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Jeux olympiques à Paris : plutôt que le matraquage, le débat contradictoire et un référendum

La candidature de Paris pour l’organisation des Jeux olympiques d’été en 2024 suscite un gros enthousiasme parmi les grandes entreprises, les patrons et les politiciens. Vu les promesses de milliards d’euros de profit, engrangés sur des investissements publics juteux, on les comprend. Les autorités, François Hollande, Anne Hidalgo, le Comité olympique déclarent unilatéralement que tout le pays suit leur choix et tous les contribuables sont heureux. Préventivement, ils annoncent – y compris avec la caution d’une partie de la « gauche » – des dépenses publiques modérées et des retombées bénéfiques.

Sauf que les gouvernements grec (Athènes 2004), chinois (Pékin 2008), britannique (Londres 2012) ou brésilien  (Rio 2016) ont tous promis la même chose. Sans parler des jeux olympiques d’hiver… Et à chaque fois, les budgets initiaux ont explosé aux dépens des contribuables et des peuples, au profit des multinationales sinon des mafias. Les chiffres, officiels, sont parlants :

PCF refus jeux olympiques paris 2024

Pour l’instant, Paris 2024 doit coûter officiellement 6,5 milliards d’euros. Quel coefficient de sous-estimation doit-on appliquer ? La construction de la Philharmonie (équipement culturel utile celui-ci) a coûté aux collectivités et à l’Etat deux fois plus qu’annoncé (400 millions d’euros au lieu de 200) pour le plaisir notamment de Bouygues…

« Evénement populaire », les JO ? Les habitants de Rio ont été presque tous exclus, pour cause de prix, des 15 jours de spectacle, alors que c’est eux qui sont ponctionnés ! Les stades flambants neufs – et bourrés de malfaçons – étaient bien vides cet été. Les JO ont entraîné la Grèce dans la corruption totale et la crise que l’on sait. A Londres, les profits ne sont pas allés aux Londoniens !

« Glorification de la noblesse du sport et de la santé » les JO ? Le sport amateur y est depuis 30 ans juste toléré comme faire valoir du sport-business avec des idoles publicitaires, gavées de produits et de fric. Seul le chauvinisme, de plus en plus étroit et commercial, demeure du soi-disant idéal olympique du Baron de Coubertin. Dans la Grèce antique, les JO étaient une période de trêve dans les guerres entre les cités. Aujourd’hui, à l’âge néo-capitaliste, ils avivent les tensions, les hostilités, les haines, la mise en concurrence entre les peuples. Certains Etats (Qatar) vont jusqu’à acheter des champions étrangers en leur offrant des naturalisations factices.

Le sport populaire sort-il dopé des JO ? Une récente décision, particulièrement mesquine, de la municipalité de Paris, donne une bonne idée de sa notion de l’affectation de l’argent. La température des 37 piscines parisiennes va être abaissée d’un degré pour économiser … 200.000 euros par an. Sans doute pour combler une partie des milliards d’euros destinés aux JO !

La moindre des choses en tout cas – communistes, nous nous adressons dans ce sens aux donneurs de leçons de démocratie –serait d’organiser un référendum à Paris et en Ile-de-France. Cela obligerait les autorités à informer de façon moins dépendantes des puissances d’argent et à laisser la parole à des contradicteurs.

Dans un pays, que l’on dit relativement épargné par la crise, l’Allemagne, les habitants de Hambourg et de Munich, ayant obtenu la tenue de référendums, ont, tour à tour, dit NON aux projets de JO (d’été et d’hiver) voulus par les autorités régionales et le patronat. A Rome, la nouvelle maire – sur ce plan du moins – a respecté ses engagements électoraux et couper court au projet ruineux « Rome 2024 », au grand dam notamment des firmes de l’immobilier.

Anne Hidalgo et Valérie Pécresse ont au moins autant l’obligation de faire le choix de la démocratie. Ensemble, sachons le leur rappeler !

« Le Pass Navigo à tarif unique » en Ile-de-France: de quoi la gauche plurielle pouvait-elle bien se prévaloir en réalité?

Pour nos lecteurs provinciaux, nous indiquons que le « Pass Navigo  » est le nom de la carte d’abonnement aux transports publics parisiens.

