Politique

Violences contre la CGT et les manifestants du 1er mai : qui en profite sinon le pouvoir !

Communiqué de la section du PCF Paris 15e.

Les manifestations de 1er mai ont marqué une volonté de mobilisation des travailleurs, pour leurs revendications, malgré la répression des droits fondamentaux prétextée par le Covid mais avec détermination face aux attaques antisociales que le pouvoir prépare, toujours au prétexte du Covid.

La présence policière était impressionnante et, à Paris, la manif a mis des heures à démarrer. A Paris et à Lyon, des groupes n’ont pas trouvé plus intelligent que de s’attaquer en fin de cortège aux militants de la CGT, sur un mode ultra-violent. Communistes, syndicalistes, manifestants nous-mêmes, nous condamnons ces actes inqualifiables et apportons tout notre soutien aux 20 camarades blessés lors de cette agression.

Et nous posons la question. A qui profitent ces actes sinon au pouvoir ?

Depuis une dizaine d’années, avec une étape lourde sous Valls en 2016, les manifestations parisiennes sont devenues le lieu d’une répression policière accrue contre les manifestants mais qui laisse les groupes violents en début ou fin cortège agir à leur guise.

Même pour le 1er mai, il n’est plus question d’amener nos enfants pour qu’ils soient asphixiés par les gaz lacrymogènes. Nos camarades du 15ème les plus âgés, armés de leur expérience, doivent se défendre physiquement. C’est scandaleux! Ils se souviennent des coups sanglants – avec des morts – pris dans les manifestations contre la guerre d’Algérie, de ceux déversés par les truands du patronat ou par les nervis de Chirac et de d’Ornano.

Aux exaltés et aux égarés, nous disons qu’ils se trompent de combat et servent le pouvoir. A ceux qui aiment se battre, nous les invitons à convoquer les CRS ou d’autres groupes extrêmes, sur un pré, pour des matchs de catch. Les infiltrés du régime devront être démasqués.

Le nihilisme et l’anarchisme n’ont jamais fait que le jeu des dictatures et du capitalisme.

Nous ne sommes pas les derniers à critiquer, parfois fortement, les positions politiques de certaines organisations de la CGT. Nous n’accepterons jamais que le syndicat issu du mouvement révolutionnaire en France soit attaqué.

Face aux entreprises de division des travailleurs, nous répondons par la fraternité de classe et la lutte commune, dans les entreprises, les quartiers et les campagnes. Le droit de manifester est un acquis essentiel. Nous le défendrons aussi bien contre le régime que contre ses complices objectifs.

1er mai de lutte pour la paix, pour la défense des libertés, pour les revendications ouvrières, contre le régime anti-populaire

Tract de la section du PCF Paris 15 à l’occasion du 1er mai 2021.

 

Si la crise sanitaire mondiale est une catastrophe pour les peuples, c’est une véritable aubaine pour le système capitaliste depuis plus d’un an. Elle permet une formidable recomposition de l’économie sous forme de purge, un embrigadement de toutes les couches de la société et la mise au pas des travailleurs à l’échelle mondiale.

Macron l’a dit le 16 mars 2020 : « nous sommes en guerre ». Cette guerre, il la mène depuis le départ contre les travailleurs, les conquêtes sociales et les services publics pour le compte du grand capital. Mais depuis 2020, l’exploitation intensive de la peur de la maladie a permis d’étouffer toute contestation au nom de la 1ère puis de la 2ème et de la 3ème vague et ainsi de poursuivre et accélérer les objectifs politiques de casse.

Pendant que ce temps, les grands groupes se restructurent et licencient, c’est la fête des profits : Groupe Casino (+25,2%), Amazon (+ 40 %), Deliveroo (+ 64%), Sony (+ 40%), Carrefour ( + 7,8 % ). Sans parler des trusts pharmaceutiques qui spéculent sur la maladie… Vive la crise, les patrons peuvent se frotter les mains avec du gel hydroalcoolique !

Nous subissons des attaques contre nos libertés fondamentales d’une ampleur inédite : libertés de déplacement, liberté de réunion, liberté d’opinion et d’expression sont attaquées comme
rarement dans le passé. Quoi de mieux qu’un virus, extérieur à leur système économique, pour justifier le fait de serrer encore plus la bride, d’augmenter les prix, de réduire nos conditions de vie ?

