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La priorité à l’éducation ? Seule la lutte l’imposera !

La journée de grève du 3 février dans l’éducation nationale a sonné la rentrée des luttes. La manifestation régionale à Paris, modeste en nombre, n’a pas reflété l’ampleur de la grève notamment en Seine-Saint-Denis et dans certains lycées de Paris. On est encore très loin de la force que représenterait l’addition des luttes des derniers mois, contre la mise en œuvre des nouveaux « rythmes scolaires », contre les dégâts induits par la « réforme » de l’éducation prioritaire, des actions un peu partout contre les fermetures d’école et de classe, de la montée de l’exigence élémentaire de véritables recrutements et d’une revalorisation des traitements. Les annonces qui viennent de tomber dans les rectorats, très mauvaises, pour la rentrée 2015, en particulier dans certaines zones actuelles d’éducation prioritaire, ne peuvent que renforcer la détermination et l’ampleur des luttes.

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En 2015, nationaliser la lutte pour le service public de LA POSTE : C’est possible, c’est nécessaire !

Repris de PCF Paris 15, 11 décembre 2014 (tract en PDF – en lien)

L’année 2014 aura été marquée par une double réalité à La Poste :

 - D’un côté, une destruction d’une violence sans précédent, par sa propre direction, sous la tutelle des ministres Montebourg puis maintenant Macron, des conditions du service public.

 - De l’autre côté, un développement de très nombreuses luttes locales dans les centres de distribution, de tri et pour la défense du réseau, des luttes dures, souvent longues et durement réprimées, à la hauteur de l’attaque.

Nous reproduisons ci-dessous une carte visualisant les mouvements de mobilisation et de grève, dans tout le pays – et il en manque – de mai à octobre. Parce qu’il faut mesurer la force que tout cela représente, souvent avec le soutien et l’action d’usagers, d’élus locaux, de salariés d’autres entreprises. On pourrait faire une carte aussi éloquente des mouvements de défense des hôpitaux ou des gares.

La direction de La Poste et le gouvernement ont engagé une course de vitesse. Ils misent sur le caractère inconcevable pour les gens de la disparition de la distribution du courrier, du lien avec le facteur, de la présence postale. Les nouvelles missions avancées pour les facteurs, les services de proximité, sont de la poudre aux yeux. Il n’y aura bientôt plus personne pour les assumer.

En 2014, la direction de La Poste aura supprimé plus de 8000 emplois, 5300 rien que pour les six premiers mois de l’année. Cela représente l’équivalent, en pertes humaines, de la fermeture de 4 usines automobiles comme PSA Aulnay, 10 hauts-fourneaux sidérurgiques comme à Florange.

Avec l’augmentation de 10 à 15% du prix du timbre au 1er janvier, La Poste prend la responsabilité d’accélérer la baisse du volume du courrier. Comme disent ses managers, elle « segmente » son marché. Le J+1 devient l’exception, un service de luxe. La lettre « verte » devient la règle, habituant la population non pas au J+2 mais à une distribution aléatoire dans la semaine.

Le gouvernement accompagne le mouvement. Nous avions dénoncé les déficiences constatées dans l’envoi des circulaires électorales avant les élections municipales de mars 2014. Valls a décidé qu’elles ne seraient plus envoyées du tout pour les élections locales de 2015. Et ce n’est qu’un exemple.

L’esprit de service public est directement remis en cause,  littéralement sapé par les directions, avec les conditions de travail et de rémunération. La direction de La Poste dénature le travail des postiers, rend impossible le travail bien fait,. Elle aggrave cette réalité qu’est de plus en plus la souffrance au travail.

Que faire ? Communistes, nous constatons que des forces existent pour résister, défendre, reconquérir le service public postal.

En 2009, c’est par millions que les usagers de tout le pays sont intervenus pour défendre le service public de La Poste dans la « votation » citoyenne. Nous en avions repéré les limites : le refus par les organisateurs de mettre en cause les directives européennes de mise en concurrence, le caractère « préélectoral » de l’initiative qui en renvoyait l’issue aux élections générales de 2012. Mais les possibilités d’une mobilisation de même ampleur existent toujours.

