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Grève dans le rail confirmée en Belgique ce 30 juin pour défendre les acquis sociaux des cheminots
2005: dissolution de la Société nationale des chemins de fer belge, éclatement en trois entités, SNCB dédiée à l’exploitation, Infrabel aux infrastructures, SNCB-Holding pour donner l’apparence d’une unité du groupe et gérer l’évolution vers le privé de services communs. 2014: dissolution de SNCB-Holding, dont les activités sont majoritairement reprises par SNCB ou démantelées. Le schéma de privatisation de SNCB, sous le pilotage de l’Union européenne, est prêt de son terme, sans parler de la multiplication, déjà, des filiales de droit privé et des sous-traitants privés depuis 2005, dans toutes les activités. 2014: création de Human Ressources Rail, filiale commune de SNCB et Infrabel qui gère le personnel pour le compte des deux entités. Hors de l’activité ferroviaire, cet « employeur unique » s’applique, dans le cadre de plus en plus concurrentiel, à dégrader et éliminer les acquis sociaux restant du statut du cheminot belge. Les conséquences de cette politique pour le service rendu et pour les conditions sociales sont désastreuses. La grève du 30 juin 2014 le dénonce et va contribuer à essayer d’inverser le processus de casse.
Toute ressemblance avec la « réforme ferroviaire » française est tout sauf une pure coïncidence!
Nous reprenons l’article d’Anthony Crézégut publié sur le site de http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Grève dans le rail confirmée en Belgique ce 30 juin pour défendre les acquis sociaux des cheminots
L’été sera chaud sur les rails, pas seulement en France mais aussi en Belgique où le principal syndicat cheminots, la CGSP, a lancé un appel à la grève nationale pour le 30 juin pour lutter contre la politique de casse du service public du rail SNCB.
Les cheminots français ne sont décidément pas seuls. Mais les travailleurs du rail belges ne se contentent pas de messages de solidarité, effectivement envoyés à leurs camarades français. Place à la solidarité de fait, avec une journée de grève générale dans le secteur pour le 30 juin.
36 jours de congé en retard par an et par cheminot en Belgique ! (Lire la suite…)
Sans surprise, l’Assemblée nationale vote largement contre les cheminots. Les élus Front de gauche émettent finalement un vote négatif.
Vivelepcf, 24 juin 2014
Cet après-midi, les mille manifestants, principalement des gares parisiennes, présents sur esplanade des Invalides étaient partagés entre la rage de voir finalement voter la dissolution de la SNCF et la détermination à poursuivre le combat.
Les députés ont, sans surprise, largement voté pour la « réforme ferroviaire », par 365 voix contre 168.
Les députés socialistes ont voté contre les cheminots comme un seul homme, affligés, indignés et autres « frondeurs » compris. Voilà qui finit de discréditer les amendements de complaisance et d’accompagnement que ces derniers produisent depuis hier sur les budgets rectificatifs et le « pacte de responsabilité ».
Les « verts » ont confirmé leur choix « européen » et régionaliste d’affidés au PS.
A droite, la plupart des députés UDI et 24 députés UMP ont préparé le ralliement d’autant de sénateurs à la « réforme » en soutenant le gouvernement. Cette savante répartition des votes dévoile combien, derrière les postures d’opposition adoptées dans les débats, le processus de privatisation des services publics, coordonnée par les directives européennes, est le parti pris commun du PS et de la droite.
Les 10 députés du « Front de gauche », dont les 7 députés membres du PCF ont finalement voté contre le texte.
Ouf ! Ce vote, annoncé dans l’après-midi seulement, contredit – heureusement – les votes précédents de leur porte-parole André Chassaigne qui s’est abstenu sur l’ensemble du texte en commission en mai puis sur l’article dissolvant la SNCF le 18 juin dernier. Il est très regrettable qu’il arrive en fin de débat, en fin de lutte alors qu’au nom « d’avancées » imaginaires, d’amendements qualifiés de « surface » par la direction de la CGT-cheminots, André Chassaigne appelait à l’arrêt de la grève jeudi 19 juin, jour de la première manifestation interprofessionnelle de soutien aux cheminots.