Jusqu’à quand allons-nous leur laisser le champ libre ?

Macron aborde la dernière étape de son quinquennat : celle où il va parachever les contre-réformes structurelles. L’objectif est de faire passer le maximum de mesures anti sociales et transférer un maximum d’argent public vers les profits. Le déficit organisé est grandement accéléré et sera demain le prétexte aux pires mesures. Scission/privatisation de l’EDF (projet Hercule), casse de l’Assurance-chômage, contre-réforme des retraites Version 2, casse de l’Hôpital public, de l’Education Nationale…

Il est grand temps de reprendre le chemin des luttes. Le système politicien bourgeois veut dès maintenant nous enfermer dans la fausse alternative Macron-Le Pen pour 2022, comme en 2017. La ficelle est grosse : on a déjà donné ! Les travailleurs ont fait plus d’une fois l’expérience des illusions électorales et des lendemains d’austérité.

Communistes, nous appelons à la résistance, à l’organisation immédiate de la riposte populaire. C’est à partir des luttes immédiates, dans les entreprises, dans les quartiers, dans les lieux d’étude pour la défense des intérêts des travailleurs que se construit l’alternative politique et le changement de société. Nous appelons les jeunes, les travailleurs à s’organiser politiquement et syndicalement, à rejoindre le Parti communiste.

Faites le choix de la lutte, rejoignez le Parti communiste !

Des axes de lutte immédiats à porter dans les entreprises et dans les quartiers :

Pour les libertés :
  • Rétablissement intégrale des libertés publiques (déplacement, réunion, manifestation)
  • Levée sans condition du couvre feu
  • Arrêt de toute la politique d’enfermement
  • Refus du fichage sanitaire
Pour les revendications ouvrières :
  • Augmentation des salaires : +15%
  • Arrêt des expulsions locatives. Pour un plan massif de construction de logements sociaux
  • Embauches massives dans les Hôpitaux et les services publics. Arrêt de toutes les suppressions de postes
  • Interdiction des plans de licenciement
  • Arrêt du processus de privatisations (EDF, RATP, SNCF, Poste) – Monopoles publics dans les secteurs clefs de l’économie
  • Retrait de la « réforme » de l’Assurance chômage
Pour la paix :
  • Plus un seul soldat français hors de France – rapatriement des troupes en Opération extérieures (OPEX)
  • Désarmement nucléaire unilatéral de la France
  • Baisse des dépenses d’armement
  • Nationalisation de toutes les entreprises d’armement
  • Arrêt des manœuvres de l’OTAN contre la Russie
  • Retrait de la flotte française de Mer Egée

 

 

Pétition ADP : pourquoi cela exige une réflexion politique globale, d’abord des communistes.

Rédaction « Cahiers communistes – vivelepcf », septembre 2019

Présentation à l’assemblée de la proposition de loi ADP par les parlementaires Vallaud (PS), Carrez (LR), Larive (FI), Kanner (PS), Aubert (LR), Faucillon (GDR)…

 

Communistes, nous ne pensons pas que nous devions nous engouffrer dans la pétition nationale institutionnelle ADP sans avoir poussé le débat sur ses objectifs politiciens, peu dissimulés, des différents acteurs politiques. Une fois de plus, ce débat a été, jusqu’à présent, expédié dans le Parti.

Le fait que l’initiative provienne notamment de parlementaires de droite, du PS et d’EELV pose un problème. Ce n’est une question de principe, ni un point absolument rédhibitoire. Mais il n’y a pas lieu d’invoquer le programme du CNR sans rapport de force ouvrier sur une question très partielle, sauf à dévaloriser notre histoire. Nous n’assistons qu’à une coïncidence de calculs politiciens, avec des élus qui se retrouvent pleinement dans l’UE de la concurrence, de la casse des services publics et des privatisations.

Il nous est, de même, impossible de ne pas relever que la pétition référendaire est octroyée par le Conseil constitutionnel. La connivence entre Fabius, Giscard, Juppé et Macron est certaine, dans un contexte de surenchère politique sur les référendums d’initiative « populaire » avec les Gilets jaunes.

