Sénatoriales. Appel du pied de la direction du PCF au PS : une démarche politicienne à contresens de la situation nationale!

Brève, vivelepcf, 10 juillet 2014

La direction du PCF a produit un communiqué de presse le 8 juillet 2014, repris par plusieurs médias nationaux, intitulé « Sénatoriales : pourquoi le Parti socialiste fait le mort » (en lien). Il vise à faire pression publiquement sur le PS pour qu’il accepte l’offre de négociation du PCF pour la constitution de liste de gauche aux élections sénatoriales du 28 septembre 2014 qui concerneront la moitié des départements.

La direction du PCF argue de la nécessité de préserver une majorité de gauche au Sénat, de l’apport de ses cinq sénateurs communistes et apparentés renouvelables et du poids de son appareil d’élus et de « grands électeurs », sans taire les « divergences profondes au sein des forces de gauche ».

Cette démarche apparaît bien politicienne et choque de nombreux communistes (voir une réaction qui nous est parvenue ci-dessous).

Un corps électoral biaisé. Une élection antidémocratique

Les élections sénatoriales, le Sénat, ne constituent guère une préoccupation politique pour ceux qui luttent aujourd’hui. C’est le moins que l’on puisse dire.

Rechercher une forme d’accord national avec le parti qui conduit aujourd’hui une aussi violente politique antisociale, à la solde du patronat et de l’UE, est difficilement compréhensible. C’est un contresens nuisible pour le PCF, dont la direction donne, à nouveau, après les municipales dans certaines villes, l’impression d’être prête à toutes les compromissions pour sauver quelques places.

Nous ne faisons plus de la dissolution du Sénat, assemblée anti-démocratique, élue au suffrage indirect, une priorité. Dans la situation présente, cela permettrait à l’exécutif d’aller encore plus vite, de restreindre encore les conditions du débat public sur sa politique. Le Sénat offre à quelques communistes la possibilité de disposer d’une tribune et de moyens pour leur parti.

Mais cela ne saurait justifier aucune intégration au système et aucune compromission avec ses partis.

La « majorité de gauche » au Sénat est une mauvaise plaisanterie. Les sénateurs PS soutiennent la politique du capital sans ciller, depuis leur fauteuil de sinécure. Depuis 2012, les majorités sénatoriales contre la politique du pouvoir se fondent sur l’assemblage contradictoire des voix des sénateurs de droite qui jouent l’opposition et en réclament toujours plus pour les patrons et les sénateurs communistes et républicains.

Les élections de septembre se présentent mal pour le PS après sa défaite aux municipales, les communes désignant l’essentiel des « grands électeurs ». Le changement de mode de scrutin dans les départements élisant 3 sénateurs – passant à la « proportionnelle » atténuera à peine la sanction prévisible. Dans ce cadre, le PS est moins enclin à laisser quelques places à ses partenaires habituels, d’autant que les luttes intestines entre ses courants – dont les Aubryistes et Montebourgistes (l’aile gauche !) – font rage.

La réélection des sénateurs sortants PCF et apparentée s’annonce difficile dans les 5 cas. Dans l’Allier, la droite est quasi assurée de remporter le 2ème siège au scrutin majoritaire qui lui a échappé de peu en 2008. Dans les Côtes-d’Armor, le passage à la proportionnelle condamne un des trois élus de gauche. Dans le Rhône, les pertes des municipalités de Vaulx-en-Velin, Pierre-Bénite et Grigny, l’élimination du Conseil de Lyon ont lourdement diminué les arguments des élus PCF. Ils se tous rangés cette année, dont ceux de la plus grande municipalité PCF, Vénissieux, derrière le socialo-compatible maire de Givors, Martial Passi, qui s’est distingué en appuyant le maire PS de Lyon Collomb lors de l’élection de l’exécutif du Grand Lyon et en obtenant la vice-présidence aux transports. Cela suffira-t-il à attendrir Collomb ? Dans les Bouches-du-Rhône, Aubagne, notamment a été perdue et il ne reste plus que deux conseillers PCF de Marseille. Il devient presqu’impossible d’obtenir un des huit sièges sur une liste autonome. Mais complication supplémentaire, le PS part divisé derrière la détonnante Samia Ghali d’un côté et le sulfureux président du Conseil général Guérini (exclu) de l’autre. Avec  la parité, il est très compromis de faire réélire la sortante PCF, Isabelle Pasquet, reléguée au mieux à la 3ème place sur la liste Ghali. A noter que des élus PCF, dont le maire Noves, Georges Jullien, ont choisi le clan Guérini. La situation en Seine-Maritime, où le PCF tirait une liste autonome en 2004 (le mandat a duré exceptionnellement 10 ans !), paraît moins difficile.

Dans aucun autre département où l’on votera, le PCF ne peut raisonnablement espérer un gain de siège. Mais le PS peut avoir besoin des voix des élus PCF pour garder ses sièges. Voilà sans doute ce qui est mis sur la table dans le début de négociations…

C’est beau la tambouille des élections sénatoriales qui ne concernent par définition que des politiciens !

Pour notre part, si nous sommes peu séduits par le slogan prônant une 6ème République, comme tout notre Parti, le PCF, depuis 1958, nous critiquons fondamentalement les institutions de la 5ème. Pour un parti communiste, il est impossible de rentrer dans de tels jeux politiciens. Il est inconcevable de paraître négocier des places avec le parti dont la politique saigne le peuple aujourd’hui, de continuer à se satelliser au PS. Au-delà de quelques alliances éventuellement justifiables par des conditions locales, un accord électoral national, nécessairement un accord politique, est impensable. Que la direction du PCF aille jusqu’à le réclamer par voie de presse, pose à nouveau question sur son état d’esprit et sur son décalage avec les réalités du pays et du Parti.

 

Une réaction au communiqué de presse de la direction. Lettre à Pascal Savoldelli, responsable national des élections PCF :

Camarade,

Sur quel mandat des adhérents la direction s’appuie-t-elle pour négocier des postes de sénateurs avec le PS ?

Le vote des adhérents a été clair pour ne pas entrer dans la majorité gouvernementale en 2012. Or, le Sénat, c’est la politique nationale, pas une élection locale. Il n’y a pas de majorité de gauche au Sénat, il y a une majorité qui fait la politique de la droite et du patronat.

Il me semble que les tentatives d’accord avec le PS nous font perdre toute crédibilité. Cette vision politicienne de la direction nationale me désole et me dégoûte.

J’aimerais avoir tes lumières.

Fraternellement,

Gautier WEINMANN, secrétaire de cellule du PCF de Leforest (62).