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Succès de la manifestation nationale du 9 avril : des militants, des salariés, disposés, décidés à affronter la politique du Medef

PCF Paris 15, 10 avril 2015

Une « très belle manif ». C’est l’impression revigorante que nous partageons de la mobilisation nationale à Paris, à l’initiative de la CGT (rejointe par trois autres syndicats), ce 9 avril, contre la politique antisociale du gouvernement.

Il y avait plus de 100.000 manifestants à Paris dans un défilé qui s’est étalé sur pas moins de quatre heures. Les manifestations en régions ont rassemblé entre 150.000 et 200.000 manifestants. Des grèves, notamment dans l’éducation nationale en Ile-de-France ont également été bien suivies.

 On n’est pas surpris que, malgré sa force, cette mobilisation aura à peine fait parler dans les médias, beaucoup moins que les divergences ou connivences stratégiques au sein de la famille Le Pen…

Mais on a pu apprécier, d’abord chez les militants et les salariés en lutte, une détermination nouvelle à aller à l’affrontement, une attente d’une ligne combative générale. Le lourd poids des illusions semées avant les élections de 2012, et de la désillusion qui s’en est suivie, commence enfin à être dépassé. Le cortège de la CGT, au moins 80% de l’ensemble, portait des revendications précises, secteur par secteur ou globalement, contre le projet de loi Macron notamment. Les grévistes de Radio France ont reçu hier aussi un soutien massif dans leur bataille d’enjeu national pour le service public.

Les communistes de la section du PCF Paris 15 défilaient avec leur syndicat ou tenaient un point de rencontre sur la manifestation. En jonction avec des camarades communistes de province, nous avons été plus de 70 à aller à l’échange sur la base du tract « La rupture politique passe par les luttes. Sonnons le signal de la riposte » (en lien).

Une nouvelle fois, nous avons constaté la force du repère de classe que représente notre emblème, la faucille et le marteau. Dans les très nombreuses discussions, il est arrivé, assez souvent, que l’on nous reproche – injustement car nous n’y sommes pour rien – l’alignement de la direction du PCF sur les différents camps de la social-démocratie, dernièrement aux élections départementales. Beaucoup de conversations ont porté sur la situation de la CGT, entre espoir et volonté d’intervenir pour que les récents changements de dirigeants se traduisent par une ligne plus révolutionnaire.

L’état d’esprit général était à éviter toute nouvelle perspective illusoire de changement aux élections de 2017, toute diversion du moteur de l’alternative politique, les luttes. Nous avons soumis nos analyses et nos propositions de luttes convergentes, constatant que c’est cela que l’on attend du PCF.

Cette mobilisation, la première vraiment réussie depuis plusieurs années, peut et doit amener d’autres mouvements forts, dans les entreprises et dans le pays. Le 1er mai est la prochaine étape nationale du mouvement d’ensemble attendu et à construire. Communistes, toutes nos actions iront dans ce sens.

Comme tous les manifestants d’hier, nous sommes « regonflés » !

Analyse du KKE: Sur la dangereuse et trompeuse campagne prétendument de « solidarité avec le peuple grec »

Salidarité? Avec Syriza comme la Banque Lazard?

Analyse de la Section des relations internationales du CC du KKE

6 février 2015, traduction (depuis l’anglais) par vivelepcf

A moment où les discussions et rencontres engagées par le nouveau gouvernement SYRIZA-ANEL sont en cours à un niveau international, avant l’ouverture des négociations officielles avec les « partenaires européens » et les « créanciers », certaines organisations étrangères lancent une « campagne de solidarité avec le peuple grec et son gouvernement de gauche ».