L’opération politique dépasse très largement l’évolution d’ADP, si, même, elle aura une influence directe sur elle.

Communistes, nous ne pouvons nous poser la question de notre implication, de son niveau qu’à partir de nos propres objectifs politiques prioritaires, dans la situation actuelle de la lutte des classes pour mettre en échec la politique poursuivie par Macron.

Ces objectifs ne sauraient être – et j’espère ne pas tout résumer dans ces phrases – de se saisir « d’un marqueur de gauche » pour occuper un espace politique d’ici les élections municipales (les dates de collecte des signatures, fixées par le Conseil constitutionnel, coïncident avec le 1er tour…). Ils ne sauraient être de trouver un prétexte économique pour cimenter un projet de recomposition de la « gauche » réformiste avec le PS et EELV. Souvenons-nous, sur un service public plus général, La Poste, de la « votation » de 2009. Pour aller avec les réformistes pro-UE, on avait exclu la remise en cause de l’application des directives de mise en concurrence. L’illusion électoraliste a sapé la lutte. Hollande n’a rien remis en cause. Cet été 2019, l’opération capitalistique de fusion avec la Caisse nationale de prévoyance (CNP) fait passer la part de l’Etat dans le capital de La Poste en dessous des 50% tandis que le démantèlement du service public s’accélère encore. Dans la quasi-indifférence.

Rappelons-nous cette analyse de base : en système capitaliste, la nationalisation par l’Etat capitaliste n’est pas un embryon de socialisme. Elle sert les intérêts du capital, SAUF lorsque un rapport de force, ancré dans le pays, comme en 1936 ou en 1945, permet de faire valoir l’intérêt des travailleurs et du peuple.

ADP (ex « Aéroports de Paris ») est une société anonyme depuis 2005, dont le capital est ouvert au privé à 49,7%. Ses services sont très largement filialisés et externalisés. Le statut public des personnels est en extinction. Notre position de fond pour ADP ne peut être que la renationalisation/socialisation intégrale, la réinternalisation des activités, le rétablissement du statut des personnels, la retransformation en établissement public, voire en service de l’Aviation civile. Et logiquement, comment ne pas associer les autres aéroports de France, à partir d’un certain trafic, à l’exigence de nationalisation ? Empêcher la poursuite de la privatisation du capital d’ADP va dans le sens de ces objectifs mais ne suffit pas. Et est-ce même réellement l’objectif de la pétition institutionnelle ADP et de la plupart de ses instigateurs?

La proposition de loi qui serait, au bout, éventuellement, soumise à référendum n’est étonnamment pas un acte législatif (celui-ci aurait été au minimum du type « Le capital d’ADP est détenu, au minimum, à 51% directement par l’Etat » (à défaut de 100%)). Le texte des parlementaires de droite et de gauche n’émet qu’une appréciation d’ordre constitutionnelle dans l’article unique de la proposition de loi: « L’aménagement, l’exploitation et le développement des aérodromes de Paris-Charles-de-Gaulle, Paris-Orly et de Paris-Le Bourget revêtent les caractères d’un service public national au sens du neuvième alinéa du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946. » Nous savons que le Conseil constitutionnel a dénié systématiquement, ces dernières décennies, la qualité de « service public national » et de « monopole public de fait », aux plus importants services publics, victimes des directives européennes de mise en concurrence et de privatisation (Poste, EDF, GDF, SNCF etc.). Alors pour 3 aéroports, dans une partie d’une région, dans le marché entièrement libéralisé de la navigation aérienne ?

Le pouvoir s’est ménagé toutes les précautions pour que le référendum n’aboutisse pas, si cela devait déranger sa politique. Outre l’embrouillage des procédures de signature, l’ambiguïté institutionnelle de la question, Macron peut couper court à tout moment à l’affaire en retirant son projet de passage de la part de l’Etat dans le capital en dessous de 50%. Dans les divergences à droite, sont notamment apparues des connivences différentes avec le groupe Vinci, prétendant à la prise de contrôle direct d’ADP : une partie de la droite pour, une autre contre. Ces différences d’intérêts ne sont pas les nôtres. Macron s’arrangera toujours avec Vinci.