Très longtemps, les tarifs étaient différenciés, « zonés », en fonction de leur zone géographique de validité. Depuis septembre 2015, le Conseil régional sortant a établi le tarif unique: l’abonnement au même prix est valable dans toute la région. Cette disposition est immédiatement avantageuse pour certains usagers, ceux qui sont contraints au trajets les plus longs, notamment loin de Paris-Ville.

Mais son financement a coûté et va coûter très cher. Depuis 2004, encore plus depuis 2010, une majorité d’usagers, ceux qui habitent où les loyers sont déjà les plus élevés, ont subi des augmentations considérables. Il reste des centaines de millions d’euros (400 millions suivant les estimations basses) à trouver qui pèseront immanquablement sur les usagers et les contribuables.

Parce que tout a été fait pour épargner les entreprises, au niveau de la Région de « gauche », comme du gouvernement de « gauche ». Les entreprises sont pourtant les premières intéressées: elles veulent disposer plus facilement d’une main d’oeuvre flexible, toujours plus éloignée par le prix du logement (et qui passera encore plus de temps dans les transports).

La redistribution géographique de l’activité dans la perspective du Grand Paris, le dumping fiscal entre les municipalités pour attirer les implantations, nécessitaient, aux yeux du Medef, cette harmonisation tarifaire.

D’ailleurs, c’est Jean-François Copé, à la tête de la liste UMP aux régionales de 2004, qui en a le premier fait son cheval de bataille.

Dans ces conditions, on a du mal à accepter que cette mesure ait été présentée, avant les élections de 2015, par tous les partis de gauche comme la mesure phare « de gauche » du bilan de leur collaboration à la tête de la Région.

PS, EELV et Front de gauche l’ont asséné, comme quasiment seul argument dans leur courte campagne. Ils s’en sont disputés la paternité avant de la partager publiquement avant le deuxième tour en communion entre Bartolone, Emmanuelle Cosse et Pierre Laurent.

Pour les habitants des 3/4 de la région qui ont vu exploser leur abonnement (de 45 à 70 euros en 10 ans), pour les retraités parisiens dont la municipalité Hidalgo à décupler les tarifs, l’argument électoral était peu recevable.

Pierre Laurent, en particulier, sans nuances d’analyse, a constamment revendiqué cette disposition dans son bilan. Après la lourde défaite, il le fait encore, comme le 16 décembre 2015 sur RTL. Est-ce qu’il n’y avait à ce point rien à mettre en avant de plus présentable dans la politique social-libérale de la gauche plurielle en Ile-de-France à présenter, dans l’application dans la région capitale de la politique de Hollande et Valls? Sans doute!

Nous reproduisons ci-dessous un article précis, argumenté et chiffré de nos camarades de la section du PCF Paris 15, réalisé avec des camarades de la RATP.

Copé en rêvait en 2004. La "gauche" l'a fait en 2015 avec 60% d'augmentation pour les usagers et tous le bénéfice pour le patronat.

Pass Navigo au tarif unique de 70 euros: le patronat n’aura rien à payer ! Qui va payer alors ?

PCF Paris 15, 1er décembre 2014

Le président de la région Ile-de-France et du Syndicat des transports STIF, le PS Jean-Paul Huchon en a fait l’annonce, en compagnie du président de la Chambre de commerce et d’industrie, Pierre-Antoine Gailly : en 2015, sera mis en place le tarif d’abonnement unique pour tous les transports en commun d’Ile-de-France, sans zonage, à hauteur de 70 euros par mois.

Huchon se vante de tenir une promesse électorale faite pendant la campagne des régionales de 2010, avant une nouvelle campagne qui s’annonce bien plus difficile en 2015. A l’unisson avec lui, les élus de sa majorité, EELV ou Front-de-Gauche se réjouissent bruyamment d’une mesure qu’ils présentent comme écologique et sociale.

Communistes, nous ne voyons aucune raison de partager cet enthousiasme. Pendant la campagne des régionales de 2004, c’est Jean-François Copé qui portait le plus fort la proposition de l’abonnement à tarif unique…

Pour notre part, nous ne cessons de militer pour un abaissement des tarifs des transports publics franciliens et pour une mise à contribution bien supérieure de ceux qui profitent le plus des réseaux publics, de ceux qui déportent les salariés de plus en plus loin en grande banlieue : les patrons. A nouveau, ils sont épargnés par Huchon et sa majorité, par Manuel Valls qui a donné son approbation aux changements législatifs nécessaires à l’établissement du tarif unique (ils seront votés dans le collectif budgétaire de fin d’année par le Parlement). Epargnés, les patrons ? Choyés plutôt!

