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Jusqu’où emporteront-ils leur « Front de gauche » ? Faire vivre et renforcer le PCF !
La phase finale du 36ème congrès du PCF a commencé le 7 février.
Les communistes auront attendu 4 ans et demi la tenue d’un congrès ordinaire, pourtant prévue statutairement tous les 3 ans. Ils auront eu le droit à un non-congrès, un congrès ficelé.
La vraie question stratégique, structurante, le « Front de gauche », sa nature, son bilan a été soigneusement esquivée.
Le seul moment où elle aurait pu être discutée, le vote sur les motions de congrès, a été escamoté. Les adhérents n’ont eu que quelques jours en décembre, au mieux, pour prendre connaissance des textes alternatifs, noyés dans des dizaines d’autres textes, avant d’être « consultés ».
Le lendemain de ce vote, parfois incrédules, les camarades peuvent découvrir le point d’arrivée du congrès. Les nouvelles cartes, décidées unilatéralement, commencent seulement à être remises. La faucille et le marteau ont disparu, remplacés par l’étoile du Parti de la gauche européenne dont nous ne sommes pas adhérents individuellement et par le slogan gentillet du Front de gauche, « l’Humain d’abord », titre d’un programme décidé hors des communistes.
Nous invitons tous les communistes à refuser ce coup de force et à demander le retour de vraies cartes du Parti.
Le texte de la direction « Rallumons les étoiles » a ensuite joué pleinement son rôle de diversion, diluant les sujets cruciaux dans des discussions sur formules oiseuses.
Quel contraste avec la clarté d’autres textes, discutés ailleurs et par d’autres, mais que l’on entend imposer aux adhérents du PCF ! Des résolutions, négociées avec les « partenaires » du Front de gauche, portant sur la stratégie commune et sur le développement de structures parallèles chapeautant le PCF, comité locaux, conseil national, secrétariat du Front de gauche etc. viennent d’être rendues publiques.
Au 34ème congrès, en 2008, on a fait approuver aux communistes le principe de « fronts de lutte ». Puis, 10 jours avant le congrès national, alors que tous les congrès départementaux étaient passés ou presque, l’alliance nationale est scellée avec Jean-Luc Mélenchon.
Rebelote cette année, 10 jours avant le congrès national, dans la discrétion d’un article de l’Huma, on annonce l’existence des textes structurants du Front de gauche, nouvelle organisation politique encadrant le PCF.
La ratification de cet accord devrait faire l’objet d’un vote national des communistes. Nous le demandons, au vu de sa gravité.
Comment admettre que les initiatives nationales futures, engageant le PCF et les communistes, soient décidées, par les partis, lobbys et groupuscules du Front de gauche, suivant la règle du « consensus » entre organisations.
Par exemple, l’avant-garde du processus de mutation-disparition du PCF, les « refondateurs », réunis maintenant dans la FASE, ont quitté le PCF par la porte : ils y rentrent par la fenêtre du Front de gauche, toujours pour faire disparaître le Parti qui a donné à certains de si bonnes positions de notables.
Si le Front de gauche était un « nouveau Front populaire », pourquoi esquiver le débat, se défier à ce point des communistes ?
C’est bien là le problème : la perspective politique portée par le Front de gauche!
Sur une posture gauchisante, il a bien joué le rôle d’appoint électoral du PS, semant des illusions dont ses leaders prétendent maintenant revenir. Aux millions qui ont manifesté et lutté ces dernières années, le Front de gauche a indiqué une perspective enfermée dans le cadre institutionnel des échéances électorales. Les positions communistes de rupture ont été abandonnées, notre organisation spécifique encore plus effacée.
Les élections passées, la logique du Front de gauche continue.
Qu’on le veuille ou non – cela fait partie des sujets évincés du congrès – le recours à Mélenchon pour réussir là où les collectifs antilibéraux avaient échoué en 2007, a mis notre Parti entre ses mains, tant qu’il y aura le Front de gauche.