Ces positionnements avaient soulevé dans les syndicats en lutte et parmi les militants et responsables du PCF un vent d’incompréhension et de colère. (Voir en lien la lettre aux députés PCF de membres du CN, de responsables du PCF)
Le vote des députés du « Front de gauche » permet, pour l’avenir, de souligner les collusions entre le PS et la droite, de marquer l’hypocrisie des députés PS frondeurs et l’impasse d’une perspective politicienne avec ces politiciens rivés sur 2017.
Leur vote ne corrige malheureusement pas les graves ambiguïtés et compromis qui ont rendu illisibles les positions de Chassaigne et du Front gauche, absente des luttes quasiment jusqu’au bout l’expression de la direction du PCF.
Les cheminots grévistes commencent à tirer les enseignements de leur lutte, syndicalement notamment, pour la reprendre et la poursuivre. Les communistes, cheminots ou non, commencent aussi à tirer les enseignements de la défaillance de la direction de leur Parti dans cette lutte essentielle, des complaisances d’André Chassaigne vis-à-vis du PS.
Enrichis de ces expériences, nous serons plus forts ! Les cheminots continuent à ouvrir la voie !
Nous appelons solennellement les députés communistes à voter contre le projet de « réforme ferroviaire ».
Nous appelons solennellement les députés communistes à voter contre le projet de « réforme ferroviaire ».
Les conditions d’un renforcement de la lutte cheminote et de larges convergences existent dans les prochains jours. La place des communistes est d’y contribuer.
Lettre ouverte adressée aux 7 députés membres du PCF.
Le 22 juin 2014,
Mardi 24 juin 2014 se déroulera le vote solennel à l’Assemblée nationale du projet de loi portant « réforme ferroviaire », en fait la dissolution de la Société nationale des chemins de fer français créée par le Front populaire et l’abrogation du statut de cheminots SNCF, fruit de 74 ans de lutte.
L’objectif de la « réforme » est de lever les derniers obstacles au processus de mise en concurrence et de privatisation du rail voulue par l’Union européenne, d’abattre des normes sociales faisant référence pour tous les salariés. Les conséquences désastreuses de cette politique sur le service public, la réponse aux besoins des peuples et les conditions sociales sont observables, sans contestation possible, dans tous les pays.
Depuis 11 jours, les cheminots, à l’appel des syndicats CGT et SUD, poursuivent une grève hautement consciente de ces enjeux. Le pouvoir, le Président et le Premier ministre en tête, surpris par la détermination du mouvement, déploie tout son arsenal de propagande et multiplie les menaces. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas entendu et lu une telle campagne de haine orchestrée contre des travailleurs.
Mais l’opération médiatique « menace sur le baccalauréat » s’est écrasée lamentablement. L’affaire des « TER trop larges pour les quais » se retourne contre ses responsables patronaux et gouvernementaux. La fable de la « réunification de la SNCF et de RFF » est démentie : le gouvernement ne peut plus cacher qu’il éclate la SNCF maintenant en 3.
Dans ce contexte, les prises de position à l’Assemblée et les interventions dans les médias, du porte-parole du groupe de la « Gauche démocrate et républicaine », où siègent les députés communistes, suscitent notre stupéfaction et notre colère.
Il y a un mois déjà, bien avant la grève, dans la confidentialité de la Commission parlementaire[1], André Chassaigne montrait son état d’esprit défaitiste en ne votant pas contre le projet. Il avait déclaré partager les objectifs affichés du texte. Il était, déjà, rentré dans une logique d’amendement validant de fait l’éclatement de la SNCF. Dans l’opposition de postures PS/droite, les surenchères de la droite ne peuvent pas occulter leur identité de vues étroite au niveau européen ou en France quant à la politique de privatisation des services publics.
La force de la grève aurait pu et dû renverser la logique du « moindre pire » et l’état d’esprit de résignation. Mais non ! En séance publique le 18 juin, Chassaigne s’abstient lors du vote de l’article 1, central, puisqu’il porte l’éclatement de la SNCF et sa disparition. Dans les médias, par exemple sur RMC, le jeudi 19 juin, jour de la première manifestation interprofessionnelle de convergence des luttes, Chassaigne appelle explicitement à la fin de la grève au nom « d’avancées » obtenues dans la discussion parlementaire.
Quelles avancées ! Le deuxième verre de rhum au condamné ?