Les possibilités de jonction avec les luttes des postiers existent. Si elle ne se décrète pas, l’unification des luttes des postiers répond pourtant à une évidence logique.

Nous ne faisons pas partie de ceux qui ont semé des illusions sur un changement de politique avec l’arrivée de Hollande à la présidence. La désillusion alimente un sentiment de résignation, une tendance au repli. L’idéologie dominante impose déjà la perspective politique stérile et décourageante des bisbilles et des petits calculs politicienns pour les élections de 2017, avec l’extrême-droite en dangereux repoussoir.

En juin, la grève des cheminots a commencé à montrer qu’une autre voie est possible. Comme la mobilisation pour La Poste de 2009, celle pour les retraites et la sécurité sociale en 2010 est toujours présente. Un peu partout des mouvements se développent. Les femmes de ménage de l’hôtellerie de luxe ont obtenu des victoires sociales inédites. Contre l’extension du travail du dimanche, l’action s’organise.

L’absence de perspective politique bloque les luttes mais seules les luttes peuvent débloquer la perspective politique.

En 2015, la lutte pour La Poste peut et doit s’étendre, se nationaliser ! Bonnes fêtes !

Contre leur politique « d’austérité », PRENDRE L’ARGENT LA OU IL EST! – Tract général/Sécu oct. 2014

Les femmes de ménage des hôtels de grand luxe Hyatt Vendôme et Madeleine ont montré l’exemple. Dans ces hôtels, certaines suites se louent plus cher pour une seule nuit – plus de 10.000 euros – qu’une année de paye de celle ou de celui qui la nettoie. Le personnel, organisé par la CGT, a fait grève pour que la multinationale Hyatt cesse de recourir à des sous-traitants qui payent les femmes de ménage au lance-pierre et les embauche directement, sous la convention collective bien moins désavantageuse de l’hôtellerie de luxe. La détermination des grévistes, l’indécence dévoilée de la situation sociale, ont permis de gagner.

Au plan national, la situation est tout aussi scandaleuse. Hollande et Valls prétendent maintenant faire les poches des retraités, des familles, abaisser les allocations familiales et notamment le congé parental. Ils pleurent que le pays serait en faillite.

Les médias appointés ne cessent d’alarmer sur la « dette publique » qui écraserait le pays. Le problème, c’est que c’est précisément la politique de ces gouvernants, Hollande et Valls maintenant, après Sarkozy et Fillon hier, toujours sous l’égide de l’Union européenne, qui la creuse ! Pendant ce temps, les profits – 32 milliards d’euros en 6 mois pour les entreprises du CAC 40 – explosent. La machine à broyer les acquis sociaux, la santé, la formation, l’investissement pour répondre aux besoins, l’avenir de notre pays s’emballe.

On dramatise la dette publique en faisant oublier que la dette privée, des ménages et des entreprises, est largement supérieure (2600 milliards d’euros). Communistes, nous sommes résolument contre le mauvais endettement public, celui qui rétribue les parasites financiers et ne sert pas à l’investissement.  C’est là le problème. Le soi-disant « pacte de responsabilité », dont l’application est en cours dans le projet de budget pour 2015, dirige 41 milliards d’euros vers le patronat et le profit capitaliste : 41 milliards qui plombent les comptes de la Nation, de la Sécurité sociale ! Le « Crédit d’impôt compétitivité » (CICE) ne crée par un emploi mais coûtera 20 milliards par an ! Exemple : les laboratoires pharmaceutiques Sanofi, aux actionnaires engraissés sur le dos de l’assurance maladie, touchent 130 millions d’euros par an grâce au CICE mais annoncent la suppression de 4000 emplois en France.

