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CN du PCF – janvier 2016 – Intervention de D. NEGRI

Conseil national du PCF des 16 et 17 janvier 2016, intervention de Dominique NEGRI, fédération de l’Isère

Je retiens que le rapport de Pierre Laurent et la plupart des interventions font le constat – il est temps ! – de l’échec du « Front de gauche ». Pierre invite à faire un « bilan sans complaisance » des stratégies à l’œuvre depuis plusieurs années et sans les réduire aux seuls résultats électoraux. Allons-y ! Et sérieusement ! Et en remontant aussi loin qu’il faut.

Souvenons-nous, sans aller plus loin, de 2007 quand la stratégie d’effacement du Parti dans les « collectifs antilibéraux » a abouti au terrible résultat électoral que l’on sait. La réaction immédiate des dirigeants du Parti a consisté à vouloir aller plus avant dans la même stratégie suicidaire, avant de constituer le Front de gauche. Après le naufrage du Front de gauche qu’achèvent de confirmer les élections régionales, je crains qu’on ne tire les mêmes conclusions erronées qu’en 2007 : continuer dans le mur.

J’ai retrouvé les déclarations au journal « Le Monde » du 14 septembre 2007 de notre camarade Olivier Dartigolles, à l’époque déjà porte-parole du PCF :

« On ne peut plus se la raconter. Après la claque électorale qu’on s’est prise, si on fait comme avant, on meurt », dit-il. Désormais, il est persuadé qu’il faut « une nouvelle organisation politique » dans laquelle existerait « une sensibilité communiste organisée ». Pas un « parti ripoliné », mais bien une autre organisation avec d’autres sensibilités, antilibéraux, socialistes de gauche, syndicalistes, altermondialistes ».

Aujourd’hui, après les régionales, Olivier Dartigolles, toujours porte-parole national, déclare au Figaro du 14 janvier 2016: « L’une des questions majeures qui seront abordée portera sur la nature et le rythme du changement des transformations au PCF ». « Il faudra répondre à la crise de confiance qui touche les partis, à leur déconnexion avec la société, sans jeter tout notre patrimoine. Il faudra tout explorer, sans tabou » explique-t-il. Même la délicate question d’un changement de nom du parti pourrait être abordée. »

Honnêtement, camarades, vous voyez une différence ? Collectifs antilibéraux, Front de gauche avec le PG, demain « fabriques citoyennes » avec les partenaires des « primaires » : on tourne en rond, en termes de stratégie politicienne! Avec un seul résultat obtenu à chaque fois: l’effacement du PCF, du parti de lutte et de ses positions révolutionnaires.

Aujourd’hui encore, le rapport pose la question complètement de travers. Au lieu de discuter pour savoir comment sauver « la Gauche » avec les élections de 2017 comme finalité (en créant de nouvelles illusions électorales), posons la question : comment le PCF redevient le parti dont les travailleurs ont besoin dans la lutte des classes très agressive que, globalement, ils subissent. Avec éventuellement, le moment venu, les élections uniquement pour la relayer (sans illusions).

Il est lamentable que toute cette réunion du Conseil national ait été tournée vers l’éventualité de « primaires à gauche ». Mon avis ? Pour moi, c’est non à cette farce, à cette mascarade politicienne destinée à accentuer le brouillage politique (que ce soit à « la gauche de la gauche » avec le souvenir de la piteuse expérience des « collectifs antilibéraux » ou que ce soit « avec toute la gauche »). Et je ne veux surtout pas que l’on embarque – comme dans les épisodes précédents – les communistes, malgré eux, sur cette voie, sur la voie d’une nouvelle recomposition politique qu’ils ne pourraient que valider et subir après coup.

Quelques mots sur le principal dans le peu de temps qui m’est imparti :

-          La tromperie du mot d’ordre de « l’Europe sociale », de la réorientation de l’UE et de l’euro, ces outils d’exploitation économique et de mise en concurrence des peuples de l’UE, est de plus en plus dénoncée, exemple grec à l’appui. Enfin, j’ai entendu quelques autres voix s’élever ici. Poser la question de la rupture à tout niveau avec l’UE du capital est essentiel dans la préparation du congrès.

