Programme électoral du Parti communiste luxembourgeois (PCL/KPL) pour l’élection du Parlement européen du 25 mai 2014
Repris par vivelepcf, depuis le site du PCL/KPL
Le Parti communiste luxembourgeois est resté communiste. La majorité de ses membres a refusé la dissolution dans la « gauche » (« Dei Lenk »), mélange local de Front de gauche et de « Linke ». Ils ont refusé le virage réformiste et une de ses traductions : la conversion à l’intégration dans l’UE.
Nos camarades abordent l’élection européenne du 25 mai 2014 avec une position toujours clairement de rupture avec l’UE, « structure servant depuis sa fondation exclusivement les intérêts des grandes banques et des consortiums ».
Le vote pour le KPL rend possible aux Luxembourgeois l’expression de leur refus de l’impérialisme et des guerres de l’UE, des politiques nationales de casse sociale et économique s’appuyant sur elle, l’expression de la nécessité, pour les travailleurs, de gagner la dissolution de l’Union monétaire et de l’euro, celle de l’UE elle-même.
Pour le PCL/KPL, « l’UE n’est pas réformable ». Une coopération mutuellement avantageuse pour les peuples d’Europe passe par des luttes parallèles contre les politiques nationales au service du capitalisme, pour la disparition de l’UE.
Pour une Europe de paix, de solidarité et de justice sociale
Adopté le 22 février 2014 par la Conférence nationale du KPL
Le 25 mai aura lieu, dans les pays de l’UE, l’élection du Parlement européen. Cette «représentation populaire» est censée représenter les intérêts des peuples des pays membres de l’Union européenne et déterminer la direction de sa politique. En réalité, la politique de l’UE est fixée par les directoires des banques et des consortiums et formulée au cours de tractations entre les gouvernements des pays les plus puissants de l’UE dans des lois et directives auxquelles le Parlement européen n’a qu’à donner son approbation. Les représentants des intérêts des banques et des consortiums agissant comme lobbyistes dans son environnement ont beaucoup plus de pouvoir et d’influence que les députés élus.
Contrairement aux affirmations de ses politiciens et partisans, l’Union européenne ne constitue ni un projet pour les travailleurs, ni une union pour la paix ou un havre de démocratie, de liberté et de progrès.
L’UE est depuis la fondation, en 1951, de son prédécesseur, la CECA, une structure servant exclusivement les intérêts des grandes banques et des consortiums ; elle est en contradiction avec les intérêts vitaux des travailleurs. Cette union visait, dès le début, uniquement à assurer aux propriétaires des banques et des consortiums les meilleures conditions pour s’assurer des profits toujours plus grands. Toutes les décisions prises par l’UE et ses précurseurs (CECA, EURATOM, CEE), y inclus la suppression des barrières douanières dans l’espace Schengen et l’introduction de l’Euro, ont toujours été subordonnées à ce but.
L’UE n’est pas l’Europe
L’Union européenne prétend parler et agir au nom de l’Europe. Ce faisant, elle affecte volontairement d’ignorer qu’une série d’Etats du continent européen n’appartiennent pas à l’UE, soit parce que ses dirigeants ne les estiment pas «dignes» d’en faire partie, comme par exemple la Turquie, ou bien parce que cette appartenance leur est déniée, comme à la Russie ou à la Biélorussie. Par contre l’UE pousse l’Ukraine à nouer des liens plus étroits avec elle, en exploitant les états d’âme anti-russes d’une partie de la population, afin de pousser sa zone d’influence jusqu’aux frontières de la Fédération de Russie, limitant ainsi l’influence de la Russie au territoire de l’ancienne URSS.
Cette prétention de représentativité politique de l’UE s’exprime surtout à travers l’usage courant, consistant à remplacer la dénomination «UE» ou «Union européenne» par «Europe». Dans le média on dénomme avec une belle suffisance les «élections du Parlement européen», «élections européennes», et ce quoique les citoyens de nombreux Etats européens n’ont ni droit vote, ni rien à voir avec ce parlement.