Au total, les exonérations d’impôts et de cotisations sociales patronales atteignent 220 milliards d’euros par an, bien plus que les « déficits » dont on nous rabat les oreilles. Et ces cadeaux au patronat, nous les payons cher sur notre santé, nos retraites, l’école de nos enfants, aussi sur le maintien et le développement de la production. La Cour des comptes a été obligée d’estimer le coût de la fraude patronales à la Sécurité sociale : entre 20 et 25 milliards d’euros par an, deux fois le « déficit » affiché. Le gouvernement inscrit dans son projet de loi des mesures pour essayer de récupérer 75 millions, 0,3% du total… Mais on criminalise les familles!

Autre dépense du moment : la guerre ! Mali, Centrafrique, Irak : on va arriver à 1,5 milliard d’euros pour jouer les supplétifs des Etats-Unis et les aider à entretenir le chaos dans le monde.

La liste des mauvais coups est très longue. La hausse des tarifs du gaz, de l’électricité, dosée dans le temps pour essayer d’esquiver une explosion sociale est révoltante vu les profits des entreprises du secteur. 11,5 millions de Français renoncent à se chauffer correctement ! La hausse du prix du timbre, de 15%, après les 5300 suppressions d’emploi à la Poste au premier semestre, sous la couverture de l’ex-ministre Montebourg, confirme la stratégie de démolition d’un service public structurant. Le gouvernement – toujours le duo Valls/Montebourg – est allé aider PSA à liquider 10.000 emplois dans l’automobile et à se lier au groupe capitaliste chinois Dong Feng.

La question, c’est comment on s’oppose à ces choix politiques. Pour nous communistes, il n’y aura d’issue politique qu’à partir du développement des luttes, de chaque lutte. C’est une politique globale qu’il faut changer mais la cadre politique institutionnel reste actuellement bouclé par le système.

Après les illusions de 2012, on essaie de recréer des illusions pour 2017. Quel décalage avec la réalité vécue par les travailleurs et leurs familles ! 

Hollande réussit si bien sa politique antisociale qu’il permet à Sarkozy, malgré ses « affaires » louches, de faire un come-back. Sarkozy, Fillon, Juppé ne savent plus quoi trouver pour se démarquer à droite du gouvernement. A « gauche », le PS sépare ses œufs dans le panier. Pendant que Président et premier ministre continuent leur travail de casse sociale, on remonte une équipe de « gauche » avec Aubry, Montebourg, des « écologistes » et d’autres supplétifs, en vue de 2017, sur la base … du programme de Hollande en 2012 !! Dans la même logique, le système flatte outrageusement, jusqu’à l’écoeurement, l’extrême-droite et sa démagogie attrape-tout. Plus que jamais, elle est missionnée pour détourner les colères populaires et les traduire en haine, tout en les enfermant dans le système.

Pour l’immense majorité, des travailleurs, des retraités, des jeunes, la perspective ne situe ni dans ces illusions, ni dans la résignation mais dans l’action pour se défendre.

Des mouvements forts ont ouvert la voie, comme celui des cheminots en juin, ceux des postiers un peu partout dans le pays, aussi ceux des ouvriers des raffineries ou de l’agro-alimentaire, celui contre la généralisation du travail du dimanche etc. Les mobilisations médiatisées avec complaisance des professions libérales, douteuses ou justes, n’y sont pas assimilables. Il y a un potentiel de lutte et de convergence de lutte pour commencer à mettre en échec la politique du pouvoir.

Le 16 octobre, la CGT organise une grande journée d’action pour la Sécurité sociale, avec des appels à la grève et une manifestation à Paris à 13h00 au départ de la place de la Nation.

Communistes, nous appuyons cette mobilisation pleinement, notamment pour défendre l’hôpital public, remettre en cause la logique de restriction des soins au moyen de la « tarification à l’activité » les fermetures de services, la régionalisation, pour exiger le retrait des nouvelles mesures contre les allocations familiales et la revalorisation légitime des allocations et retraites. A cette occasion, plus que jamais, nous exigeons la suppression des exonérations de cotisations sociales patronales (35 milliards d’euros par an depuis les « 35 heures »), la suppression du « crédit d’impôt compétitivité », l’abandon du « pacte de responsabilité », des baisses de TVA.

