La hantise de Ayrault: que le « ras-le-bol » fiscal se transforme en lutte conséquente contre les hausses de TVA
Fiscalité : pour éviter la montée de la lutte contre les hausses de TVA, Ayrault programme la fuite en avant
Pcf Paris 15, 21 novembre 2013
Et si le ras-le-bol fiscal se transformait en lutte convergente contre un point clé de la politique au service du patronat et du capital. C’est visiblement la hantise du premier ministre.
Ce point de convergence immédiat, ce pourrait être l’opposition aux hausses de TVA prévues pour le 1er janvier 2014. Elles sont considérables : 6,5 milliards d’euros, 170 euros par foyer en moyenne. La TVA est l’impôt le plus injuste. Hollande et le PS avaient – c’était avant – dénoncé la TVA « sociale » de Sarkozy. Ces augmentations ont pour objectif de commencer à compenser le plus gros cadeau octroyé au patronat et aux profits depuis 15 ans : le « Crédit d’impôt compétitivité » (CICE), le remboursement par les contribuables aux entreprises de 4 puis 6% des bas et moyens salaires qu’elles versent.
Ayrault espère avoir trouvé la parade politique en annonçant cette semaine une « remise à plat de toute la fiscalité » pour 2015. Le coup politicien est habile mais facile à décrypter.
Ayrault invite à comprendre que l’on pourra discuter de tout l’an prochain mais que d’ici là il faut accepter les sacrifices. Pour Ayrault, surtout, pas question de remettre en cause les hausses de TVA, sacro-saintes : « ce serait revenir sur la baisse du coût du travail » au profit du patronat !
En revanche, on ne trouve plus du tout la même fermeté quand il désamorce la bombe de la fronde contre l’écotaxe. Le nouvel impôt sera mis au frigo en 2014 sans être formellement abandonné. Répétons que nous désapprouvons la conception de l’écotaxe, impôt mal ficelé, mais que nous n’oublions pas que ce sont les patrons, même petits, qui devraient s’en acquitter. Le mouvement contre l’écotaxe risque de faire contagion, de dériver vers le refus de la TVA supplémentaire. Ayrault préfère couper court. En 2014, la société privée italienne Ecomouv, embauchée pour récolter cet impôt, s’apprête à toucher 20 millions d’euros par mois pour ne rien faire. Rappelons aussi que c’est la droite qui a enfanté l’écotaxe.
En ouvrant le débat sur l’ensemble de la fiscalité, Ayrault espère ouvrir quantité de débats de diversion. Chacun pourra y aller de ses propositions. En laissant causer, Ayrault fait d’une pierre deux coups : il escompte que sa diversion du moment lui permette de mieux préparer les mauvais coups structurels à venir. On entend ainsi parler de nouveau de la fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu. La CSG, impôt hybride destiné au financement de la sécurité sociale, perdrait tout lien avec le salaire, avec son origine de cotisation sociale. Le patronat se trouverait ainsi totalement dégagé du financement de branches entières de la Sécu. Complétant les promesses faites au Medef avec la nouvelle contre-réforme des retraites, une tentative de basculement des cotisations sociales patronales familles vers la CSG est à redouter. Etc.
Inflexible, « rigoureux », avec le monde du travail, souple et docile avec le patronat !
Le calcul d’Ayrault espère jouer des contradictions des organisations syndicales et des partis de gauche. L’annonce de la remise à plat de la fiscalité permet à l’aile gauche du PS de réaffirmer son soutien, rassuré et hypocrite, au gouvernement. Les syndicats, d’abord la CGT, réclament une « réforme fiscale ambitieuse ». Ayrault mise sur la confusion.
Côté Front de gauche, Mélenchon a convoqué, en solo, une manifestation le 1er décembre, loin de la construction d’une lutte de masse pour mettre en échec les hausses de TVA. Il est hautement prévisible qu’aucun syndicat ne pourra s’associer à cette opération politicienne.
Une « réforme fiscale ambitieuse », assortie d’un programme complet de proposition, demande un changement de pouvoir. La mise en échec de la TVA est une question immédiate et impérieuse, allant dans ce sens.
Communistes, comme sur la suite de la bataille pour les retraites, il n’est pas question pour nous de laisser les calculs politiciens anesthésier la colère des masses et sa fécondité.
La bataille contre les hausses de TVA est importante, urgente. Nous la menons, pétition et argumentation en main, en direction des salariés et des habitants du 15ème, parce que la victoire est possible, parce que l’organisation de la lutte construit l’avenir.
SIGNEZ, FAITES SIGNER CONTRE L’AUGMENTATION DES TAUX DE TVA !