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Interview du 14 juillet : la tactique lénifiante de Hollande

Repris de PCF Paris 15, 14 juillet 2014

François Hollande est rodé dans le rôle de président impuissant mais prétendant toujours faire de son mieux, dans son discours lénifiant.

Aux ordres comme d’habitude, les journalistes Pujadas et Bouleau lui ont facilité les choses : aucune question qui fâche vraiment, occultation totale de la contestation sociale exprimée par la puissante grève des cheminots, par des luttes dans tout le pays. Le refus cette année de plusieurs syndicats dont la CGT de se prêter à la mascarade de la conférence sociale, dont Hollande est le grand prêtre, l’a reflétée. Les journalistes n’ont pas évoqué cet affront pourtant tout récent.

Rien non plus sur les déboires de l‘intervention en Centrafrique alors que les troupes néocoloniales viennent de défiler sur les Champs-Elysées. Rien sur l’Ukraine non plus etc.

La Palestine, la nouvelle guerre israélienne, étaient un sujet inévitable. Qui est l’agressé, qui est l’agresseur ? Hollande persiste insistant sur les 3 jeunes Israéliens découverts tués, sur les tirs de roquettes. Ses appels dilatoires aux cessez-le-feu laissent à l’Etat d’Israël le temps de commettre son expédition punitive annuelle ou bisannuelle. L’affirmation de la nécessité de la création d’un Etat palestinien, dans des conditions qui la rendent impossible autrement que comme Etat croupion, relèvent de l’hypocrisie officielle atlantique USA-UE.

Sur le plan international, Hollande a pu placer, à défaut d’évoquer le Mali, la Centrafrique, encore moins la Libye, l’Afghanistan et l’Irak, sa satisfaction d’avoir obéi aux lobbys atlantique et militaro-industriel. Il a sanctuarisé, hors de l’austérité des dépenses publiques, le budget de la guerre, sans compter les dépenses somptuaires pour célébrer les guerres passées comme la guerre 14-18. La France, un pays de salariés pauvres, de chômeurs, désindustrialisé, mais aussi un pays de mercenaires engagés pour les intérêts du grand capital mondial…

Sur le plan économique et social, Hollande n’a rien annoncé du tout de neuf. Il s’est efforcé de vanter les mérites de son « Pacte de responsabilité », effectivement ensemble de mesures inédit en faveur du capital – 41 milliards d’euros de cadeaux à terme. C’est la principale contre-réforme du quinquennat atteignant autant les dépenses publiques et sociales de l’Etat que la Sécurité sociale, le code du travail et les salaires. Les journalistes étaient là pour lui permettre d’annoncer que le coup antisocial allait aller vite, dès 2014 et 2015.

On n’a vraiment rien entendu de nouveau. Hollande a annoncé une extension des dispositifs d’apprentissage, notamment dans la fonction publique, et du « service civique ». Il ne s’agit de rien d’autre qu’à la fois de précariser les débuts de carrière et de masquer le chômage derrière des formes déguisées de travail obligatoire, teintées de bons sentiments.

Hollande reprend à nouveau le discours éculé sur la nécessité de la baisse du coût du travail, qui ne pèserait pas sur les salaires (sur quoi alors sinon sur le salaire socialisé, la santé, les retraites, l’indemnisation des accidents du travail, le logement…). Toujours dans le discours idéologique, il commence à prétendre s’attaquer au « coût du capital », en travaillant à des taux d’intérêts bas, en taxant les transactions financières… « Coût du travail », « coût du capital », toujours des « coûts » mais pour qui ? Pour l’exploiteur, le capitaliste…

Hollande a réussi difficilement à en glisser une sur la « réforme territoriale » en cours, visiblement peu médiatisable pour Pujadas et Bouleau.

Sinon rien !

Et en matière de politique politicienne ?

Visiblement téléguidés, les journalistes sont revenus avec insistance sur les réformes de société promises et notamment l’attribution du droit de vote aux étrangers. Hollande connaît l’adage mitterrandien : « le droit de vote aux étrangers, en parler toujours avant les élections, pour gonfler l’extrême-droite, ne le réaliser jamais pour ne pas perdre cet outil politique ». Il va l’appliquer à fond.