Ça ne peut plus durer ! 

 

 

Quel bilan tirer de la lutte du mois de juin 2014 contre la « réforme ferroviaire » ?

Entretien avec Matthieu BOLLE REDAT, secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Versailles

Qu’est-ce que la loi de portant réforme ferroviaire ?

La loi portant réforme ferroviaire a 2 grands volets : l’un sur la structuration du système ferroviaire français et l’autre sur les conditions de travail et donc sur le statut spécifique des cheminots.

Sur le volet structuration, la loi dispose de la dissolution de la Société Nationale des Chemins de fer Français (SNCF) au 1° janvier 2015, et la création de 3 nouvelles entreprises publiques au sein d’un groupe :SNCF (holding de tête), SNCF Réseau (regroupant les 55000 agents de la maintenance de l’infrastructure et de la circulation ferroviaire) et SNCF Mobilité (compagnie regroupant les 100 000 agents du « produit train » : commerciaux en gare, conducteurs, contrôleurs, agents de maintenance des rames…). C’est la dislocation de la famille cheminote, avec d’un côté SNCF réseau quiprend en charge l’infrastructure et la dette du ferroviaire et restera publique ; et de l’autre SNCF Mobilité qui forme une compagnie « comme les autres », vouée à un marché concurrentiel comme air France ou EDF et ayant vocation à être privatisée.

Le tout, chapeauté par SNCF « de tête », pour donner l’illusion d’un pôle public intégré, mais qui a vocation à disparaître, comme on l’a vu en Belgique !

Sur le volet statut, la loi programme l’abrogation du régime spécifique de travail des cheminots, qui était un texte règlementaire émanant du ministère des transports et ne souffrant aucune dérogation, fruit de 70 années de luttes des cheminots pour de meilleurs conditions de travail (temps de repos, horaires, cadences…), condition essentielle à la sécurité des circulations et à la sûreté des agents dans l’exercice de leur travail.

La loi annonce donc l’ouverture de « négociations » entre « partenaire sociaux » pour mettre en place une Convention Collective Nationale (CCN) qui s’appliquera à l’ensemble des travailleurs du rail, dans le cadre de l’ouverture programmée à la concurrence.

Elle proroge donc le régime spécifique de travail durant ces négociations, avec une date limite du 1° juillet 2016 où…… le régime spécifique des cheminots sera purement et simplement abrogé même si une CCN n’est pas signée !

Autant dire que les syndicats entreront dans ces négociations avec un flingue sur la tempe !

Y’a t-il un rapport entre  l’adoption de cette loi et le 4° paquet ferroviaire de l’Union Européenne ?

Une fois encore, l’UE a servi aux dirigeants nationaux de prétexte et de moyen pour justifier sa réforme ferroviaire, visant à détruire le monopole public de la SNCF, au nom de « l’ouverture à la concurrence libre et non-faussée », comme ils l’ont déjà fait dans l’aérien, l’énergie, l’eau, les communications….

Mais qu’on ne s’y trompe pas : cette « ouverture à la concurrence » ne vise qu’à transférer les marchés vers des boîtes privées, dont beaucoup sont en fait dans les mains de holdings issus des anciens monopoles publics (SNCF, DB…), c’est donc en vérité d’une privatisation du réseau dont il s’agit, du transfert des activités des monopoles publics vers de nouveaux monopoles privés au travers desquels des actionnaires pourront faire du business !

D’ailleurs si SNCF réseau (comme ERDF ou ADP par exemple…) a vocation à rester publique, c’est bien parce que le gouvernement compte faire peser sur cette entreprise le poids colossal des coût de l’infrastructure, qui décidément n’intéresse pas les actionnaires… c’est la nationalisation des dettes (44 milliards d’Euros) et la privatisation des profits !

