CN du PCF du 13 octobre 2012 – intervention de Dominique Negri (Isère) – Congrès du PCF
Conseil national du PCF des 13 et 14 octobre 2012, Intervention de Dominique NEGRI, fédération de l’Isère, à propos de la proposition de « base commune » du 36ème congrès
La proposition de texte pour le 36ème congrès est tombée hier sur ma boite internet. Décidément pour ce congrès, la direction fait le choix de la précipitation. C’est injustifiable surtout après avoir attendu 4 ans et demi pour convoquer un nouveau congrès statutaire.
J’entends beaucoup parler de démocratie, de transparence, de débat collectif. Mais je constate que sur la forme, certaines positions et certains communistes sont « plus égaux que d’autres ». Il est inacceptable que la direction propose de noyer le texte alternatif, statutairement collectif, avec des contributions individuelles qu’elle aura choisies dans les documents envoyés aux communistes.
Je n’en dis pas plus sur la forme.
Sur le fond aussi, le texte proposé est affligeant. Mais son indigence ne doit pas masquer la gravité des objectifs évoqués par Pierre Laurent dans son interview à Libération le 15 août ou, d’une autre façon par Patrice Bessac dans son rapport au CN du 13 septembre : un congrès de Tours à l’envers, ni plus, ni moins.
Quelle distance entre le texte proposé et les attentes des travailleurs, les luttes, pour ne pas parler du changement de société ! Contrairement à d’autres ici, je pense qu’une perspective révolutionnaire, en l’occurrence le socialisme, est porteuse d’une dynamique de rassemblement, encore plus dans la période de crise aiguë du capitalisme.
Mais tous devraient reconnaître que ce texte déconsidère le PCF. C’est très grave.
Ce texte est un nouveau reniement « honteux » et repentant des fondements et de l’histoire de notre Parti. Tout réduire à Jaurès, c’est bien pratique : c’est antérieur au Congrès de Tours.
Ce texte passe à côté de l’analyse de la crise structurelle du capitalisme, à l’origine de la rigueur appliquée aux peuples. L’outil marxiste est délaissé. Cela fait partie aussi des reniements.
Ce texte refuse de faire une analyse de la politique du PS. Après la droite, la « gauche » avec l’austérité « juste » poursuit dans la même direction et ouvre la voie au FN. Sans cette analyse, notre parti ne pourra pas porter les campagnes nationales de rupture indispensables pour commencer à inverser cette politique, comme par exemple un large programme de nationalisations.
Contre l’UE, l’abandon des positions historiques du PCF laisse un champ libre au nationalisme du FN. Le texte pose d’amblée l’illusion, celle que nous avions toujours condamnée, d’une « réorientation » de l’UE du capital. Je me permets de vous renvoyer à l’analyse toujours si pertinente de Lénine en 1915 mettant en garde contre la « fausseté du mot d’ordre de création des Etats-Unis d’Europe ».
La question de l’appartenance de notre parti au PGE doit être absolument reposée à la lumière de l’expérience de l’action de cette machine à déconstruire les partis communistes en les enfermant dans l’idéologie européenne.
Mais ce qui m’étonne le plus dans le texte, c’est la quasi-absence du terme « Front de gauche », cette orientation stratégique décidée unilatéralement par la direction et qui a étouffé toute la vie du Parti pendant les campagnes électorales successives.
Quoi qu’on dise ici, il y a une vraie inquiétude parmi les communistes sur la stratégie du Front de gauche et la poursuite de l’effacement du Parti.
Aucun bilan n’est dressé, même sur le résultat en termes d’élus communistes : moitié moins ! Une avancée dites-vous ?
En écartant les communistes une nouvelle fois, on s’achemine vers des choix stratégiques unilatéraux tels que ceux que nous subissons depuis 4 ans.
Pour moi, il faut éclaircir les choses, à partir de l’expérience :
- Le Front de gauche ne correspond pas à une forme d’union politique d’organisations représentatives dans la lutte des classes. C’est une structure électoraliste affiliée à la social-démocratie, étouffant la raison d’être du PCF. Rien que le mot d’ordre « l’humain d’abord » est une négation de notre point de vue de classe.
- Le Front de gauche peut se constituer en nouveau parti avec ceux qui en feront le choix. Mais je me battrai contre toute possibilité de double-appartenance PCF/FdG telle que nos statuts actuels l’exclut encore.
- Le Front de gauche ne peut pas être une structure officieuse, comme c’est le cas aujourd’hui, décidant de tout à la place des communistes des circonscriptions au national, réduisant notre CN à la fonction d’une chambre d’enregistrement. Au demeurant, le nom « Front de gauche » est la propriété intellectuelle, je le rappelle, du PG.
En bref, un seul choix est possible : Communiste ou membre du Front de gauche.
Le texte proposé ne répond en rien aux questions importantes que se posent les communistes et les travailleurs. Il n’est pas simple, il est simpliste.
Il n’est pas amendable sinon par un amendement de suppression générale. Aussi, j’annonce que je ferai partie de ceux qui travailleront à un texte alternatif permettant d’impulser les débats sur les vraies questions, ouvrant des perspectives de luttes politiques sur des perspectives de ruptures immédiates correspondant aux réalités de la lutte des classes, notamment la rupture avec l’UE du capital et l’euro, portant une perspective révolutionnaire, celle du socialisme.
Ni effacement, ni abandon, un Parti résolument communiste dans l’affrontement de classe.