-          De nombreuses luttes sectorielles se développent. J’en cite une qui me concerne directement en tant qu’employée et militante syndicale aux finances publiques : la grève du 26 janvier pour les salaires et l’emploi (32.000 suppressions de poste depuis 2002 aux finances !). La casse du statut de la fonction publique est à l’œuvre sous ce gouvernement de « gauche ». Le protocole PPCR (Parcours professionnels, carrières et rémunérations) en est un instrument étendant notamment la mobilité forcée, les rémunérations à la tête du client. L’absence de position nationale offensive du parti a facilité un certain flottement syndical sur cette question (la direction de la FSU approuvant le PPCR !). Agissons !

Enfin je vous annonce qu’il y a déjà plus de 150 inscrits aux vœux de la section de Saint-Martin-d’Hères le 31 janvier que précédera un meeting sur la coordination des luttes sociales dans l’Isère. Face au fatalisme ambiant : Résistance !

Meeting du 6 décembre 2015 (Paris 15ème) – Intervention de Corinne Becourt, secrétaire de la section du PCF Saint-Quentin, responsable nationale du réseau « Vive le Parti communiste français »

Nous reproduisons sur vivelepcf.fr les interventions politiques prononcées au banquet/meeting de fin d’année de la section du PCF Paris 15. Ci-dessous celle de Corinne Bécourt, secrétaire du PCF à Saint-Quentin et coordinatrice du réseau « Faire vivre et renforcer le PCF » , après les inquiétantes nouvelles prises de position de la direction du PCF, à « contresens de la raison d’être de notre parti », en faveur de « l’unité nationale », l’état d’urgence, la guerre impérialiste après les attentats, en soutien à la politique antisociale de Tsipras en Grèce, ou encore en alliance avec les pro-UE d’EELV aux régionales etc.  Corinne Bécourt expose l’état d’esprit de lutte qui anime des camarades de toute la France décidés à faire vivre le PCF « sur les rails de la lutte des classes ».

 

PCF Paris 15ème, repas fraternel du 6 décembre 2015, rencontre politique

Intervention de Corinne Becourt, secrétaire de la section du PCF Saint-Quentin, responsable nationale du réseau « Vive le Parti communiste français

Chers amis, chers camarades,

Je suis heureuse d’être à nouveau avec vous et de partager ce moment de fraternité. Notre première réunion ensemble remonte à 2008.

Aujourd’hui la direction du PCF Paris 15 m’a sollicitée pour vous présenter notre situation nationale dans le PCF à ce moment grave où la direction du Parti vient d’approuver l’intensification d’une guerre impérialiste et l’état d’urgence.

D’abord, avec les quelques camarades de Saint-Quentin qui sont venus avec moi, nous témoignons de notre expérience. Depuis plusieurs années, nous nous renforçons dans les quartiers populaires, dans la jeunesse mais aussi, de nouveau, dans les entreprises. En 3 ans, plus d’une cinquantaine d’adhésions sérieuses. Cela, nous le devons à notre activité mais aussi au travail en commun avec des camarades comme ceux de Paris 15 qui nous permis par exemple d’être très présents dans la lutte contre la « réforme ferroviaire ». Notre poids et l’écoute de ce nous disons dans l’Aisne augmente d’autant.

Au plan national, nous travaillons avec une trentaine de sections, aussi avec les fédérations de Haute-Saône et du Tarn, et des centaines de camarades plus ou moins isolés. Cela ne nous empêche pas d’être entièrement dans le Parti mais cela compense le déficit organisé d’échanges réels dans les fédérations et au plan national. D’une façon ou d’une autre, aussi par ma présence sur les « réseaux sociaux » (sourires), je participe à construire ce réseau pour l’instant informel, par choix. Mais à l’approche du congrès du Parti, avancé par Pierre Laurent en juin, nous sentons qu’il faut passer à une autre étape.

Dans les derniers mois, l’absence de point de vue communiste organisé s’est fait lourdement sentir. La défaillance, la faillite de la ligne direction du PCF aussi. Au moins sur trois points.

Le premier, le plus récent, je l’évoquais à l’instant, c’est le ralliement unilatéral, sans consultation du Conseil national du Parti, de la direction du PCF à l’Union nationale demandée par Hollande. Cela s’est traduit notamment dans les interventions des parlementaires à Versailles le 16 novembre, alignées. Puis les députés « Front de gauche » ont approuvé la prolongation de l’état d’urgence et l’intensification des bombardements en Syrie.