Huchon se flatte d’un dispositif « gagnant-gagnant ». Evidemment, pour les Franciliens habitant le plus loin de leur lieu de travail ou du centre de Paris – en zone 5 notamment -, la mesure sera bienvenue : 42 euros en moins par mois, donc 21 euros pour la part salariés.

Mais qui va payer la note globale estimée entre 300 et 500 millions d’euros selon les estimations et la date de référence ?

Huchon a bien calculé avec le Medef, pour le Medef. Les patrons consentent à une augmentation moyenne annoncée de 0,13% des taux du versement transports, modulée suivant une formule opaque. Mais la somme, estimée globalement entre 100 et 210 millions d’euros par an (notons l’écart dans les prévisions), est doublement compensée pour le patronat. D’une part, l’abaissement proportionnel des remboursements aux salariés (50%) des Pass Navigo, devenus moins chers devrait leur économiser au moins 90 millions d’euros par an. D’autre part, Huchon et Valls leur offrent le maintien de l’exonération de la redevance sur la construction de bureaux dans le cadre d’opération de démolition-reconstruction.

En résumé, le patronat francilien, pris globalement, gagne le maintien de facilités pour des opérations de spéculation et un réservoir de main d’œuvre plus étendu dans la région. Observons déjà que, sur le plan « écologique » et humain, cette tendance n’est pas de nature à limiter l’étalement urbain et les temps de transport subis.

Patrons gagnants, cela veut dire salariés, population et collectivités perdants !

Il n’aura pas échappé aux habitants des zones 1 et 2 qu’ils ont été durement mis à contribution depuis 2009. Le prix de leur Pass Navigo est augmenté fortement chaque année. A 70 euros en 2015 par mois, on atteindra un cumul de 27% de hausse depuis 2009, contre une inflation générale de 7% ! Depuis 2004, l’ex-carte orange deux zones se sera élevée de 45 à 70 euros, soit de 56% contre une inflation officielle cumulée de 18%… Ce sont pourtant les travailleurs de ces zones qui subissent les loyers et charges les plus élevés. Habiter en zone 1 ou 2 devrait devenir de plus en plus un privilège pour lequel il faudrait tout accepter! Nous ne l’acceptons pas !

Au bas mot, selon ses initiateurs, l’application du tarif unique prévue laisse encore au moins 190 millions d’euros par an non financés. Va-t-on renoncer à étendre le réseau, à le moderniser ? Huchon et ses amis jurent que non ! Son porte-parole à l’Assemblée, le député PS de Seine-et-Marne, Olivier Faure, promet que l’on ne touchera pas aux investissements mais que l’économie sera réalisée sur « le budget de fonctionnement ». Voilà qui annonce de nouvelles pressions, de nouvelles coupes, via appels d’offres, sur les dépenses de maintenance et d’entretien, de sécurité pour les usagers et les agents des transports, de nouvelles attaques antisociales.

Patrons gagnants, usagers globalement perdants, contribuables perdants, agents des transports perdants : et Huchon espère se faire passer de « gauche » avant les prochaines régionales !

Communistes, nous avons d’autres propositions pour faire avancer le service public, pour la réponse aux besoins des habitants et de l’économie, pour développer les transports publics, pour baisser réellement les tarifs :

-          Il faut réellement rehausser le versement transport et l’étendre à toutes les entreprises

-          Le taux de remboursement du Pass navigo, au nom du trajet domicile/travail, doit être relevé de 50% à au moins 75%. Ces abonnements ne sont le plus souvent souscrits par les salariés que parce que leur travail le nécessite.

-          Il est anormal que ce soit la collectivité – en l’occurrence la Région – qui finance les tarifs spéciaux pour les transports des chômeurs. Ils doivent être payés par l’Unedic grâce à une hausse correspondante des taux de cotisations chômage patronales.

-          La réalisation d’un service optimal, au meilleur prix, dans les meilleures conditions d’emploi et de sécurité, passe enfin par le rejet des logiques de mises en concurrence et de privatisation, au profit de groupes privés, par la défense et l’extension du monopole public RATP/SNCF sur l’ensemble des transports urbains franciliens.

-          Sur un autre plan, la lutte contre la spéculation immobilière entretenue par de nombreuses municipalités dont celles de Paris est directement liée avec notre objectif d’harmonisation des lieux de vie, de travail et de loisirs dans la région, donc à une réduction des besoins de transports tels que le patronat et le capital les envisagent pour leurs profits.