Hollande laisse aux journalistes le soin de placer la prochaine étape du « changement » politique à une éventuelle primaire avant les élections de 2017.

En définitive, le plus intéressant dans l’interview de Hollande est sans doute ce que nous apprendrons demain par Médiamétrie : que personne ne l’a écouté !

Plus que jamais, l’alternative politique se passe ailleurs, contre ce système discrédité, dans les luttes pour le principal, pour la réponse aux besoins des travailleurs et des populations, contre les prévaricateurs soutenus par l’Etat et des pantins comme Hollande, Valls ou Montebourg et les équipes de remplaçants !

Après la lutte des cheminots, des débats animent la CGT : c’est très bien ! Le PCF est également concerné.

Vivelepcf, 6 juillet 2014
La grève des cheminots contre la « réforme ferroviaire » a été suspendue le 25 juin.
« Suspendu » : souvent, le mot est utilisé comme un euphémisme pour atténuer un revers. Dans ce cas, pas du tout ! La lutte a éclairé les vrais enjeux dans le pays. Elle a montré aux cheminots leur propre force. Elle a ravivé d’autres luttes. La bataille du rail, contre l’application de la « réforme », contre le processus de mise en concurrence, contre la suppression des dispositions du statut social des cheminots, ne fait que commencer.
La période est maintenant, notamment pour les syndiqués CGT, de la SNCF comme plus largement, d’une autre façon pour les militants du PCF, à faire l’examen nécessaire du déroulement et de la conduite du mouvement.
La ligne des différents échelons de la CGT est mise en débat. C’est une très bonne chose. Des décisions sont à prendre dès à présent, dans cette situation nouvelle.
Les 7 et 8 juillet, le pouvoir convoque les organisations syndicales à sa « 3ème conférence sociale » avec les organisations patronales. De nombreuses organisations de la CGT appellent leur direction confédérale à ne pas y participer contrairement aux années précédentes.
Nous reproduisons trois motions dans ce sens ci-dessous. (UL Paris 15UD ParisSyndicat des Cheminots de Versailles)
Le fond de cette décision ne porte pas sur l’annonce par Valls d’un nouveau report du projet prétendument destiné à « prendre en compte » la pénibilité des carrières. Il ne se trouve que quelques petits patrons butés de la CGPME pour ne pas avoir compris qu’il s’agit d’un dispositif conçu politiquement et socialement dans l’intérêt du patronat (voir notre dernière analyse en lien). A se demander si ce n’est pas une diversion.
Non, la « conférence sociale » vise avant tout à faire avaliser le « pacte de responsabilité », à donner l’illusion que les 41 milliards d’euros de cadeaux au capital et les 5 autres milliards prélevés sur la sécurité sociale résulteraient d’un accord social.
La direction de la CGT s’est impliquée fortement, d’une façon inédite, dans la campagne pour François Hollande avant 2012. Les immenses mobilisations, par exemple de 2010 pour les retraites, ont été renvoyées implicitement à la perspective d’alternance politique. La désillusion est à la hauteur des illusions semées.
Des militants et responsables CGT s’interrogent sur le retard à corriger cette ligne et ses raisons, malgré l’évidence. La participation aux conférences sociales des deux dernières années l’a manifesté.
Cette année, la décision d’organiser une journée nationale de manifestation le 26 juin pour peser sur la 3ème conférence s’est traduite par un échec total, d’autant plus frustrant qu’à quelques jours près, la jonction aurait pu être faite avec la lutte des cheminots.
Il est frappant que la réunion du Comité confédéral national des 14 et 15 mai n’ait pratiquement pas abordé la riposte à la « réforme ferroviaire », à quelques jours de la manifestation nationale cheminote du 22 mai.
La lutte des cheminots a mis en évidence une forme de résignation dans les positions des dirigeants confédéraux, résignation notamment à l’Union européenne, allant de pair avec un manque de confiance dans les luttes.
