Le développement de la lutte contre les suppressions de postes à l’Education nationale et contre la « réforme » du lycée coïncide avec la campagne des élections régionales.

Encore vaudrait-il mieux parler de « non-campagne » tant les principaux candidats semblent s’entendre pour éviter les questions de fond. L’avenir du lycée en est une dans laquelle les régions sont directement impliquées. La construction, l’entretien des bâtiments et leur fonctionnement matériel sont de leurs compétences.

Les gouvernements successifs depuis des années poursuivent une stratégie d’affaiblissement de la cohérence et de l’unité de l’Education nationale. Les décrets Chatel s’y inscrivent en renforçant considérablement « l’autonomie » des établissements. De nouvelles tentatives de régionalisation de pans de l’enseignement secondaire sont aussi à redouter, après celle des agents techniques (TOS) transférés en 2004.

Du côté de la droite, il n’y a évidemment qu’accompagnement zélé de cette politique à attendre. La tête de liste régionale, Valérie Pécresse, est la ministre de la loi LRU, d’éclatement de l’université, fortement combattue l’an dernier, également dans les lycées.

 

Du côté de la « gauche », le bilan et les affirmations passées du président PS sortant de la région ne peuvent qu’inquiéter.

Jean-Paul Huchon se vante ainsi d’avoir, avec la droite et l’extrême-droite, malgré des réticences à gauche, accordé une aide spéciale aux lycées privés.

Loin de soutenir la mobilisation de 2003 contre la décentralisation démantelant le service public de l’éducation nationale, il se félicite du transfert des agents techniques à la région.

Il va jusqu’à se prononcer dans un livre écrit en 2008 (« De battre, ma gauche s’est arrêtée ») pour la régionalisation de toute l’éducation nationale :

« Il faudra quand même, un jour, oser poser la question de la régionalisation de l’Education nationale. Je sais bien que je brise, là, un tabou fondamental de la gauche, mais on vient de nous confier les personnels techniques, on va certainement nous confier dans la foulée les personnels administratifs, c’est-à-dire les intendants et les personnes qui font tourner la boutique, qu’est-ce qui empêche que l’on nous confie les professeurs dès lors qu’il existe toujours des programmes élaborés au plan national par une cellule de prospective intelligente de l’Education ? Franchement, je ne vois rien qui puisse s’opposer à cette mutation ! »

 

Même si le temps de la campagne, Huchon est revenu à des généralités superficielles, il ne faut pas se faire d’illusion. Une victoire de la « gauche » n’exonérera pas, même sur le plan régional, le monde de l’éducation de luttes. Il le sait.

 

La région peut et doit contrer, par sa politique d’aménagement, les choix de ségrégation des élèves portés notamment par la suppression de la carte scolaire.

La région peut et doit se mobiliser contre toute nouvelle décentralisation de l’éducation nationale, en refusant tout transfert de compétence, en exigeant la reprise en charge des personnels techniques par l’Etat.

La région doit arrêter de détourner l’argent public vers l’enseignement privé qui se nourrit déjà de la politique de sape de l’éducation nationale.

 

Voilà, à côté des axes de lutte nationaux, des propositions dont les communistes sont porteurs (voir aussi nos propositions pour l’enseignement professionnel).