Mais, si l’on regarde avec objectivité les conditions et les faits réels, on doit constater que figurent au centre des négociations les questions suivantes :

-          comment le peuple grec va continuer à payer, au prix fort, la dette qu’il n’a pas créée

-          comment la compétivité des entreprises va être renforceé

-          comment les « réformes » vont être poursuivies (ce qui, comme l’a souligné le premier ministre Alexis Tsipras, lors de sa rencontre le 4 février avec le président français F. Hollande, constitue un objectif du gouvernement que personne ne lui impose de l’extérieur)

-          combien d’argent frais sera assuré pour la remise sur pied du capital

Il faut se rappeler que le gouvernement de coalition SYRIZA-ANEL a clairement indiqué

-          que le nouveau programme se fera en accord avec les créanciers,

-          que tous les engagements avec les « prédateurs des marchés » seront respectés, ce qui signifie que le peuple continuera à payer pour les prêts,

-          qu’il travaillera à sauver «  notre maison commune européenne », l’Union européenne, qui est une union impérialiste,

-          qu’il honorera ses « obligations » vis-à-vis de l’OTAN. Il est ainsi caractéristique que le nouveau gouvernement ait voté en faveur des sanctions de l’Union européenne contre la Russie, les mêmes sanctions qu’avait votées le précédent gouvernement. La coopération entre la Grèce et Israël est aussi assurée de continuer.

Quand SYRIZA et ses alliés étrangers parlent de « fin de l’austérité », en réalité, ils parlent de soutien au capital et de poursuite du « mode de vie frugal » du peuple, tel que le nouveau ministre des finances, Y. Varoufakis, en a présenté la nécessité. Les travailleurs vont continuer à subir l’appauvrissement, l’amputation de leurs droits et de la réponse à leurs besoins, même si quelques rares mesures sont mises en œuvre pour contenir l’extrême pauvreté comme le gouvernement de coalition SYRIZA-ANEL l’a promis.

En aucun cas, les travailleurs des autres pays ne doivent devenir les supporters [Cheerleaders = pom-pom girls, NDT] de négociations étrangères aux intérêts des travailleurs de Grèce. Il s’agit d’une campagne orchestrée par le « Parti de la Gauche Européenne » et d’autres résidus de la lutte des classes, comme le Parti communiste des États-Unis. Les travailleurs des autres pays doivent être solidaires du mouvement de classe ouvrier et populaire qui appelle les travailleurs et les couches populaires à se battre pour reconquérir les acquis perdus pendant la période de crise, pour sauvegarder l’état actuel de leurs droits et de la satisfaction de leurs besoins et pour créer les prémices d’un changement de classe au pouvoir.

La perspective politique bloque les luttes de travailleurs ? Seules les luttes peuvent débloquer la perspective politique !

Contribution à la mobilisation contre l’austérité du 15 novembre 2014, adressée aux manifestants parisiens, par PCF Paris 15

Manifester pour préparer de bonnes primaires à « gauche » en 2016?


41 milliards d’euros par an pour le patronat, 50 milliards d’euros de coupes des budgets publics et sociaux : Hollande et Valls sont en train de réaliser le plus grand transfert – en un coup – du travail, des différentes formes de salaire socialisé vers le capital. Ils ont osé appeler cela le « pacte de responsabilité ». La Sécurité sociale, dans toutes ses branches – retraite, maladie, famille – est, notamment, directement attaquée.

En rien, communistes, nous ne sommes surpris des orientations de Hollande. Refuser un nouveau blanc-seing à Sarkozy en 2012 ne signifiait en rien une confiance dans Hollande, son complice dans la campagne du référendum européen de 2005. Très lourdes sont les responsabilités de ceux qui ont semé des illusions sur l’alternance avec Hollande en 2012. Ils ne sont pas drôles quand ils font semblant de découvrir aujourd’hui leur « erreur ».

Nous pouvons encore moins aujourd’hui – alors que le système a recours de façon renouvelée aux extrêmes-droites – laisser l’aspiration au changement et les luttes qui l’expriment être canalisées à « gauche » dans une nouvelle illusion électorale d’ici 2017 : Pas plus la reconstitution d’une alternance réformiste avec des « frondeurs » sur la base du programme de Hollande de 2012 que le recours à un gauchisme institutionnel derrière tel ou tel sauveur populiste !