Si la campagne des élections régionales doit servir à quelque chose, nous l’utiliserons entre autres pour avancer ces positions !

Régionales 2015. La « gauche » perd l’Ile-de-France : pas de joie mais pas de larmes

La gauche plurielle en meeting régional le 10 décembre

PCF Paris 15, 14 décembre 2015

Cela s’est joué à peu de choses : 42,2% contre 43,8%. La gauche plurielle, conduite par Claude Bartolone, a échoué à garder le contrôle de la région Ile-de-France.

Il n’y a évidemment rien de bon à attendre de l’équipe de Valérie Pécresse qui promet de détourner encore plus de moyens publics vers les intérêts du patronat et de la finance internationale, dans la région « capitale »- au nom de l’emploi bien sûr -, de privatiser plus, de remettre en cause les acquis sociaux des personnels.

Mais nous ne verserons pas une larme sur l’équipe sortante, aux commandes depuis 17 ans avec Jean-Paul Huchon. Nous assistons à rien d’autre qu’à une alternance, comme au plan national, entre deux équipes qui se complètent pour mener la même politique économique et sociale au service des puissances d’argent, se répartissant les rôles suivant leur étiquette, ne gardant de nuances que sur les questions de société.

De bout en bout, de sa contribution à la casse des régimes de retraites à son soutien à la « réforme ferroviaire », Huchon aura été un acteur zélé de la politique de marchandisation et de privatisation des transports, première prérogative régionale. Militants communistes, nous nous sommes constamment retrouvés face à lui. La « gauche » régionale n’a eu de cesse aussi que de faciliter l’intrusion des intérêts patronaux à court-terme dans l’enseignement professionnel. Aussi bien Huchon, Pécresse, Copé qu’Hidalgo – suivant les formules « Grand Paris » ou Région – se sont retrouvés dans la surenchère pour vanter « l’euro-région capitale », développer son « attractivité » dans l’intérêt de la finance et aux dépens des populations. Ils se retrouvent tous encore, avec Bartolone, derrière la « réforme » territoriale antidémocratique, qui, par exemple en matière de logement, va régionalement condamner les politiques sociales des municipalités communistes. Etc.

Tous ces sujets de fond, reflets régionaux de la politique antisociale nationale, ont été soigneusement éludés de la campagne électorale, par le consensus des partis de l’alternance, avant même les attentats du 13 novembre.

La très courte campagne s’est résumée, en Ile-de-France comme ailleurs, à des joutes politiciennes. Elle s’est déroulée dans le contexte national dramatisé que l’on sait, avec, d’un côté, le matraquage sur « l’unité nationale » derrière Hollande après les attentats, et, de l’autre, la polarisation du débat public sur la poussée prévisible du FN que Valls, notamment, aura tout fait pour provoquer. Ces manœuvres politiciennes cyniques du PS, jouant avec le feu, ont contribué à faire garder à la gauche 5 régions, mais finalement pas l’Ile-de-France.

Bartolone a échoué de peu. D’un point de vue strictement politique, il est utile d’analyser pourquoi. De toute évidence déjà, on peut dire son attitude symptomatique entre les deux tours y a bien contribué.

Bartolone n’a pas réussi à reproduire en Ile-de-France l’alchimie politicienne qui permet à la « gauche » (sur une politique globalement de droite) de gouverner la ville la plus bourgeoise du pays : Paris. L’Ile-de-France, même si c’est moins vrai qu’à Paris-ville, présente deux caractéristiques. La première, dans le centre économique du pays, est la surreprésentation dans la population active de salariés aux revenus intermédiaires et supérieurs, dont les préoccupations sociales, réelles, n’atteignent pas le niveau de détresse et de colère que le FN tente d’instrumentaliser. La deuxième, c’est une proportion plus importante que dans le reste du pays, parmi les populations les plus pauvres, de personnes issues de l’immigration et peu enclines à voter pour un parti ouvertement anti-immigrés.

Mais les trois ingrédients de la formule politique de la « gauche » parisienne ont moins bien fonctionné.

  1. Il a été plus difficile de masquer la politique « libérale » pratiquée régionalement par le PS, sous des symboles de « gauche », un marketing de « gauche », avec des cautions de « gauche ». L’exemple type de cette propagande a été la mise en avant « sociale », par toute la gauche, du Pass Navigo à tarif unique, en réalité voulue par le patronat, et payée très cher par une majorité d’usagers.

