Une messe bientôt célébrée au Colonel Fabien ? A propos d’une exposition.
Brève, vivelepcf, 26 avril 2014
Célèbrera-t-on bientôt la messe au Colonel Fabien ? Certains militants catholiques en rêvaient. Ils ne sont pas loin d’arriver à leur fin. Ils se félicitent en tout cas d’avoir obtenu la tenue, dans le hall du siège du PCF, de leur exposition consacrée à la « mystique » Madeleine Delbrêl, prosélyte à Ivry, décédée en 1964, en voie en béatification.
Nous reproduisons ci-dessous l’interview de Jean-Luc Leverrier, vicaire de la paroisse Saint-Georges, à la revue « France catholique » (25 avril 2014). Il est l’un des animateurs du groupe d’activistes « Aïn Karem », connu pour ses opérations d’évangélisation de rue.
Il se flatte d’avoir convaincu la direction du PCF. On dirait qu’il n’en revient pas. Il savoure le sacrilège…
Depuis des décennies, les communistes ne font pas de l’athéisme un préalable à l’action commune dans le monde ouvrier, pour la justice sociale. Des croyants qui se battent pour les mêmes objectifs politiques peuvent trouver leur place dans les organisations du Parti. A eux de régler la contradiction entre leur foi et les fondements du marxisme-léninisme qui sont incompatibles avec elle.
Madeleine Delbrêl n’a jamais été communiste. Elle était missionnaire en milieu ouvrier, à Ivry. Elle a compris, avant d’autres, que la reconquête catholique passait par un opportunisme social, allant même jusqu’à dialoguer avec la municipalité communiste, prédominante dans la ville.
Les catholiques nostalgiques de leur emprise réactionnaire sur la société saluent d’aujourd’hui son action missionnaire pragmatique en banlieue « rouge » qui s’inspirait, entre autres, des directives de l’archevêque de Paris pétainiste, le cardinal Suhard.
Que la confrontation entre Mme Delbrêl et les communistes soit un sujet d’étude historique relativement intéressant, nous le comprenons. Que les portes du Colonel Fabien soient ouvertes à la célébration des missionnaires catholiques, nous ne l’acceptons pas !
Pour reprendre, avec malice, le vocabulaire des catholiques, loin, évidemment, de considérer le communisme comme une religion, nous ne pouvons que constater que la direction du Parti permet une véritable « profanation » de l’immeuble dont des générations de communistes se sont cotisés pour financer la construction. Avec la direction du PCF et sa volonté d’afficher ses « changements », ses reniements, les communistes boivent décidément le calice jusqu’à la lie !
Madeleine Delbrêl, place du colonel Fabien jusqu’au 3 mai 2014
par le Père Jean-Luc Leverrier, communauté Aïn Karem, pour « France catholique », 25 avril 2014
« Vicaire à la paroisse Saint-Georges depuis plusieurs années, je partageais avec Jacques Miège, également de la communauté Aïn-Karem, tout à la fois le goût pour le bâtiment de la place du Colonel Fabien, ouvrage du grand architecte Oscar Niemeyer construit pour être le siège du Parti Communiste Français, et nous avions aussi le même challenge, celui de faire de ce lieu un lieu de prière ou d’apostolat, et pourquoi pas, l’ambition d’y célébrer la messe. Rêve de potache. Il n’empêche. Déjà, depuis plusieurs années, mandatés par le Père Roder, curé de la paroisse, nous faisions de l’apostolat tous les mois sur la place du Colonel Fabien, à l’extérieur du bâtiment, ce qui stimulait notre désir.
L’occasion nous était régulièrement donnée d’entrer dans le bâtiment, lorsque l’administrateur du site, Gérard Fournier, accueillait telle ou telle exposition dans les lieux.Jusqu’à une exposition intitulée les « invisibles », composée de grandes photos de prêtres-ouvriers, installée en 2011 dans l’espace Oscar Niemeyer. C’est à cette occasion que m’était venu le déclic : s’ils acceptent une exposition sur les prêtres-ouvriers, ils en accepteront une sur Madeleine Delbrêl.
De fait, je connaissais une telle exposition, de belle qualité, produite par les « amis de Madeleine Delbrêl » en 2004, à l’occasion du centenaire de sa naissance, exposition que j’avais déjà faite venir dans l’une ou l’autre église depuis quelques années.
Envoi persistant de mails et de courrier, j’obtiens fin 2011, un rendez-vous avec Gérard Fournier, administrateur du lieu. Homme cultivé et très ouvert d’esprit, il ne connaissait pas Madeleine Delbrêl et se laisse séduire par l’idée. Je lui confie un petit livre sur Madeleine
Lors d’un deuxième rendez-vous, j’apprends que le principe est validé, et une date est prévue pour installer l’exposition : février 2012.
Informé de ce projet, l’archevêque m’encourage, mais me suggère de différer la date : nous sommes bien proches des élections nationales, et il ne faudrait pas qu’un journaliste malveillant exploite à mal un tel événement. Il me faut donc indiquer à M. Fournier que nous devons repousser la date. C’était mal connaître les contraintes de M. Fournier, du PCF et du calendrier.
Il a fallu deux années pour renouer sérieusement le contact et parvenir à une nouvelle date : du 22/4 au 3/5, avec vernissage le 22 au soir. »