Déclaration des initiateurs de la démarche et du texte alternatif « PCF : reconstruire le Parti de classe. Priorité au rassemblement dans les luttes », 1er juillet 2018 

Plusieurs d’entre nous ont été sollicités par des membres de la direction du Parti et par des initiateurs d’un texte alternatif au 37ème (« Unir les communistes ») pour rallier, pour le 38ème congrès, un texte alternatif porté par différents groupes de dirigeants du Parti.

Pour nous, ce n’est pas concevable. Notre démarche de reconstruction du parti de classe, après 25 ans de mutation-liquidation du PCF, est à l’opposé de la leur.

Nous donnons la priorité au rassemblement à partir des luttes. On nous propose de déjeuner dans une auberge espagnole tenue par une équipe de cuisine hétéroclite, allant de partisans de la « mutation » lancée par Robert Hue (ceux que la presse appelaient les « huïstes »), à des « identitaires », en passant par la section économique de la direction.

Nous voulons afficher, vers le monde du travail en particulier, la volonté de rupture avec la ligne de reniement de la raison d’être du PCF. Nous voulons montrer que le PCF ne se réduit pas aux groupes dirigeants qui l’ont mise en œuvre depuis 25 ans. On nous propose maintenant de faire une fusion « tactique » avec plusieurs d’entre eux ! Ce n’est pas imaginable. Le texte proposé reprend les notions fumeuses et trompeuses de « visée communiste » et de « dépassement du capitalisme » qui ont servi à abandonner les positions de rupture et l’objectif de la rupture socialiste. Il porte, tout comme celui du CN, les positions de la section éco qui, depuis les « nouveaux critères de gestion », en passant par les « pôles publics », les aides aux patrons vertueux, jusqu’à maintenant l’illusion de la subversion des banquiers de la BCE (!), ont couvert les méfaits de la « gauche plurielle » et les abandons de position de résistance du Parti, notamment pour les monopoles publics et contre l’UE. Nous sommes plus que jamais en désaccord avec ces positions néfastes. Nous respectons ceux qui les assument mais il n’est pas question pour nous de servir de caution et de rabatteurs « identitaires » pour la démarche qu’ils portent. Ce serait de l’hypocrisie.

Nous voulons engager, poursuivre, à partir des sections, la reconstruction du Parti de classe, avec, sans ou malgré les dirigeants nationaux. On nous propose une démarche politicienne, attrape-tout, électoraliste en interne du PCF pour le vote d’octobre sur les textes de congrès. La perspective qui ressort du texte Chassaigne+économistes+identitaires  [désigné Chassaigne+ ou "attrape-tout" par la suite] est clairement l’éviction de Pierre Laurent. Parallèlement, de « jeunes » dirigeants, « trentenaires », ont fait publier, dans la presse bourgeoise, leur disponibilité à la satisfaction de leur ambition, en remplacement de l’équipe Laurent (février). « Révolutionner le parti » par la lutte des places, c’est finir de tourner en rond et de s’enfoncer !

Il serait totalement injuste, du côté des initiateurs du texte, de faire porter aujourd’hui au seul Pierre Laurent les conséquences des choix politiques de tout l’appareil, et de le démettre, comme ça, comme hier Hue fut évincé au profit de Marie-George Buffet.

Le processus d’abandon de la raison d’être du PCF, du marxisme et du léninisme, après la chute de l’URSS, suivant des exemples comme celui du PC italien, ont amené un appareil à rechercher sa préservation, pour lui-même, dans un nouveau contexte de la lutte des classes mondiale et nationale, au prix du bradage de notre patrimoine politique. La transformation en parti institutionnel, en parti d’élus dans la démocratie bourgeoise, s’est aggravée au point de devenir caricaturale. En 2017, le PCF gagne des députés en réalisant le plus mauvais résultat de son histoire, frôlant l’insignifiance (1,23% des inscrit, 0,8% sans les candidats soutenues par la FI ou le PS). De la même façon, le choix de la soumission au social-libéralisme de Delanoë-Hidalgo, en 2014, a rapporté des sièges à Paris, hors de proportion avec l’influence modeste de ses élus. Il en est résulté un discrédit politique national pour le PCF, qui a profité à Mélenchon.