Aussi bien dans le fonctionnement que dans les procédures décisionnaires de l’UE, les principes démocratiques continuent de faire défaut. Les décisions du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’UE, gravées dans le soi-disant traité de Lisbonne, ont étayé le développement de l’UE en tant que bloc économique, politique et militaire qui s’oppose aux intérêts des peuples, et particulièrement des travailleurs, en activant surtout la libéralisation des marchés, une concurrence accrue, le démontage et la privatisation des services publics dans l’intérêt de conglomérats privés, ainsi que la militarisation de l’Union.
Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’UE réunis derrière des portes fermées se montrent incapables de prendre des mesures efficaces mettant fin à la crise capitaliste. Ils apparaissent désemparés face à la désindustrialisation croissante de régions entières et à la destruction massive et continue de places de travail. Les plans de réduction des déficits d’Etat, de limitation des spéculations sur les marchés financiers, ou de réduction du chômage, annoncés à grands frais de manière grandiloquente, se sont révélés absolument inefficaces.
Préparation de nouvelles guerres
La militarisation renforcée de l’UE et l’accroissement des interventions de troupes des pays de l’UE hors de son territoire montrent que le danger augmente de voir ses dirigeants chercher une nouvelle fois, 100 ans après le début de la première guerre mondiale, une échappatoire dans la guerre. Au lieu d’investir de l’argent pour résoudre les problèmes sociaux croissants dans l’UE, on gaspille toujours davantage pour l’intervention de troupes, les programmes d’armement et l’achat des dernières machines de guerre comme les avions de transport militaires ou les drones. Le Luxembourg participe à l’achat d’avions de transport militaires type A400M, dont le prix s’est accru entre-temps à 200 millions d’euros la pièce, et devra en outre supporter des millions d’euros de coûts supplémentaires pour l’entretien de la flotte d’A400M. Et, cerise sur le gâteau, Le Luxembourg participera également, ainsi que le veut la coalition gouvernementale actuelle, à d’autres projets d’armement comme l’achat de drones. Ces programmes pèseront plus encore sur le contribuable luxembourgeois que l’achat du transporteur militaire.
Les prétendues missions de l’UE en Méditerranée, dans la Corne d’Afrique et dans différents autres pays d’Afrique n’ont guère contribué à y amener la paix, mais bien favorisé ou provoqué des conflits supplémentaires.
L’allégation, diffusée à l’occasion de l’obtention du prix Nobel de la paix, comme quoi l’UE aurait contribué depuis la fin de la 2ème guerre mondiale à la sauvegarde de la paix en Europe, est un mensonge. Les troupes de l’UE ont en réalité été engagées depuis les années quatre-vingt-dix dans des guerres et conflits militaires notamment en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Libye, au Kongo, en Côte d’Ivoire, au Mali, en Centrafrique, en Somalie et au Soudan. L’attaque de la France et du Royaume-Uni, pays membres de l’UE qui leur accorda sa bénédiction, sur la Libye, a servi à porter au pouvoir des forces islamistes radicales. Suite à ce renversement de régime, les islamistes radicaux purent augmenter leur influence sur nombre de pays voisins, attisant les conflits larvés comme en Syrie, au Mali et dans d’autres pays de la région.
Le but de ces opérations militaires est clairement défini : il s’agit de s’assurer des marchés, des ressources naturelles et des voies de transport des marchandises et des richesses minières. En profitent les banquiers et les conglomérats, mais c’est les travailleurs qui en payent le prix. Elles sont, en particulier pour les fabricants d’armes sis en UE, une abondante source de profits exceptionnels.
Des milliards pour les banques
L’UE a montré, au plus tard, depuis le début de la crise capitaliste en 2008, son véritable visage. Des centaines de milliards d’euros d’argent public furent dépensés pour le «sauvetage» des banques, en fait dans l’unique but de garantir les bénéfices de leurs propriétaires, les dividendes des actionnaires et les profits spéculatifs des boursicoteurs. Au cours de ce «sauvetage» bancaire, les Etats de l’UE se sont encore plus fortement endettés qu’ils ne l’étaient déjà auparavant.
