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Evidemment que nous ne défilerons pas derrière Mélenchon le 18 mars !

Nous n’irons pas, communistes de la section du PCF Paris 15ème, défiler derrière Mélenchon le 18 mars. Et ce n’est pas parce que Mélenchon prétend interdire les drapeaux rouges au rassemblement derrière sa personne.

Non, c’est parce que notre drapeau, orné de la faucille et du marteau, porte une perspective révolutionnaire et une voie pour y arriver qui sont totalement contradictoires avec la fumeuse « 6ème république » de MM. Mélenchon, Montebourg (et plus discrètement de M. Hamon).

Il est significatif que, jamais dans les 120 pages du programme de Mélenchon, « L’Avenir en commun », n’apparaissent le mot « capitalisme » et l’expression « lutte des classes ». Communistes, la raison d’être de notre engagement conscient est justement de rompre avec le premier en élevant le niveau de la seconde.

Au contraire, Mélenchon voudrait entraîner les aspirations populaires au changement vers une hypothétique réforme, un colmatage de la démocratie bourgeoise.

Marx et Lénine ont le plus clairement démontré combien la démocratie bourgeoise, formelle, cachait la dictature de fait de la classe dominante.

Bien conscients de cette vérité, communistes, nous défendons pied à pied les libertés démocratiques conquises et nous battons pour en arracher d’autres. Mais nous ne nous trompons pas de sens. C’est le rapport de classe dans la production et la société qui oblige la classe dominante, l’Etat bourgeois, à concéder des libertés, qu’ils tentent incessamment de reprendre. Ce n’est pas l’inverse : un bon prince qui octroierait des libéralités, fût-il élu dans un scrutin (contrairement à l’arrivée de De Gaulle au pouvoir en mai 1958), hors de tout rapport de force de classe organisé dans le pays.

Oui, communistes, nous combattons, entre autres, les intercommunalités, les communautés d’agglomération, les grandes régions qui servent à éloigner les lieux de décision des citoyens. Oui, nous nous battons pour le service public, élément essentiel de la démocratie. Oui, nous nous battons pour l’accès au droit, pour la proportionnelle, pour la suppression du Sénat etc. Nous ne désertons aucun terrain de lutte.

Parfois aussi, nous nous battons contre l’inflation d’institutions et de modalités en reprenant les formes de la démocratie bourgeoise pour mieux étouffer l’expression des salariés dans l’entreprise, le droit des syndicats révolutionnaire. Une pseudo-démocratie formelle envahit les relations sociales à l’entreprise où elle prétend établir la validité de « votes » soumis à la prépondérance de l’influence patronale (ex : certaines conséquences des nouvelles règles de « représentativité syndicale »).

Une de nos batailles principales est aussi de nous opposer au déplacement vers l’Union européenne des lieux de décision, notamment depuis et avec l’euro. Les rapports de classe s’étant formés et existant dans le cadre national – pour une longtemps encore -, l’alliance capitaliste et impérialiste qu’est l’UE, sert à contourner les acquis sociaux et démocratiques des classes ouvrières de chaque pays pour renforcer l’exploitation des travailleurs, les mettre en concurrence.

Tout cela, aussi, nous sépare fondamentalement de Mélenchon. Nous ne ferons pas l’affront à celui qui aspire aux plus hautes fonctions de ne pas avoir compris le sens du Traité de Maastricht, quand il en a défendu la philosophie comme porte-parole du PS au Sénat.

Devant la crise de légitimité de l’UE, aujourd’hui, il met en avant une perspective alambiquée et trompeuse, déjà parce qu’elle est conditionnée à son impossible élection. Un « plan A » propage l’idée, l’illusion, d’une réforme possible de l’UE du capital par une renégociation : un « plan A » comme Tsipras ! Un « plan B », conditionné à la fois à l’élection de Mélenchon et à l’issue des tractations du « plan A », envisage une rupture avec l’UE mais seulement une renégociation de son instrument le plus contraignant, l’euro. C’est un « plan B » comme Varoufakis ! La 6ème République est bien loin de l’émancipation de la tutelle de l’UE du capital, de la rupture avec l’application de ces directives que nous prônons !

Non seulement Mélenchon détourne l’aspiration au changement sur le terrain erroné de la réforme de la démocratie bourgeoise, mais il le fait dangereusement avec jeux  et postures politiciens, son « populisme » assumé.

Interrogé, entre autres, par la presse, sur les mesures à prendre contre la corruption, Mélenchon répond qu’il faut limiter la succession des mandats électoraux des parlementaires, lui qui a été 23 ans sénateur, 3 ans ministre et qu’il est depuis 8 ans député européen… Comment l’opinion, les électeurs vont-ils apprécier ce cynisme ?

Avant les législatives, la « France insoumise », comme le « Parti de gauche » avant les élections précédentes, se déploie en tractations, jeux et coups politiciens pour les candidatures et les places, inspirée par les pratiques des courants du PS ou de la figure de référence de JLM, François Mitterrand. Comment l’opinion, les électeurs (notamment les communistes qui ont de la mémoire) vont-ils apprécier cette peu alléchante préfiguration de la « 6ème république » ?

