Déclaration d’Emmanuel Dang Tran, membre du Conseil national du PCF, au soir du 2nd tour des élections régionales, 13 décembre 2015(voir notre analyse du 1er tour)

Les résultats du 2nd tour des régionales représentent tout sauf une surprise. Les tenants du système (capitaliste) et de la politique de casse générale des acquis sociaux et démocratiques ont de quoi se réjouir.

Les partis au service du système peuvent tous se dire gagnants.

Le PS au pouvoir parvient à masquer le désaveu massif de sa politique en conservant 5 régions métropolitaines sur 13. La droite « classique » va gagner 7 grandes régions dont les plus peuplées, malgré un score historiquement bas au 1er tour. Des « régionalistes » pro-capitalistes l’emportent en Corse. Le FN aura atteint un résultat inégalé, en pourcentage au premier tour 27,8% et même en voix au second, rejoignant avec 6,5 millions de suffrages le résultat de Marine Le Pen en 2012, mais cette fois dans le cadre d’une échéance locale.

L’idéologie dominante a réussi à écraser toute expression politique électorale de la contestation populaire de la politique menée par les gouvernements successifs.

La promotion éhontée du FN, ces derniers temps surtout par le PS, Valls et Hollande, a parfaitement fonctionné. Ces derniers n’ont pas hésité à instrumentaliser cyniquement les attentats du 13 novembre pour, d’abord, intégrer le FN dans l’Union nationale et valider certaines de ses positions racistes, avant d’ensuite, asséner à nouveau la rhétorique du « Front républicain » contre lui.

Finalement, le FN ne conquiert aucune région. En fait, cela fait bien l’affaire de sa crémerie. Une région ce n’est pas comme une commune. A la tête même d’une seule, l’extrême-droite aurait été amenée à dévoiler pleinement sa politique en faveur du patronat.

D’ici au moins 2017, sans hésiter à raviver les spectres fascistes, le système mise plus que jamais sur le FN comme dépotoir électoral, comme dérivatif des colères sociales vers les haines et le nationalisme, comme repoussoir validant notamment la politique de l’UE du capital. L’hypocrisie du président du MEDEF, Pierre Gattaz, appelant à voter contre le FN, en est le signe récent le plus éclatant. Les régionales ont montré que cela marche pour l’instant.

Il n’y a surtout aucun reproche à faire aux électeurs, qui, comme nous, se sont trouvés enfermés dans une alternative électorale insoluble : tout faire pour empêcher immédiatement le FN d’accéder à des positions institutionnelles mais en n’ayant comme moyen immédiat que le vote pour ceux dont la politique fait son lit.

Mais des reproches, nous en faisons tout autrement aux porte-parole de la « gauche de la gauche » et aux dirigeants de notre parti dont la faillite a pesé et pèse très lourd.

Le PCF et ses positions ont été invisibles. Pierre Laurent et la direction ont choisi de les effacer pour draguer, à droite, certains des plus opposés aux positions révolutionnaires, notamment EELV et ses leaders, suppôts de l’anticommuniste, militants pro-UE , comme Cohn-Bendit ou le marchand de shampoing Hulot. Ce « rassemblement » contre nature n’a rassemblé personne !

On peut faire une différence entre la « gauche » et la droite sans avoir besoin de s’aligner docilement derrière un baron du social-libéralisme comme M. Bartolone. Les images du meeting de Créteil du 10 décembre avec Pierre Laurent en première partie du sinistre numéro de Claude Bartolone sont rédhibitoires. C’est encore pire – mais cela nous regarde pas – pour les personnalités groupusculaires qui se disent « d’extrême-gauche », donneuses de leçons devant l’éternel, telles Mme Autain ou M. Piquet, mais qui ont lorgné, affamées, avec succès ou non, sur les miettes et places laissées par le PS ! Qu’avons-nous à faire, communistes, avec ces marionnettes politiques ?

Pierre Laurent s’est présenté en tête de liste en Ile-de-France pour renforcer sa notoriété en vue des présidentielles de 2017, dans le cadre du Front de gauche. Le résultat coupe court à cette perspective politicienne, d’autant que l’échec du Front de gauche, éclaté, est acté. Pierre Laurent a avancé de 6 mois la tenue du congrès du PCF à juin 2016 : cela ne saurait être, pour nous, dans le but d’aggraver encore le processus de dissolution du Parti entamé par Robert Hue et Marie-George Buffet. Prenons plus de temps éventuellement ! En tout cas, les communistes n’accepteront pas une nouvelle fuite en avant.

La soumission à la social-démocratie, au mythe de l’Europe sociale, au réformisme sont moins que jamais acceptables. Le soutien effréné de Pierre Laurent et des parlementaires derrière André Chassaigne à Alexis Tsipras et sa politique violemment antisociale en Grèce, leur alignement sur l’union nationale de Hollande et l’état d’urgence montrent à quel point ils vont à contre-courant des attentes du mouvement populaire, de ce qu’il attend du grand parti historique de la classe ouvrière dans notre pays.

Avec des camarades de toute la France, après ce nouveau désastre électoral, nous sommes décidés à ce que qui doit changer dans notre parti change vraiment. A ce que l’on cesse d’entraver le dynamisme révolutionnaire de ces membres honnêtes, éloignés de toute préoccupation alimentaire, de tous les ceux qui attendent qu’il se reprenne.

Dans les semaines qui viennent, face aux tentatives d’intimidation et aux provocations du patronat et du pouvoir, sous l’état d’urgence, à Air France, à Goodyear, dans les services publics, nous affirmerons qu’il y a des communistes, des organisations du PCF prêts à opposer, au service de la lutte des classes, des positions de rupture politiques conséquentes.

Contre la politique d’exploitation, contre l’état d’urgence, contre la guerre impérialiste, contre les ferments du fascisme, pour la rupture socialiste, les communistes montreront qu’ils sont là, avec, sans ou malgré la direction en faillite de leur Parti, mais pour leur parti car pour le changement révolutionnaire.