Afin de réunir ces énormes montants, on extirpe toujours plus d’argent des poches du travailleur. Cela se fait par l’accroissement des taxes et impôts, la réduction des dépenses des Etats membres pour la santé, l’éducation et presque toutes les dépenses sociales, la privatisation des entreprises d’Etat, la flexibilisation des conditions de travail, les dérèglement des horaires de travail, l’allongement de la durée de vie au travail avec de soi-disant réformes des retraites, ainsi que l’exigence de mobilité des travailleurs suivant le bon vouloir et les intérêts des entreprises.
Surtout les pays de la zone Euro voient de plus en plus limiter leur souveraineté nationale. Les parlements nationaux ne peuvent plus décider librement des dépenses de l’Etat, car les budgets nationaux, soumis à des prescriptions précises imposées par la direction de l’Eurogroupe, doivent être présentés à Bruxelles pour approbation.
Les gouvernements nationaux pratiquent en concertation avec les dirigeants de l’UE un démontage social massif. Pendant que la «Troïka», organe de contrôle de la Commission de l’UE, de la Banque centrale européenne et du F.M.I., impose aux soi-disant «pays en crise» Portugal, Italie, Grèce, Espagne, toujours plus de nouvelles mesures de démontage social, la direction de l’UE s’efforce de rabaisser autant que possible les standards sociaux dans tous les pays de l’UE. La vraie mesure de cette harmonisation vers le bas est la situation des «pays en crise».
Afin de pouvoir réaliser cette politique autant que possible sans encombre, l’on démonte pas à pas dans les pays membres de l’UE les droits sociaux que le mouvement ouvrier a obtenu à la suite de dizaines d’années de combats lourds de sacrifices. Les règles du droit du travail encore en vigueur, qui empêchent l’exploitation capitaliste débridée, sont supprimées peu à peu. Le nouveau gouvernement DP-LSAP-Déi Gréng s’empresse à continuer dans cette direction.
L’Euro a exacerbé les problèmes
La création de l’union monétaire européenne et l’introduction de l’Euro, qui en résulte en tant que devise unique en 2001, a été critiquée et refusée par les communistes dès le début, car aucun effort n’avait été mis en œuvre à l’époque en vue d’une harmonisation des fiscalités, du niveau des prix et du revenu des travailleurs. 13 années plus tard, différents standards d’imposition et de taxation, de grandes différences de prix des biens et des services, ainsi que de grandes disparités salariales persistent dans tous les pays de la zone Euro. En même temps, donc depuis l’introduction de l’Euro, les prix des biens de consommation courante et des services, pour les terrains ainsi que pour le loyer ont sensiblement augmenté et, proportionnellement, les revenus des propriétaires de banques et entreprises également.
En conséquence de cette politique de l’UE, des entreprises et des secteurs industriels entiers furent mis à l’arrêt dans tous ses pays membres, tout comme la production et les surfaces agricoles furent réduites. Dans beaucoup de pays de l’UE la désindustrialisation et la désertification agricole avancent à grands pas. Ces pays sont obligés d’importer toujours plus de produits industriels et agricoles et de financer ces importations par des crédits. De plus, le transport, surtout routier, de ces marchandises sur des grandes distances nuit à la nature et à l’environnement.
L’exploitation des pays du tiers monde se poursuit sans relâche. Pendant que les pays dominants de l’UE se procurent, toujours plus à l’aide de moyens militaires, l’accès aux ressources naturelles de ces pays (l’on y exporte du même coup des marchandises), ce qui empêche leur développement économique autonome et paupérise progressivement la population des pays concernés. À l’exode d’émigrants des pays africains, asiatiques et latino-américains espérant, pour eux-mêmes et leurs enfants, un avenir meilleur qui en résulte, l’UE ne sait répondre que par un verrouillage accru de tout son territoire par des moyens militaires et des structures comme «Frontex».