Suivant sa logique politicienne, Mélenchon s’est d’abord reporté sur … les présidentielles de 2017. Maintenant, il se concentre sur une perspective plus proche : les élections européennes de 2014. Il part à la débauche d’amis Verts ou socialistes « de gauche », Maastrichiens comme lui. La constitution, avec le Front de gauche, d’un deuxième pôle social-démocrate, aux accents contestataires et tribuniciens, en concurrencer à « gauche » de la liste du PS en 2014. Et Mélenchon de revendiquer le poste de premier ministre de Hollande !
Dans le même temps, au sein du Front de gauche, reviendra au PCF l’image, notamment à l’occasion des municipales, de suppôt de ce PS. La stratégie du Front de gauche lui a déjà coûté la moitié de ses députés et de ses conseillers régionaux…
La poursuite de l’effacement du PCF, avec le Front de gauche, c’est un contresens par rapport aux luttes et à leurs aspirations.
En 2006, avec les collectifs antilibéraux, on a cherché à imposer une candidature non communiste aux présidentielles. Les communistes ont mis en échec cette opération. En 2007 puis 2008, ils ont mis en échec la remise en cause par la direction elle-même de l’existence même du Parti. Au lieu de changer de cap, l’équipe dirigeante a persévéré et trouvé, avec le Front de gauche, une nouvelle formule, pour continuer le processus de mutation-disparition de notre parti et de ses positions. En 2010, dans un congrès non statutaire, elle impose les candidatures, structurantes, de Mélenchon et du Front de gauche aux législatives. Tout cela, il faut absolument le rappeler, ici à l’occasion de ce 36ème congrès.
Cette démarche d’effacement des partis communistes historiques, c’est aussi celle que coordonne le Parti de la gauche européenne. Parallèlement, dans le mouvement syndical, la Confédération européenne des syndicats fait le même travail.
Cette CES qui soutient avec enthousiasme l’accord que viennent de signer la CFDT et le MEDEF contre le monde du travail et contre lequel, tous ensemble, nous allons mobiliser d’ici mars, comme contre les crédits d’impôt au patronat.
Le décalage est béant avec la nécessité, l’attente des positions révolutionnaires, et de leurs déclinaisons immédiates, que beaucoup attendent vraiment du Parti communiste.
Face à la nouvelle attaque, de « gauche », contre la sécurité sociale et les retraites, plus que jamais défendons sans transiger la cotisation sociale, le retour aux 37,5 annuités pour les retraites !
Aux ouvriers de l’industrie en résistance contre la liquidation de leurs usines, pas question pour nous d’enfiler un casque de sidérurgiste comme un ex-futur-président enfilait les promesses et un actuel ministre enfile un pullover breton…
Il est pressant et actuel de défendre la nationalisation intégrale des constructeurs automobiles (gavés d’aides publiques) de la sidérurgie, complète, ni « temporaire et locale ».
Il est pressant et actuel de défendre la reconquête des grands services publics, la renationalisation intégrale et le retour aux monopoles acquis en 1946, même contre l’UE, surtout contre l’UE et ses directives.
Il est et actuel, en phase avec la grande majorité des travailleurs, de remettre en cause les traités européens, l’UE du capital et son instrument, l’euro.
Ce 36ème congrès est marqué par une participation particulièrement faible au vote et aux congrès locaux. Il traduit la nouvelle phase de l’affaiblissement du Parti, quantitatif et qualitatif avec notamment la pauvreté du texte « rallumons les étoiles ».
Et pourtant, il est urgent de renforcer le PCF pour ne pas laisser la colère des catégories laborieuses se désespérer et s’égarer dans les sinistres voies où veut les diriger l’idéologie dominante.
Et pourtant, le PCF attire plus de salariés, de militants syndicaux, de jeunes, de ceux qui savent ce qu’il a représenté, ce que le marxisme-léninisme ont représenté pour les travailleurs du monde entier, également contre le colonialisme et ses resucées au Mali ou en Syrie.