L’état d’urgence est destiné à réprimer la contestation du système dominant dans la société française et n’a rien à voir avec la lutte contre le terrorisme. Nous l’avons montré, en nous appuyant sur les analyses de nos camarades députés de 1955…

Je tiens à faire savoir notre condamnation totale des récents propos du député Alain Bocquet approuvant les déclarations sur la « déchéance nationale » faites par Hollande après les attentats avec le sous-entendu évident d’aider les partis xénophobes.

La guerre impérialiste et le terrorisme sont les deux faces de la même pièce. Daesh, Al Qaïda sont des monstres produits par l’impérialisme, l’OTAN et son alliée l’UE. La direction de notre parti se trouve même aujourd’hui dépassée sur sa gauche par le Parti travailliste britannique qui refuse les frappes sur la Syrie et met en cause les alliés saoudiens, turcs et qataris de l’OTAN, soutiens directs du terrorisme.

Comment s’expliquer ces positions de la direction du PCF ? Par électoralisme avant les régionales, vu la pression de l’idéologie dominante ? Par soumission au PS pour garder quelques places ? Et/ou parce qu’elle a viré sa cuti. En 1999, la liste « Bouge l’Europe » a fait élire, déjà, 3 députés européens ouvertement favorables aux bombardements de la Serbie par l’OTAN…

Deuxième défection grave récente et révélatrice de la ligne de la direction du PCF : la Grèce.

Vous avez sans doute suivi le voyage la semaine dernière de Tsipras en Israël et son alliance diplomatique, économique et militaire avec Netanyahou. Cela ne modifie pourtant rien au soutien indéfectible du Parti de la gauche européenne et de son président, Pierre Laurent, à Tsipras. Syriza est érigé en modèle politique de la « gauche alternative » en Europe alors que ce parti est en train d’infliger la pire politique antisociale qu’un peuple a eu à subir sur le continent. Tsipras et Hollande s’embrassent. Le Parti communiste grec – le KKE – alerte. Rien n’y fait : La direction du PCF reste collée à son anti-modèle. Quel projet de société pour notre pays ! De nombreux camarades ne comprennent pas, n’acceptent pas ces positions et sont en colère.

Le troisième point que je veux relever, c’est l’immédiat, la stratégie politique telle que la direction du PCF la prépare à l’occasion des élections régionales.

Je le dis tout de suite : nous ne sommes pas, communistes, tous dans la même situation. Dans certaines configurations régionales et locales, des camarades peuvent porter le sens du vote communiste à ces élections. Dans d’autres endroits, à Saint-Quentin ou à Paris 15, nous avançons nos propositions dans les luttes dans la période. Dans les régions où les directions du PCF sont parvenues à s’allier aux socio-démocrates d’EELV et à s’aligner derrière eux, aucune campagne n’est possible. Pour nos camarades de Haute-Garonne ou du Tarn, comment appeler à voter pour un co-rédacteur de la constitution européenne de Giscard, anticommuniste patenté et supporter de Cohn-Bendit 2017. Dans les Bouches-du-Rhône, comment supporter la candidature d’une soi-disant « écolo » qui en appelle à la candidature en 2017, du marchand de déodorant, Nicolas Hulot. On ma transmis un tract de cette région où les candidats EELV-Front de gauche promettent d’améliorer le dialogue social pour réduire la « conflictualité » (quel vocabulaire de patron et RH !) à la SNCF. C’est un front anti-luttes !

Les régionales traduisent une option politicienne indéfendable du PCF, néfaste pour les luttes. Les élus PCF seront restés jusqu’au bout dans les exécutifs régionaux PS qui ont relayé les pires mauvais coups du gouvernement, notamment en termes de marchandisation des services publics.

Pour s’en distinguer, les directions du PCF choisissent de faire des offres d’alliance à un parti sans réalité populaire dont la raison d’être est la collaboration avec l’UE du capital : EELV. « Europe, écologie les verts » : ils portent bien leur nom.