Le choix de Bartolone, personnalité nationale, président de l’Assemblée, a mis en évidence le lien entre les politiques régionales de la « gauche » et sa politique nationale antisociale, profondément rejetée ; de même que le soutien appuyé de Valls dans la campagne : 45 minutes au meeting d’avant le premier tour. Certains non-élus de gauche doivent regretter que les noms moins exposés de Huchon ou de La Gontrie n’aient pas été retenus comme tête de liste…

  1. A Paris plus que partout ailleurs, la « gauche » centre le débat politique sur des questions de société avec des slogans plus audacieux que progressistes, en direction notamment des populations pour lesquelles les préoccupations alimentaires ne sont pas primordiales. Mais cette « gauche » n’a plus le monopole de l’offensive sur les questions de société. Notamment après l’opération « mariage pour tous », la droite a développé (avec un succès peu réconfortant) une ligne conservatrice tirant notamment profit des outrances ce certains lobbys. La droite a même réussi à marquer des points, sur ce plan, en prétendant s’opposer à la destructrice « réforme » du collège.
  2. Enfin, pourtant expert en la matière en Seine-Saint-Denis, Bartolone a plus de mal que jamais à se présenter comme un rempart devant le racisme et l’extrême-droite. Le concept du « Think Tank » Terra Nova invitant le PS à capter cet électorat par une forme de clientélisme, au moins moral, ne marche plus comme en 2012. Bartolone est un proche de Hollande et Valls qui viennent, après les attentats, de tendre la perche au FN, notamment sur la déchéance de nationalité !

Les propos de Bartolone sur la « race blanche », assimilée aux richards de Versailles et de Neuilly, ont également certainement détourné nombre de voix. Ils sont proprement inacceptables, d’autant qu’il a refusé de les retirer. Qui, quelles que soient ses origines, peut maintenant faire confiance à Bartolone pour combattre le racisme ? Déjà, le dimanche soir du 1er tour, les images de liesse, malgré de score du FN (ou à cause de lui !), vues à la télévision chez les cadres du PS, dans le QG de Bartolone, qui se croyait en ballotage favorable, ont choqué. Nous les premiers.

L’Ile-de-France offre un aspect un peu particulier du dangereux processus de dégénérescence de la démocratie bourgeoise auquel nous assistons.

Ces circonstances alourdissent encore les conséquences des choix de la direction de notre parti pour ces élections, en Ile-de-France en particulier.

Le soir du 1er tour, nous faisions partie des camarades qui appelaient à ne pas présenter (après fusion des listes) de candidats PCF sur la liste Bartolone, même en vue de quelques places d’élus (6 ou 7 au final, dont une transfuge d’un groupuscule gauchiste…).

L’image donnée au pays a été déplorable : le secrétaire national du Parti, tête de liste en Ile-de-France, Pierre Laurent, s’est retrouvé bras dessus, bras dessous toute la semaine avec Bartolone, le complice de Hollande et Valls, jusqu’à intervenir en première partie au meeting où Bartolone a dérapé.

Mais ce n’est pas qu’une question d’image, c’est une question d’orientation de fond. Bartolone ne s’y est pas trompé en louant la contribution, jusqu’au bout, des élus PCF au bilan de Huchon : une véritable caution de gauche. Jusqu’aux intitulés similaires dans la niaiserie des listes : « une Ile-de-France humaine »/ « Nos vies d’abord » !

On ne peut pas reprocher à Pierre Laurent d’avoir été hypocrite. Son ralliement au PS était annoncé. Mais il aurait pu et dû changer d’avis. Il ne se retrouve pas comme ses alliés du PG ou Mme Clémentine Autain à prendre les places en faisant la fine bouche. L’ancienne filleule politique de Delanoë, a conspué un temps la politique de Valls, pour mieux finir deuxième placée derrière Bartolone en Seine-Saint-Denis. Cette « petite gauche » disposait de 5 têtes de liste départementales sur 8 en Ile-de-France. Au 1er tour, elle a réussi à grappiller, surtout à Paris et dans les zones petites bourgeoises, 0,08% des voix (6,63% en 2015) qui s’étaient portées sur Besancenot en 2010, absent en 2015. Quels alliés pour le PCF, alors que la fiction du « Front de gauche » se meurt !