La perspective politique de changement ne peut partir que des luttes, de l’analyse de la situation, des enseignements de la dernière période.

 

La politique de Hollande, prolongeant celle de Sarkozy, suscite un rejet très large. Les désaveux électoraux cinglants enregistrés par le gouvernement en 2014 en ont été une illustration. Mais cela n’empêche pas – au contraire – le pouvoir, avec maintenant Valls, de charger la barque des mauvais coups. La « réforme » territoriale s’apprête à accélérer la destruction des services publics et de la démocratie locale en façonnant une France néo-féodale suivant le modèle de « l’Europe des régions » conçue pour être asservie aux puissances d’argent. SNCF, Poste : la casse structurelle des grands services publics nationaux est accélérée. PSA, Alstom etc. : L’Etat appuie les restructurations capitalistes dans l’industrie détruisant la production en France répondant aux besoins de la population.

Pourtant – CONSTATATION ESSENTIELLE – pas plus que Sarkozy et Fillon, Hollande et Valls ne remportent la bataille des idées.

Ni les uns ni les autres n’osent plus vraiment brandir le prétexte des contraintes européennes et la défense de l’euro pour justifier leur politique de casse sociale. Le rejet de classe de l’Union européenne a encore progressé. Le chantage aux « déficits publics » à combler tient encore moins. Il est tellement évident que c’est eux-mêmes qui les creusent. Le scandale à épisodes de l’écotaxe, gabegie d’Etat portée par deux gouvernements successifs, finit d’éclater : des centaines de millions d’euros d’argent public balancés par la fenêtre par an au nom de la défense de l’environnement !

La propagande de l’idéologie dominante, à défaut de convaincre, vise bien plutôt à pousser à la résignation, au repli sur soi, à la haine ou à la violence sans cause.  Le gouvernement se montre très complaisant avec les mouvements les plus réactionnaires, invités à s’emparer du pavé : patrons routiers, notaires, lobbys « familles ». A l’inverse, il fait déverser des torrents d’injures contre les mouvements de salariés en lutte, comme celui des cheminots en juin.

Tout est fait pour minimiser l’essentiel : l’existence et la recherche de luttes sociales organisées contre la politique au service du capital. Parce que les forces existent dans notre pays pour la mettre en échec.

Pour nous communistes, la question primordiale reste plus que jamais : « Sur quoi bute le mouvement social ? ». Revenons sur plusieurs expériences récentes :

En 2009, des millions d’usagers ont exprimé leur rejet de la casse du service public postal.  Mais le mouvement a été canalisé vers l’illusion d’un changement électoral en 2012 et dévié de la remise en cause fondamentale des directives européennes de concurrence. Aujourd’hui la direction de La Poste, sous la tutelle de Montebourg jusqu’en septembre, a supprimé 6000 emplois depuis le début de l’année, augmente le prix du timbre de 15%, prépare la liquidation de l’essentiel de la branche courrier. Pourtant des dizianes de luttes dans le pays, faisant jonction souvent avec le rejet de la « réforme » territoriale se développent et attendent un axe de convergence. Communistes, nous travaillons à NATIONALISER LA BATAILLE POUR LA POSTE.

En juin 2014, les cheminots ont mené une bataille de très haut niveau contre la « réforme ferroviaire ». Ils ont pris à contrepied le gouvernement qui avait anticipé une petite grève de principe qu’auraient désamorcée quelques amendements parlementaires de convenance. La force, la conscience, la jeunesse de l’action des cheminots préservent aujourd’hui les possibilités, dans cette entreprise cruciale pour le mouvement ouvrier et ses acquis sociaux, de nouvelles luttes contre l’application de la loi de dissolution de la SNCF et du statut des cheminots.

