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Nous retranscrivons ci-dessous les réflexions de nos camarades de la section du pays Grassois (Alpes-Maritimes) concernant le questionnaire lancé par la direction du PCF dans le cadre de la préparation du 38e congrès.

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Chers camarades,

C’est après avoir pris connaissance du « formulaire » adressé aux adhérents par la direction Nationale, et en avoir minutieusement débattu, que notre section a décidé, à l’unanimité, d’adresser une réponse collective à cette opération, dont nous considérons qu’elle s’apparente plus à du « démarchage marketing commandité» qu’à une préparation sérieuse de congrès, sur la base d’un texte préparatoire contenant un bilan critique de la direction sur sa propre action et sur celle du parti.

Dans une opération « consultative » de ce type, le répondant n’a bien-sûr que l’illusion du pouvoir : il est rendu complice d’un procédé qui le dépossède de sa souveraineté au seul profit du commanditaire. En effet, à l’évidence, le pouvoir est à celui qui :

          – choisit les questions posées en fonction de ses objectifs ;

          – sélectionne les réponses qui conviennent à ses buts particuliers plus ou moins conscients ;

          – fait l’exégèse des réponses en les interprétant selon ses préjugés ou ses intérêts spécifiques ;

          – néglige plus ou moins consciemment les questions et réponses qui dérangent.

Faut-il rappeler que déjà Robert HUE faisait appel à des procédés sondagiés sous les prétextes les plus fallacieux, et pour les pires résultats ?

Questions ambiguës appelant des réponses aux significations contradictoires ; termes flous ; propositions absentes ; choix permettant à la direction de ne faire qu’un bilan partiel et adapté « à la demande du marché politique intérieur» ; choix ne permettant pas de répondre à la question posée (à l’exemple, dès le début du questionnaire, il est impossible, parmi les choix proposés, de répondre par la négative à la question posée portant sur la cohérence de « notre projet » avec les enjeux…) ; ce sont donc les réponses attendues par une direction, aux abois et sans boussole, que l’on nous demande de valider. La possibilité de faire d’ « autres propositions » n’engendre que l’apparence d’une liberté de choix, finissant nécessairement noyée dans la masse des réponses, ou réinterprétée à souhait.

Plus grave encore pour notre parti, fondé dès 1920 par la volonté de renoncer aux illusions sociales démocrates et d’ouvrir une perspective de société Socialiste.

On apprend que notre direction, appâtée par quelques « produits de marketing électoral alléchants » nous a donnés en pâture à la multinationale « Yankee » du « marchandising électoral populiste » (au plus mauvais sens du terme), NationBuilder ! Nous voici membre d’une clientèle « de choix » aux côtés de Trump, Juppé, Fillon et Mélenchon… Et voici nos données*, et peut-être même les réponses au questionnaire, exploitées par un spécialiste du fichage et du profilage d’électeurs, etc.

C’est pourquoi nous ne pouvons participer à cette opération de tromperie. Prenant la mesure de ces éléments, en y ajoutant l’échec des stratégies portées par nos directions, les communistes du pays Grassois proposent des solutions constructives immédiates :

          – Préparation du congrès : mise en place d’une commission pluraliste intégrant toutes les sensibilités aujourd’hui présentes dans le parti permettant, par une critique constructive, de préparer dans les formes le prochain congrès ;

          – Direction : Ayant à l’esprit que dans les batailles perdues la responsabilité des Généraux est plus importante que celle des simples soldats, nous appelons toutes les directions, du national au local, à présenter le bilan de leurs stratégies, de leurs activités, de leurs résultats et en tirer les conséquences, tant personnelles que collectives. Au regard de la dernière période électorale, (catastrophique) nul ne peut s’épargner une analyse critique, notamment de la stratégie dite du « Front de Gauche » et des stratégies faisant du PCF « la pouponnière permanente de ses propres prédateurs ».

Concernant le congrès nous proposons d’ajouter au débat les questions suivantes :

          – Qu’est-ce qui distingue un parti révolutionnaire de classe d’un « parti politique comme les autres » ? d’un parti « réformiste » ? À laquelle de ces catégories de parti voulons-nous appartenir ?

          – Comment remettre le marxisme (doctrine vivante et en mouvement) au cœur de la formation, de la communication et des pratiques des militants ? Faut-il y substituer une autre doctrine ?

          – Quelle stratégie et quelles étapes pour substituer au mode de production capitaliste aujourd’hui dominant, un mode de production socialiste ou communiste ? Faut-il se limiter à aménager au mieux le capitalisme ?

          – En fonction des réponses apportées à ces questions, il conviendra, seulement alors, de définir les alliances de classe ou de partis nécessaires à notre stratégie. Sous quelles formes ? La nature d’un parti se défini au regard des intérêts de classe et des couches sociales qu’il défend en priorité et qu’il parvient à unifier en un tout cohérant et coopérant. Si l’on gomme cette réalité, alors, de force d’action unie, nous mutons en club de discussion, perdant à la fois son triple caractère de parti révolutionnaire, de classe(s) et marxiste.

Nous tenons également à faire partager quelques propositions d’organisation à même de renforcer l’efficacité générale de notre parti :

          – Directions nationale et fédérales (1): retour à un secrétariat, un bureau, et un comité central sur la base des aptitudes et de la valeur militante et non pas d’une représentation géographique, de copinage ou de coteries. Les quotas ne doivent plus pouvoir servir à éliminer en priorité des camarades de valeur pour des luttes de pouvoir ou de place comme cela arrive malheureusement.

          – Directions nationale et fédérales (2): aujourd’hui nous sommes une armée Mexicaine qui détourne parfois les meilleurs militants des tâches de terrain au profit de causeries improductives et d’une forme de « tourisme politique ». Nous préconisons une Direction resserrée et collégiale (à l’image de la pratique du PC Portugais) permettant de combiner réactivité et bienfaits de l’élaboration collective.

          – Pour assurer la démocratie et la cohésion du parti: consultations plus fréquentes des fédérations et des sections sur la base qualitatives de rapports et de comptes rendus et non de QCM.

          – Mettre les paroles en accord avec la pratique. Si à défaut des cellules, les sections sont les lieux de base de l’organisation militante, elles doivent retrouver les moyens matériels de travailler au plus près de la population. Donner plus de moyens aux sections en modifiant le mode de répartition des cotisations (aujourd’hui 2/3 des moyens sont éloignés des lieux de militantisme).

En conclusion, nous tenons à rappeler qu’il y a des partis qui ont nié leur passé de lutte, leur nature de classe, leur objectif d’une société socialiste et leur théorie révolutionnaire. Dans plusieurs cas, ces partis ont intégré le système et ont fini par disparaitre. Ce fut le cas du PC Italien sabordé par des dirigeants opportunistes. Conscient de cela nous appelons les communistes partageant notre analyse à s’unir pour relever notre Parti afin de le mettre en état de reprendre l’offensive Révolutionnaire.

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*Nous lisons dans la presse spécialisée : «le précieux fichier interne Cociel alimentera la plateforme NationBuilder. A terme, le PCF envisage de gérer l’ensemble de sa base militante et de son maillage territorial grâce au logiciel américain ». Source : https://www.lalettrea.fr/action-publique/2017/01/19/le-pcf-adopte-nationbuilder-le-logiciel-de-melenchon-et-fillon,108197797-ARL