La seule vraie mise en concurrence qu’il va y avoir, c’est bien celle des salariés entre eux, car c’est bien sous le prétexte de l’ouverture à la concurrence qu’on abroge leur régime spécifique de travail pour négocier une CCN au rabais !

Quels étaient les axes revendicatifs de ton syndicat ?

Dès la publication des premiers « rapports » parlementaires et gouvernementaux annonçant les grands axes de cette véritable contre-réforme, le syndicat CGT des cheminots de Versailles a mené une campagne de masse sur le site pour dénoncer cette véritable déclaration de guerre du gouvernement contre le corps cheminots. Nous avons diffusé des milliers de tracts, tenus des meetings publics, avec la présence de camarades de syndicats frères (RMT britannique et PAME grec) membre comme nous de la Fédération Syndicale Mondiale, pour décrypter cette réforme et comparer la volonté de notre gouvernement avec les « réformes » qui ont déjà eu lieu en Europe, comme en Angleterre ou en Grèce, dont les résultats furent catastrophiques, tant pour les usagers (hausse des tarifs, fermetures de lignes, sécurité ferroviaire en chute libre…), que pour les cheminots (suppressions de postes, accidents mortels, désorganisation du réseau, casse des conditions de travail, baisse des salaires et des pensions…).

Notre ligne était simple : Nous devons défendre le monopole public SNCF du transport de voyageur etrevenir sur l’ouverture à la concurrence au Fret dont les résultats sont catastrophiques, pour refondre une grande entreprise publique SNCF vouée non à la recherche du profit, mais à la satisfaction des besoins populaires en matière de transport ferroviaire de voyageurs et de marchandises.

Sur le volet social, nous refusons absolument l’abrogation du régime spécifique de travail des cheminots, et c’est tout naturellement que nous insistons sur la nécessité d’une harmonisation sociale par le haut, par l’intégration de TOUS les travailleurs du rail au statut, avec un régime spécifique unique au sein de la SNCF.

C’est sur ces bases que nous nous sommes inscrits massivement dans les mouvements de grève de 24h des 13 juin et 12 décembre 2013 et dans la manifestation nationale du 22 mai 2014, où 22 000 cheminots ont battu le pavé parisien (soit 15% de l’effectif national !). Dans le cortège du syndicat de Versailles, une vingtaine de camarades des syndicats RMT (Royaume-Uni) et USB (Italie), venus en délégation pour nous soutenir, suite à l’appel lancé par la FSM.

Mais face à un gouvernement PS qui semble prêt à se suicider politiquement en menant des attaques continues contre le monde du travail (ANI, pacte de responsabilité, réforme territoriale…) pour défendre les intérêts de classe du patronat et des monopoles financiers, nous n’avons jamais caché aux cheminots qu’il ne suffira pas de manifester ou de faire des grèves de 24h : la grève reconductible est nécessaire pour les faire plier !

Comment s’est déroulée la lutte sur ton site et plus largement en Ile-De-France ?

La grève reconductible nationale a commencée le mardi 10 juin à 20h.

Les remontées étaient très bonnes sur notre site, nous avions que se serait suivi, mais le gouvernement a été surpris par la force du mouvement au niveau national, et particulièrement en Ile-de-France, où d’habitude les chiffres sont très en-deçà de la province. Dès le premier jour, les grévistes étaient nombreux en AG et la combattivité était très forte, particulièrement chez les jeunes qui vivaient leur premier mouvement reconductible et qui voulaient se défendre contre cette attaque sans précédent du gouvernement.

Dès le premier jour, nous avons occupé pacifiquement le poste d’aiguillage de Versailles Chantiers et chaque jour des manifs, des rassemblements étaient organisés sur site ou sur Paris, avec parfois des « after », comme lorsque les grévistes sont allés occuper les voies à Paris Montparnasse ou le 19 juin quand les manifestants ont fini sous la Tour Eiffel !

