Vivelepcf, 7 avril 2013

Mitterrand voulait plumer la volaille communiste, disait-on. Son disciple, Mélenchon semble l’imiter, à son échelle : 527.000 euros pour la campagne des présidentielles de 2012.

Les fédérations du PCF et les membres du Conseil national viennent en effet de recevoir une lettre du secteur « Finances » du Parti et de la direction nationale. Elle a de quoi les laisser pantois.

Dans cette lettre (copie ci-dessous), nous apprenons :

1-     Que la campagne de Mélenchon a notablement excédé en dépenses le plafond remboursable.

2-     Qu’en dépit d’un accord préalable entre les organisations du Front de gauche sur une répartition d’un dépassement éventuel, Mélenchon a décidé que ce serait exclusivement le PCF qui paierait.

3-     Que la direction du PCF tient cette « décision unilatérale » pour inacceptable, qu’elle « ne s’en accommode pas », mais « qu’elle est imposée de fait ».

4-     Qu’elle ne s’y fera plus prendre « travaillant à ce qu’une telle situation ne puisse plus se reproduire ».

5-     Que la charge sera répartie à parité entre le CN du PCF et les fédérations du PCF.

Chacun de ces points appelle des observations. Avec cette lettre, la direction du PCF ne saurait impliquer les communistes dans ses compromis ou dans quelque rapport avec le PG au sein du Front de gauche.

1-     Comment la campagne de Mélenchon a-t-elle pu dépasser le plafond remboursable ? Il s’élève à 9.115.467 euros.  Mélenchon aura dépensé plus que Le Pen, 3 millions d’euros de plus que Bayrou… Normalement, une campagne communiste compense le manque d’argent et de relai médiatique par le militantisme. Au contraire, la campagne de Mélenchon, co-animée par  la direction du Parti, a misé sur les médias, sur les grand’messes, sur les cars et trains affrétés de toute la France pour déplacer des supporters. Et elle fait payer la note aux communistes, au détriment de leur action militante…

2/3- Comment peut-on laisser Mélenchon décider tout seul ? D’autant plus qu’il paraît qu’il y avait un accord. Le faire respecter, même contre Mélenchon est une question politique. Le piédestal médiatique sur lequel est perché Mélenchon le rend-il intouchable ? Au point que la direction du PCF doive avaliser tous ses faits et gestes, sous peine de se décomposer dans le Front de gauche ? Communistes, nous devons refuser de payer, comme ça, la note de Mélenchon ! Incitons Conseil national du PCF à protester publiquement, à se faire écho de la colère de maintes fédérations et sections du PCF !

4- Comment affirmer que cela ne se reproduira plus après une telle attitude de soumission ? Dans plusieurs régions déjà en 2008, les nouvellement étiquetés PG n’ont pas hésité à faire payer les communistes, bien que l’opération Front de gauche se soit soldée pour le PCF par la perte de la moitié des élus sortants… Pourquoi, pour la présidentielle, la direction du PCF a-t-elle orienté l’argent des fédérations vers « l’apport personnel » du candidat Mélenchon plutôt que vers les « dépenses payées directement u titre des contributions des partis politiques », selon la nomenclature légale ?

5 – Les fédérations du Parti sont mises à contribution à hauteur de 50%. Le rapprochement est immédiat avec l’une des dispositions les plus contestées des nouveaux statuts du PCF adoptées au 36ème congrès de février 2013. L’échelon militant local, les sections, s’est vu privé d’un tiers de ses ressources, des cotisations. Il faut savoir que les reversements d’indemnités d’élu, quand ils existent, reviennent déjà aux échelons « supérieurs ». Un tiers de moins pour les militants de base pour financer les campagnes des notables du Front de gauche ?  Malheureusement, on ne croit pas si bien dire quand on lit dans l’accord du Front de gauche, adopté entre organisations en parallèle et à l’insu du congrès du PCF. Il est acté que la démarche du FdG « se concrétisera par un protocole financier entre les composantes du Front de Gauche. Ce protocole contiendra une clef de répartition financière entre les différentes organisations et indiquera une méthode permettant d’envisager les dépenses prévisionnelles que chacun sera amené à engager ».

L’argent des cellules et des sections du PCF pour les combinaisons politiciennes du Front de gauche.

Communistes, tant que nous ne réagissons pas, on ne voit pas pourquoi Mélenchon et ses parvenus de la nébuleuse socialiste se priveraient de s’accaparer ce qui reste de décennies de lutte et confiance construite avec les travailleurs par leur Parti, le PCF.

Des sections, des fédérations, manifestons notre colère et notre réprobation !

 

Extraits lettre de la direction aux fédérations du PCF

« Suite à la validation et du  remboursement par  l’Etat du compte de JL Mélenchon, nous vous transférons cette semaine par virement sur le compte bancaire de la fédération  le remboursement du prêt accordé par votre fédération au compte de campagne. Ce remboursement se trouve, malheureusement, amputé de façon significative.
D’une part, sur la partie de dépenses du Parti Communiste Français, la CNCCFP a réformé et déduit des dépenses de campagne – donc du remboursement – la somme de 90 952 € dont 76 456 € pour les fédérations. Ces réformations portent majoritairement sur la répartition présidentielle/législatives.
Par ailleurs, cette campagne a permis à JL Mélenchon de recueillir  plus de 11 % de suffrages mais elle a aussi  nécessité davantage de moyens qu’initialement budgétés. Elles ont généré un surplus budgétaire concernant notamment les meetings  (+4 millions) et les dépenses des fédérations du PCF (+1 million) qui ont amené à un dépassement du montant remboursable maximum de l’Etat.

Lors de l’élaboration du budget avec nos partenaires du Front de gauche, l’accord conclu prévoyait que tout dépassement du montant remboursable ferait l’objet d’une répartition de la prise en charge de ce dépassement entre les  composantes du Front de gauche.
 Or, malgré nos différentes interventions durant  plusieurs semaines (rencontres, courriers, etc…), il nous a été signifié par le mandataire du compte de campagne que le dépassement après réformation s’élevant à 527 000 € serait supporté uniquement par le Parti communiste français.
 Cette décision unilatérale du Parti de Gauche est bien sûr inacceptable et nous ne nous en accommodons nullement, mais elle nous est imposée de fait. Avec la direction nationale de notre parti, le secteur finances travaille en direction des partenaires pour qu’une telle situation ne puisse plus se reproduire, notamment en sécurisant les dépenses, par leur financements en amont conditionnant tout engagement financier du PCF. Nous vous tiendrons informés de ce travail mais souhaitons attirer votre attention sur les dangers de dérives pouvant survenir par le biais « d’associations » loi 1901 que nous devons écarter (toute personne morale ne pouvant financer aucune activité politique).        

            Pour ne pas bloquer plus longtemps le remboursement aux fédérations, nous répartissons cette nouvelle charge pour moitié, soit 263 500 € au Conseil national et l’autre moitié aux fédérations, calculée sur l’apport initial de leur prêt respectif.

Cette situation, plus que regrettable, va bien sûr impliquer un effort budgétaire supplémentaire pour le Conseil national et les fédérations, dans un contexte financier déjà difficile. Il n’est sans doute pas inutile que chacun-e fasse part à nos partenaires – à tous les niveaux – de cet état de fait et de la réaction des communistes. La part qu’ils et elles ont prise au succès de la campagne du Front de Gauche méritait certainement une toute autre considération. »