La désignation de Hamon, au lieu de Valls, à la primaire a largement dégonflé la posture de radicalité à gauche de Mélenchon. Les similitudes entre les deux socio-démocrates apparaissent clairement. Mélenchon confirme qu’il observe un « pacte de non-aggression » avec Hamon. Mais l’on ne se dirige pas vers un désistement de l’un sur l’autre qui, seul, laisserait envisager la possibilité d’une victoire. A l’émission « On n’est pas couché » de France 2, Mélenchon explique que cela permettra de capter des électorats plus larges. De plus en plus clairement, on constate que les candidatures Hamon et Mélenchon préparent une recomposition politique à gauche, une cure d’opposition pour retrouver un peu de crédibilité d’ici 2022, canaliser aussi le mouvement social. Ils ne sortent pas du schéma politicien de l’alternance : leur « 6ème république » est tout sauf une rupture du côté social-démocrate !

Enfin et, c’est le plus grave, Mélenchon qui prétend rompre avec la 5ème République et le pouvoir personnel, mène la campagne la plus personnelle, frisant le culte de la personnalité. Il met en avant la fiction dangereuse d’une « relation directe » entre le dirigeant et le peuple, affiche son mépris notamment des partis.

Dans un autre contexte, la candidature de Mélenchon nous laisserait à peu près indifférents. Pour deux raisons, ce n’est pas le cas en 2017.

Premièrement parce que  son « populisme de gauche », que célébrera le rassemblement du 18 mars, alimente gravement le populisme de droite. Deuxièmement – et là Mélenchon n’y est pour rien – parce que la direction de notre parti, le PCF, a choisi, faute de vouloir défendre des positions communistes, de s’aligner sur lui et de jouer le rôle du dindon de la farce en espérant s’en sortir dans la recomposition politique à gauche qui suivra les législatives.

Mais ce n’est pas le choix et la perspective des militants communistes que vous rencontrez dans les quartiers et entreprises du 15ème !

PCF/Présidentielles 2017 : pas de sortie de l’impasse sans reconquête de l’indépendance du Parti, des positions communistes et une démarche de reconstruction du Parti de classe !

Déclaration, 4 novembre 2017, à la veille de la tenue de la Conférence nationale du PCF.

La mauvaise farce de la préparation des élections présidentielles n’en finit plus au sein de la direction de notre parti, le PCF. Sur fond de spéculation sur les primaires, sur la candidature social-démocrate définitive, sur les sondages de Mélenchon, les appels de groupes dirigeants se concurrencent dans la confusion. Indécision, calculs politiciens, choix par défaut sont proposés aux adhérents du PCF et aux travailleurs qui attendent quelque chose de notre parti, autre chose.

Cet état de fait lamentable est grave pour l’avenir de notre parti, grave pour la lutte des classes dans notre pays.

Il ne provient pas d’une complexité nouvelle de la situation politique. Non, il résulte de l’enfoncement de la direction du Parti dans le réformisme, de la mutation voulue en parti institutionnel, parti d’élus comme les autres, gestionnaire à courte vue de notre grande histoire.

Cette situation de blocage nous conduit, militants et responsables d’organisations locales du PCF, encore plus fortement, à appeler et à participer, dans nos sections et fédérations, à la reconstruction du PCF comme parti de classe donnant la priorité au rassemblement dans les luttes.

Avec constance et justesse, le PCF a toujours condamné l’élection du Président de la République au suffrage universelle comme une disposition antidémocratique visant à empêcher toute remise en cause du système en général, à marginaliser notre parti en particulier. Nous avons dénoncé la personnification du pouvoir, la réduction du débat politique à de la politique spectacle, l’illusion propagée d’un changement partant d’un rassemblement politicien au « centre » etc.

En 1969 avec la magnifique campagne de Jacques Duclos, en 1981 avec Georges Marchais, en 1988 encore, dans les difficultés issues de la participation aux gouvernements sous Mitterrand, avec André Lajoinie, le PCF a pu déjouer ce piège politicien. Parce qu’il allait à contre-courant de ce modèle institutionnel, parce qu’il défendait une perspective de rupture anticapitaliste, parce que nous avions encore une organisation tournée vers les exploités.

En 2000, lorsque Chirac et Jospin imposent le quinquennat pour aggraver encore la présidentialisation du régime, la direction du PCF s’abstient (et le ministre Mélenchon approuve).

Avant 2017, Pierre Laurent engage unilatéralement, court-circuitant le congrès des communistes, le PCF dans des « primaires », la caricature ultime du présidentialisme pendant que Mélenchon peaufine son personnage de leader populiste en « lien direct » avec le peuple. Lamentable !

Présenter un Jacques Duclos en 2017 ? C’est malheureusement inconcevable – pas uniquement pour des questions de personnes – à cause des positionnements de la direction du PCF, toujours plus réformistes, plus pro-UE. Pierre Laurent ou André Chassaigne voulaient faire approuver par le Parlement français en juillet 2015 la politique antisociale et antipopulaire extrême d’Alexis Tsipras, personnage qui reste la référence de leur « parti de la gauche européenne ». Se présenter sur cette base, en tant que communistes, c’est se tuer et/ou tuer le Parti.