Des démonstrations importantes ont été faites. La recherche de l’unité la plus large des organisations, y compris avec des organisations réformistes et de collaboration, est une impasse pour le rassemblement dans l’action. La « gauche » gouvernementale – « frondeurs » compris – a fait corps dans les institutions lorsqu’il a fallu contrer le mouvement ouvrier. Les mots d’ordre de repli  – « une autre réforme » -ne mobilisent pas efficacement. Les solidarités internationales ne peuvent se faire que contre les directives de l’Union européenne. Le mouvement de solidarité et de convergence avec les cheminots n’a pas été organisé au niveau nécessaire. La journée d’action, de grève et de manifestation organisée par toutes les organisations CGT des transports le 4 novembre a commencé à corriger cette situation. Communistes, nous mettons en avant le mot d’ordre : DEFENSE, RECONQUETE, EXTENSION DES MONOPOLES PUBLICS DES TRANSPORTS.   

Pour la Sécurité sociale, pour la défense de la retraite à 60 ans, nous avons été des millions à défiler en 2010, avec l’appui de plus de 70% de la population. Cette mobilisation, organisée sans véritable appel à la grève, s’est dissoute dans la perspective vague d’un changement après les élections de 2012. Les illusions ont fait long feu. Mais elles nourrissent toujours aujourd’hui, gravement, le désengagement, sur la base de la déception, des tromperies. Nous ne faisons pas partie de ceux qui ont participé à propager ces illusions. La Sécurité sociale est sans doute un des domaines qui souffre le plus visiblement du système politique d’alternance « gauche », droite et de la répartition des rôles entre elles. La droite attaque les prestations – retraite à 60 ans -, la « gauche » détruit le financement avec les exonérations de cotisations patronales imposées avec les prétendues « 35 heures » d’Aubry ou maintenant le « pacte de responsabilité ». Communistes, nous mettons les luttes pour la sécurité sociale, l’hôpital public, les retraites et allocations familiales au centre, avec la priorité de LE DEFENSE INTRANSIGENTE DU FINANCEMENT SOLIDAIRE PAR LA COTISATION (contre la CSG notamment).

Industrie, Florange, PSA, Alstom : le jeu hypocrite du pouvoir a été démasqué. La « nationalisation » partielle d’Alstom va permettre à Bouygues et ses autres actionnaires de toucher 4 milliards d’euros pour la prise de contrôle de l’Américain General Electric ! OUI A DE VRAIES NATIONALISATIONS DEMOCRATIQUES !

Pour nous, communistes, les enseignements de ces luttes, de leurs limites, de leurs possibilités, sont capitaux. La perspective politique part de leur développement, loin de toutes les combinaisons politiciennes.

Les mobilisations « indignées » contre le système ne suffiront pas. Elles laissent la porte ouverte à toutes les récupérations par les politiciens soucieux de reconstituer une option d’alternance « à gauche » réformiste avant 2017, ou de canaliser la colère vers un « populisme de gauche ».

Le système d’alternance droite/gauche ne peut plus tromper personne. La perspective peut, moins que jamais, être l’échéance institutionnelle de 2017, sur laquelle toute l’attention est rivée. La droite, incapable de se différencier de Hollande sur le fond, va continuer à radicaliser son discours. La « gauche » et le PS tentent de séparer leurs équipes et de recréer une nouvelle illusion à « gauche » avec les députés frondeurs, des personnalités comme Mme Aubry, sur la base du programme « amélioré » de Hollande en 2012… Qui sera dupe de « primaires » en 2016 ou de l’arrivée d’un sauveur providentiel qui fait semblant de découvrir que Hollande n’est pas de « gauche » ?

Devant le discrédit croissant de ce système d’alternance, arrivé au bout, ses tenants ont recours, d’une façon renouvelée, à l’extrême droite, mise en avant jusqu’à la nausée, version Marine Le Pen, pour détourner les colères d’une part, pour valider un consensus politique minimum d’autre part.

La politique ne peut être séparée de la lutte des classes ! Celle-ci doit être replacée au centre de la politique.