Les pauvres propositions en découlent : l’humain d’abord comme si quelque se présenterait en appelant à l’humain derrière ! Des aides au patronat plus ou moins contrôlées. Du baratin.

Il est significatif que la direction du Parti, qui finit de faire son deuil du Front de gauche, dont Mélenchon conserve la propriété, ne sache pas comment dénommer sa nouvelle formule d’alliance réformiste.

Stop ! Pierre Laurent nous discrédite complètement lorsque, tour à tour, il annonce qu’il ne sera pas candidat avant de changer d’avis et se désigner tête de file aux régionales en Ile-de-France pour gagner en notoriété face à Mélenchon et aux Verts dans la perspectives d’une candidature aux présidentielles.

Ils appellent cela « une nouvelle façon de faire de la politique ». Je préfère l’ancienne du PCF, le parti de la classe ouvrière et de la lutte des classes ! Celui auquel j’ai adhéré !

Plus aucun camarade ne doit se laisser posséder par le discours résigné et opportuniste selon lequel le rassemblement passerait par l’effacement du parti et de nos positions communistes, marxistes et léninistes.

Communistes, nous ne pouvons pas être autrement qu’à contre-courant de l’idéologie capitaliste dans l’intérêt des travailleurs et du peuple, et sur le fond !

Nous serons amenés, encore davantage ce soir, à mesurer le jeu dangereux que jouent les possédants, avec le FN, notamment pour éteindre les contradictions de classes, comme avec l’union sacrée contre le terrorisme, éventuellement contre le climat. Nous serons amenés à réagir sans doute dès ce soir.

En aucun cas pour nous, communistes, l’objectif ne doit être d’occuper un espace politicien, « à gauche de la gauche », sous des couleurs tantôt rouge, verte ou rose, suivant des postures préparées par l’idéologie dominante. En vue d’une place de figurant aux présidentielles ou pour autre chose.

20 ans maintenant de « mutation » du parti ont fait leur démonstration par le vide et la destruction. Ce parti, unique dans l’histoire de France, ils ont voulu le détruire nous voulons le préserver et le faire vivre !

Nous ne voulons pas d’un parti petit bourgeois, qui offre des espaces de discussions stériles, le soir, à ceux pour qui c’est un passe-temps de réfléchir à des combinaisons politiques. Plus que jamais, nous avons besoin d’un parti tourné vers l’entreprise, la lutte contre l’exploitation, les quartiers populaires et les campagnes, acteur de la vie syndicale.

20 ans d’adaptation au réformisme et de résignation à l’UE ont montré tout leur contre-sens. L’internationalisme, la défense de la souveraineté des peuples, la promotion de leur coopération sont inconciliables avec l’UE du capital.

La rupture avec l’UE, ses directives, avec l’idée illusoire du réformisme, que l’on pourrait la changer, la rupture avec l’OTAN sont des priorités pour nous.

Pour des nationalisations démocratiques, pour la défense du financement solidaire de le Sécurité sociale, nous devons être intransigeants.

Je ne veux pas m’étendre maintenant sur toutes les luttes que nous voulons mettre en avant, convaincus que l’alternative politique aujourd’hui, ne peut provenir que du mouvement populaire.

Le PCF, par ce qu’il représente historiquement, par la légitimité qu’il continue à posséder dans le mouvement syndical, ne peut être laissé à ceux qui renient sa raison d’être.

Telle est plus que jamais notre conviction. Je mentionnais tous les camarades, de toute la France, qui travaillent et militent suivant la même conviction que nous. Nous allons continuer.

La direction du PCF a décidé d’avancer le congrès à juin. Est-ce pour mieux le ficeler ? Est-ce pour mieux le concentrer sur une candidature bidon aux présidentielles ? Est-ce pour nous rejouer la mascarade de « rallumer les étoiles » le texte fumeux envoyé à la dernière minute en 2013 ?

Les camarades du 15ème ici présents et les autres peuvent être certains que nous ferons tout, pour le congrès, et d’ici-là dans les luttes, pour que le PCF se soit pas identifié à cette sinistre perspective.

Ensemble, nous pouvons faire vivre un PCF sur des bases de classes ! C’est une nécessité !

Merci à vous !