Quand la ligne économiste de la direction du PCF prétend réorienter de l’intérieur la Banque centrale européenne, aider plus efficacement, « socialement », les entreprises capitalistes, abaisser certains de leurs « coûts », comment celles et ceux qui combattent le système, au jour le jour, pourraient-ils s’y retrouver ?

Le 37ème congrès, initialement prévu en cette fin d’année 2016, a été avancé et bâclé pour esquiver ces débats de fond. A l’approche des échéances électorales de 2017, elles reviennent sur le devant, immanquablement. La raison d’être du PCF ne peut pas être – c’est en contradiction avec son histoire et ce qu’il représente – de servir à cautionner à « gauche » le système, moyennant telle ou telle place élective. Certains calculent et soupèsent, dans un parti où les élus fonctionnent de plus en plus pour eux-mêmes, les places gagnables sur une posture à « gauche du PS » et les places octroyées par le « PS de gauche » (façon Montebourg ou Hidalgo) dans une répartition des candidatures. Certains regardent même déjà vers les municipales de 2020 !

Parlons franchement ! De ces dérives, nous ne voulons pas ! Ce n’est pas le Parti communiste français !

La conférence nationale du 5 novembre s’apprête à proposer une resucée des choix de 2012, malgré l’expérience totalement prévisible de Hollande et la stérilité actée du vote Mélenchon.

L’option, inacceptable, mais moins hypocrite, celle d’attendre (avec un appel à signer sur internet au rassemblement des « personnalités » de la gauche plurielle) l’issue des primaires du PS, s’apprête à  être retirée de la consultation des communistes pour mieux être imposée comme cadre général.

Restera, d’un côté, la reproduction de la candidature Mélenchon. Par défaut, certains y verront celui qui peut rassembler le plus de voix de la « gauche du changement » et escomptent que l’opinion n’aura pas à y regarder plus loin. Mais les positionnements anti-PCF de JLM se sont encore affirmés. Le Mitterrandien et Maastrichien de toujours s’enfonce dans ses dérives chauvines, savamment calculées (xénophobie antiallemande, propos inacceptables sur les travailleurs détachés). Il ne lui a pas suffi, dans le Pas-de-Calais en 2012, de servir de marchepied à Le Pen !

De l’autre côté, pour ne pas disparaître des radars, d’autres proposent une candidature de témoignage, provisoire, « éjectable » dès qu’un Montebourg ou un Hamon pointerait sur un programme équivalent à Hollande-2012. Une candidature virtuelle comme celle de Chassaigne en 2011/12 qui a servi à imposer Mélenchon puis le ralliement « sans conditions » à Hollande. Une candidature superficielle qui continuera à discréditer le PCF.

Dans cette situation, avant de connaître l’état des compromis entre les groupes dirigeants du PCF, issus de la « Mutation » tel qu’il se traduira à la Conférence nationale, dans l’objectif d’éviter de nouvelles illusions et de nouvelles divisions dans le PCF, nous mettons en avant des axes de rupture, en lien avec les luttes. Nous proposons de les porter d’une façon générale, également pendant la campagne des présidentielles, et, où ce sera possible, dans la campagne des législatives.

-          Nous appelons à des campagnes pour la paix, pour la solidarité entre les peuples. Nous exigeons la levée de l’état d’urgence, le retour en France de tous les soldats en opération extérieure, la sortie de l’OTAN et de toute politique européenne intégrée de défense, un désarmement, notamment nucléaire, français unilatéral.

-          Nous appelons à traduire l’opposition de classe à l’UE du capital en des positions de classe pour combattre sa politique, à l’opposé des tentatives de la détourner vers le nationalisme! Pourfendons le mythe de l’Europe sociale ! Appelons à la non-application des directives européennes, illégitimes ! Plaçons nos luttes dans une perspective d’abandon de l’euro et de rupture avec l’UE ! Sur le plan internationaliste, front commun avec les partis communistes qui condamnent l’UE (Grèce, Portugal etc.), rupture avec la collaboration du PGE !

-          Contre la déstructuration des services publics, consolidons les fronts de luttes en portant l’exigence du maintien, du rétablissement, de l’extension des monopoles publics, avec les statuts historiques correspondants des personnels.

-          Pour la réponse aux besoins du pays, la défense de la production agricole et industrielle, la riposte passe par des degrés de collectivisation. La nationalisation ne peut être une incantation, empreinte d’étatisme, mais, sur la base des acquis historiques, elle doit une position de lutte pour défendre et reconstituer certaines activités cruciales.

-          La bataille pour la Sécurité sociale est plus que jamais primordiale. Droite et « gauche » alternent les phases d’attaque : prestations/financements. L’abrogation du CICE, la fin des exonérations de cotisations sociales patronales, le rejet de la fusion impôt sur le revenu/CSG au moyen de la retenue à la source vont de pair avec les batailles pour l’hôpital, la retraite, les familles, l’assurance chômage et le droit du travail.

Il n’y a pas lieu ici de tout énumérer. La période électorale devrait servir à déployer un programme de luttes immédiates dans une perspective de rupture avec le capitalisme. Si la direction du PCF est loin de cette préoccupation, communistes, nous le ferons et nous ferons entendre la raison d’être de notre parti, un parti qui refuse la logique du moindre mal, un parti dont l’indépendance de pensée et d’action est nécessaire au service du monde du travail, de notre peuple.

