A propos de la visite de Hollande en Algérie (PADS)
Déclaration du Parti Algérien pour la démocratie et le Socialisme, 18 décembre 2012
La visite que doit effectuer le chef de l’Etat français en Algérie s’inscrit dans le processus de renforcement des liens entre la bourgeoisie algérienne et l’impérialisme français pour préserver le système d’exploitation, de domination et de pillage international. Dans le contexte de la grave crise économique du système capitaliste international, cette visite va permettre la conclusion d’affaires juteuses entre les multinationales françaises et les affairistes algériens sur le dos du peuple algérien et de la classe ouvrière française.
La campagne orchestrée pour faire passer l’idée que les relations algéro-françaises vont connaître un nouveau départ avec un gouvernement socialiste fait fi des réalités et de la fonction politique, idéologique et économique véritable de la social-démocratie française.
Les dirigeants socialistes français sont un pilier de la domination de la grande bourgeoisie en France et dans le monde, la courroie de transmission qui assure la subordination de la classe ouvrière aux intérêts des capitalistes, l’agent actif de la bourgeoisie pour maintenir les rapports d’exploitation, tromper les travailleurs, faire croire aux peuples qu’il est possible d’améliorer leurs conditions d’existence sans renverser le système capitaliste.
La social-démocratie française n’a pas changé de nature. Faire croire qu’elle s’est transformée en force de paix et de progrès et que Hollande, à la différence de Sarkozy, va contribuer à améliorer les rapports entre la France et l’Algérie n’est pas une simple erreur. La propagation de ces illusions fait partie d’un travail de réécriture idyllique de l’histoire pour leurrer les travailleurs. Le rôle que les dirigeants de la social-démocratie française ont joué dans l’histoire de l’Algérie durant la période coloniale au bénéfice de la grosse colonisation et de la grande bourgeoisie française est connu de tous. Il s’est écrit en lettres de feu et de sang. Des centaines de milliers d’Algériens ont été torturés, emprisonnés, mutilés, tués, sous des gouvernements socialistes. Ce rôle de collaborateurs zélés de la bourgeoisie française et d’exécutants des désirs de l’impérialisme américain, ils continuent à le jouer. Il n’est pas dans leur pouvoir de travestir les buts réels de leur soutien actif à l’intervention criminelle de l’OTAN en Libye. C’est également avec rage qu’ils veulent installer par tous les moyens à la tête de la Syrie un régime fantoche sous le prétexte éculé et grossier de la défense de la démocratie dans ce pays avec l’appui des pires ennemis des libertés démocratiques que sont les régimes moyenâgeux du Golf. En reconnaissant les traîtres du CNS comme représentants du peuple syrien ils ont encouragé les forces rétrogrades à commettre des crimes abominables en Syrie. Ce sont-là des faits que ni Hollande ni Fabius ne peuvent cacher. Ils indiquent de façon éloquente ce que les socialistes français sont capables de faire pour défendre l’impérialisme et son système d’exploitation, ce qu’ils sont encore capables de faire contre le peuple algérien si le rapport des forces devenait favorable à la réalisation de leurs plans stratégiques de domination de l’Algérie.
A la différence de l’arrogant et du cynique Sarkozy, Hollande sait se faire mielleux. Il excelle dans le langage en apparence « civilisé ». Mais il est aussi ou sinon plus dangereux pour les peuples exploités et dominés par l’impérialisme et par ses alliés réactionnaires internes.
Celui qui prend pour argent comptant les promesses de la social-démocratie à la classe ouvrière accepte de se bercer d’illusions. François Hollande a menti aux travailleurs français en leur faisant des promesses lors des dernières élections, en particulier aux sidérurgistes de Florange. Il les a trompés et il a appliqué la politique du grand patronat. Les travailleurs et le peuple algériens ne peuvent rien attendre de positif d’un chef de la social-démocratie qui trompe les travailleurs de son propre pays et applique la politique du grand patronat.
Au Sahel, au Mali, au sud de l’Algérie, le gouvernement socialiste poursuit avec une grande fébrilité l’application de ses plans d’intervention militaire pour assurer la mainmise des impérialistes français sur les richesses des pays de la région, contrer leurs alliés et rivaux américains qui cherchent à les évincer de la région, tenter de tenir à l’écart la Chine, préparer les conditions de réalisation de leurs plans stratégiques d’accaparement du Sahara algérien. La lutte du peuple algérien pour son indépendance avait mis en échec ces plans en 1961. Mais aucun groupe de droite ou de la social-démocratie ne les a abandonnés.
Hollande cherche à attirer l’Algérie dans un traquenard en faisant pression sur ses gouvernants pour que son armée intervienne au nord du Mali. C’est le gouvernement Hollande qui a pesé de tout son poids pour que l’ONU, devenue depuis la disparition de l’URSS un lieu de repartage du monde entre rapaces impérialistes, accorde sa bénédiction aux plans interventionnistes au sud de l’Algérie. Le gouvernement algérien a étalé sa couardise en affichant sa satisfaction après l’adoption par le conseil de sécurité de l’ONU de sa résolution sur le Sahel. Cette résolution ouvre la voie notamment à l’intervention de la Cédéao, instrument néocolonialiste de la Françafrique. Le gouvernement de la bourgeoisie algérienne veut la « tranquillité » avec l’impérialisme car la bourgeoisie algérienne a des intérêts communs très forts avec les capitalistes français. Le gouvernement trahit les intérêts du peuple algérien en se gardant de rejeter fermement les manœuvres de l’impérialisme français dans la région.
Hollande a reconnu le massacre de centaines de manifestants algériens le 17 octobre 1961 à Paris par la police française. Il faut faire preuve d’une très grande naïveté pour ne pas comprendre le sens de cette manœuvre. Hollande veut en échange de cette reconnaissance s’arroger le droit d’intervenir dans les luttes politiques internes de l’Algérie et dicter ses volontés à notre pays. Il croit que cette reconnaissance lui donne une virginité politique qui lui permettrait d’agir et d’appuyer en tant qu’ « ami » les fractions de la société les plus disposées à servir les intérêts de l’impérialisme.
Divers cercles algériens exigent de l’Etat français qu’il reconnaisse les crimes de la France en Algérie. Cette revendication est erronée car elle fait croire que l’impérialisme, même si par absurde il accepte de faire une telle concession, peut changer de nature et renoncer à maintenir les peuples sous la domination de la bourgeoisie monopoliste par tous les moyens, y compris par les coups de force et les guerres. Elle est une diversion. Elle permet de masquer et d’éviter de dénoncer les nouvelles formes de colonisation de l’Algérie, de pillage, de sous-développement savamment organisé soit par le truchement des institutions de l’Union européenne dans tous les domaines, y compris ceux de l’Ecole et de l’Université, soit sous la houlette directe de l’administration française, avec la complicité des classes possédantes algériennes. Or la visite de Hollande a pour objectif de renforcer le poids de l’Union européenne dans les décisions de l’Algérie sous prétexte d’appliquer les principes de l’Accord d’Association avec l’Union européenne et d’activer les « réformes » découlant de cet accord. Il faut être de mauvaise foi pour travestir la réalité de l’Union européenne: un bloc impérialiste réactionnaire dont les représentants officiels en Algérie ne se gênent pas de dicter au gouvernement ce qu’il doit faire et ce qu’il ne peut pas faire, à travers les interviews complaisantes d’une presse d’argent vendue aux plus offrants.
Les travailleurs, les classes laborieuses du pays, autant que la classe ouvrière française, n’ont rien à attendre de bon de cette visite.
Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme, 18 décembre 2012