Cette absence du vote communiste, cet effacement du Parti communiste dans le consensus de l’alternance est dramatique pour le pays. Le rejet de classe de la politique au service du capital est énorme. Des luttes conséquentes se développent et recherchent une perspective politique de rupture avec le capitalisme. Le danger fasciste, peut-être sous des formes différentes des expériences historiques, point.

Quel camarade de bonne foi aujourd’hui peut accepter l’idée que quelques élus PCF/FdG vont « tirer à gauche » la social-démocratie ou l’Union européenne ? L’heure est au changement de cap dans le parti révolutionnaire historique de la classe ouvrière en France !

A notre niveau, section du PCF de Paris 15ème, nous allons continuer à y contribuer avec plus encore de détermination. Au plan régional, nous faisons ces propositions de lutte parmi d’autres :

  • Intensifier la lutte contre l’application régionale de la « réforme ferroviaire » et la « régionalisation » des transports contre les monopoles historiques SNCF et RATP. La création spécifique, unique en France, d’un comité d’entreprise régional en Ile-de-France de « SNCF Réseau » laisse voir la perspective d’un nouveau démantèlement de la SNCF comme le veulent les promoteurs du Grand Paris. Nous nous y opposerons.
  • La lutte au niveau régional s’impose contre la mainmise sur la politique du logement par le Grand Paris, remettant en cause les politiques sociales – et de mixité sociale – de certaines communes de banlieue au profit d’une logique de parcage des pauvres dans le logement social, aux frais du contribuable, et de stimulation de la spéculation ailleurs (ex : ville de Paris).
  • La « réforme territoriale » additionnée au « protocole sur les parcours professionnels et les rémunérations » – PPCR – dans la fonction publique, imposé en force par le gouvernement, fait peser de lourdes menaces sur les fonctionnaires territoriaux. Défendons-les, c’est aussi défendre le service public, notamment régional, face aux annonces précises de Pécresse.
  • Enfin, comme lutte rassembleuse contre la mainmise des multinationales sur notre région, nous proposons de lancer une grande campagne contre l’organisation des JO 2024 à Paris portant l’exigence d’un référendum régional, comme nos amis et camarades allemands de Hambourg l’ont obtenu et gagné.

Elections régionales 2015 – Déclaration de la section du PCF Paris 15 – désaccord avec la fusion avec le PS

PCF Paris 15, 9 décembre 2015

Les résultats du 1er tour des élections régionales traduisent à nouveau le niveau de désaveu de la politique du gouvernement Valls, qui est celui – rappelons-le – qui a opéré le plus grand transfert des revenus du travail vers le profit capitaliste, aux dépens des salaires, de l’emploi, de la sécurité sociale, du droit du travail, des services publics…

Malgré le matraquage légitimiste qui a suivi les attentats du 13 novembre, le parti au pouvoir n’obtient même pas 24% des suffrages exprimés, soit le soutien de moins d’un électeur inscrit sur 8.

L’abstention dépasse à nouveau 50%. Nous considérons qu’elle traduit tout à la fois un phénomène dangereux de désengagement de la vie politique dans la durée et un rejet légitime de l’impasse politique électorale actuelle.

La droite dite « classique » obtient un résultat historiquement mauvais avec moins de 30%, soit moins d’un inscrit sur 6. Ses positions économiques et sociales, pro-européennes, sont identifiées à juste titre à celle du pouvoir en place et logiquement tout autant rejetées. Les récentes sorties aussi bien de Hollande et Valls que des Le Pen lui coupent en outre l’herbe sous le pied sur les questions de société, notamment en matière de démagogie sécuritaire et de sous-entendus xénophobes.

Le FN obtient un résultat jamais encore atteint en pourcentages des suffrages exprimés : 27,8%. Il arrive en tête en tant que parti. Il étend son influence électorale géographiquement et sociologiquement. En voix, il reste en-deçà du résultat de Marine Le Pen en 2012 (6 millions au lieu de 6,5 millions).

Communistes, nous serons toujours au 1er rang pour combattre l’extrême-droite, le fascisme, le racisme et la xénophobie, mais aussi tout ce qui fait leur lit.

Le vote d’extrême-droite se nourrit – pour les dévoyer – des colères et des peurs sociales, de la précarisation de la vie, résultant notamment des politiques de casse sociale. Depuis 30 ans, le vote FN se développe sur la base des politiques menées successivement par la droite et la « gauche » au service de l’exploitation capitaliste. Mais il prospère aussi grâce à leur aide politique directe et délibérée. On se souvient du coup de main de Mitterrand à Jean-Marie Le Pen.

