Brève, politique, EDT pour vivelepcf.fr, 13 juillet 2014

Le 10 juillet 2014 a été une journée chargée dans l’agenda de la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann. Au Sénat avec ses 127 collègues PS, elle votait en scrutin public pour la «contre-réforme ferroviaire » et le démantèlement de la SNCF. Au même moment, elle présentait à la presse avec son club « Gauche avenir » un document intitulé « Pour un nouveau pacte majoritaire à gauche ».

L’acte au Sénat en dit plus long que les 10 pages de « bonnes intentions » du texte.

Lienemann et son club s’efforcent de se placer dans la recomposition du PS pour préparer l’avenir, à la fois comme force d’appoint critique de Hollande et Valls aujourd’hui et comme voie de recours « à gauche » d’une social-démocratie discréditée demain, avant les élections de 2017.

Visant les premières places, Montebourg, pourtant au gouvernement, a fait son show critique cette même semaine. De leur côté, les lieutenants d’Aubry se font passer pour des « frondeurs » mais votent aussi la casse de la SNCF (voir lien).

Les fils de l’opération « Restore Hope au PS » sont gros.

Le document de Lienemann et de ses comparses est une accumulation prudente de poncifs « droits des nouvelles générations », « investissements d’avenir », la « transition écologique » répétée 50 fois pour satisfaire sans doute les capitalistes du secteur des énergies renouvelables, etc.). Le texte ne vaut pas le détour sur internet.

On notera qu’implicitement le « Nouveau pacte » proposé invite au retour au programme de Hollande ou même, sur l’UE, aux « mémorandums européens de 1984 repris par Jacques Delors ».

La « sérieuse inflexion »de la politique gouvernementale souhaitée passe, entre autres, par la « publication par les entreprises de l’usage des fonds touchés au titre du CICE », par « une présence renforcée des salariés dans les conseils d’administration bien au-delà de ce que prévoit l’ANI », « par des nationalisations, fussent-elles temporaires », par « l’entrée dans les actes du non cumul des mandats », par « la promotion d’un mode de consommation plus sobre ». Prudemment, rien sur les services publics, vu l’assistance (Quilès) et le vote du jour (SNCF).

On ne peut pas faire plus minimal dans la contestation des contre-réformes structurelles de Hollande, Ayrault, Valls et Montebourg ! Ne seraient-ils pas allés assez loin pour Lienemann ? Selon le texte, « tout indique que les abus qui ont provoqué la crise de 2008 sont toujours là ».

Tout indique plutôt que la « Gauche avenir » de Lienemann et de ses amis est tout sauf anticapitaliste.  C’est le moins que l’on puisse dire.

Force est de reconnaître en même temps que Lienemann ne se renie pas vraiment. Depuis 40 ans qu’elle navigue au PS, elle a traversé tous les courants : rocardienne, fabiusienne, amie de Mélenchon, secrétaire d’Etat de Jospin… Sévèrement battue aux élections dans le Pas-de-Calais, où elle avait migré après ses déboires dans l’Essonne, elle s’est vue attribuer par la direction du PS une position de sénatrice de Paris qui lui permet de continuer à alimenter les gazettes de « gauche ».

Mais que signifie la présence à la tribune de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, aux côtés de Lienemann à la conférence de presse du 10 juillet, aux côtés aussi de la secrétaire national d’EELV, Emmanuelle Cosse et de Pierre Quilès l’ancien ministre PS qui a amorcé la casse et la privatisation de France Télécom et de la Poste ?

L’Huma du 11 juillet cite Pierre Laurent : « Le rassemblement de la gauche ne peut pas être une invocation, il doit se construire sur un travail de contenu ». La journaliste complète : « On a bien vu ces dernières semaines de vraies convergences se créer à l’Assemblée nationale sur le fond des textes examinés, mais rien de durable se constituer dans la gauche parlementaire ».

« De vraies convergences » ? Non, des divergences frontales, dernièrement sur la « réforme ferroviaire » notamment, qui est un texte capital !

« Un travail de contenu d’ici 2017 » entre courants politiciens ? Non, la place des communistes est dans les luttes pour la rupture politique dès maintenant ! Et pour le contenu, Lienemann n’est pas en avance sur Hollande !

Depuis le Conseil national du PCF des 14 et 15 juin, Pierre Laurent et la direction du PCF ont lancé le slogan du « Front du peuple » (combiné à un « Front de gauche élargi »). L’expression, peu heureuse et vague, révèle son sens pour ses initiateurs : une recomposition politique à gauche entre les courants du PS pour préparer de nouvelles illusions électorales avant 2017!

La place des communistes n’est pas dans ces calculs, mortifères pour le mouvement social et le PCF lui-même.