« 

 

Régionales 2015. PS, ex-UMP : ils ont fait le choix du pire et ils sont contents d’eux ! L’urgence d’une riposte politique partant des luttes avec un PCF qui retrouve sa raison d’être !

Déclaration d’Emmanuel Dang Tran, membre du Conseil national du PCF, au soir du 2nd tour des élections régionales, 13 décembre 2015(voir notre analyse du 1er tour)

Les résultats du 2nd tour des régionales représentent tout sauf une surprise. Les tenants du système (capitaliste) et de la politique de casse générale des acquis sociaux et démocratiques ont de quoi se réjouir.

Les partis au service du système peuvent tous se dire gagnants.

Le PS au pouvoir parvient à masquer le désaveu massif de sa politique en conservant 5 régions métropolitaines sur 13. La droite « classique » va gagner 7 grandes régions dont les plus peuplées, malgré un score historiquement bas au 1er tour. Des « régionalistes » pro-capitalistes l’emportent en Corse. Le FN aura atteint un résultat inégalé, en pourcentage au premier tour 27,8% et même en voix au second, rejoignant avec 6,5 millions de suffrages le résultat de Marine Le Pen en 2012, mais cette fois dans le cadre d’une échéance locale.

L’idéologie dominante a réussi à écraser toute expression politique électorale de la contestation populaire de la politique menée par les gouvernements successifs.

La promotion éhontée du FN, ces derniers temps surtout par le PS, Valls et Hollande, a parfaitement fonctionné. Ces derniers n’ont pas hésité à instrumentaliser cyniquement les attentats du 13 novembre pour, d’abord, intégrer le FN dans l’Union nationale et valider certaines de ses positions racistes, avant d’ensuite, asséner à nouveau la rhétorique du « Front républicain » contre lui.

Finalement, le FN ne conquiert aucune région. En fait, cela fait bien l’affaire de sa crémerie. Une région ce n’est pas comme une commune. A la tête même d’une seule, l’extrême-droite aurait été amenée à dévoiler pleinement sa politique en faveur du patronat.

D’ici au moins 2017, sans hésiter à raviver les spectres fascistes, le système mise plus que jamais sur le FN comme dépotoir électoral, comme dérivatif des colères sociales vers les haines et le nationalisme, comme repoussoir validant notamment la politique de l’UE du capital. L’hypocrisie du président du MEDEF, Pierre Gattaz, appelant à voter contre le FN, en est le signe récent le plus éclatant. Les régionales ont montré que cela marche pour l’instant.

Il n’y a surtout aucun reproche à faire aux électeurs, qui, comme nous, se sont trouvés enfermés dans une alternative électorale insoluble : tout faire pour empêcher immédiatement le FN d’accéder à des positions institutionnelles mais en n’ayant comme moyen immédiat que le vote pour ceux dont la politique fait son lit.

Mais des reproches, nous en faisons tout autrement aux porte-parole de la « gauche de la gauche » et aux dirigeants de notre parti dont la faillite a pesé et pèse très lourd.

Le PCF et ses positions ont été invisibles. Pierre Laurent et la direction ont choisi de les effacer pour draguer, à droite, certains des plus opposés aux positions révolutionnaires, notamment EELV et ses leaders, suppôts de l’anticommuniste, militants pro-UE , comme Cohn-Bendit ou le marchand de shampoing Hulot. Ce « rassemblement » contre nature n’a rassemblé personne !

On peut faire une différence entre la « gauche » et la droite sans avoir besoin de s’aligner docilement derrière un baron du social-libéralisme comme M. Bartolone. Les images du meeting de Créteil du 10 décembre avec Pierre Laurent en première partie du sinistre numéro de Claude Bartolone sont rédhibitoires. C’est encore pire – mais cela nous regarde pas – pour les personnalités groupusculaires qui se disent « d’extrême-gauche », donneuses de leçons devant l’éternel, telles Mme Autain ou M. Piquet, mais qui ont lorgné, affamées, avec succès ou non, sur les miettes et places laissées par le PS ! Qu’avons-nous à faire, communistes, avec ces marionnettes politiques ?