A droite aussi (LR/LREM), les calculs politiciens font florès. Certains sont tentés de miser sur l’image d’un capitalisme plus national, façon Trump. Le revirement des députés des « Républicains » sur le CETA (traité de libre-échange avec le Canada) en est un signal. La question ADP, sur un service public réduit au « régalien », en particulier la police des frontières, convient à certains. Les députés du FN-RN ont été (heureusement) exclus de la signature de la proposition de loi. Mais du coup, leur démagogie ne subit pas le poids de l’alliance avec les partis pro-UE et pro-concurrence. Le FN-RN s’est lancé aussitôt dans la pétition ADP en mettant au centre la police de l’immigration. Alors que le statut d’ADP n’a rien à voir avec l’exercice des missions de police de l’Etat et qu’il y a d’autres aéroports internationaux en France qu’en région parisienne.

Défenseurs résolus des intérêts des travailleurs et du service public ADP, nous devons cependant peser, objectivement, ce que représente ADP dans l’opinion publique, dans la conscience du service public, dans les préoccupations prioritaires des usagers et du peuple. ADP n’est ni EDF, ni la SNCF. Les transports aériens ont été totalement dérégulés, Air France privatisé à 80% (par la « gauche plurielle »). ADP est encore moins connue des provinciaux. ADP ne dépend pas de l’Aviation Civile, également menacée, mais pas de la même façon. ADP n’est pas un service public vécu comme essentiel tous les jours. C’est un constat et une réalité.

Une campagne nationale, invoquant les origines historiques glorieuses de la nationalisation notamment d’EDF et GDF, menée, dans les conditions d’ADP, avec des politiciens privatiseurs et pro-UE… Aussi, nous considérons qu’il est impensable de se positionner dans cette campagne politique sur ADP sans la relier, la coordonner, la subordonner, à une campagne sur les plus grands services publics avec une actualité brûlante : SNCF, EDF, RATP, Poste …

Enfin, nous ne pouvons pas sous-estimer la question, également au cœur de l’opération ADP, sur les référendums, RIP ou RIC, « d’initiative partagée », ou « d’initiative citoyenne ».

Là encore, le débat nécessaire dans le parti a été évacué. RIP et RIC sont loin d’être synonymes d’avancée démocratique en toutes circonstances. Ils peuvent aussi être un terrain très favorable à la démagogie populiste, à l’expression de l’idéologie dominante pour le compte du système lui-même. Souvenons-nous, lorsque cela n’a pas été le cas, comment le pouvoir s’est moqué des référendums sur la « constitution » européenne, des votes NON en Haute-Corse, Corse-du-Sud, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Martinique et Guadeloupe contre la disparition des départements etc. Et même sur les aéroports sur le vote OUI des habitants de Loire-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes (quelle qu’ait été notre position sur le sujet)…

Après son « grand débat national », Macron a annoncé une facilitation des conditions de mise en place des RIP, en s’appuyant sur le mouvement des Gilets Jaunes. Un premier projet précis a été évoqué par Macron lui-même et de Rugy: un plébiscite pour valider sa politique de ponctions antisociales au nom du réchauffement climatique. Un autre, plus sinistre, se profile, à la faveur des réformes constitutionnelles prévues par Macron : 100 parlementaires et un million de signatures ne seront pas difficiles à trouver pour déclencher un référendum sur l’immigration, peut-être sur l’établissement de quotas, quand le capital aura jugé opportune cette diversion malsaine du débat politique. L’opération pétition-ADP prépare objectivement ces projets. Elle est largement sous-traitée à la gauche et aux syndicats qui popularisent et légitiment le principe et les procédures.

Cela, aussi, communistes, doit nous amener à affiner notre expression et notre action.  En conclusion, nous considérons que nous devons aborder, dès la fête de l’Huma 2019 et la rentrée des luttes, la campagne ADP, au regard de cette confusion et de tous les calculs politiciens identifiables :

-          Le PCF ne peut avoir qu’une campagne, totalement indépendante, et préciser ses revendications de fond pour ADP. Les connivences avec les parlementaires de droite, du PS ou d’EELV sont impossibles et doivent cesser.

-          Le PCF doit coordonner sa campagne ADP avec le lancement de campagnes pour les services publics d’entreprises nationalisées, pour la reprise de la lutte contre les directives de mise en concurrence et pour l’abrogation de la « réforme ferroviaire », contre les augmentations des tarifs de l’électricité et le retour au monopols EDF sur le transport et la distribution.

