Edt pour vivelepcf, 16 janvier 2013

Depuis le début de l’intervention militaire de l’Etat français au Mali, de nombreuses organisations locales du PCF, comme du Mouvement de la jeunesse communiste, ont dénoncé la guerre impérialiste, les intérêts économiques des capitalistes si mal cachés par les prétextes humanitaires, appelé à l’arrêt de l’opération et à l’ouverture de négociations politiques entre les belligérants.

Cette réaction, cette position sont « naturelles » pour les communistes, tant la lutte pour la paix, la dénonciation de la guerre impérialiste, du colonialisme comme du néocolonialiste, font partie des fondements mêmes de l’engagement communiste depuis la naissance du PCF en 1920, le rejet de l’Union sacrée de 14/18, l’opposition à la guerre du Rif en 1923.

On pourrait penser, quelles que soient les mutations du PCF imposées par sa direction depuis deux décennies, que cette analyse serait partagée et défendue par tout le Parti. Il n’en est rien. C’est un choc pour de nombreux camarades.

Plusieurs dirigeants principaux du PCF et du Front de gauche, se sont ainsi exprimés publiquement depuis le 11 janvier, sans contester le bien-fondé de l’intervention militaire et les justifications avancées par le pouvoir.

Le 14 janvier, André Chassaigne, président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine à l’Assemblée, a déclaré au sortir de sa rencontre avec le Premier ministre qu’il regrettait que l’opération « n’ait pas été préparée par une résolution de l’ONU beaucoup plus explicite (…) qui aurait fait que l’intervention française ne puisse pas être assimilée à des pratiques anciennes qui étaient celles de la Françafrique. (…) Il est en outre « extrêmement important que l’intervention n’occulte pas l’exigence d’une solution politique » (propos repris par la presse).

Le même jour dans ses vœux à la presse, Pierre Laurent a expliqué qu’il « était logique qu’une aide réelle soit apportée aux autorités maliennes de transition », face aux « groupes djihadistes », tout en regrettant qu’on les ait « laissé faire » précédemment et en considérant « qu’il n’y a pas de solution militaire durable aux problèmes du monde actuel ».

De son côté, le dirigeant du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a pris des accents critiques mais pour regretter que la décision ait été prise « seul » et que l’opération militaire n’ait pas été menée par des armées africaines. On se souvient que Mélenchon avait approuvé au Parlement européen le principe d’une intervention militaire en Libye. Mais normalement, il n’engage pas le PCF…

Ce serait mieux, comme l’avait annoncé Hollande, que ce soit les Africains qui se fassent tuer en première ligne pour les intérêts occidentaux ? Les guerres en Irak, en Afghanistan, en Libye ont-elles servi les peuples, affaibli les fascismes « islamistes » ? Le gouvernement provisoire malien est-il autre chose qu’un gouvernement fantoche ? Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ne sont-ils pas des puissances impérialistes aux intérêts tantôt rivaux, tantôt complices, notamment pour piller l’Afrique ? Poser ces questions, c’est y répondre.

En lisant les déclarations des leaders du Front de gauche et du PGE, on mesure la dérive atteinte par la direction du PCF, l’éloignement par rapport à la grille d’analyse anti-impérialiste, portée toujours si courageusement par les communistes dans l’Histoire.

Sur cet aspect aussi, l’organisation expéditive du 36ème congrès permet d’évacuer le débat, la confrontation des positions réelles du Front de gauche (dans l’Union sacrée!)à l’opinion des communistes.

Dans ces conditions, nous appelons les communistes à s’exprimer, à imposer le débat, à agir, sans réserves, contre la guerre impérialiste française au Mali.

« On croit mourir pour la patrie, mais on meurt pour des industriels » dénonçait Anatole France. Pas question pour les communistes de le laisser croire !