A ceux qui, profondément, se réjouissent de la perspective de voir disparaître, avant le centième anniversaire de la Révolution d’Octobre et celui du PCF, les héritiers des forces les plus conséquentes qui aient jamais développer l’alternative socialiste au capitalisme, nous assignerons un démenti total !

PREMIERS SIGNATAIRES: Corinne BECOURT (02 Aisne, Saint-Quentin, secrétaire de section) ; Gauthier DUCOS (02 Aisne, Saint-Quentin) ;  Aurélien JAN (Aisne, Saint-Quentin) ; Franck MOUSSET (02 Aisne, Saint-Quentin) ; Olivier TOURNAY (02 Aisne, Saint-Quentin, conseiller municipal) ; Antoine LUBRINA (03 Allier, Montluçon) ; Marine NATIVI (06 Alpes-Maritimes, Cagnes-sur-Mer), Jérémie OZOG (06 Alpes-Maritimes, Grasse); Henri SABATTIER (07 Ardèche, Sud-Ardèche) ; Olivier APRUZZESE (13 Bouches-du-Rhône, Trets, secr. de section) ; Robin MATTA (13 Bouches-du-Rhône, Port-de-Bouc, cheminot, conseil départemental) ; Justine PROUST  (13 Bouches-du-Rhône, Marseille III) ; Noël ZICCHINA (2A Corse-du-Sud, Ajaccio, Conseil départemental) ; Frédéric BACLOT (21 Côte-d’Or, Dijon) ; Serge FRICOUT (24 Dordogne, Lisle, conseil départemental) ; Amy LACAUD (24 Dordogne, Lisle) ; Loïc QUETTIER (31 Haute-Garonne, Sud-Toulousain); Michel SABATIER (31 Haute-Garonne, Verfeil) ; Jacky BOURBON (33 Gironde, Coutras) ; Anne-Marie KOLLI (33 Gironde, Arcachon) ; Jacqueline DANG TRAN (35 Ille-et-Vilaine, Rennes) ; Guy HAREL (37 Indre-et-Loire, Montlouis, cheminot) ; Nizar BARAKET (38 Isère, Fontaine) ; Diana KDOUH (38 Isère, Saint-Martin-d’Hères, conseillère municipale) ; Ernest MONTEAGUDO (38 Isère, Pont-de-Claix) ; Dominique NEGRI (38 Isère, secrétaire de section de Saint-Martin-d’Hères, membre du Conseil national) ; Nino PICARRETTA (38 Isère, Echirolles, conseil départemental); Mathilde RABUT (38 Isère, Terres Froides) ; Laurent RICHARD (38 Isère, Terres Froides, secrétaire de section, membre du Conseil départemental) ; Jérôme RUBES (38 Isère, Saint-Martin-d’Hères, adjoint-au-maire, Conseil départemental) ; Thomas FEVRE (42 Loire, Saint-Etienne) ; Michel GAGLIANO (42 Loire, Saint-Etienne, cheminot) ;  Nicolas KIEFFER (42 Loire, Saint-Etienne) ; Alain LEYDIER (42 Loire, Saint-Etienne) ; Bernadette LEYDIER (42 Loire, Saint-Etienne) ;Lucas WINIARSKI (42 Loire, Saint-Etienne) ; Jean-Claude PATE (50, Manche, Cherbourg) ; Saverio GUZZO (54 Meurthe-et-Moselle, Jarny) ; Eric MONNINI (54 Meurthe-et-Moselle, secrétaire de la section de Jarny) ; Pierrick SPIZAK (54 Meurthe-et-Moselle, Villerupt, secrétaire de section) ; Pierre VIRGILIO (54 Meurthe-et-Moselle, Thil, secrétaire de section) ; Alain GIRARD (55 Meuse); Marie LECLERC (55 Meuse, Etain); Paul RIO (58 Nièvre, Guérigny) ; Jean-François LAROSIERE (59 Nord, Douai) ; Joël COPIN (62 Pas-de-Calais, Rouvroy) ; Myriam KOROBAEFF (68 Haut-Rhin, Mulhouse) ; Frédéric BERNABE (70 Haute-Saône, Vesoul, Conseil départemental) ; Nasser DIFFALAH (70 Haute-Saône, Couthenans, Conseil départemental) ; Véronique JUNG (70 Haute-Saône, Gray) ; Fabienne LIEVIN (70 Haute-Saône, Saint-Rémy, conseil départemental) ; Patrick LIEVIN (70 Haute-Saône, Saint-Rémy, conseil départemental) ; Cyrille MORLOT (70 Haute-Saône, Vesoul, secrétaire départemental) ; René MORLOT (70 Haute-Saône, Lure, Conseil départemental) ; Patrick MUZARD (70 Haute-Saône, Gray, Conseil départemental) ; André RUIZ (70 Haute-Saône, Ronchamps, Conseil départemental) ; Albert BARRE (75 Paris, 15ème) ; Antoine BIMBEAU (75 Paris, 15ème) ; Emmanuel DANG TRAN (75 Paris, secrétaire de section de Paris 15ème, membre du Conseil national) ; Pierre DARGHAM (75 Paris, 15ème) ; Paul FOURCHARD (75 Paris, 15ème) ; Josette GAWSEWITCH (75 Paris, 15ème) ; Joran JAMELOT (75 Paris, 15ème, AP-HP, membre du Conseil départemental) ; Pierre YAGHLEKDJIAN (75 Paris, 15ème, RATP) ; Russel YATES (77 Seine-et-Marne, Meaux) ; Armelle HERVE (78 Yvelines, Mantes-la-Jolie, secrétaire de section) ;  Marc JAMMET (78 Yvelines, Mantes-la-Jolie, conseiller municipal) ; Bernard GISCLARD (81 Tarn, Vallée-du-Thoré); Eric JALADE (81 Tarn, Castres, Conseil départemental), Jeanne JIMENEZ (81 Tarn, Castres, conseil départemental); Christiane ODETTI (81 Tarn, secrétaire de la section de Lavaur, Conseil départemental) ; Didier PHILIPPE (81 Tarn, Bastides, Conseil départemental) ; Danielle RALLIERES (81 Tarn, Bastides, Conseil départemental) ; Yves RALLIERES (81 Tarn, Bastides, Secrétaire de section) ; Louis CAMENZULLI (83 Var, La Garde, Conseil départemental) ; Monique CHATAIN (83 Var, Carqueiranne) ; Alain TOURNAY (83 Var, Toulon) ; Benjamin LANDAIS (84 Vaucluse, Avignon) ;  Michel PERRIN (87 Haute-Vienne, ancien secrétaire fédéral, section limoges-cheminots) ; Richard DUCLOS (91 Essonne, Sud-Essonne-Etampes) ; Jean CHANTRELLE (92 Hauts-de-Seine, Malakoff) ; Laurence CHANTRELLE (92 Hauts-de-Seine, Malakoff) ; Jean-Claude MAZZOLINI (92 Hauts-de-Seine, Fontenay-aux-Roses); Julien VILLAIN (92 Hauts-de-Seine, Clichy-la-Garenne) ; Jean-Jacques SUZANNE (94 Val-de-Marne, Orly-Ville) ; Guy NIEL (94 Val-de-Marne, comité de section de Gentilly) ;Yohann PUDELKO (94 Val-de-Marne, Valenton) ; Joëlle REDOIS (95 Val d’Oise, Argenteuil)