Pierre Laurent a pris sur lui en 2017, certes lamentablement, notamment au niveau communication, le pari spéculatif du meilleur candidat social-démocrate à qui se rallier (Mélenchon plutôt que Montebourg ou Hamon) puis des négociations jusqu’à l’humiliation publique avec la FI et le PS pour aboutir à conserver et même gagner des députés. C’est peu honorable. Mais toute la direction est liée à ces positionnements tactiques, résultant du fond de la ligne d’abandon politique.

A la veille d’un congrès, demander un bilan, c’est la moindre des choses. La proposition de base commune du Conseil national le fait, n’hésitant pas à user de mots durs sur Mélenchon. Le texte Chassaigne+ en rajoute un peu, à coup de « y a qu’à, faut qu’on » évasifs. Mais tout cela, avec un peu d’autocritique, ne coûte pas cher. Il s’agit de se dédouaner pour poursuivre, après coup, les mêmes orientations. Pour paraphraser Jean Ferrat (« Le Bilan »), « une erreur c’est facile, comme 1 et 2 font 4,  pour barrer d’un seul trait des années » d’orientations liquidatrices… Dire que, quand nous informions, dès 2008, sur les positionnements de Mélenchon (ex : son vote pour Maastricht en 1992) ou en 2013/2015 sur ceux de Tsipras, les mêmes nous traitaient de calomniateurs…

Le texte du CN, comme celui Chassaigne+ font une priorité des places d’élus et des élections, là où nous pensons qu’elles doivent être subordonnées à la présence du Parti dans les luttes. De la même façon, les deux textes des groupes dirigeants posent le principe d’une candidature communiste aux présidentielles de 2022. C’est aussi gratuit que trompeur : il y aura un autre congrès entre temps. Nous rappelons que la position Chassaigne+, fin 2016, était de présenter une candidature virtuelle, provisoire, avant l’issue de la primaire du PS… Il faut se souvenir aussi de l’engagement de certains secrétaires fédéraux dans le projet aberrant de « primaires de la gauche », début 2016, dont Mélenchon a tiré profit.

Aujourd’hui, les deux groupes de dirigeants – texte du CN et texte Chassaigne+ – s’entendent exactement sur la plus grande entourloupe de ce 38ème congrès, tout sauf « extraordinaire », calculé pour court-circuiter les communistes.

Les décisions structurelles de fond, recomposition politique de la social-démocratie, acceptation de l’UE avec le PGE, sont prises en parallèle du congrès, en doublant l’expression des communistes. Souvenons-nous qu’en 2008, la direction avait procédé de la même façon en imposant le « Front de gauche » avec Mélenchon, après le vote des textes du 34ème congrès. Cette année, le congrès n’a « d’extraordinaire » que son avancement de 6 mois, pour laisser pleine latitude aux arrangements politiciens sur les listes aux européennes, empêcher les communistes de s’exprimer au moment décisif. De façon inacceptable et anti-statutaire, la ligne politique pour ces élections a déjà été fixée au CN de mars 2018 et le candidat  « chef de file/tête de liste virtuelle » a déjà été désigné à celui de juin. Il s’agit de Ian Brossat, un des bras droits de la municipalité ex-Delanoë/Hidalgo de Paris. Brossat est, dans les faits, déjà érigé porte-parole du PCF.

Le 2 juillet, Chassaigne coprésidera, aux côtés de Pierre Laurent, un meeting national derrière Brossat, sous la ligne du PGE, « eurocronstructive », et les projets de recomposition politique intégrant le PCF à la recomposition social-démocrate (l’objectif de rassemblement de la « gauche » anti-Macron est déjà posé).

Tout le reste n’est que baratin, hypocrisie et tromperie ! A commencer par le texte « alternatif » qui nous est demandé de rallier !

