Brève pour vivelepcf.fr,  21 août 2013

La salle de la Coupole du funérarium du cimetière du Père Lachaise a été beaucoup trop petite. Environ 400 personnes sont venues aux obsèques d’Henri Alleg le 29 juillet 2013, certaines de très loin, notamment d’outre-méditerranée. Pour la plupart, elles sont venues rendre hommage à un camarade de souffrance, à un camarade de lutte, à un engagement communiste exceptionnel.

La personnalité d’Henri Alleg, sa marque sur l’histoire ont aussi forcé des hommages venus de cercles beaucoup plus lointains.

Le choix avait été fait de laisser place à toutes les reconnaissances officielles.

Arnaud Montebourg a représenté le gouvernement. Dans un communiqué, François Hollande avait salué la mémoire de celui qui « alerta sur la réalité de la torture en Algérie » et « d’un « anticolonialiste ardent ». On ne manquera de rappeler ces propos le moment venu à ceux qui enchaînent les guerres néocolonialistes en Afghanistan, en Libye ou au Mali, à ceux qui se refusent toujours à ouvrir les archives sur la guerre d’Algérie, à ceux qui sont les héritiers en droite ligne des politiciens SFIO qui couvrirent la sinistre bataille d’Alger (et n’avaient pas besoin d’être « alertés » sur la torture… ).

Son excellence l’Ambassadeur d’Algérie, M. Missous Sbih représentait son pays. Un message du président Bouteflika a été lu dans lequel il salue un « vaillant compagnon de lutte », « son poignant et courageux témoignage contre la torture » et exprime « sa profonde gratitude et toute sa reconnaissance au valeureux militant qui s’est pleinement investi dans le combat de l’Algérie contre le joug colonial ». Cet hommage est clairement celui du peuple algérien. Ce n’est pas celui d’un régime qui, dans ses contradictions, selon les périodes, a interdit le Parti communiste algérien, a pu opprimer ses membres jusqu’à les torturer lui-même, a dénié la nationalité algérienne de certains de ces membres éminents combattants pour l’indépendance.

Pierre Laurent s’est exprimé au nom du Parti communiste français dont il est le secrétaire national. Il a évoqué principalement l’engagement anticolonialiste d’un « nom qui restera irrémédiablement synonyme de justice, de courage et de vérité ». Complétant son communiqué de presse où il saluait un peu étonnamment « Henri Alleg, l’honneur de notre nation », il a mentionné  « le communiste d’Algérie, le communiste de France, le communiste tout court », sans s’étendre.

Henri Alleg avait en effet poursuivi son engagement communiste en France au PCF auquel il avait adhéré en 1972. Jusqu’à la fin, Henri s’est battu pour le rassemblement des communistes, pour la défense et le renforcement d’un PCF marxiste-léniniste en opposition avec les mutations réformistes engagées dans les années 80 et 90.

L’hommage vibrant de William Sportisse, son compagnon de toujours, au nom du Parti algérien pour la démocratie et le socialisme, le PADS, a rétabli toute la cohérence des luttes d’Henri Alleg.

Le militant contre la torture l’était parce qu’il était militant algérien contre le colonialisme, parce qu’il était militant pour le droit des peuples et pour le socialisme, parce qu’il était communiste ayant trouvé la théorie et l’organisation permettant d’organiser sa révolte.

Les interventions d’Alban Liechti, soldat du refus en Algérie, pour l’Association contre le colonialisme aujourd’hui, l’ACCA, de Gérard Tronel pour le Comité Audin, le message retransmis de Mumia Abu Jamal depuis sa prison américaine ont souligné la continuité de l’engagement anticolonialiste d’Henri Alleg d’une façon particulièrement émouvante.

Les interventions de ses fils, André et Jean Salem, ont repris l’ensemble du parcours de leur père, rétabli toutes les convictions communistes profondes qui n’ont cessé de l’animer à travers les époques. Ils ont su, avec grande émotion, à travers quelques anecdotes, rendre la personnalité, le sens de l’humour de leur père dans lequel tous ceux qui l’ont même seulement croisé ont reconnu sa subtilité exceptionnelle.

Au son d’Au-devant de la vie », du Chant des partisans soviétiques, de l’internationale chantée en arabe, le rassemblement, transcendant les cadres de la cérémonie, a exprimé la communion autour d’Henri Alleg de ses camarades et amis sincères.

Vivent les partis communistes !