Aujourd’hui, nous dénonçons avec la plus grande force les dirigeants du PS, qui, depuis des mois, derrière Hollande et Valls, se livrent à une promotion calculée et cynique du FN. Nous transmettons le sentiment d’écœurement ressenti par nos camarades à la vue des scènes de joie à la télévision, le soir du 1er tour, chez les cadres du PS au QG de Claude Bartolone. Ils escomptent limiter les dégâts en termes de pertes de régions et d’élus grâce à la poussée du FN et s’en réjouissent. Nationalement, ils font la part du feu dans le Nord et en Provence pour se donner bonne figure. De tels calculs politiciens sont misérables et ils peuvent conduire au pire.

On sait à quoi sert le FN pour les tenants du système. D’une part, comme dépotoir, il stérilise une partie de la colère sociale, la renvoie vers les seules échéances électorales, la détourne des luttes, vers la haine et le nationalisme. D’autre part, comme repoussoir, il permet à l’idéologie dominante d’enrégimenter le reste de la population vers un soi-disant « moindre mal », une résignation à la politique du pouvoir, aujourd’hui notamment celle de l’Union européenne capitaliste. Il est, à ce titre, particulièrement à remarquer comme le président du MEDEF, Pierre Gattaz s’est lourdement engagé dans la campagne électorale prétendument contre le FN.

Hollande et Valls se sont cyniquement servis des attentats du 13 novembre pour intégrer le FN et les Le Pen dans « l’unité nationale », en validant même certaines de leurs prises de position les plus perfidement xénophobes (déchéance de nationalité). Puis ils ont recommencé à marteler dans les médias la nécessité du « Front républicain » contre ce même FN.

La perspective politique apparaît plus bouchée que jamais. La direction de notre parti, le PCF, porte sa lourde part de responsabilité dans cette sombre impasse.

Elle a choisi de rendre impossible le vote communiste, dans le nom comme dans le contenu, au profit de la recherche d’un regroupement politicien avec des groupes issus du PS et avec EELV, anticipant une recomposition politicienne d’ici 2017.

L’alliance derrière EELV a finalement été scellée dans seulement deux régions du sud, mais l’offre a été maintenue jusqu’au dernier moment ailleurs. Cette alliance donne l’idée du complet contresens politique commis par la direction de notre parti. Outre son insignifiance dans le pays, EELV a été le suppôt des mesures (à grande implication régionale) que les communistes ont le plus fortement combattues, en premier lieu la « réforme » territoriale et la « réforme » ferroviaire. Par ailleurs, la promotion par ces « écologistes » de l’UE du capital, que nous combattons, est constante : elle est inscrite dans leur nom. La tête de liste en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Gérard Onesta, derrière lequel se sont présentés les candidats PCF, a même co-rédigé le projet de « constitution » européenne de 2005 avec Giscard ! Comment les communistes et l’électorat communiste peuvent-ils se reconnaître dans les soutiens de l’ultralibéral anticommuniste Cohn-Bendit ou du marchand de shampoing Hulot ?

La direction du PCF soutenait au 1er tour, dans toutes les régions, d’autres listes que celles du PS mais en quoi étaient-elles « autonomes », émancipées de la social-démocratie au pouvoir ?

En rien ! Car, de surcroît, les élus sortants du PCF seront restés jusqu’au bout dans les exécutifs régionaux, dont ils partagent le bilan, dirigés par le PS, comme caution de gauche à ces relais des politiques nationales d’austérité. En Ile-de-France derrière Jean-Paul Huchon, chantre de la mise en concurrence des services publics…

Les résultats, selon les régions, sont en recul en moyenne d’un tiers par rapport à ceux des listes du Front de gauche en 2010. De plus de la moitié dans les deux régions où elles étaient menées par EELV (par rapport aux voix cumulées EELV/FdG de 2010). Les reculs sont les plus nets dans les zones ouvrières et rurales où le vote communiste était traditionnellement fort. En Ile-de-France, la liste conduite par Pierre Laurent récupère une toute petite partie (0,08%) des 3,13% qui s’étaient portées sur la liste conduite par Besancenot en 2010. A Paris, la ville la plus chère du pays, elle est au-dessus de la moyenne avec 6,81% des suffrages. Mais la liste départementale était conduite par un PG (ex-PS) et le PG seul, sans candidats PCF, a obtenu 4,94% aux municipales de 2014.