C’est donc tout naturellement que quand le ministre Cuvillier, pris de panique seulement 2 jours après le début du conflit, a proposé des « amendements » au projet de loi (qui ne modifiaient le projet qu’à la marge) à la fédération CGT des cheminots et à Sud Rail, les AG de grévistes dans tout le pays ont massivement rejeté ces propositions.

Le fait que le lendemain le ministre ait décidé de passer en force en faisant signer ces propositions aux syndicats non-grévistes, CFDT et UNSA, a vraiment mis le feu aux poudres et les cheminots grévistes de tout le pays ont unanimement décidé de poursuivre et d’amplifier le mouvement !

As-tu une vision sur le déroulement de la grève au niveau national ?

D’après les nouvelles qu’on pouvait avoir, la détermination des grévistes était la même partout, grève massivement suivie, manifs et rassemblements et refus des calculs politiciens de Cuvillier.

Le mot d’ordre du retrait se faisait de plus en plus entendre dans les AG, et la revendication du « Monopole public SNCF » était reprise partout, y compris au plus haut niveau de notre fédération CGT des cheminots, qui était encore frileuse sur le sujet avant le conflit.

Malgré des convergences avec le combat d’autres secteurs en lutte, pourquoi la « coagulation » des luttes n’a pas été possible ?

Lorsque les premières convergences ont eu lieu avec les intermittents, tant en province qu’à Paris, il nous est apparu que cette « coagulation » des lutte devait devenir un enjeu pour gagner tous ensemble. Dans beaucoup d’AG, l’idée d’une confédéralisation du combat contre ce gouvernement de casse sociale était à l’ordre du jour. Il faut savoir qu’au même moment, en plus des intermittents, de nombreux centres postaux étaient en grève, mais aussi les territoriaux, sans parler des marins de la SNCM, qui souffre des mêmes problèmes et qui se préparaient à la lutte.

Oui beaucoup de CéGéTistes ont été scandalisés que la confédération ne prenne pas l’initiative d’avancer la mobilisation nationale du 26 au 19, ce qui aurait pu faire basculer les choses. Pire encore, les déclarations démobilisatrices de Thierry Lepaon sur les « avancées » obtenus lors du débat parlementaire ont été très mal ressenties à la base, c’est la moins qu’on puisse en dire !

C’est par nous-mêmes, par l’impulsion des secteurs parisiens en lutte, que l’UD de Paris et l’UR CGT d’Ile-de-France ont organisé « à l’arrache » la manif de convergence du 19 juin (qui s’est finit sous la tour Eiffel) qui a été un grand succès et nous a regonflés à bloc !

Cette impulsion a permis aux cheminots grévistes d’Ile-de-France de reconduire massivement la grève jusqu’au mardi 24, alors que la reprise se généralisait en province à partir de jeudi, faute de perspectives…

Quelle est ton analyse sur la position du PCF sur ce dossier et son action durant le conflit ?

Franchement, cela fait des mois que le dossier est sur la table et que le PCF en parle à peine (à part des sections locales), même pendant la campagne des européennes où le lien en 4° paquet ferroviaire et réforme ferroviaire était évident.

Mais surtout c’est l’ambivalence quant à sa position durant le conflit qui a beaucoup choqué les cheminots, y compris les sympathisants communistes et même de nombreux adhérents !

En effet, Pierre Laurent est venu faire un discours aux grévistes lors du premier rassemblement aux Invalides, le jour de l’ouverture des débats à l’Assemblée Nationale, j’y étais. Il nous a dit que la PCF serait notre « porte-voix » autant dans la rue, qu’au parlement, pour défendre nos revendications, dont acte.

Honnêtement, nous nous attendions à une bataille parlementaire homérique, sans illusions sur la possibilité d’infléchir les débats, mais le dépôt de milliers d’amendements pour y faire obstruction, afin de faire traîner pour nous soutenir dans la lutte et nous laisser nous battre « mano à mano » contre le gouvernement.