La direction de la CGT-Cheminots a clairement qualifié ces « avancées » de tentative « d’enfumage », de « modifications de surface». Ces « concessions » gouvernementales téléphonées étaient prévues de longue date. Soucieux de désamorcer au plus vite la grève, le secrétaire d’Etat Cuvilier les avait déjà accordées le 14 juin en en attribuant le bénéfice aux syndicats de collaboration, CFDT et UNSA, (qui n’ont pas appelé à la grève…), court-circuitant la mise en scène prévue de l’adoption d’amendements à l’Assemblée.
Ne laissons aucune ambiguïté ! La création de la « holding de tête » est une disposition provisoire, en attendant la mise en concurrence complète. Politiquement « l’EPIC de tête » masque la division étanche entre les nouvelles entités « mobilités » et « réseau ». Techniquement, elle assume certaines fonctions centrales destinées à être réparties ultérieurement entre les autorités régulatrices, dont les euro-régions, où à être filialisées et/ou privatisées. Le modèle retenu par la « réforme » française suit de près l’exemple belge. La « holding de tête » SNCB, créée lors de l’éclatement de l’entreprise historique, vient d’être dissoute au 1er janvier 2014.
Les amendements visant à « renforcer l’EPIC de tête » ne font donc qu’alimenter le leurre. Le gouvernement a laissé aux députés « verts », les plus chauds partisans de l’UE et de la régionalisation, le bénéfice de l’amendement rajoutant l’expression fumeuse, dénuée de toute valeur juridique, sur le « caractère indissociable et solidaire » des entités issues du démantèlement de la SNCF. Il a laissé au groupe GDR le soin d’insérer un amendement attribuant à « l’EPIC de tête » la centralisation des cotisations chômage et logement des salariés des 3 entités. Cela n’a rien à voir avec la constitution d’un « employeur unique » dont se prévaut André Chassaigne. Cela n’aurait rien d’ailleurs d’un gage d’unité. Eloigner des entreprises privatisables la gestion du personnel et la liquidation des dispositions sociales, c’est le modèle choisi par les privatiseurs belges. En l’occurrence, les fiches de paye des cheminots sous statut ne comportent ni cotisation chômage, ni cotisation logement. A ce qu’on sache, la garantie de l’emploi et les facilités de logement font encore partie du statut !
Il ne saurait faire aucun doute que l’abrogation du statut et l’institution d’une convention collective de branche, négociée, suivant les règles Sarkozy/Parisot de la « représentativité », avec poids prépondérant du patronat et des syndicats de collaboration, sous les coups de boutoir de la concurrence, prépare des reculs sociaux sans précédent pour les cheminots SNCF, notamment en ce qui concerne leur régime de travail.
Une ombre a plané sur les débat de l’Assemblée : celle de Jean-Claude Gayssot, le ministre qui a appliqué la première loi de division de la SNCF avec la création de RFF en 1997 puis a fait passer les première directives européennes de mise en concurrence – le « 1er paquet ferroviaire » – en 2001. A tour de rôle, les orateurs de tous les partis se sont répandus en louanges en l’honneur de Gayssot, présenté même comme conseiller des auteurs de la réforme d’aujourd’hui ! Communistes, nous ne pouvons pas nous permettre, pour la suite de la lutte, comme pour notre parti, de cautionner un deuxième cas Gayssot !
Le Conseil national du PCF s’est réuni les 14 et 15 juin. Nous avons vivement regretté l’absence d’André Chassaigne en ce moment crucial alors qu’il était à Paris et a participé à la réunion du club PS « Un monde d’avance ». Le CN aurait pu prendre le temps d’échanger et d’ajuster les positions tenues par le Parti et ses représentants au Parlement.
En tout cas, le CN du PCF a adopté une résolution claire de soutien aux grévistes et d’opposition à la réforme ferroviaire. Nous nous en félicitons, nous qui, depuis des mois appelons à une grande campagne nationale du Parti sur cette lutte essentielle et fédératrice.
Le Parti dans son ensemble aurait pu la lier à la question européenne pendant la campagne électorale. Rien n’aurait été plus juste. Aujourd’hui, il est frappant qu’aucune voix ne s’élève dans le débat parlementaire pour refuser l’application des directives européennes, la nécessité de se plier à « l’euro-compatibilité ». Alors que les peuples désavouent massivement l’UE du capital, alors que des luttes de cheminots se développent dans tous les pays contre la privatisation et ses conséquences – en Suède, en Belgique, en Grande-Bretagne, en Allemagne… -, alors que les grévistes français reçoivent des témoignages de soutien de cheminots de tous les pays… La rupture avec l’UE du capital partira des luttes nationales comme celle des cheminots et de leur jonction internationaliste ! Communiste, c’est plus que jamais, ce que nous devons mettre en avant !
