Déclaration, 4 novembre 2017, à la veille de la tenue de la Conférence nationale du PCF.

La mauvaise farce de la préparation des élections présidentielles n’en finit plus au sein de la direction de notre parti, le PCF. Sur fond de spéculation sur les primaires, sur la candidature social-démocrate définitive, sur les sondages de Mélenchon, les appels de groupes dirigeants se concurrencent dans la confusion. Indécision, calculs politiciens, choix par défaut sont proposés aux adhérents du PCF et aux travailleurs qui attendent quelque chose de notre parti, autre chose.

Cet état de fait lamentable est grave pour l’avenir de notre parti, grave pour la lutte des classes dans notre pays.

Il ne provient pas d’une complexité nouvelle de la situation politique. Non, il résulte de l’enfoncement de la direction du Parti dans le réformisme, de la mutation voulue en parti institutionnel, parti d’élus comme les autres, gestionnaire à courte vue de notre grande histoire.

Cette situation de blocage nous conduit, militants et responsables d’organisations locales du PCF, encore plus fortement, à appeler et à participer, dans nos sections et fédérations, à la reconstruction du PCF comme parti de classe donnant la priorité au rassemblement dans les luttes.

Avec constance et justesse, le PCF a toujours condamné l’élection du Président de la République au suffrage universelle comme une disposition antidémocratique visant à empêcher toute remise en cause du système en général, à marginaliser notre parti en particulier. Nous avons dénoncé la personnification du pouvoir, la réduction du débat politique à de la politique spectacle, l’illusion propagée d’un changement partant d’un rassemblement politicien au « centre » etc.

En 1969 avec la magnifique campagne de Jacques Duclos, en 1981 avec Georges Marchais, en 1988 encore, dans les difficultés issues de la participation aux gouvernements sous Mitterrand, avec André Lajoinie, le PCF a pu déjouer ce piège politicien. Parce qu’il allait à contre-courant de ce modèle institutionnel, parce qu’il défendait une perspective de rupture anticapitaliste, parce que nous avions encore une organisation tournée vers les exploités.

En 2000, lorsque Chirac et Jospin imposent le quinquennat pour aggraver encore la présidentialisation du régime, la direction du PCF s’abstient (et le ministre Mélenchon approuve).

Avant 2017, Pierre Laurent engage unilatéralement, court-circuitant le congrès des communistes, le PCF dans des « primaires », la caricature ultime du présidentialisme pendant que Mélenchon peaufine son personnage de leader populiste en « lien direct » avec le peuple. Lamentable !

Présenter un Jacques Duclos en 2017 ? C’est malheureusement inconcevable – pas uniquement pour des questions de personnes – à cause des positionnements de la direction du PCF, toujours plus réformistes, plus pro-UE. Pierre Laurent ou André Chassaigne voulaient faire approuver par le Parlement français en juillet 2015 la politique antisociale et antipopulaire extrême d’Alexis Tsipras, personnage qui reste la référence de leur « parti de la gauche européenne ». Se présenter sur cette base, en tant que communistes, c’est se tuer et/ou tuer le Parti.

Quand la ligne économiste de la direction du PCF prétend réorienter de l’intérieur la Banque centrale européenne, aider plus efficacement, « socialement », les entreprises capitalistes, abaisser certains de leurs « coûts », comment celles et ceux qui combattent le système, au jour le jour, pourraient-ils s’y retrouver ?

Le 37ème congrès, initialement prévu en cette fin d’année 2016, a été avancé et bâclé pour esquiver ces débats de fond. A l’approche des échéances électorales de 2017, elles reviennent sur le devant, immanquablement. La raison d’être du PCF ne peut pas être – c’est en contradiction avec son histoire et ce qu’il représente – de servir à cautionner à « gauche » le système, moyennant telle ou telle place élective. Certains calculent et soupèsent, dans un parti où les élus fonctionnent de plus en plus pour eux-mêmes, les places gagnables sur une posture à « gauche du PS » et les places octroyées par le « PS de gauche » (façon Montebourg ou Hidalgo) dans une répartition des candidatures. Certains regardent même déjà vers les municipales de 2020 !

