistes », du PS pour se désolidariser de Valls sur ces questions. Les débats parlementaires dans chaque chambre puis en congrès à Versailles, à partir du 3 février 2016 vont occuper l’opinion et aboutir à davantage de vote contre. Que l’on ne compte pas sur nous, communistes, pour y voir la perspective d’une quelconque matérialisation d’une nouvelle alternative « unitaire » à gauche d’ici 2017. Ceux qui voteront contre auront raison. Mais notre approbation se limitera à ça. Les « frondeurs » viennent de voter massivement le budget antisocial pour 2016. EELV est plus européiste que jamais … quant à faire passer Anne Hidalgo, complice et héritière du social-libéralisme à Paris comme une égérie de gauche, comme le font plusieurs organes de presse ces derniers temps, c’est risible (d’autant plus pour mes camarades et moi qui l’affrontons dans le 15ème depuis son parachutage en politique).

Communistes, il est nécessaire pour nous de dénoncer l’opération du gouvernement sous tous ses aspects. Cet effort, face à une idéologie dominante qui a rarement été aussi dominante, ne saurait nous détourner, au contraire, de la riposte essentielle : l’élévation du niveau de conscience des luttes, leur extension avec toutes les composantes du peuple et du monde du travail, d’où qu’ils soient originaires, pour défendre les acquis sociaux et démocratiques gagnés historiquement dans notre pays par son peuple et ses travailleurs, d’où qu’ils soient venus.