Pour l’engagement du PCF, mieux vaut tard. Allons-y à fond, tous ensemble !
Des grévistes ont suspendu le mouvement. Ils ne l’ont pas fait convaincus par la campagne conjointe du gouvernement, de la CFDT et de l’UNSA. La rage au ventre, ils ont jugé préférable de garder des forces. D’autres, dans le même état d’esprit, souvent – et c’était marquant dans les rassemblements des 17 et 19 juin – des jeunes, poursuivent la grève, l’organisent dans la durée.
Communistes, l’heure est toujours, et plus que jamais, à alimenter la lutte et son développement alors que des semaines très intenses d’affrontement politique s’annoncent, porteuses de grandes opportunités de convergences de lutte.
Lorsque les députés voteront sur la « réforme ferroviaire » le 24 juin, la discussion aura déjà commencé sur les budgets rectificatifs (Etat et Sécu) porteurs des pires dispositions antisociales du « Pacte de responsabilité » contre les salariés, les retraités, l’hôpital public etc. Exactement dans le même temps, comptant sur l’été pour charger la barque des mauvais coups, le gouvernement lance sa contre-réforme territoriale, programmée début juillet au Sénat.
Les mobilisations des travailleurs grandissent. Les fonctionnaires territoriaux, menacés au plus haut point, s’engagent dans une grève reconductible. Leur lutte est directement connectée à celle des cheminots alors que les Régions (« de gauche ») poussent à l’éclatement de la SNCF, à la régionalisation et ont obtenu de fixer les tarifs ferroviaires dans la « réforme ».
La journée d’action interprofessionnelle du 26 rassemblera très largement, notamment les autres salariés des transports (dont la RATP). Des luttes se développent partout en France à La Poste contre les « réorganisations ». La casse industrielle – Alstom, PSA, raffineries … – suscite l’intervention des travailleurs.
Dans ce contexte, le vote des députés PCF[i] contre la réforme ferroviaire, contre la dissolution de la SNCF, pour une véritable réintégration de RFF dans une société nationale unique, contre l’abrogation du statut, est une nécessité absolue. Communistes, nous n’aurions même pas pu imaginer une autre position sans les derniers déroulements à l’Assemblée.
Ensemble, interpelons ces députés PS, qui se disent « affligés », qui émettent des critiques sur la politique qu’ils ont soutenue jusqu’alors et qui prétendent, à leur tour, amender et aménager le « pacte de responsabilité ». Double jeu, numéro de claquettes ? C’est évident, du moins s’ils ne s’opposent pas à la « réforme ferroviaire » comme les cheminots de leur circonscription le leur demandent avec insistance.
Le développement des luttes, de la lutte des classes, remet à leur place les préoccupations de ceux à « gauche » qui préparent la relève de Valls à Matignon ou les primaires de 2017. Il démonte le consensus PS/droite sur les questions économiques et sociales, guidé par l’UE du capital. Il prend totalement à contre-pied la démagogie « sociale » de l’extrême-droite raciste et bourgeoise.
Camarades, n’ayons pas peur d’être communistes ! La rupture politique ne pourra partir que des luttes ! Notre place est avec cette avant-garde, dont les cheminots sont actuellement la locomotive !
PREMIERS SIGNATAIRES (Chronologie) :
Corinne BECOURT (secrétaire de la section du PCF de Saint-Quentin), Emmanuel DANG TRAN (Membre du CN du PCF, secrétaire de la section de Paris 15ème), Claude FAINZANG (Membre du CN du PCF, Paris 19ème), Michel GAGLIANO (syndicaliste cheminot, ancien membre du Conseil national de la fédération CGT des cheminots, communiste, Saint-Etienne), Armelle HERVE (Secrétaire de la section du PCF de Mantes-la-Jolie), Eric JALADE (Membre du CN du PCF, secrétaire de la Fédération du PCF du Tarn), Marc JAMMET (conseiller municipal PCF de Mantes-la-Jolie), Eric MONINI (secrétaire de la section du PCF du Jarnisy, fédération de la Meurthe-et-Moselle), Cyril MORLOT (secrétaire de la fédération de la Haute-Saône du PCF), Dominique NEGRI (Membre du CN du PCF, secrétaire de la section de Saint-Martin-d’Hères), Michel PERRIN (Syndicaliste cheminot, section PCF cheminots de Limoges, ancien secrétaire de la fédération du PCF de la Haute-Vienne), Nino PICCARETTA (section d »Echirolles, fédération de l’Isère), Laurent RICHARD (secrétaire de la section du PCF des Terres Froides, fédération de l’Isère), Pierre VIRGILIO (secrétaire de la section de Thil, fédération de la Meurthe-et-Moselle)
[1] Voir le compte-rendu intégral dans le rapport parlementaire N° 1990 et la vidéo sur le site de l’Assemblée.