 

CN du PCF des 24&25/09/2016. Analyse d’Emmanuel Dang Tran. Choisir de temporiser, de rester dans l’impasse politique, de tenir les communistes à l’écart: pourquoi?

Conseil national du PCF des 24 et 25 septembre 2016. Compte-rendu et analyse d’Emmanuel Dang Tran, fédération de Paris.

Le CN des 24 et 25 septembre 2016 était principalement consacré à la stratégie pour les élections de 2017. Je suis intervenu le 24, mon intervention valant explication de vote contre le « relevé de décisions » (de non-décisions) final. J’ai été, à ma surprise, le seul à voter contre (72 pour, 7 abstentions) malgré la méthode antidémocratique et l’impasse politique que traduit ce texte. A noter que mon camarade Cyril Morlot, qui siégeait à mes côtés, aurait voté contre mais, invité en tant que secrétaire de la fédération de la Haute-Saône, il ne pouvait pas prendre part au vote. Au dernier congrès, en mépris du respect proclamé de la « diversité », la direction a éliminé du CN tous les autres militants et responsables d’organisations du Parti qui ont défendu la motion « Reconstruisons le Parti de classe ! Priorité au rassemblement dans les luttes ».

Comme ces camarades, je ne me sens absolument pas tenu de participer à une unité de façade derrière les choix de Pierre Laurent, d’autant moins, sur le sujet, après sa décision unilatérale de janvier dernier d’inscrire le Parti dans la logique des « primaires ». Comme mes camarades, je ne conçois pas non plus la prudence et l’attentisme de certains, soucieux de préserver des positions électives octroyées par le PS.

Ceci étant rappelé, j’en viens au CN lui-même. La session des 24 et 25 septembre a été particulièrement navrante tant la décision imposée était justement de ne pas prendre de décisions, de les retarder au maximum. Le choix, puisqu’on est dans l’impasse, c’est de rester dans l’impasse. Le processus statutaire de consultation des communistes n’est pas enclenché d’ici la convention nationale du 5 novembre. Il y a de forts risques que celle-ci ne décide de rien non plus. Les communistes sont seulement autorisés à discuter dans le vide. Les pénibles séances de fin 2006, lorsque la direction d’alors négociait la candidature des « collectifs antilibéraux », en tenant les adhérents du Parti à l’écart, reviennent en mémoire. En pire !