La pays doit savoir que des communistes refusent la disparition de leur parti dans le Front de gauche, qu’ils entendent faire vivre et renforcer le PCF, localement et nationalement, sur une base de classe.
Sans renier les outils ! La faucille et le marteau !
Emmanuel Dang Tran, 7 février 2013
Le PCF placé sous la tutelle du Front de gauche ! Le 36ème congrès : une diversion !
Communiqué de Corinne Bécourt, Emmanuel Dang Tran, Claude Fainzang, Dominique Negri, membres du CN, 26 janvier 2013
A la réunion du Conseil national du PCF du 16 janvier 2013, nous avons dénoncé le processus de structuration du Front de gauche qui s’effectue, en parallèle du congrès du PCF, à l’insu des communistes.
Nous avions eu connaissance d’une note informelle « aux fédérations du PCF » faisant état de discussions entre les composantes du Front de gauche. En petit comité, les représentants de ces groupes et quelques dirigeants du PCF définissent une stratégie commune, le principe d’initiatives communes, organisent les structures du Front de gauche qui en décideront. Et, elles en décideront à la place de la seule composante de masse de ce regroupement, de sa seule composante historiquement révolutionnaire, notre parti, le PCF !
Au Conseil national, personne ne nous a directement répondu mais personne ne nous a démentis.
Voilà qu’aujourd’hui, sans doute suite à nos interventions, le secret de ces négociations est partiellement levé. Membres du CN, nous avons reçu des documents précis notamment sur le « développement du Front de gauche » et la « stratégie du Front de gauche ». Nous les publions en lien :
Texte de la « note aux fédérations » de décembre 2012
Texte sur « le développement du Front de gauche » de janvier 2013
Texte sur la « stratégie du Front de gauche » de janvier 2013
Les camarades doivent absolument en prendre connaissance !
La structure et les directions parallèles sont confirmées : d’assemblées citoyennes à un secrétariat du Front de gauche en passant par un Comité national du Front de gauche et une coordination nationale. Les décisions seront prises suivant la règle du consensus entre les partenaires du Front de gauche et les personnalités cooptées. Des financements communs sont prévus, au détriment des activités du PCF.
C’est une véritable mise sous tutelle du PCF et des communistes ! Dans la suite de sa stratégie de mutation-transformation-effacement du PCF, après l’échec des collectifs anti-libéraux, la direction sortante du PCF choisit d’enfermer le Parti et les communistes dans un pseudo-rassemblement où ne se retrouvent que des partisans d’une ligne réformiste, politicienne, pro-européenne.
Nous refusons cette perspective. Nous dénonçons catégoriquement le coup d’état contre les communistes.
Normalement, les adhérents du PCF sont en congrès. Pour se prononcer sur les motions, en décembre, ils ont eu à peine une semaine pour « étudier » des centaines de pages de texte. Dans les faits, le débat contradictoire sur la stratégie et les objectifs du Front de gauche leur a été volé.
Maintenant, la plupart des congrès locaux et départementaux sont passés. Ils ont été invités à discuter dans le vide du texte « rallumons les étoiles ». Un projet de modifications des statuts est aussi avancé pour renforcer la mainmise des directions pro-Front de gauche sur le Parti et affaiblir, notamment financièrement, les sections du PCF. C’est seulement maintenant, confidentiellement, que sont dévoilés les textes directeurs du Front de gauche que l’on veut imposer. Ce coup de force, cette défiance vis-à-vis des communistes, sont inacceptables.
Dans le même temps, comme par hasard après le vote de décembre, les camarades reçoivent de nouvelles cartes du Parti, décidées unilatéralement par la direction, d’où disparaissent la faucille et le marteau remplacés par l’étoile du Parti de la gauche européenne et le slogan du Front de gauche, « l’Humain d’abord ».
Nous appelons les camarades à réagir, par tous les moyens, le plus fortement : dans les congrès départementaux qui restent, en interpellant les délégués et dirigeants avant le congrès national, ensuite encore en faisant vivre et en renforçant leurs organisations du PCF.