[i] Les sept députés membres du PCF :
Alain BOCQUET
Marie-George BUFFET
Jean-Jacques CANDELIER
Patrice CARVALHO
Gaby CHARROUX
André CHASSAIGNE
Nicolas SANSU
CONTACTS (pour s’associer à la lettre, demander un supplément d’information):
Site:http://vivelepcf.fr/
Cheminots, agents du pôle emploi, territoriaux, intermittents,… Valls a peur de la « coagulation » des luttes !
Repris de PCF Paris 15, 19 juin 2014
N’en déplaise aux médias, si les cheminots poursuivent une grève longue, s’ils organisent leurs forces pour durer, ce n’est pas pour le plaisir, ce n’est pas pour battre un record. Ils savent la gravité de la « réforme ferroviaire ».
Ils savent que le pouvoir a intérêt à aller le plus vite possible pour enfumer l’opinion, pour éviter la conjonction avec les luttes contre la « réforme territoriale », le « pacte de responsabilité » etc. contre toute sa politique guidée par l’Union européenne du capital.
La basse opération reprise par Hollande et Valls sur l’organisation du baccalauréat a fini en eau de boudin. Elle a montré la grande fébrilité des plus hautes autorités de l’Etat.
Le pouvoir précipite et met en scène la discussion de l’Assemblée nationale. Acquis d’avance, avec l’opposition de complaisance d’une droite entièrement d’accord avec le démantèlement de la SNCF, le vote de l’Assemblée ne modifiera rien. Il ne pourra pas court-circuiter le développement du débat public que la force de la grève oblige.
Même avec de l’enrobage et de la pommade, le gouvernement et ses complices de la majorité ne pourront pas masquer qu’ils organisent la mise en concurrence et la privatisation du rail suivant les injonctions de Bruxelles, avec les conséquences désastreuses observées dans tous les autres pays.
Sous-estimant la mobilisation des cheminots et les capacités de compréhension des usagers, le gouvernement prétend « réunifier » RFF et SNCF, éviter à l’avenir le scandale – dont il est responsable – des TER trop larges pour les quais. En fait de « réunification », il divise le rail français en 3 au lieu de deux entités. En séparant complètement les infrastructures et le réseau de l’exploitation, il rend possible la privatisation de cette dernière. Le sigle SNCF est réduit, du nom d’une grande société nationale, à celui d’une future marque commerciale.
Tout le reste n’est que du pipeau ! Notamment les affirmations gratuites, même rajoutées, dans le texte de loi par des amendements téléphonés, sur les liens « impérissables » entre les nouvelles entités. On se souvient – entre autres – des grandes tirades sur le maintien des missions d’intérêt général des Caisses d’épargne avant leur privatisation par la « gauche plurielle ».
On peut observer et analyser en détail l’exemple du démantèlement de la SNCB, les chemins de fer nationaux belges.
Ils ont d’abord été éclatés en 3 comme en France avec une « holding de tête ». En janvier 2014, celle-ci a été dissoute. Ses fonctions communes, comme l’informatique, divisées et/ou privatisées. La propriété des gares est répartie. Restent « New-SNCB », l’exploitation privatisée et Infrabel, le réseau « public » au service de la concurrence ! Une filiale commune « HR Rail » gère les ressources humaines des deux entités restantes et imposent les reculs sociaux induits par le dumping de la concurrence… L’unicité de la gestion du personnel, une fois le statut et l’entreprise nationale cassés, ne garantit rien !
Voilà le modèle ! Les députés, qu’ils soient socialistes, « verts » ou même du « Front de gauche » qui acceptent de s’illusionner, qui cultivent ces illusions, se rendent collaborateurs d’une tromperie.