Pas d’opportunisme ! Rassemblement sur la base du rapport de force et de nos objectifs politiques communistes ! Soyons ainsi fidèles en esprit et en actes à l’héritage de nos camarades de la Résistance et de la Libération !

Conférence de presse. L’arrogance de Macron nous a indiqué notre feuille de route : la lutte des classes à partir des sujets où le pouvoir et la cohérence de sa politique au service du profit capitaliste sont le plus en difficulté.

De la conférence de presse d’Emmanuel Macron, le 25 avril 2019, il ressort que le Président entend ne rien changer et poursuivre, sans inflexion d’un iota, son train de contre-réformes antisociales. Ce n’est pas une surprise. Mais c’est bien une provocation à l’encontre du monde du travail.

Macron s’est livré à un interminable numéro d’autosatisfaction (150 minutes !). Il a vanté, sans nuance, le bilan des deux premières années de son quinquennat. Non sans excès de coquetterie, il a adressé au peuple de France un message qu’on pourrait résumer dans la formule : « Je vous ai compris » mais ça n’y changera rien. Au contraire. Il n’a cessé de répéter la formule la plus creuse du discours politicien actuel : « L’humain au centre », « l’humain d’abord ».

Le président peut d’autant mieux déployer son aisance qu’il se choisit des interlocuteurs de complaisance. Ce jeudi, les journalistes des médias dominants les plus en vue ont rivalisé de flatteries et d’inconsistance pour mieux faire valoir le prince, éventuellement se faire valoir.

Il a fallu attendre la 127ème minute, dans les prolongations, pour qu’une journaliste, celle de l’Express (à saluer !), pose enfin la question des salaires et des responsabilités du patronat dans la crise du pouvoir d’achat. Macron a répondu  clairement que le gouvernement ne ferait aucun geste pour les salaires, laissant ce sujet au « dialogue social ». Il a insisté sur le cadre concurrentiel et la course à la compétitivité qui oblige à modérer les salaires et à couvrir les patrons de cadeaux [traduction libre]. Pour le pouvoir d’achat des travailleurs, pour le « retour au plein emploi » ( !), il a insisté sur les dispositifs, comme la « prime d’activité » qui permettent de faire payer les rémunérations du travail par les autres salariés et retraités, via l’impôt, et non par les capitalistes qui en profitent.

Mais, de toute la conférence de presse, ça été quasiment la seule question pertinente. Aucun journaliste n’a eu la parole pour demander au Président ce qu’il pensait de la liquidation d’Alstom-Turbines, et des centaines de suppressions d’emploi après la reprise par General Electric qu’il a favorisée au sein de la Banque Rothschild, puis du gouvernement Hollande. Aucun pour mentionner l’explosion des dépenses d’armement et demander des justifications. Aucun, même, pour questionner sur la privatisation d’ADP. Personne pour demander des comptes sur le double scandale du CICE transformé cette année en coupe sombre dans les cotisations sociales patronales dues à la Sécurité sociale. Personne encore pour évoquer les grands mouvements de grèves et de mobilisation dans les hôpitaux et les écoles contre les projets Blanquer et Buzyn que Macron a lourdement congratulés.

Au-delà des journalistes, Macron s’est adressé au partenaire privilégié qu’il s’est trouvé depuis des mois : les Gilets jaunes. Il joue à prendre cet ensemble hétéroclite pour une pratique « voix du peuple ». En conclusion du « Grand débat », qui leur a été dédié, Macron trouve les mots pour exprimer sa compréhension des « souffrances ». Face aux « ultra-jaunes », et aux groupuscules qui les infiltrent, dont la proportion augmente dans les défilés à mesure que le mouvement s’épuise et dégénère, Macron arrive à jouer la posture d’autorité (complémentaire de la répression). Il n’a pas échappé aux observateurs que les manifestants des samedis, soutenus aussi bien par Le Pen, Besancenot, Dupont-Aignan, Mélenchon, Hollande et Wauquiez, ne mettaient pas en cause le patronat et le capital mais, avant tout, l’Etat et l’impôt républicain. Voilà qui ne contrarie pas fondamentalement les contre-réformes du gouvernement. Macron a rappelé que, dans son intervention du 10 décembre 2018, il avait concédé 10 milliards d’euros aux revendications des GJ. Il se trouve encore des politiciens et journalistes même « de gauche » à y voir une efficacité de ce mouvement, qu’ils opposent à l’impasse des luttes sociales et syndicales. Mais la réalité est autre : les vraies-fausses concessions de Macron servent toutes ses contre-réformes, notamment le renforcement de la »prime d’activité ». Il s’agissait pour lui, précisément, de flatter les GJ pour mieux écraser la lutte des classes.