Le débat oui, le coup de force non ! Il ne passera pas !
Il en va de l’avenir de l’orientation et de l’organisation révolutionnaires qui doivent porter la riposte à la politique au service du capital dans une période si difficile pour les travailleurs et les jeunes mais où se développent des luttes si importantes, en attente de ce que le PCF a été et doit être.
À lire également, les interventions sur le sujet au dernier CN du PCF (16 janvier 2013) :
Intervention de Dominique NEGRI
Intervention de Corinne Bécourt sur le FdG
Résumé de l’intervention d’Emmanuel Dang Tran
Intervention de Corinne Bécourt dans la discussion générale
Résumé de l’intervention de Claude Fainzang
CN du PCF du 16 janvier 2013 – Intervention de Dominique NEGRI
Conseil national du PCF du 16 janvier 2013, intervention de Dominique NEGRI, fédération de l’Isère
Congrès, Front de gauche et souveraineté des communistes :
En pleine préparation du congrès du PCF, j’apprends incidemment l’existence de textes qui circulent sur la structuration du Front de gauche, sa ligne politique, les propositions qu’il compte mettre en avant.
Frédéric Boccara les a évoqués ce matin. C’est le seul, avec Corinne Bécourt et Emmanuel Dang Tran jusqu’à présent à s’en être inquiété. Au moins un document a, semble-t-il, été transmis aux secrétaires départementaux, mais même pas aux membres du Conseil national.
La préparation du congrès masque la mise du Parti sous la tutelle du Front de gauche. Les adhérents du PCF sont invités à discuter sur un texte « rallumons les étoiles », d’une indigence affligeante sur tous les plans. Le Front de gauche n’y est abordé que sommairement, d’une façon unilatéralement positive. La méthode Coué… Du vent !
Mais de l’autre côté, en cachette, des dispositions très précises pour les accords entre les formations du Front de gauche. Aucun dirigeant du PCF, aucun membre du CN ne devrait accepter cela.
J’ai eu la chance de tomber sur la note interne intitulée « Sur le développement du Front de gauche ». Cette « note aux fédérations » est arrivée dans les fédérations fin décembre. Même les membres du CN n’en ont pas été destinataires. Je comprends pourquoi !
Dans ce texte occulte mais gravissime, on trouve les éléments de la structuration du Front de gauche proposés et/ou approuvés par la direction du PCF. Je vais en relever quelques-uns. Si cela ne vous fait rien… (Lire la suite…)
CN du PCF du 16 janvier 2013 – Intervention de Corinne Bécourt dans la discussion générale
Sur le Mali. Je tiens à saluer l’intervention de Nordine Idir, nouveau secrétaire de la JC, pour son communiqué clair et courageux dénonçant la guerre française. C’est ce type d’intervention que j’aurais aimé entendre ici de la part de la direction du Parti.
Pierre Laurent nous dit que les « vérités d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui… » Les combats des communistes, souvent seuls, courageusement à contre sens, contre les guerres impérialistes, pour l’autodétermination des peuples ne sont pas pour moi à renvoyer dans l’histoire. Malheureusement, ils sont d’une terrible actualité.
Aussi, je n’en reviens pas d’entendre ici des voix pour justifier l’intervention militaire au Mali. Qui peut croire que les motivations de l’Etat français sont autres que les intérêts du capital, notamment le contrôle de mines d’uranium ?
Que Mélenchon trouve les formes de l’intervention « discutables », c’est son problème. Mais pour le PCF, le refus de toute guerre impérialiste n’est pas « discutable ».
La situation nationale est grave, dramatique pour des centaines de milliers de familles. Hier, nous apprenons la suppression programmée de 7500 emplois à Renault. Le gouvernement, représentant l’Etat actionnaire, le ministre Montebourg, n’y voient rien à redire ! Même pas les larmes hypocrites versées sur PSA !
Et le PCF, nous faisons quoi ? (Lire la suite…)