Patronat, PS et UMP n’ont pas manqué de rappeler tout le long de la discussion le rapport de Thierry Lepaon, rendu au Comité économique et social en 2012, avant son accession au secrétariat général. Il y faisait des propositions précises pour l’aménagement de l’ouverture des trains régionaux à la concurrence, dès 2015. Pourquoi ne pas avoir renié ce rapport, du moins l’avoir remis à sa place ?
Pendant la grève, Lepaon a donné l’impression de sous-estimer la force du mouvement, de chercher à le contenir. Sa lettre proposant une conciliation à Hollande trois jours après le début de la grève, avant la discussion parlementaire n’a pas été comprise par les grévistes et les syndiqués. Les « avancées » parlementaires qu’il a cru bon de reconnaître dans les médias ont été qualifiées « d’enfumage », de dispositions « de surface » par la fédération CGT des cheminots.
Ces prises de position de la direction confédérale n’ont pas aidé le mouvement. Elles ont semé un certain désarroi.  
Du débat de fond qui s’ouvre maintenant dans la CGT ressort déjà un autre enseignement issu de la lutte cheminote. La lutte a été largement plus rassembleuse à l’appel de deux syndicats sur des bases claires, qu’elle ne l’avait été avec des syndicats tièdes précédemment, démasqués dans leur attitude de collaboration depuis.
Les similitudes entre la situation de la CGT et celle du PCF, à la lumière de la lutte cheminote, sont flagrantes.
Le décalage est le même entre les directions et l’état d’esprit des cheminots et militants en lutte.
Le porte-parole du Front de gauche à l’Assemblée, André Chassaigne, a démarré sur des positions de repli, s’abstenant en commission sur la contre-réforme, puis après en séance publique sur son article 1 actant la dissolution de la SNCF. Comme Thierry Lepaon, il a lourdement mis en avant le 19 juin les pseudo-avancées déjà concédées par le ministre à l’UNSA et à la CFDT.
In extremis, le vote négatif des députés communistes, obtenu sous la pression, a tenté de corriger le tir, fermant également, au passage, la perspective de « rassemblement » avec les alter-ego politiques de l’UNSA et de la CFDT, les PS aubryistes « frondeurs ».
Dans les régions, les vice-présidents PCF, affectés aux transports dans les exécutifs de « gauche », « gèrent » (au moins mal ?) et anticipent la marchandisation. La nouvelle convention signée entre la région Centre et la SNCF autorise les TER sans contrôleurs.
Les directions du PCF n’ont pas préparé et organisé une riposte nationale à la « réforme ferroviaire ». Il a fallu attendre la réunion du Conseil national des 14 et 15 juin pour voir une déclaration nationale en phase avec le mouvement. L’opposition à la « réforme » a été quasiment absente de la campagne du Front de gauche aux européennes, malgré le lien direct entre l’UE et les politiques de casse des services publics. Dans un tract 4 pages invitant à une réunion sur les transports, Patrick Le Hyaric – est-ce un oubli ou un acte manqué ? – parvient à ignorer complètement la réforme en France pour ne parler que du Parlement européen. Le 27 mai, au lendemain des européennes, 5 jours après la manifestation géante des cheminots à Paris, la seule interpellation à engager la bataille contre la « réforme » au Conseil départemental du PCF Paris n’obtient pas une seule réponse !
Les similitudes entre la CGT et le PCF ne sont sans doute pas fortuites. Les communistes ont besoin de débats aussi sains et nécessaires que celui qui se rouvre à la CGT et que nous suivons avec toute notre attention. 

Nomination de Manuel Valls, remaniement : La course vitesse est engagée contre le mouvement social et les luttes.

Repris de PCF Paris 15, 9 avril 2014

Un sondage indique que 69% des Français pensent que le nouveau gouvernement va mener la même politique que le précédent, 4% seulement qu’il puisse faire pire. Ils ont tous raison : ce sera la même politique et donc ce sera pire.