Ce 25 avril, Macron s’est à nouveau focalisé sur les Gilets jaunes, mais plutôt pour rembarrer les quelques revendications qui leur sont associées. C’est la meilleure façon de maintenir centraux, le repère GJ, son caractère superficiel, son invitation à la démagogie, dans les débats politiques à venir, dans un premier temps, d’ici les Européennes. Macron n’a rien redit sur la fiscalité des carburants et la limitation à 80 km par heure. Macron a exclu l’établissement du référendum d’initiative citoyenne et le rétablissement de l’ISF. Autant de grain à moudre pour les politiciens soucieux de séduire l’esprit GJ.

En fait de geste sur le « pouvoir d’achat », Macron a annoncé une nouvelle attaque sur l’impôt socialement le plus juste, l’impôt progressif, l’impôt sur le revenu, déjà remis en cause par le prélèvement à la source. 5 milliards d’euros de réduction devront être gagés par de nouveaux étranglements de dépenses publiques et sociales.

Aux retraités, Macron promet de les racketter un peu moins qu’il ne l’avait imaginé lui-même. L’indexation des pensions sur les prix serait rétablie au 1er janvier 2020 pour les retraites en-dessous de 2000 euros, au 1er janvier 2021 pour les autres. Il n’y a pas à y voir de cadeau ! Quand rien n’a encore été décidé pour 2020, l’annonce de Macron signifie, au contraire, un nouveau prélèvement exceptionnel sur les retraites de plus de 2000 euros. Rappelons, en outre, plus que jamais, que l’indexation sur l’indice officiel des prix, ne signifie pas maintien du pouvoir d’achat ! Comme Macron l’a rappelé lui-même, la hausse des dépenses contraintes, et pas seulement, pèse très lourdement sur le budget des ménages retraités.

C’est contre le système de retraites que Macron a été le plus précis dans sa feuille de route. Il annonce un nouveau nivellement par le bas de toutes les prestations annexes des régimes généraux, spéciaux et de la fonction publique. Il annonce, avec l’établissement d’un système par points, une augmentation générale de la durée de cotisation prises en compte rendant illusoire, impossible, pour la plupart, un départ à 62 ans. Pour les quelques-uns qui auront toutes leurs annuités, avec de bas salaires, ce sera un minimum contributif à 1000 euros à 62 ans. Pour une masse de salariés mal payés, aux carrières en dents-de-scie, se sera le minimum vieillesse à 65 ans.

Sur la disparition des services publics de proximité, Macron lance l’idée des « Maisons France service » à l’échelle des (grands) cantons. On ne s’y trompera pas. L’annonce future accompagne l’accélération en cours de la suppression des accès à tous les services publics, trésoreries, bureaux de poste, guichets de gare, centres de l’assurance maladie, etc. Rien n’indique que les salariés éventuels de ces « maisons des services publics » au rabais ne seront pas des emplois précaires (voir le précédent du périscolaire).

Quand Macron prétend renoncer à l’objectif des 120.000 suppressions de poste de fonctionnaire, là encore, on ne s’y trompe pas. Le projet de loi Dussopt poursuit la remise en cause du statut et l’extension de la précarité dans l’emploi public.

D’après Macron – autre annonce importante pour la fin de quinquennat -, les collectivités locales vont voir leurs prérogatives chamboulées avec un vaste plan de nouvelle décentralisation et déconcentration des services de l’Etat. Saignées à blanc financièrement, elles ne pourront pas maintenir le niveau d’emploi public. Les promesses de Macron de moratoire sur les fermetures d’école (sauf accord du maire) et d’hôpital ne valent pas cher. Des centaines d’écoles, surtout rurales, ont été fermées ces dernières années sous Belkacem, puis de façon accélérée, au nom du dédoublement à moyens constants des CP en zones prioritaires, sous Blanquer. Macron parle quand cette phase de la purge est à peu près finie. Le projet de loi Buzyn laisse envisager qu’on continuera le processus de casse, quitta à appeler « hôpital », de « proximité », des établissements n’ayant plus rien à voir avec la définition commune.