Cette méthode ne tient pas de la maladresse. Non, elle est le reflet d’une ligne politique impossible à assumer, tant elle est suicidaire et contraire à la raison d’être de notre parti, aux attentes de l’avant-garde des travailleurs en lutte. Ce que le congrès précipité, bâclé – avec un texte de la direction délibérément nul et illisible -, avec une stratégie réelle définie a posteriori hors des débats de congrès, a tenté de masquer, apparaît au grand jour. La seule perspective offerte par la ligne de Pierre Laurent, c’est  de mettre, contre une certaine rétribution, la marque historique PCF au service d’une recomposition de la gauche réformiste, susceptible de recréer des illusions et de canaliser la protestation populaire avant ou, plus probablement, après l’alternance de 2017. L’attention appuyée de la direction nationale à l’égard de « personnalités », mouillées jusqu’au cou dans le social-libéralisme et l’opportunisme, tour à tour Duflot, Montebourg ou Taubira constraste avec le mépris à l’endroit des communistes.

Le mot « rassemblement » a été omniprésent dans les interventions et l’est dans le « relevé de décision ». Mais rassemblement de qui ? De ces personnalités, de leurs partis bidon, sans réalité sociale, d’une large frange du PS, voire de tout le PS sauf Hollande, Valls et Macron ! L’Huma est même prête à faire passer Hidalgo, championne de la spéculation immobilière à Paris, pour une tenante de l’aile gauche ! L’inquiétude légitime devant la poussée de l’extrême-droite et de la droite est dramatisée et instrumentalisée pour justifier cette imposture, cette logique mortifère du moindre mal. Les luttes, notamment la mobilisation contre la loi El-Khomri, sont réduites à des illustrations, à un mythe fondateur de ce pauvre « rassemblement ». Tout au contraire, conscients de l’opération politicienne, nous devrions y voir une base et agir pour une montée générale des luttes sur une perspective de rupture, objectivement non électorale pour l’instant…

Mais comme d’habitude, de l’action du Parti dans les luttes, et dans leur avant-garde, il n‘a point été question au CN. La seule initiative avancée – la plupart des membres du CN reconnaissant le peu d’enthousiasme des camarades – est le questionnaire démagogique « Que demande le peuple », digne de ce que les sociétés de marketing appellent un (mauvais) « sondage charriot ».

La perspective d’insertion – jusqu’à effacement total – du PCF dans cette recomposition politicienne est aussi indéfendable, dans le Parti et publiquement – que le fond réformiste qui va avec. La référence de Pierre Laurent, c’est le Parti de la gauche européenne, la politique de Tsipras, son asservissement à l’UE, son hyper-austérité ! Les électeurs « de gauche » sont pourtant bien refroidis maintenant. Que le « Brexit », vote de classe, ne trouve pas suffisamment de relais politiques en Grande-Bretagne est une chose à constater et analyser. Mais la direction du PCF et le PGE choisissent de désavouer le vote des Britanniques (au passage contredisant nos camarades anglais, gallois et irlandais). Chez les travailleurs en France, même dans le « peuple de gauche », il ne se trouve pas grand monde pour croire que quelques économistes sauront subvertir, de l’intérieur, les orientations de la Banque centrale européenne pour réorienter vers le bonheur cette construction capitaliste antipopulaire !

Tout ce contexte, ces non-dits, expliquent l’indécision choisie des groupes dirigeants du Parti et les « hypothèses » soumises par le « relevé de décision » à des débats à la cantonade d’ici le 5 novembre. Comme un camarade de bon sens l’a dit au CN : il serait plus correct d’indiquer aux communistes une date où ils pourraient réellement se prononcer en connaissance de cause, même si c’est après la primaire du PS (et de la gauche) en janvier.

D’ici là, les dirigeants du PCF sont dans la spéculation. Est-ce que ce sera Hollande ? Et dans ce cas-là, il y a de la place pour un ou plusieurs candidats de la « gauche de la gauche ». Si c’est Montebourg ou Hamon, on pourra plus facilement s’effacer et négocier pour les législatives. La cote de Mélenchon, le lièvre de la fable, peut varier considérablement selon ces scénarios et il peut devenir autant un tremplin qu’un boulet électoral… Tout cela pour ceux qui aiment la politique façon sciences-po !

Enfermées dans ces considérations, dans cette conception fausse et politicienne du rassemblement, les trois options proposées par le « relevé de décisions », exclusives ou complémentaires, sont mauvaises.

Le choix de se ranger derrière Mélenchon était inacceptable pour moi avant 2012. Il l’est toujours. Je me suis amusé d’entendre des camarades du CN s’offusquer de son populisme, de son bonapartisme, de sa démagogie. Mélenchon n’a pas changé. Les mêmes me sifflaient lorsque je citai, avant 2012, dès 2008, tous les exploits de ce politicien mitterrandien.

Aux camarades qui sincèrement, sans ignorer ce qu’ils appellent pudiquement « les défauts » du personnage, considèrent qu’il est le seul à pouvoir faire gagner une option de « gauche » aux élections, je réponds qu’ils se font des illusions, qu’ils tombent dans le piège de la présidentialisation que le Parti n’a cessé de dénoncer, qu’ils ne prennent pas en compte les dangers profonds du discours de Mélenchon. Son populisme inachevé risque – et la démonstration a été faite dans le Pas-de-Calais déjà – de servir de marchepied au FN.  Puisqu’il est beaucoup question en ce moment du sulfureux conseiller fasciste de Sarkozy, Patrick Buisson, il n’est pas inutile de rappeler que Mélenchon et lui entretiennent une vieille amitié politique.