Nous espérions aussi une campagne active du PCF pour alerter les usagers sur les conséquences dramatiques pour eux de cette loi, peut-être même l’organisation d’une collecte nationale de soutien, comme en 1986…

Sauf que le soir même, on voyait le député Chassaigne défendre ses « amendements » au perchoir, copies conformes du texte signé entre Cuvillier et les syndicats jaunes UNSA et CFDT, c’est à dire des amendements à la marge qui ne modifient en rien le fond de la réforme, c’est à dire des amendements issus d’un texte UNANIMEMENT rejeté par les cheminots grévistes !

Donc, en toute logique, ses amendements ont été validés par le gouvernement et le député Chassaigne s’est tout simplement ABSTENU lors du vote de l’article 1 du projet de loi [dissolvant la SNCF], un véritable scandale !

L’image de cette bande de 32 notables qui votent la dissolution de la SNCF par 27 POUR et 5 CONTRE (une partie de la droite) et 1 ABSTENTION a tourné en boucle sur Facebook… Ce jour-là, il y avait plus de monde à l’AG des grévistes de Versailles pour voter la grève, alors où était la démocratie ?

Je ne parle pas de son interview clownesque chez Bourdin sur RMC [le 19 juin] où le député Chassaigne nous a carrément appelé à la démobilisation puisque ses amendements étaient retenus, le jour même où nous faisions une manif monstre à Paris contre cette nouvelle mouture de la réforme, où le secrétaire général de notre fédération a publiquement qualifié ces amendements d’ »enfumage » !

Tout cela a donné du PCF l’image d’un parti de politiciens combinant avec le PS, d’un parti déconnecté des lutte de classe en France, dont les députés s’entendent en sous-main avec le pouvoir pour nous faire « faire passer la pilule », et dont le chef de file à l’Assemblée appelle carrément les grévistes à la reprise alors qu’aucune de leurs revendications n’est satisfaite.

Par ailleurs, il faut rendre hommage à tous ces militants du « parti profond » à ces fédérations, à ces sections qui se sont jetés dans la bataille à nos côtés, sur les piquets, dans nos AG, dans les manifs et qui nous ont soutenus jusqu’au bout !

Je voudrai aussi rendre hommage aux responsables de sections, de fédérations ou des JC qui ont pris l’initiative de rendre publique une « lettre ouverte » aux députés PCF pour condamner la position défendue par leur porte-parole et les appeler à voter CONTRE la réforme. Il est évident que cela n’a pas été sans effet sur le fait que, contre toute logique vu le contexte que j’ai décrit plus haut, les députés PCF ont finalement voté CONTRE la réforme lors du vote solennel du projet de loi à l’Assemblée.

Il est d’ailleurs intéressant de voir que les prétendus « oppositionnels » de la majorité (EELV ou autres « frondeurs ») ont votés comme un seul homme la réforme ferroviaire !

Selon toi, quelle sont les perspectives de lutte pour la rentrée de septembre ?

Lorsque nous avons voté la suspension du mouvement, il était clair pour nous que le combat ne faisait que commencer !

La réforme ferroviaire a ouvert un cycle d’attaques sans précédent contre notre corporation, mais aussi contre la satisfaction des besoins populaires en matière de transport ferroviaire, car les usagers vont payer très cher la facture de la privatisation de la SNCF.

Mais le fait que le gouvernement ait réussi à gagner une bataille aussi symbolique contre les cheminots, dont la combattivité n’est plus à démontrer, va aussi donner des ailes au patronat et au gouvernement pour démultiplier les attaques contre l’ensemble de la classe ouvrière.

Il nous faut donc, dès aujourd’hui, continuer à travailler à la confédéralisation des lutte contre la généralisation des attaques que nous allons subir, construire ce fameux « tous ensemble » qu’on scande dans les manifs afin de défendre nos intérêts de classe sans concession.

Cela implique aussi une bagarre au sein de nos organisations historiques de la classe ouvrière, contre la démobilisation, le réformisme et l’opportunisme, pour nous remettre d’urgence sur les rails de la lutte de classe !