Comme c’était prévisible, Le Président a consacré un passage important au climat et anticipe un vaste plan de dépenses publiques pour soutenir les investissements et profits privés au nom de cette priorité proclamée. Mais, il n’en a pas moins laissé de beaucoup de marge de surenchère pour entretenir le débat politique sur cette question dramatisée, faisant la part belle au capitalisme vert. C’est aussi le seul sujet – le climat – sur lequel Macron a évoqué la possibilité d’un référendum, qui pourrait venir valider les conclusions du groupe de 150 citoyens, tirés au sort, et invités à y travailler, en lien avec le Conseil économique social et environnemental (nous notons, sans détailler ici, que Macron ressert toute la « réforme » constitutionnelle remisée en juillet 2018, à cause de l’affaire Benalla).

Une nouvelle fois, Macron a distillé des éléments pour exciter le débat sur l’immigration. On notera qu’en conclusion de son « grand » débat, il sera intervenu, en réalité, trois fois : outre cette conférence de presse du 26/04, par le texte supposé de sa première intervention avortée qu’il a laissé fuiter, puis par sa courte allocution télévisée après l’incendie de Notre-Dame où il s’est permis, outrageusement, de déraper sur « l’identité nationale ».

En janvier, il avait déjà feint des hésitations sur l’insertion ou non, de l’immigration dans les sujets officiels du « grand » débat.  C’est la question de réserve pour quand il faudra faire dégénérer le débat public, comme dans les pays voisins. Avec la loi « immigration maîtrisée et droit d’asile effectif », adoptée en octobre 2018, le pouvoir avait déjà réussi à déchaîner les anti-immigration avec l’extension du regroupement familial, et les militants de la solidarité avec les migrants, avec le durcissement de la rétention et du renvoi des déboutés. Macron a continué sur ce double-jeu politicien en appelant à des modifications des accords de Schengen.

C’est un des seuls sujets où il a parlé, de lui-même, de l’Union européenne. Sa position archi-intégrationniste coule de source. Il n’a eu qu’à la rappeler en réponse à une journaliste d’un grand quotidien allemand : il est encore plus pro-européen que Merkel. A quelques semaines des élections européennes, le débat sur les responsabilités de l’UE du capital dans la politique antisociale en France est totalement éludé.

Pour nous communistes, la question ne saurait être de se lamenter devant l’arrogance de Macron et le déroulé tranquille de sa politique capitaliste. Sur l’Europe, accepter l’intégration, renoncer à contester l’euro, se contenter de postures amènent les syndicats et les partis descendant de l’ex « gauche plurielle » à laisser passer les mauvais coups. Ils semblent d’ailleurs plus préoccuper à courir derrière les Gilets jaunes, à se disputer leur part de marché électoraliste, et à préparer la recomposition politique de la gauche réformiste pour 2022 qu’à développer les luttes des travailleurs.

C’est seulement par-là que l’arrogance narquoise du Président, tour à tour lénifiante ou répressive, la complaisance tranquille de ses médias, seront contrecarrées.  Les annonces contre les retraites vont frapper tout le monde du travail, et non seulement les « régimes spéciaux » et les fonctionnaires. La casse des entreprises productives, dont les actionnaires sont gavés d’argent public, soulève des mouvements de protestation dans tout le pays. Les travailleurs rejettent massivement l’Europe du capital, sa monnaie et sa BCE de sangsues et ses directives de voyous.

Fin 2018, les lycéens et étudiants, renforcés largement par les enseignants contre le projet de loi « confiance », ont fait trembler le bon élève Blanquer. Dans la santé, Buzyn ou Hirsch craignent que l’étincelle des grèves dans les services d’urgences et dans de très nombreux hôpitaux de provinces ne soient l’étincelle qui embrase toute la plaine.

Macron nous a confirmé le chemin à suivre !