Devant l’insatisfaction des communistes, leur frustration devant cette ligne d’impuissance, certains proposent – c’est une des options mises en débat – une vraie-fausse candidature, un leurre pour tenter d’exister dans le débat médiatique (avec un « appel à candidatures » dans le « relevé de décisions » borné par l’acceptation de la stratégie de « rassemblement » politicien). Puis, cette candidature, on la retirerait en janvier ! Ceux qui prônent ainsi une déclaration de candidature de Pierre Laurent dès maintenant ne lui font pas un cadeau. Il serait littéralement massacré dans les sondages ! Et le Parti avec ! Un candidat communiste sur la ligne de Tsipras, sur une ligne pro-UE, un candidat qui ne cesse de rechercher le rassemblement le plus large « à gauche » et donc de se dévaloriser lui-même !

Si jamais le PS et le système décidaient de maintenir Hollande candidat, pour mieux recomposer la gauche après son échec électoral cinglant, et que Pierre Laurent présente effectivement sa candidature, le pire est à redouter. Souvenons-nous de ce que représentait le PCF début 2002 et de ce qu’il a représenté ensuite, après la bérézina de Hue aux présidentielles (3,37%).

Pour certains, dans un premier temps, la candidature-leurre pourrait être portée par une personnalité plus consensuelle, plus pateline, celle d’André Chassaigne. Mais l’expérience a été faite depuis 2011 de ses conceptions. En 2011, il se présentait pour donner le change et cautionner Mélenchon. Depuis, comme avant, il est, dans le « Front de gauche » et à l’Assemblée, l’un des plus chaleureux partisans du rassemblement de toute la gauche, avec presque tout le PS. Les cheminots n’auront pas oublié que cela l’a amené à ne pas s’opposer en commission parlementaire aux pires articles de la « réforme » ferroviaire en 2014, dont la dissolution de la SNCF.

Reste la 3ème hypothèse proposée : celle d’attendre pour mieux attendre, y compris le 5 novembre. C’est celle qui traduit le plus sincèrement l’état d’esprit du CN. Peut-être même que, dans l’intérêt du parti, vu l’état de la direction, si l’on attendait mai 2017, ce ne serait pas plus mal. Une membre du CN a d’ailleurs fait remarquer, à juste titre, que pour les législatives, ramené localement, on n’a pas trop de mal à imaginer des accords à gauche…

Mais, par rapport à ce que représente et doit encore représenter notre Parti, par rapport aux attentes des communistes, ce choix de résignation est tout aussi inacceptable.  Et je ne l’accepte pas.

Dans cette situation difficile et navrante, que bien des camarades, nous ne découvrons pas, il me semble que le plus important reste, plus que jamais, de faire s’élever la lucidité, de se débarrasser des illusions et d’aller à l’essentiel : sauver notre parti de ces stratégies suicidaires, en le faisant vivre, dans le plus d’entreprises, de villes et de campagnes, sur des bases de classe. Autant que possible, aussi, dans les campagnes électorales dans un maximum de circonscriptions aux législatives.

Ne laissons pas réduire à prétextes électoraux décoratifs les mobilisations contre la loi El-Khomri, contre la répression antisyndicale, contre l’état d’urgence (approuvé par Chassaigne et Laurent !), contre la guerre impérialiste, contre la casse des services publics et de la Sécurité sociale ! Développons les arguments, les campagnes, les luttes, les perspectives de rupture contre cette politique, contre la politique du capital, mise en œuvre par une démocratie bourgeoise aux abois, prête à recourir au fascisme et coordonnées par l’UE et le capitalisme international.

C’est l’option que nous allons faire entendre le plus fortement possible, en faisant jouer tout ce qu’il peut y avoir encore de démocratique dans les statuts actuels du PCF, et l’engagement sincère de milliers de communistes.

Emmanuel Dang Tran, 29 septembre 2016

Elections présidentielles en Tunisie : plusieurs dirigeants du Parti El Massar (descendant du PCT) ont appelé à voter au 1er tour pour Hamma Hammami

 Vivelepcf, 23 novembre 2014

Les candidats Essebsi et Hammami

Les élections présidentielles en Tunisie se dérouleront le 23 novembre 2014 pour le 1er tour et le 28 décembre pour le second, s’il y a lieu de l’organiser.

La nouvelle constitution accorde un pouvoir restreint au Président de la République. Mais pour la première fois depuis le renversement du dictateur Ben Ali, elles ont lieu au suffrage universel direct. Le symbole sera fort. Surtout, le scrutin présidentiel vient compléter les élections législatives d’octobre qui n’ont pas dégagé de majorité à l’Assemblée nationale. Il influencera la composition de la future coalition au pouvoir.

Pour beaucoup de progressistes et, parmi eux, de communiste tunisiens, la participation aux élections n’a pas d’autre sens que d’éviter le pire, en choisissant le moindre mal, du moins au 2nd tour.  

Le pire pour la société tunisienne dans son ensemble, c’est les islamistes, à la fois ultracapitalistes et ultraréactionnaires.

