Jeux olympiques à Paris : plutôt que le matraquage, le débat contradictoire et un référendum
La candidature de Paris pour l’organisation des Jeux olympiques d’été en 2024 suscite un gros enthousiasme parmi les grandes entreprises, les patrons et les politiciens. Vu les promesses de milliards d’euros de profit, engrangés sur des investissements publics juteux, on les comprend. Les autorités, François Hollande, Anne Hidalgo, le Comité olympique déclarent unilatéralement que tout le pays suit leur choix et tous les contribuables sont heureux. Préventivement, ils annoncent – y compris avec la caution d’une partie de la « gauche » – des dépenses publiques modérées et des retombées bénéfiques.
Sauf que les gouvernements grec (Athènes 2004), chinois (Pékin 2008), britannique (Londres 2012) ou brésilien (Rio 2016) ont tous promis la même chose. Sans parler des jeux olympiques d’hiver… Et à chaque fois, les budgets initiaux ont explosé aux dépens des contribuables et des peuples, au profit des multinationales sinon des mafias. Les chiffres, officiels, sont parlants :
Pour l’instant, Paris 2024 doit coûter officiellement 6,5 milliards d’euros. Quel coefficient de sous-estimation doit-on appliquer ? La construction de la Philharmonie (équipement culturel utile celui-ci) a coûté aux collectivités et à l’Etat deux fois plus qu’annoncé (400 millions d’euros au lieu de 200) pour le plaisir notamment de Bouygues…
« Evénement populaire », les JO ? Les habitants de Rio ont été presque tous exclus, pour cause de prix, des 15 jours de spectacle, alors que c’est eux qui sont ponctionnés ! Les stades flambants neufs – et bourrés de malfaçons – étaient bien vides cet été. Les JO ont entraîné la Grèce dans la corruption totale et la crise que l’on sait. A Londres, les profits ne sont pas allés aux Londoniens !
« Glorification de la noblesse du sport et de la santé » les JO ? Le sport amateur y est depuis 30 ans juste toléré comme faire valoir du sport-business avec des idoles publicitaires, gavées de produits et de fric. Seul le chauvinisme, de plus en plus étroit et commercial, demeure du soi-disant idéal olympique du Baron de Coubertin. Dans la Grèce antique, les JO étaient une période de trêve dans les guerres entre les cités. Aujourd’hui, à l’âge néo-capitaliste, ils avivent les tensions, les hostilités, les haines, la mise en concurrence entre les peuples. Certains Etats (Qatar) vont jusqu’à acheter des champions étrangers en leur offrant des naturalisations factices.
Le sport populaire sort-il dopé des JO ? Une récente décision, particulièrement mesquine, de la municipalité de Paris, donne une bonne idée de sa notion de l’affectation de l’argent. La température des 37 piscines parisiennes va être abaissée d’un degré pour économiser … 200.000 euros par an. Sans doute pour combler une partie des milliards d’euros destinés aux JO !
La moindre des choses en tout cas – communistes, nous nous adressons dans ce sens aux donneurs de leçons de démocratie –serait d’organiser un référendum à Paris et en Ile-de-France. Cela obligerait les autorités à informer de façon moins dépendantes des puissances d’argent et à laisser la parole à des contradicteurs.
Dans un pays, que l’on dit relativement épargné par la crise, l’Allemagne, les habitants de Hambourg et de Munich, ayant obtenu la tenue de référendums, ont, tour à tour, dit NON aux projets de JO (d’été et d’hiver) voulus par les autorités régionales et le patronat. A Rome, la nouvelle maire – sur ce plan du moins – a respecté ses engagements électoraux et couper court au projet ruineux « Rome 2024 », au grand dam notamment des firmes de l’immobilier.
Anne Hidalgo et Valérie Pécresse ont au moins autant l’obligation de faire le choix de la démocratie. Ensemble, sachons le leur rappeler !