Pierre Laurent s’est présenté en tête de liste en Ile-de-France pour renforcer sa notoriété en vue des présidentielles de 2017, dans le cadre du Front de gauche. Le résultat coupe court à cette perspective politicienne, d’autant que l’échec du Front de gauche, éclaté, est acté. Pierre Laurent a avancé de 6 mois la tenue du congrès du PCF à juin 2016 : cela ne saurait être, pour nous, dans le but d’aggraver encore le processus de dissolution du Parti entamé par Robert Hue et Marie-George Buffet. Prenons plus de temps éventuellement ! En tout cas, les communistes n’accepteront pas une nouvelle fuite en avant.

La soumission à la social-démocratie, au mythe de l’Europe sociale, au réformisme sont moins que jamais acceptables. Le soutien effréné de Pierre Laurent et des parlementaires derrière André Chassaigne à Alexis Tsipras et sa politique violemment antisociale en Grèce, leur alignement sur l’union nationale de Hollande et l’état d’urgence montrent à quel point ils vont à contre-courant des attentes du mouvement populaire, de ce qu’il attend du grand parti historique de la classe ouvrière dans notre pays.

Avec des camarades de toute la France, après ce nouveau désastre électoral, nous sommes décidés à ce que qui doit changer dans notre parti change vraiment. A ce que l’on cesse d’entraver le dynamisme révolutionnaire de ces membres honnêtes, éloignés de toute préoccupation alimentaire, de tous les ceux qui attendent qu’il se reprenne.

Dans les semaines qui viennent, face aux tentatives d’intimidation et aux provocations du patronat et du pouvoir, sous l’état d’urgence, à Air France, à Goodyear, dans les services publics, nous affirmerons qu’il y a des communistes, des organisations du PCF prêts à opposer, au service de la lutte des classes, des positions de rupture politiques conséquentes.

Contre la politique d’exploitation, contre l’état d’urgence, contre la guerre impérialiste, contre les ferments du fascisme, pour la rupture socialiste, les communistes montreront qu’ils sont là, avec, sans ou malgré la direction en faillite de leur Parti, mais pour leur parti car pour le changement révolutionnaire.

Régionales 2015. La « gauche » perd l’Ile-de-France : pas de joie mais pas de larmes

La gauche plurielle en meeting régional le 10 décembre

PCF Paris 15, 14 décembre 2015

Cela s’est joué à peu de choses : 42,2% contre 43,8%. La gauche plurielle, conduite par Claude Bartolone, a échoué à garder le contrôle de la région Ile-de-France.

Il n’y a évidemment rien de bon à attendre de l’équipe de Valérie Pécresse qui promet de détourner encore plus de moyens publics vers les intérêts du patronat et de la finance internationale, dans la région « capitale »- au nom de l’emploi bien sûr -, de privatiser plus, de remettre en cause les acquis sociaux des personnels.

Mais nous ne verserons pas une larme sur l’équipe sortante, aux commandes depuis 17 ans avec Jean-Paul Huchon. Nous assistons à rien d’autre qu’à une alternance, comme au plan national, entre deux équipes qui se complètent pour mener la même politique économique et sociale au service des puissances d’argent, se répartissant les rôles suivant leur étiquette, ne gardant de nuances que sur les questions de société.

De bout en bout, de sa contribution à la casse des régimes de retraites à son soutien à la « réforme ferroviaire », Huchon aura été un acteur zélé de la politique de marchandisation et de privatisation des transports, première prérogative régionale. Militants communistes, nous nous sommes constamment retrouvés face à lui. La « gauche » régionale n’a eu de cesse aussi que de faciliter l’intrusion des intérêts patronaux à court-terme dans l’enseignement professionnel. Aussi bien Huchon, Pécresse, Copé qu’Hidalgo – suivant les formules « Grand Paris » ou Région – se sont retrouvés dans la surenchère pour vanter « l’euro-région capitale », développer son « attractivité » dans l’intérêt de la finance et aux dépens des populations. Ils se retrouvent tous encore, avec Bartolone, derrière la « réforme » territoriale antidémocratique, qui, par exemple en matière de logement, va régionalement condamner les politiques sociales des municipalités communistes. Etc.

Tous ces sujets de fond, reflets régionaux de la politique antisociale nationale, ont été soigneusement éludés de la campagne électorale, par le consensus des partis de l’alternance, avant même les attentats du 13 novembre.

