vivelepcf, 6 août 2013

On peut remercier notre camarade Serge Boucheny pour le travail considérable, de recherche et de synthèse, qu’il a effectué sur la résistance, sur les résistants du 13ème arrondissement.

Il n’était pas le plus mal placé pour cela. Apprenti à Gnome-et-Rhône après la guerre puis ouvrier à la SNECMA-Kellerman, très tôt militant et responsable du PCF dans l’arrondissement, il a côtoyé beaucoup de ces héros discrets qui font l’objet de son livre. Il a été aussi ensuite député de l’arrondissement en 1967/68, puis sénateur de Paris.

« Les Parisiens en Résistance – Paris 13ème » retrace la trajectoire de dizaines de résistants des quartiers et des entreprises de cet arrondissement de Paris alors à la fois l’un des plus industriels et des plus populeux.

Cette résistance urbaine est le reflet de l’histoire nationale et internationale, des débuts de l’Occupation à la Libération de Paris en passant, entre autres, par les répercussions de la victoire de Stalingrad. Elle est aussi une partie de cette histoire.

A travers des témoignages, des documents d’époque, des extraits d’archives, avec leur recoupement, Boucheny fait voir l’organisation quotidienne de la Résistance.

Ces résistants qu’il décrit sont d’abord des militants responsables, qui agissent de façon conséquente et organisée dans les conditions du 13ème, avant d’être ces héros dont tant seront arrêtés, torturés, déportés, assassinés et dont on honore à juste titre le martyre.

La lutte patriotique n’est jamais coupée des revendications immédiates. Tout acte est pesé, d’une simple prise de position avec des collègues, à la diffusion d’un tract, d’un journal, de l’Humanité clandestine, au sabotage, à l’action armée. Des initiatives audacieuses, comme la manifestation du 14 juillet 1942 devant le « Monument aux mères françaises », boulevard Kellermann, se jouent des contradictions du régime de collaboration.

Le livre décrit l’action de tous, quelles que soient leurs appartenance et motivation idéologiques dans la lutte de libération. Dans le 13ème, l’élément communiste est largement prépondérant. L’organisation communiste dans les entreprises, avec le syndicat, son maillage dans les quartiers, y structurent la résistance.

L’étude des formes d’organisation et d’action, entreprise par entreprise, constitue l’un des aspects les plus intéressants du livre. Les organisations ouvrières n’y sont pas implantées de la même façon. L’intégration dans l’économie d’occupation et de collaboration n’est pas la même. Chez Panhard (éléments de blindés) et Gnome-et-Rhône (moteurs d’avion – nationalisé après la Libération), les patrons et actionnaires s’enrichissent directement en fournissant l’appareil de guerre allemand. On apprend que l’écrivain Claudel, actionnaire de G-et-R aura touché 200.000 francs par an de dividendes pendant l’occupation, 16 fois le salaire moyen ouvrier… La SNCF joue un rôle unique. Les cheminots de la Gare d’Austerlitz ou des ateliers de Masséna participent nombreux et activement à la bataille du rail, par exemple avec la grève du 11 novembre 1943. A l’AOIP, Association ouvrière en instruments de précision, le corporatisme de coopérative, une « SCOP », porte ses dirigeants vers l’esprit du gouvernement de Vichy. L’ouvrage relate aussi la résistance à la TCRP (futur RATP), aux PTT, à la Pitié-Salpêtrière, chez les automobiles Delahaye…

Serge Boucheny rend aux noms, méconnus ou oubliés, que portent les multiples plaques apposées sur les murs du 13ème, les raisons de rendre hommage à leur engagement collectif, à leur sacrifice. Bien au-delà du 13ème !

En août 1944, 60 barricades sont érigées dans le 13ème. Le 22 août, l’arrondissement est libéré, trois jours avant l’ensemble de la capitale.

« Les Parisiens en Résistance – Paris 13 » est en vente militante à la section du PCF Paris 15ème. 20 euros + 4,15 euros de port (le livre pèse 800 g). Chèques à l’ordre de « Cahiers communistes », à renvoyer 130 rue Castagnary, 75015 PARIS.