Communistes, nous refusons la répétition, toujours en pire, de ce scénario politicien, dans un contexte noir d’exacerbation mondiale des tensions inter-impérialistes, d’implication de notre pays dans les guerres d’Irak, de Syrie et d’Afrique. 30 ans d’alternance, sur fond d’affaiblissement des organisations révolutionnaires historiques de la classe ouvrière en France, ont amené notre pays au bord de la situation politique des Etats-Unis, sous la domination de l’idéologie européenne.

Poste, services publics des transports, sécurité sociale, industrie : nous nous efforçons de contribuer à des luttes partout immédiatement. Services, droit au logement, partout des luttes locales s’élèvent. Les femmes de ménage des hôtels Hyatt et Royal Monceau ont arraché la reconnaissance de leurs droits. 2000 salariés du commerce se sont rassemblés boulevard Hausmann le 14 novembre contre l’extension du travail du dimanche. Toutes ces batailles portent les autres et participent à la perspective politique globale de changement.

Ruptures avec l’UE, refus de ses directives, convergences pour défendre la Sécurité sociale, les services publics, le droit du travail, nationalisations démocratiques : La situation est explosive, Organisons notre colère !  

Après la lutte des cheminots, des débats animent la CGT : c’est très bien ! Le PCF est également concerné.