La très courte campagne s’est résumée, en Ile-de-France comme ailleurs, à des joutes politiciennes. Elle s’est déroulée dans le contexte national dramatisé que l’on sait, avec, d’un côté, le matraquage sur « l’unité nationale » derrière Hollande après les attentats, et, de l’autre, la polarisation du débat public sur la poussée prévisible du FN que Valls, notamment, aura tout fait pour provoquer. Ces manœuvres politiciennes cyniques du PS, jouant avec le feu, ont contribué à faire garder à la gauche 5 régions, mais finalement pas l’Ile-de-France.

Bartolone a échoué de peu. D’un point de vue strictement politique, il est utile d’analyser pourquoi. De toute évidence déjà, on peut dire son attitude symptomatique entre les deux tours y a bien contribué.

Bartolone n’a pas réussi à reproduire en Ile-de-France l’alchimie politicienne qui permet à la « gauche » (sur une politique globalement de droite) de gouverner la ville la plus bourgeoise du pays : Paris. L’Ile-de-France, même si c’est moins vrai qu’à Paris-ville, présente deux caractéristiques. La première, dans le centre économique du pays, est la surreprésentation dans la population active de salariés aux revenus intermédiaires et supérieurs, dont les préoccupations sociales, réelles, n’atteignent pas le niveau de détresse et de colère que le FN tente d’instrumentaliser. La deuxième, c’est une proportion plus importante que dans le reste du pays, parmi les populations les plus pauvres, de personnes issues de l’immigration et peu enclines à voter pour un parti ouvertement anti-immigrés.

Mais les trois ingrédients de la formule politique de la « gauche » parisienne ont moins bien fonctionné.

  1. Il a été plus difficile de masquer la politique « libérale » pratiquée régionalement par le PS, sous des symboles de « gauche », un marketing de « gauche », avec des cautions de « gauche ». L’exemple type de cette propagande a été la mise en avant « sociale », par toute la gauche, du Pass Navigo à tarif unique, en réalité voulue par le patronat, et payée très cher par une majorité d’usagers.

Le choix de Bartolone, personnalité nationale, président de l’Assemblée, a mis en évidence le lien entre les politiques régionales de la « gauche » et sa politique nationale antisociale, profondément rejetée ; de même que le soutien appuyé de Valls dans la campagne : 45 minutes au meeting d’avant le premier tour. Certains non-élus de gauche doivent regretter que les noms moins exposés de Huchon ou de La Gontrie n’aient pas été retenus comme tête de liste…

  1. A Paris plus que partout ailleurs, la « gauche » centre le débat politique sur des questions de société avec des slogans plus audacieux que progressistes, en direction notamment des populations pour lesquelles les préoccupations alimentaires ne sont pas primordiales. Mais cette « gauche » n’a plus le monopole de l’offensive sur les questions de société. Notamment après l’opération « mariage pour tous », la droite a développé (avec un succès peu réconfortant) une ligne conservatrice tirant notamment profit des outrances ce certains lobbys. La droite a même réussi à marquer des points, sur ce plan, en prétendant s’opposer à la destructrice « réforme » du collège.
  2. Enfin, pourtant expert en la matière en Seine-Saint-Denis, Bartolone a plus de mal que jamais à se présenter comme un rempart devant le racisme et l’extrême-droite. Le concept du « Think Tank » Terra Nova invitant le PS à capter cet électorat par une forme de clientélisme, au moins moral, ne marche plus comme en 2012. Bartolone est un proche de Hollande et Valls qui viennent, après les attentats, de tendre la perche au FN, notamment sur la déchéance de nationalité !

Les propos de Bartolone sur la « race blanche », assimilée aux richards de Versailles et de Neuilly, ont également certainement détourné nombre de voix. Ils sont proprement inacceptables, d’autant qu’il a refusé de les retirer. Qui, quelles que soient ses origines, peut maintenant faire confiance à Bartolone pour combattre le racisme ? Déjà, le dimanche soir du 1er tour, les images de liesse, malgré de score du FN (ou à cause de lui !), vues à la télévision chez les cadres du PS, dans le QG de Bartolone, qui se croyait en ballotage favorable, ont choqué. Nous les premiers.

L’Ile-de-France offre un aspect un peu particulier du dangereux processus de dégénérescence de la démocratie bourgeoise auquel nous assistons.