Parlons franchement ! De ces dérives, nous ne voulons pas ! Ce n’est pas le Parti communiste français !

La conférence nationale du 5 novembre s’apprête à proposer une resucée des choix de 2012, malgré l’expérience totalement prévisible de Hollande et la stérilité actée du vote Mélenchon.

L’option, inacceptable, mais moins hypocrite, celle d’attendre (avec un appel à signer sur internet au rassemblement des « personnalités » de la gauche plurielle) l’issue des primaires du PS, s’apprête à  être retirée de la consultation des communistes pour mieux être imposée comme cadre général.

Restera, d’un côté, la reproduction de la candidature Mélenchon. Par défaut, certains y verront celui qui peut rassembler le plus de voix de la « gauche du changement » et escomptent que l’opinion n’aura pas à y regarder plus loin. Mais les positionnements anti-PCF de JLM se sont encore affirmés. Le Mitterrandien et Maastrichien de toujours s’enfonce dans ses dérives chauvines, savamment calculées (xénophobie antiallemande, propos inacceptables sur les travailleurs détachés). Il ne lui a pas suffi, dans le Pas-de-Calais en 2012, de servir de marchepied à Le Pen !

De l’autre côté, pour ne pas disparaître des radars, d’autres proposent une candidature de témoignage, provisoire, « éjectable » dès qu’un Montebourg ou un Hamon pointerait sur un programme équivalent à Hollande-2012. Une candidature virtuelle comme celle de Chassaigne en 2011/12 qui a servi à imposer Mélenchon puis le ralliement « sans conditions » à Hollande. Une candidature superficielle qui continuera à discréditer le PCF.

Dans cette situation, avant de connaître l’état des compromis entre les groupes dirigeants du PCF, issus de la « Mutation » tel qu’il se traduira à la Conférence nationale, dans l’objectif d’éviter de nouvelles illusions et de nouvelles divisions dans le PCF, nous mettons en avant des axes de rupture, en lien avec les luttes. Nous proposons de les porter d’une façon générale, également pendant la campagne des présidentielles, et, où ce sera possible, dans la campagne des législatives.

-          Nous appelons à des campagnes pour la paix, pour la solidarité entre les peuples. Nous exigeons la levée de l’état d’urgence, le retour en France de tous les soldats en opération extérieure, la sortie de l’OTAN et de toute politique européenne intégrée de défense, un désarmement, notamment nucléaire, français unilatéral.

-          Nous appelons à traduire l’opposition de classe à l’UE du capital en des positions de classe pour combattre sa politique, à l’opposé des tentatives de la détourner vers le nationalisme! Pourfendons le mythe de l’Europe sociale ! Appelons à la non-application des directives européennes, illégitimes ! Plaçons nos luttes dans une perspective d’abandon de l’euro et de rupture avec l’UE ! Sur le plan internationaliste, front commun avec les partis communistes qui condamnent l’UE (Grèce, Portugal etc.), rupture avec la collaboration du PGE !

-          Contre la déstructuration des services publics, consolidons les fronts de luttes en portant l’exigence du maintien, du rétablissement, de l’extension des monopoles publics, avec les statuts historiques correspondants des personnels.

-          Pour la réponse aux besoins du pays, la défense de la production agricole et industrielle, la riposte passe par des degrés de collectivisation. La nationalisation ne peut être une incantation, empreinte d’étatisme, mais, sur la base des acquis historiques, elle doit une position de lutte pour défendre et reconstituer certaines activités cruciales.

-          La bataille pour la Sécurité sociale est plus que jamais primordiale. Droite et « gauche » alternent les phases d’attaque : prestations/financements. L’abrogation du CICE, la fin des exonérations de cotisations sociales patronales, le rejet de la fusion impôt sur le revenu/CSG au moyen de la retenue à la source vont de pair avec les batailles pour l’hôpital, la retraite, les familles, l’assurance chômage et le droit du travail.