La direction réformiste du PCF a deux fers au feu pour canaliser les communistes tout en gérant ses rivalités internes.

La lutte actuelle pour le service public nationalisé SNCF donne une illustration concrète des positions des uns et des autres. Notre proposition de lancer une campagne nationale contre la casse du monopole public, contre la transformation en sociétés anonymes, contre la fin du statut a été ignorée ou rejetée (violemment par Pierre Laurent). Notre initiative n’a été portée, mais avec un bon écho, notamment chez les cheminots, que par des organisations locales du PCF.

Pendant ce temps-là, les initiateurs du texte Chassaigne-économistes renvoyaient à une pétition pour faire  « pression sur le conseil d’administration de la Banque centrale européenne pour infléchir la politique de Quantitative Easing de la BCE vers la création d’un fonds de l’UE pour les services publics, permettant la reprise de la dette SNCF et des investissements, par de la création monétaire ». Sans commentaire ! Le salut par les institutions supranationales de l’UE dont nous combattons l’application de la politique en France, contre la SNCF ! La question de la dette de la SNCF, importante, est de toute évidence subordonnée au statut de l’entreprise : on sait, depuis le départ, que l’Etat la fera payer aux contribuables s’il gagne la transformation en société anonyme privatisable.

Sur la SNCF, de façon gravement marquante, en mai 2014, le député Chassaigne, représentant la direction du Parti, s’abstenait à l’Assemblée nationale sur la dissolution de la SNCF historique et, en juin, appelait à terminer la grève sur la base des amendements arrangés entre gouvernements et syndicats réformistes. Nous ne partageons pas cette conception défaitiste du combat de classe !

A l’occasion du 38ème congrès du PCF, nous utiliserons toutes les possibilités pour renforcer notre démarche de reconstruction du Parti de classe et déposerons, le 6 juillet, un texte alternatif.

Nous constatons, parmi les travailleurs, dans toute la population, l’aggravation de l’effacement du Parti, chez les communistes, un nouvel éloignement, du désengagement, de colère. Il faut prendre en compte que cela fait partie pleinement de la stratégie de liquidation du PCF que nous contrecarrons.

Nous ne laisserons pas faire. Comme pour la SNCF, contre la mort programmée du financement solidaire de la sécurité sociale (CSG + prélèvement à la source), pour la paix et le désarmement, etc. nous appelons à s’exprimer, agir, s’organiser pour reconstruire notre parti de classe, le PCF. Dans la fidélité (et la critique positive) à ce qu’il représente dans l’histoire de notre pays, à ce que le mouvement communiste a porté pour l’émancipation humaine dans le monde, au marxisme et au léninisme.

Nous appelons ceux qui ne connaissent pas notre démarche à prendre connaissance de notre texte de congrès « PCF : Reconstruire le Parti de classe – priorité au rassemblement dans les luttes ». Nous en déposerons le 6 juillet une actualisation. Aux membres du PCF, et c’est important, nous demandons de remplir le formulaire de soutien ci-joint, et de demander une attestation de mise à jour des cotisations auprès de sa fédération. Il s’agit, malgré les obstructions, de faire valider le dépôt de notre texte alternatif.

En 2020, nous devons fêter un centenaire en pleine régénérescence : le PCF !

Pour les initiateurs du texte alternatif « PCF: reconstruisons le parti de classe. Priorité au rassemblement dans les luttes »: cahierscommunistes@orange.fr; Corinne BECOURT/contact (06 26 09 26 48), Frédéric BERNABE, Emmanuel DANG TRAN, Eric JALADE, Marc JAMET, Eric MONNINI, Dominique NEGRI, Christiane ODETTI etc…

POUR SOUTENIR LA DEMARCHE « PCF: RECONSTRUIRE LE PARTI DE CLASSE. PRIORITE AU RASSEMBLEMENT DANS LES LUTTES », CLIQUEZ SUR LE LIEN