Ces circonstances alourdissent encore les conséquences des choix de la direction de notre parti pour ces élections, en Ile-de-France en particulier.

Le soir du 1er tour, nous faisions partie des camarades qui appelaient à ne pas présenter (après fusion des listes) de candidats PCF sur la liste Bartolone, même en vue de quelques places d’élus (6 ou 7 au final, dont une transfuge d’un groupuscule gauchiste…).

L’image donnée au pays a été déplorable : le secrétaire national du Parti, tête de liste en Ile-de-France, Pierre Laurent, s’est retrouvé bras dessus, bras dessous toute la semaine avec Bartolone, le complice de Hollande et Valls, jusqu’à intervenir en première partie au meeting où Bartolone a dérapé.

Mais ce n’est pas qu’une question d’image, c’est une question d’orientation de fond. Bartolone ne s’y est pas trompé en louant la contribution, jusqu’au bout, des élus PCF au bilan de Huchon : une véritable caution de gauche. Jusqu’aux intitulés similaires dans la niaiserie des listes : « une Ile-de-France humaine »/ « Nos vies d’abord » !

On ne peut pas reprocher à Pierre Laurent d’avoir été hypocrite. Son ralliement au PS était annoncé. Mais il aurait pu et dû changer d’avis. Il ne se retrouve pas comme ses alliés du PG ou Mme Clémentine Autain à prendre les places en faisant la fine bouche. L’ancienne filleule politique de Delanoë, a conspué un temps la politique de Valls, pour mieux finir deuxième placée derrière Bartolone en Seine-Saint-Denis. Cette « petite gauche » disposait de 5 têtes de liste départementales sur 8 en Ile-de-France. Au 1er tour, elle a réussi à grappiller, surtout à Paris et dans les zones petites bourgeoises, 0,08% des voix (6,63% en 2015) qui s’étaient portées sur Besancenot en 2010, absent en 2015. Quels alliés pour le PCF, alors que la fiction du « Front de gauche » se meurt !

Cette absence du vote communiste, cet effacement du Parti communiste dans le consensus de l’alternance est dramatique pour le pays. Le rejet de classe de la politique au service du capital est énorme. Des luttes conséquentes se développent et recherchent une perspective politique de rupture avec le capitalisme. Le danger fasciste, peut-être sous des formes différentes des expériences historiques, point.

Quel camarade de bonne foi aujourd’hui peut accepter l’idée que quelques élus PCF/FdG vont « tirer à gauche » la social-démocratie ou l’Union européenne ? L’heure est au changement de cap dans le parti révolutionnaire historique de la classe ouvrière en France !

A notre niveau, section du PCF de Paris 15ème, nous allons continuer à y contribuer avec plus encore de détermination. Au plan régional, nous faisons ces propositions de lutte parmi d’autres :

  • Intensifier la lutte contre l’application régionale de la « réforme ferroviaire » et la « régionalisation » des transports contre les monopoles historiques SNCF et RATP. La création spécifique, unique en France, d’un comité d’entreprise régional en Ile-de-France de « SNCF Réseau » laisse voir la perspective d’un nouveau démantèlement de la SNCF comme le veulent les promoteurs du Grand Paris. Nous nous y opposerons.
  • La lutte au niveau régional s’impose contre la mainmise sur la politique du logement par le Grand Paris, remettant en cause les politiques sociales – et de mixité sociale – de certaines communes de banlieue au profit d’une logique de parcage des pauvres dans le logement social, aux frais du contribuable, et de stimulation de la spéculation ailleurs (ex : ville de Paris).
  • La « réforme territoriale » additionnée au « protocole sur les parcours professionnels et les rémunérations » – PPCR – dans la fonction publique, imposé en force par le gouvernement, fait peser de lourdes menaces sur les fonctionnaires territoriaux. Défendons-les, c’est aussi défendre le service public, notamment régional, face aux annonces précises de Pécresse.
  • Enfin, comme lutte rassembleuse contre la mainmise des multinationales sur notre région, nous proposons de lancer une grande campagne contre l’organisation des JO 2024 à Paris portant l’exigence d’un référendum régional, comme nos amis et camarades allemands de Hambourg l’ont obtenu et gagné.