Leur parti Ennahdha a enregistré un recul notable aux dernières législatives par rapport à 2011, passant de 37 à 28%. Trois ans de gouvernement ont entamé les illusions que sa démagogie populiste et ses réseaux ont répandues notamment dans les catégories les plus pauvres. Ils ont mis en évidence sa politique inspirée officiellement des islamistes turcs : une politique de casse sociale, de protection et d’extension des intérêts et des pratiques des possédants, d’alignement sur les directives du Fonds monétaire international et de l’impérialisme. L’obscurantisme social et culturel propagé au nom de la religion est apparu comme le complément et le vecteur de cette politique. Au plan international, les islamistes ont poussé la Tunisie à s’aligner sur les dictatures du Golfe. L’anarchie régnant et le développement de groupes islamistes surarmés dans la Libye limitrophe peuvent légitimement susciter de plus grandes craintes encore sur ces soi-disant « islamistes modérés ».

Soucieux de ne pas faire subir un vote sanction à leur leader, les islamistes d’Ennahdha ont décidé de ne pas présenter de candidat aux présidentielles. Mais ils soutiennent en sous-main la candidature du président sortant Moncef Marzouki. En peu de temps, l’ancien opposant droit-de-l’hommiste s’est déconsidéré par son amour visible des ors et honneurs et par ses combinaisons politiciennes, au point que son parti est tombé à 2% aux législatives. Il n’est plus que le fantoche des islamistes.

Le moindre mal pour beaucoup de camarades tunisiens, c’est le candidat des revenants de l’ancien système, de ceux qui ont été les moins impliqués dans les pires dérives du Ben Ali finissant, de ceux qui représentent les quelques bons souvenirs de la période Bourghiba. L’âge du candidat choisi par ce camp, Beji Caïd Essebsi ne doit donc rien au hasard : bientôt 88 ans ! Le programme de la coalition électorale hétéroclite qu’il conduit et qui a emporté les élections législatives (avec 38%), Nidaa Tounes, ne tranche pas avec la politique « libérale » en cours, la remise en cause des acquis sociaux suivant les exigences du FMI, la protection des oligarchies locales, l’affiliation à l’impérialisme occidental. Mais elle s’affirme et apparaît, notamment en matière d’éducation, de liberté civique et de défense des droits des femmes et de la laïcité comme le principal rempart aux prétentions islamistes.

Il n’est pas du tout impossible que Nidaa Tounes et Ennahdha participent ensemble à une coalition gouvernementale au sortir de la présidentielle, avec l’un ou l’autre en chef de file. On comprend que la perspective n’a pas de quoi enthousiasmer les progressistes.   

La gauche « antilibérale », à défaut d’être anticapitaliste, n’offre pas pour l’instant de véritable débouché politique, encore moins électoral. La coalition dans laquelle les héritiers du Parti communiste tunisien ont choisi de se ranger est passée à côté des élections législatives, disparaissant du Parlement. Le parti Al Massar, dans ses instances à tous les niveaux, étudie les raisons de son échec : trop de compromis peu compréhensibles voire contradictoires, une orientation tombant trop (ou pas assez) dans la social-démocratie ? Il ne présente pas de candidat à la présidentielle.

Certains camarades ne donnent aucune consigne de vote. D’autres, sans illusion, ne voit d’utilité que dans le vote pour Essebsi pour contrer les islamistes. Le dirigeant historique Ahmed Brahim appelle à voter au 1er tour pour le candidat du « Front populaire » (4% aux législatives) Hamma Mammami.

Ce choix n’est pas une évidence pour les communistes qui gardent en mémoire les effets très contreproductifs pour la classe ouvrière tunisienne des agissements des maoïstes et trotskystes sous Bourghiba. Après le renversement de Ben Ali, Hammami et son parti ont manifesté une sous-estimation totale du danger islamiste et des liens entre islamistes et bourgeoisie. Hammami a été un marche pied des Frères musulmans lors des rassemblements dits « Kasbah 2 ». Depuis, en quête de respectabilité internationale, Hammami a participé à l’abandon de la référence « communiste » du nom de son parti, l’ex « Parti communiste des ouvriers tunisiens ».

Pour autant, l’histoire mouvementée et ingrate du Parti communiste tunisien depuis deux voire trois décennies, incite à relativiser ces jugements.

Il est clair que la candidature à la présidentielle de Hamma Hammami et son élan réel sont seuls à porter des revendications sociales et politiques de rupture avec la soumission aux possédants et potentats nationaux, à la dépendance à l’impérialisme. Ils portent maintenant aussi sans ambiguïté une ligne d’opposition ferme aux islamistes en Tunisie et ailleurs. Hammami demande par exemple le rétablissement des relations avec le gouvernement syrien interrompues sous pression des islamistes.

Communistes français, la situation tunisienne retient évidemment toute notre attention. Nous ne pouvons qu’assurer nos camarades tunisiens de tout notre soutien politique, moral et matériel en France s’il le faut et de notre conviction, partagée avec eux, que tôt ou tard, la classe laborieuse tunisienne qui a su se soulever contre la dictature trouvera les voies de la constitution de son parti de classe pour son émancipation complète.

Même si avec les élections présidentielles, on vérifiera que l’on en est encore très loin.