Ce vote a encore été plus incapable de porter l’aspiration au changement et de relayer les intérêts et les luttes des travailleurs et des couches les plus victimes de la crise après plusieurs prises de position de Pierre Laurent et des parlementaires du FdG.

Notre section du PCF a exprimé son total désaccord avec leur alignement dans l’union nationale derrière Hollande après les attentats, avec leur soutien à l’état d’urgence et à sa prolongation, avec leur soutien à l’intensification de la guerre impérialiste. Nous n’avons pas été les seuls dans le Parti et dans le syndicalisme révolutionnaire. Les porte-parole du PCF en sont arrivés à reprendre cette position consensuelle, « voter (pour n’importe qui sauf le FN), c’est résister », démobilisatrice pour leurs propres listes.

Par ailleurs, Pierre Laurent continue de prendre pour modèle pour 2017 en France l’expérience en Grèce de Syriza et Tsipras. L’illusion est pourtant tombée depuis longtemps. Tsipras inflige à son peuple le pire plan antisocial d’Europe, dont son ami Hollande n’ose pas rêver et pour lequel son autre ami Netanyahou le félicite.

Nous avons exprimé notre désapprobation totale de la stratégie imposée par la direction du Parti pour les régionales. Depuis les résultats, la révolte gagne de nombreux autres camarades et organisations du Parti. On peut compter sur nous pour tout faire pour mettre en échec la poursuite du processus de mutation réformiste et de disparition du PCF, dans les mois à venir, d’ici le congrès annoncé. Il en va de l’intérêt des travailleurs et de notre peuple.

Avant le 1er tour, nous avions décidé de poursuivre nos actions en soutien des luttes sociales, notamment dans les transports et la santé. Nous continuons.

Nous tenons cependant à faire savoir publiquement notre désaccord, à nouveau, avec le choix de la direction du PCF pour le 2nd tour en Ile-de-France (comme aussi en Rhône-Alpes). Comment être sourd à ce point au message du 1er tour ? La fusion des listes, la campagne commune, bras dessus bras dessous, avec Claude Bartolone montrent des dirigeants du PCF, du PG (ou encore Mme Clémentine Autain) prêts à toutes les compromissions pour quelques bonnes places. L’image est désastreuse pour notre parti. Les gens doivent savoir que les communistes, le PCF, ne se résument pas à ces attitudes.

Nous pensons qu’il reste une différence historique entre la gauche et la droite, même quand la « gauche » mène une politique de droite. Nous pensons qu’il reste une profonde différence entre la droite et la gauche d’un côté et l’extrême-droite de l’autre, même quand des politiciens de droite ou de gauche sombrent dans le populisme fascisant. Mais cela ne peut pas justifier tous les reniements dans la situation actuelle.

Nos camarades dans les régions où le FN risque de l’emporter sont confrontés à un dilemme électoral complexe : tout faire pour contribuer, tout de suite, à empêcher le FN d’accéder à des positions institutionnelles dangereuses mais sans disposer d’autre moyen électoral que le vote pour ceux qui mènent la politique qui, à terme, fait son lit. Aucune des 2 solutions électorales dimanche n’est satisfaisante.

Avec eux, nous jugeons que la priorité est à développer les solidarités de classes, la résistance aux politiques patronales, les luttes dans une perspective de rupture. C’est ce qui permet de démasquer la démagogie sociale du FN, ses contradictions, son rôle au service du pouvoir capitaliste. C’est ce qui permet aussi de lutter contre le racisme, de contrer les tendances à la peur, au repli individuel ou communautariste, faisant le jeu des conservatismes et de la réaction, que le pouvoir s’efforce de favoriser, encore davantage depuis les attentats.

A propos d’Air France, pour une fois, Philippot a réagi spontanément sans réfléchir : il s’est placé dans son camp, celui des DRH, des technocrates, des patrons, des actionnaires.

Face aux tentatives d’intimidation, de répression du pouvoir, face à l’état d’urgence, nous, communistes, nous sommes dans le camp des salariés d’Air France, des salariés venus les défendre, contre la casse des emplois et des activités de la compagnie, pour la construction de convergences de lutte, pour une alternative politique au capitalisme qui passe, pour nous, toujours par le socialisme.