Vivelepcf, 6 juillet 2014
La grève des cheminots contre la « réforme ferroviaire » a été suspendue le 25 juin.
« Suspendu » : souvent, le mot est utilisé comme un euphémisme pour atténuer un revers. Dans ce cas, pas du tout ! La lutte a éclairé les vrais enjeux dans le pays. Elle a montré aux cheminots leur propre force. Elle a ravivé d’autres luttes. La bataille du rail, contre l’application de la « réforme », contre le processus de mise en concurrence, contre la suppression des dispositions du statut social des cheminots, ne fait que commencer.
La période est maintenant, notamment pour les syndiqués CGT, de la SNCF comme plus largement, d’une autre façon pour les militants du PCF, à faire l’examen nécessaire du déroulement et de la conduite du mouvement.
La ligne des différents échelons de la CGT est mise en débat. C’est une très bonne chose. Des décisions sont à prendre dès à présent, dans cette situation nouvelle.
Les 7 et 8 juillet, le pouvoir convoque les organisations syndicales à sa « 3ème conférence sociale » avec les organisations patronales. De nombreuses organisations de la CGT appellent leur direction confédérale à ne pas y participer contrairement aux années précédentes.
Nous reproduisons trois motions dans ce sens ci-dessous. (UL Paris 15UD ParisSyndicat des Cheminots de Versailles)
Le fond de cette décision ne porte pas sur l’annonce par Valls d’un nouveau report du projet prétendument destiné à « prendre en compte » la pénibilité des carrières. Il ne se trouve que quelques petits patrons butés de la CGPME pour ne pas avoir compris qu’il s’agit d’un dispositif conçu politiquement et socialement dans l’intérêt du patronat (voir notre dernière analyse en lien). A se demander si ce n’est pas une diversion.
Non, la « conférence sociale » vise avant tout à faire avaliser le « pacte de responsabilité », à donner l’illusion que les 41 milliards d’euros de cadeaux au capital et les 5 autres milliards prélevés sur la sécurité sociale résulteraient d’un accord social.
La direction de la CGT s’est impliquée fortement, d’une façon inédite, dans la campagne pour François Hollande avant 2012. Les immenses mobilisations, par exemple de 2010 pour les retraites, ont été renvoyées implicitement à la perspective d’alternance politique. La désillusion est à la hauteur des illusions semées.
Des militants et responsables CGT s’interrogent sur le retard à corriger cette ligne et ses raisons, malgré l’évidence. La participation aux conférences sociales des deux dernières années l’a manifesté.
Cette année, la décision d’organiser une journée nationale de manifestation le 26 juin pour peser sur la 3ème conférence s’est traduite par un échec total, d’autant plus frustrant qu’à quelques jours près, la jonction aurait pu être faite avec la lutte des cheminots.
Il est frappant que la réunion du Comité confédéral national des 14 et 15 mai n’ait pratiquement pas abordé la riposte à la « réforme ferroviaire », à quelques jours de la manifestation nationale cheminote du 22 mai.
La lutte des cheminots a mis en évidence une forme de résignation dans les positions des dirigeants confédéraux, résignation notamment à l’Union européenne, allant de pair avec un manque de confiance dans les luttes.
Patronat, PS et UMP n’ont pas manqué de rappeler tout le long de la discussion le rapport de Thierry Lepaon, rendu au Comité économique et social en 2012, avant son accession au secrétariat général. Il y faisait des propositions précises pour l’aménagement de l’ouverture des trains régionaux à la concurrence, dès 2015. Pourquoi ne pas avoir renié ce rapport, du moins l’avoir remis à sa place ?
Pendant la grève, Lepaon a donné l’impression de sous-estimer la force du mouvement, de chercher à le contenir. Sa lettre proposant une conciliation à Hollande trois jours après le début de la grève, avant la discussion parlementaire n’a pas été comprise par les grévistes et les syndiqués. Les « avancées » parlementaires qu’il a cru bon de reconnaître dans les médias ont été qualifiées « d’enfumage », de dispositions « de surface » par la fédération CGT des cheminots.
Ces prises de position de la direction confédérale n’ont pas aidé le mouvement. Elles ont semé un certain désarroi.  
Du débat de fond qui s’ouvre maintenant dans la CGT ressort déjà un autre enseignement issu de la lutte cheminote. La lutte a été largement plus rassembleuse à l’appel de deux syndicats sur des bases claires, qu’elle ne l’avait été avec des syndicats tièdes précédemment, démasqués dans leur attitude de collaboration depuis.
Les similitudes entre la situation de la CGT et celle du PCF, à la lumière de la lutte cheminote, sont flagrantes.
Le décalage est le même entre les directions et l’état d’esprit des cheminots et militants en lutte.
Le porte-parole du Front de gauche à l’Assemblée, André Chassaigne, a démarré sur des positions de repli, s’abstenant en commission sur la contre-réforme, puis après en séance publique sur son article 1 actant la dissolution de la SNCF. Comme Thierry Lepaon, il a lourdement mis en avant le 19 juin les pseudo-avancées déjà concédées par le ministre à l’UNSA et à la CFDT.
In extremis, le vote négatif des députés communistes, obtenu sous la pression, a tenté de corriger le tir, fermant également, au passage, la perspective de « rassemblement » avec les alter-ego politiques de l’UNSA et de la CFDT, les PS aubryistes « frondeurs ».
Dans les régions, les vice-présidents PCF, affectés aux transports dans les exécutifs de « gauche », « gèrent » (au moins mal ?) et anticipent la marchandisation. La nouvelle convention signée entre la région Centre et la SNCF autorise les TER sans contrôleurs.
Les directions du PCF n’ont pas préparé et organisé une riposte nationale à la « réforme ferroviaire ». Il a fallu attendre la réunion du Conseil national des 14 et 15 juin pour voir une déclaration nationale en phase avec le mouvement. L’opposition à la « réforme » a été quasiment absente de la campagne du Front de gauche aux européennes, malgré le lien direct entre l’UE et les politiques de casse des services publics. Dans un tract 4 pages invitant à une réunion sur les transports, Patrick Le Hyaric – est-ce un oubli ou un acte manqué ? – parvient à ignorer complètement la réforme en France pour ne parler que du Parlement européen. Le 27 mai, au lendemain des européennes, 5 jours après la manifestation géante des cheminots à Paris, la seule interpellation à engager la bataille contre la « réforme » au Conseil départemental du PCF Paris n’obtient pas une seule réponse !
Les similitudes entre la CGT et le PCF ne sont sans doute pas fortuites. Les communistes ont besoin de débats aussi sains et nécessaires que celui qui se rouvre à la CGT et que nous suivons avec toute notre attention.