Hollande a parfaitement entendu le message, prévisible, des élections municipales. La politique qu’il poursuit depuis deux ans est massivement désavouée. Mais aucune alternative politique n’apparaît. La sanction de la « gauche » au pouvoir n’a, pour beaucoup, trouvé pour s’exprimer que l’abstention qui atteint un nouveau record. La droite est la grande gagnante en termes de mairies, même s’il on doit y voir largement une victoire par défaut. Mais que réclame la droite ? Que le gouvernement accélère sa politique d’austérité. La montée orchestrée du FN fournit au pouvoir un épouvantail utile pour détourner le rejet de l’Union européenne capitaliste et la colère populaire des luttes.

Hollande, suivant ses commanditaires du Medef, peut donc décider d’aller plus vite, d’engager la course de vitesse face à l’organisation possible du mécontentement populaire et la montée des luttes des travailleurs. Elles constituent la seule perspective politique susceptible de mettre un coup d’arrêt à sa politique antisociale. Dans les mois qui viennent, les batailles contre le « pacte de responsabilité » et contre la « réforme ferroviaire » sont les plus cruciales.

Ambitieux pressé, classé parmi les plus « libéraux » du PS, Manuel Valls est l’homme de cette précipitation. L’équipe gouvernementale est à peine modifiée, sinon avec l’entrée de François Rebsamen et Ségolène Royal connus également pour leurs positionnements droitiers. On notera l’arrivée comme secrétaire général de l’Elysée de Jean-Pierre Jouyet, ancien membre du gouvernement sous Sarkozy, chargé en 2007/2008 de faire passer le traité européen de Lisbonne. Décidément le personnel de l’UMP et celui du PS sont interchangeables. EELV quitte le gouvernement mais continue de le soutenir. Les écologistes, comme une frange du PS et de la « gauche de la gauche » se préparent à constituer une social-démocratie de rechange pour quand le fusible Valls sautera.

La même chose en pire : c’est exactement ce qui ressort de la déclaration de politique générale de Valls devant le Parlement. (Lire la suite…)

Visite de François Hollande à l’Etat d’Israël : indignons-nous ! Agissons !

Vivelepcf, 20 novembre 2013

Indignez-vous ! Rarement, le slogan de Stéphane Hessel, n’aura été si juste que devant la politique de l’Etat d’Israël, qu’il condamnait publiquement au prix des insultes d’organisations comme le CRIF.

La récente visite de François Hollande en Israël, avec un passage éclair en Cisjordanie, a de quoi susciter l’indignation.

Hollande a commis un acte politique lourd. Il est venu apporter un appui quasi inconditionnel à la politique de l’Etat d’Israël, concordant avec l’orientation de la diplomatie et de la politique étrangère de la France depuis plusieurs quinquennats.

Hollande est allé très loin, au-delà même de Sarkozy, jusqu’à la flagornerie, jusqu’à même tutoyer publiquement le premier ministre Netanyahou, politicien de droite extrême qui gouverne avec l’extrême-droite. France et Israël seraient liés presque « charnellement » ! Même Netanyahou a fait un geste de recul, stupéfait par de telles avances qu’il ne partage certainement pas.

Devant le Parlement israélien, Hollande a fait acte d’allégeance au nom de l’Histoire, après avoir repris à son compte toute l’idéologie sioniste : « Oui, la France a toujours été du côté d’Israël… Cette amitié, elle vous est acquise. Elle est d’autant plus forte qu’elle dépasse les alternances politiques, les dirigeants successifs et même les aléas de la vie internationale ».

Hollande a célébré, toujours hors du temps, la « démocratie israélienne ». Dès son arrivée, il déclame au Président Pérès : « Vous êtes une grande démocratie, car malgré les épreuves que vous avez rencontrées, jamais, je dis bien jamais, vous n’avez cédé sur la démocratie, sur le pluralisme, sur les droits. »

Au même moment, l’Etat d’Israël et son armée se livrent au « nettoyage » du Néguev, au regroupement forcé au parcage de 40.000 bédouins et à la destruction de leurs villages. Une diplomate française s’en était émue. Elle a été rappelée.

La « démocratie » en Israël, c’est l’Apartheid, la ségrégation, le racisme d’Etat, la colonisation ! (Lire la suite…)