Dans l’ensemble du domaine de l’UE, où l’on se voit comme pionnier de la démocratie et de la liberté, les droits démocratiques et citoyens sont de plus en plus limités. C’est particulièrement visible dans le droit au travail. Dans toute l’UE, plus de 26 millions de personnes n’ont pas de travail – ce chiffre ayant augmenté de plus de 10 millions depuis le début de la crise actuelle. En Grèce et en Espagne, plus de la moitié de la jeunesse est sans travail et privée ainsi de son droit à une existence et à un avenir autonomes.
Afin de réprimer la résistance contre ce démontage social permanent, l’on manipule ou suspend les droits démocratiques. Les dirigeants réagissent de plus en plus souvent par la force policière brutale à de paisibles manifestations.
Les négociations entre l’UE et les USA pour un accord de libre échange (Transatlantic Trade and Investment Partnership, TTIP), visent surtout à libérer de tout obstacle le flux de capitaux entre les USA et le territoire de l’UE. Les dirigeants européens veulent profiter en même temps d’un tel accord pour poursuivre leur dérégulation des conditions de travail et l’affaiblissement des syndicats en rendant des textes du droit du travail états-unien applicables dans l’UE. L’exemple de l’accord de libre échange de 1994 entre les USA, le Canada et le Mexique (NAFTA) démontre que des centaines de milliers d’emplois ont été perdus depuis. Le danger existe en outre que dans le cadre du TTIP des produits états-uniens à bas standard de sécurité et des produits génétiquement modifiés puissent être exportés librement dans les pays de l’UE.
Le KPL est persuadé que l’UE n’est pas réformable
Quoiqu’il faille obtenir au moins 16% de votes pour pouvoir envoyer un député luxembourgeois au Parlement européen, le Parti communiste luxembourgeois a décidé de participer à ces élections afin d’y obtenir le plus grand nombre possible de suffrages.
Le KPL profitera de la campagne électorale pour expliquer sa conception du caractère de l’Union européenne, ainsi que son évolution politique et économique. Contrairement à tous les autres partis du Luxembourg, le KPL est persuadé qu’il n’est pas possible de faire de l’UE, par de petites ou de plus grandes réformes, une organisation au service des intérêts des travailleurs. La politique du démontage social, de l’exploitation exacerbée, des privatisations et de la militarisation ne peut être stoppée que par des modifications fondamentales des rapports.
Le KPL s’engage afin que la propriété des grandes banques et des usines industrielles d’entrepreneurs privés qui travaillent uniquement pour l’accroissement de leur bénéfice, cette propriété donc, soit transférée au peuple entier, afin que les salarié(e)s puissent décider de la production, des investissements et des bénéfices. Ce n’est qu’après une modification fondamentale des rapports qu’il sera possible de créer sur le continent européen une structure à laquelle pourront appartenir tous ses Etats et dont les institutions agissent et décident dans l’intérêt des travailleurs.
Le KPL exige
- l’annulation du traité de Lisbonne ;
- le retrait de toutes les décisions portant sur le renforcement de l’UE comme puissance militaire, désarmer au lieu d’augmenter l’armement ;
- l’arrêt de toute décision de l’UE visant au démontage social et pouvant accroître le chômage de masse ;
- la dissolution de l’Union monétaire européenne et suppression de l’Euro en tant que monnaie unique ;
- le retrait de toutes les décisions de politique extérieure de l’UE qui contribuent à attiser ou accroître les tensions dans d’autres régions du globe et particulièrement au Proche et au Moyen-Orient ;
- l’abolition du concept de «forteresse Europe», instauration de règles communes à l’immigration et augmentation significative du budget alloué aux pays maintenus à ce jour en état de sous-développement ; uniquement la perspective d’une vie meilleure des gens dans leur pays natal fera baisser l’émigration ;
- l’arrêt immédiat des négociations sur un accord de libre échange entre l’UE et les USA.
Avec les autres partis communistes d’Europe, le KPL s’engage pour que l’UE dans sa forme actuelle soit dissoute, et que soit créée une nouvelle structure de collaboration régionale pour tous les peuples du continent européen dans l’intérêt des travailleurs.
Non à l’UE du démontage social et du capital financier
Pour une Europe de paix, de solidarité et de justice sociale