Même chose sur le plan social : la « réforme » abroge purement et simplement le statut historique, fruit de 74 années de lutte. Comment les mêmes députés de « gauche » peuvent-ils promettre de maintenir les conditions d’embauche à terme, du moins de limiter les reculs sociaux ? NON ! La « convention collective de branche » prévue par la « réforme » ne peut signifier qu’un nivellement par le bas, une remise en cause globale des acquis.
Quant aux promesses sur le financement de la dette et des investissements, elles sont tout aussi gratuites puisque l’objet du texte est – répétons-le ! – la dissolution de la SNCF et l’abrogation du statut.
Le pouvoir veut aller le plus vite possible, dissimuler ses objectifs véritables car il sait qu’ils sont massivement rejetés. Hollande et Valls, faibles de leurs 14% aux dernières élections européennes – 6% des électeurs inscrits – ne tiennent pas à ce que l’opinion publique puisse se prononcer, en connaissance de cause, sur la « réforme ferroviaire ». Massivement, elle rejette l’application des directives européennes qui sabordent nos services publics, saignent les usagers, menacent leur sécurité pour le profit de multinationales comme Veolia ou Deutsche Bahn !
Hollande et Valls tentent de profiter du vide politique pour accélérer, malgré les désaveux électoraux, leur violente politique antisociale. La mobilisation des cheminots leur est intolérable par sa capacité fédératrice.
Les luttes, seules, peuvent déjouer les calculs politiciens et ouvrir une véritable alternative politique au peuple de France !
La droite UMP/UDI/Modem, en pleine crise de corruption, a du mal à masquer son accord intégral avec la politique de Hollande et Valls.
Dès que les luttes montent, le FN est discrédité dans son rôle de repoussoir au service du système. Il n’arrive pas à combiner sa démagogie « anti-européenne » et sa haine de classe des travailleurs et des syndicalistes.
Les Verts apparaissent pour ce qu’ils sont : des opportunistes. Les députés PS « indignés » ou « affligés » montrent que, suivant leurs leaders Aubry et Montebourg, ils ne sont que forces d’appoint et de diversion pour accompagner leurs camarades Hollande et Valls. Les députés Front de gauche, accrochés au PS, sont au pied du mur. Ils se dévoilent en décalage avec le soutien des communistes au mouvement des cheminots. Les luttes bouleversent le cadre politique sclérosé et mortifère. TANT MIEUX !
Dans les semaines qui viennent, en session « extraordinaire, le Parlement est appelé à voter, non seulement la casse de la SNCF, mais aussi les 41 milliards d’euros par an de cadeaux au capital, sur le dos de la sécurité sociale, de l’hôpital, des retraites, de l’école etc. que représente le « pacte de responsabilité », mais aussi la « réforme territoriale » destinée à démanteler les services publics locaux -l’emploi et les statuts qui vont avec – et à créer des euro-régions directement inféodées aux intérêts capitalistes européens.
Face à cela, des luttes se développent partout.
Les fonctionnaires et agents territoriaux entament une grève reconductible lundi 23 juin.
Le 26 juin, une journée d’action et de grève nationale – notamment à la RATP et dans les transports urbains est prévue.
Les agents du pôle emploi, les psychologues du travail rejoignent les cheminots dès le 19 juin dans la lutte, contre le même ennemi.
Des postiers sont en grève partout en France contre les « réorganisations » et la sape du service public.
Le ministre Rebsamen charge la barque en essayant de supprimer « provisoirement » des comités d’entreprise pour les nouvelles PME: Dans le commerce, la colère monte. A PSA, à Alstom, dans les raffineries etc., chez les éleveurs, l’exaspération est à son comble devant le détournement de l’argent du travail vers les délocalisations et le profit capitaliste, devant l’exploitation accrue accompagnée par le pouvoir.
Communistes, de la SNCF, des entreprises, des quartiers et des villages, nous mettons nos analyses et nos actions au service du développement de ces luttes et de leur convergence.
L’été est la saison des vacances : heureusement !
Pourquoi ce ne serait pas la saison des luttes aussi ?
Un vieux camarade cheminot nous confiait qu’à peine entré à la SNCF, il a vécu les grandes grèves de 1953, d’août 1953 !
Retrait de la « réforme ferroviaire »!
Vivent les luttes, vive leur convergence !