Rythmes scolaires à Paris: se souvenir des votes et des promesses pour continuer la lutte
Le résultat était couru d’avance. Lors de sa séance du 25 mars, le Conseil de Paris a voté le passage à la semaine de 4,5 jours pour les écoliers, dès la rentrée 2013.
Bertrand Delanoë avait mis en ordre sa majorité la semaine précédente. Il a reproduit le même exercice de langue de bois pour vanter les bienfaits de ce rythme pour les enfants, les aménagements consentis par la municipalité. Anne Hidalgo, un temps exposée sur ce dossier, est restée en retrait. Même dans le 15ème arrondissement, le 21 mars, c’est l’adjointe Colombe Brossel qui a été chargée d’affronter quelque 200 enseignants, directeurs d’école, parents, militants syndicaux et associatifs, ressortis tous encore plus en colère de la réunion de « concertation » qu’ils n’y étaient arrivés. L’élue s’est bien gardée de répondre aux questions principales, notamment aux nôtres.
Le choix de la plus grande ville de France de passer en force dès 2013 permet de court-circuiter les discussions et les actions nationales, notamment sur les rémunérations des enseignants, contraints à une semaine de travail encore plus chargée. La municipalité de Paris fait des vœux, pieux, sur la pérennisation des sommes allouées par l’Etat la première année. Les engagements fermes d’embauche pour 2013 restent très loin, en nombre et qualifications, des besoins et des promesses. La municipalité promet de titulariser un certain nombre des animateurs précaires qu’elle emploie pour les activités périscolaires. Enfin ! Mais on ne voit pas le rapport avec le calendrier de changement des rythmes scolaires.
La mobilisation massive de la communauté éducative au projet Peillon/Delanoë ne s’est pas démentie, malgré les annonces de Delanoë. La grève parisienne de ce 25 mars a été suivie à plus de 55%.
Le dossier est décidément riche d’enseignements politiques.
La majorité municipale parisienne menée par le PS ne veut pas reculer sous peine de mettre en péril toute la politique du ministre de l’éducation. Elle peut même espérer que l’affaire sera retombée lors de la campagne des municipales et qu’elle aura mieux réussi à l’esquiver en s’y prenant un an à l’avance.
Au sein de la majorité, les écologistes, qui affichent régulièrement une contestation des choix du Maire, peuvent espérer passer pour ceux qui ont arraché les quelques avancées réelles, au prix de leur ralliement. Il s’agit notamment de l’abandon de l’allongement de la pause du midi, dite « méridienne ».
La droite parisienne s’est levée comme un seul homme contre le projet Peillon/Delanoë. C’est presque cocasse d’entendre ses élus défendre les positions des syndicalistes ! Ils feraient presque oublier qu’ils sont responsables de la politique de Darcos, des 60.000 suppressions de poste. Concernant la semaine scolaire, Darcos avait supprimé en 2008 les cours du samedi matin. Les remettre le mercredi matin n’a pas du tout les mêmes conséquences. Mais voilà encore un débat éludé.
Le Front de gauche (et l’élu Modem) se sont opposés au choix de Delanoë. La majorité municipale conserve ainsi une aile en phase avec le monde enseignant et les syndicats. Mais dans certaines limites. L’adjoint Front de gauche aux sports, Jean Vuillermoz, a voté (« à titre personnel ») en faveur du vœu de Delanoë, celui-ci ne souhaitait pas de faille dans son exécutif.
On le voit : A Paris comme dans le pays, dans la situation actuelle, l’alternative politique ne viendra pas des assemblées mais bien des luttes.
La mobilisation dans les écoles a atteint une détermination et une extension rares, notamment à Paris. Cela représente une force considérable.
Communistes, nous appuyons plus que jamais ce mouvement pour continuer à faire reculer Delanoë, pour faire reculer Peillon sur les aménagements des rythmes scolaires comme sur les aspects négatifs de sa loi de « refondation de l’école ».
Prochain temps fort : la manifestation nationale du 6 avril – 13h30 – Bastille.