Il n’y a pas lieu ici de tout énumérer. La période électorale devrait servir à déployer un programme de luttes immédiates dans une perspective de rupture avec le capitalisme. Si la direction du PCF est loin de cette préoccupation, communistes, nous le ferons et nous ferons entendre la raison d’être de notre parti, un parti qui refuse la logique du moindre mal, un parti dont l’indépendance de pensée et d’action est nécessaire au service du monde du travail, de notre peuple.

A ceux qui, profondément, se réjouissent de la perspective de voir disparaître, avant le centième anniversaire de la Révolution d’Octobre et celui du PCF, les héritiers des forces les plus conséquentes qui aient jamais développer l’alternative socialiste au capitalisme, nous assignerons un démenti total !

PREMIERS SIGNATAIRES: Corinne BECOURT (02 Aisne, Saint-Quentin, secrétaire de section) ; Gauthier DUCOS (02 Aisne, Saint-Quentin) ;  Aurélien JAN (Aisne, Saint-Quentin) ; Franck MOUSSET (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Olivier TOURNAY (02 Aisne, Saint-Quentin, conseiller municipal) ; Antoine LUBRINA (03 Allier, Montluçon) ; Marine NATIVI (06 Alpes-Maritimes, Cagnes-sur-Mer), Jérémie OZOG (06 Alpes-Maritimes, Grasse); Henri SABATTIER (07 Ardèche, Sud-Ardèche) ; Olivier APRUZZESE (13 Bouches-du-Rhône, Trets, secr. de section) ; Robin MATTA (13 Bouches-du-Rhône, Port-de-Bouc, cheminot, conseil départemental) ; Justine PROUST  (13 Bouches-du-Rhône, Marseille III) ; Noël ZICCHINA (2A Corse-du-Sud, Ajaccio, Conseil départemental) ; Frédéric BACLOT (21 Côte-d’Or, Dijon) ; Serge FRICOUT (24 Dordogne, Lisle, conseil départemental) ; Amy LACAUD (24 Dordogne, Lisle) ; Loïc QUETTIER (31 Haute-Garonne, Sud-Toulousain); Michel SABATIER (31 Haute-Garonne, Verfeil) ; Jacky BOURBON (33 Gironde, Coutras) ; Anne-Marie KOLLI (33 Gironde, Arcachon) ; Jacqueline DANG TRAN (35 Ille-et-Vilaine, Rennes) ; Guy HAREL (37 Indre-et-Loire, Montlouis, cheminot) ; Nizar BARAKET (38 Isère, Fontaine) ; Diana KDOUH (38 Isère, Saint-Martin-d’Hères, conseillère municipale) ; Ernest MONTEAGUDO (38 Isère, Pont-de-Claix) ; Dominique NEGRI (38 Isère, secrétaire de section de Saint-Martin-d’Hères, membre du Conseil national) ; Nino PICARRETTA (38 Isère, Echirolles, conseil départemental); Mathilde RABUT (38 Isère, Terres Froides) ; Laurent RICHARD (38 Isère, Terres Froides, secrétaire de section, membre du Conseil départemental) ; Jérôme RUBES (38 Isère, Saint-Martin-d’Hères, adjoint-au-maire, Conseil départemental) ; Thomas FEVRE (42 Loire, Saint-Etienne) ; Michel GAGLIANO (42 Loire, Saint-Etienne, cheminot) ;  Nicolas KIEFFER (42 Loire, Saint-Etienne) ; Alain LEYDIER (42 Loire, Saint-Etienne) ; Bernadette LEYDIER (42 Loire, Saint-Etienne) ;Lucas WINIARSKI (42 Loire, Saint-Etienne) ; Jean-Claude PATE (50, Manche, Cherbourg) ; Saverio GUZZO (54 Meurthe-et-Moselle, Jarny) ; Eric MONNINI (54 Meurthe-et-Moselle, secrétaire de la section de Jarny) ; Pierrick SPIZAK (54 Meurthe-et-Moselle, Villerupt, secrétaire de section) ; Pierre VIRGILIO (54 Meurthe-et-Moselle, Thil, secrétaire de section) ; Alain GIRARD (55 Meuse); Marie LECLERC (55 Meuse, Etain); Paul RIO (58 Nièvre, Guérigny) ; Jean-François LAROSIERE (59 Nord, Douai) ; Joël COPIN (62 Pas-de-Calais, Rouvroy) ; Myriam KOROBAEFF (68 Haut-Rhin, Mulhouse) ; Frédéric BERNABE (70 Haute-Saône, Vesoul, Conseil départemental) ; Nasser DIFFALAH (70 Haute-Saône, Couthenans, Conseil départemental) ; Véronique JUNG (70 Haute-Saône, Gray) ; Fabienne LIEVIN (70 Haute-Saône, Saint-Rémy, conseil départemental) ; Patrick LIEVIN (70 Haute-Saône, Saint-Rémy, conseil départemental) ; Cyrille MORLOT (70 Haute-Saône, Vesoul, secrétaire départemental) ; René MORLOT (70 Haute-Saône, Lure, Conseil départemental) ; Patrick MUZARD (70 Haute-Saône, Gray, Conseil départemental) ; André RUIZ (70 Haute-Saône, Ronchamps, Conseil départemental) ; Albert BARRE (75 Paris, 15ème) ; Antoine BIMBEAU (75 Paris, 15ème) ; Emmanuel DANG TRAN (75 Paris, secrétaire de section de Paris 15ème, membre du Conseil national) ; Pierre DARGHAM (75 Paris, 15ème) ; Paul FOURCHARD (75 Paris, 15ème) ; Josette GAWSEWITCH (75 Paris, 15ème) ; Joran JAMELOT (75 Paris, 15ème, AP-HP, membre du Conseil départemental) ; Pierre YAGHLEKDJIAN (75 Paris, 15ème, RATP) ; Russel YATES (77 Seine-et-Marne, Meaux) ; Armelle HERVE (78 Yvelines, Mantes-la-Jolie, secrétaire de section) ;  Marc JAMMET (78 Yvelines, Mantes-la-Jolie, conseiller municipal) ; Bernard GISCLARD (81 Tarn, Vallée-du-Thoré); Eric JALADE (81 Tarn, Castres, Conseil départemental), Jeanne JIMENEZ (81 Tarn, Castres, conseil départemental); Christiane ODETTI (81 Tarn, secrétaire de la section de Lavaur, Conseil départemental) ; Didier PHILIPPE (81 Tarn, Bastides, Conseil départemental) ; Danielle RALLIERES (81 Tarn, Bastides, Conseil départemental) ; Yves RALLIERES (81 Tarn, Bastides, Secrétaire de section) ; Louis CAMENZULLI (83 Var, La Garde, Conseil départemental) ; Monique CHATAIN (83 Var, Carqueiranne) ; Alain TOURNAY (83 Var, Toulon) ; Benjamin LANDAIS (84 Vaucluse, Avignon) ;  Michel PERRIN (87 Haute-Vienne, ancien secrétaire fédéral, section limoges-cheminots) ; Richard DUCLOS (91 Essonne, Sud-Essonne-Etampes) ; Jean CHANTRELLE (92 Hauts-de-Seine, Malakoff) ; Laurence CHANTRELLE (92 Hauts-de-Seine, Malakoff) ; Jean-Claude MAZZOLINI (92 Hauts-de-Seine, Fontenay-aux-Roses); Julien VILLAIN (92 Hauts-de-Seine, Clichy-la-Garenne) ; Jean-Jacques SUZANNE (94 Val-de-Marne, Orly-Ville) ; Guy NIEL (94 Val-de-Marne, comité de section de Gentilly) ;Yohann PUDELKO (94 Val-de-Marne, Valenton) ; Joëlle REDOIS (95 Val d’Oise, Argenteuil)