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Hôpital : « Travaillez plus pour que je supprime moins d’emplois ! » Non au marché de dupes de M. Hirsch! (ex-ministre de Sarkozy, placé par Hollande à la tête de l’AP-HP)!

Tract PCF Paris 15

Jeudi 21 mai 2015, les principaux syndicats de l’Assistance Publique – hôpitaux de Paris appellent les personnels à la grève contre la volonté du Directeur général Hirsch de supprimer jusqu’à 6 journées de repos compensatoire et d’alourdir encore la charge de travail journalière.

Patients, il est de notre intérêt, presque vital, de soutenir la lutte des hospitaliers.

Ce que les patrons comme M. Hirsch appellent « gains de productivité », nous savons ce que c’est. C’est des temps d’attente à rallonge pour obtenir une consultation. En revanche, c’est moins de temps pour nous écouter quand nous sommes hospitalisés. C’est le renvoi à domicile au plus vite au risque de complications etc.

La situation de pénurie est devenue critique. La direction en donne une nouvelle preuve en assignant une grande majorité des grévistes annoncés. Oui, les services fonctionnent au mieux à flux tendu !

Depuis l’application à l’hôpital des lois Aubry et des soi-disant « 35 heures » en 2002, la situation s’est dégradée. Certains chiffres sont parlants. Le nombre d’emplois d’agents hospitaliers a baissé de 3000, passant de 78.000 à 75.000. La « flexibilisation » du temps de travail, l’intensification de la charge de travail se sont traduites par une aggravation flagrante de la pénibilité dont témoignent les rapports des administrations officielles eux-mêmes : cas de « burn-out », explosions des maladies professionnelles entraînant même une baisse de l’espérance de vie à terme.

Aujourd’hui, Martin Hirsch veut revenir sur les maigres compensations accordées en 2002 avec la RTT mais aussi sur des acquis parfois vieux de dizaines d’années comme la Fête des mères. Les lois Aubry étaient trompeuses.

Le plan Hirsch, qui siégeait au gouvernement avec Roselyne Bachelot, sous les ordres de Sarkozy, relève d’un véritable jeu de dupes ! Il assène aux médias que si les agents n’acceptent pas de travailler plus longtemps et d’accroître encore leur productivité, il devra supprimer encore plus de postes. C’est absurde ! Ou plutôt, c’est du chantage, cynique et écœurant !

Hirsch est moins malhonnête quand il affirme que les « profits » de sa politique doivent revenir aux abaissements de cotisations sociales, grassement accordés par les gouvernements successifs aux patrons et aux actionnaires. Il serait encore plus honnête s’il reconnaissait que la politique de casse de l’hôpital de casse de l’hôpital public vise à gonfler les profits, à développer la médecine marchande, « libérale », gaspilleuse et injuste.

Hirsch a déjà bien sévi depuis son arrivée à l’AP-HP, embauché pour un contrat de mission de casse sociale.

L’Hôtel-Dieu ne rouvrira pas en tant que véritable hôpital. Le peu qui se sera maintenu le sera au prix de la liquidation du Val-de-Grâce.

Il a innové en étendant la privatisation au sein de l’AP-HP en détournant les moyens de la médecine publique, des services entiers, vers les soins aux dictateurs-Emirs du Golfe. Pas question pour ces gens-là de généraliser l’ambulatoire (ambulatoire : on vous renvoie chez vous le plus tôt possible et on fait payer les complications au profit de la médecine « libérale ») !

Il a couvert et développé la politique du « management par le flicage » de tous les personnels, comme la révélation du fichage illégal des médecins de l’HEGP l’a dévoilé.

Hisch est aussi le promoteur de la destruction programmée des prestigieux hôpitaux Bichat et Beaujon (voire d’une partie de Lariboisière) pour liquider 600 lits, le double de postes et nourrir une opération spéculative de surcroît. Ce projet « hôpital Nord », soutenu par la municipalité de « gauche » de Paris est un nouveau scandale, similaire à la destruction de Boucicaut/Broussais/Laënnec pour construire, à force de surcoûts, l’HEGP dans le 15ème.

A Paris et notamment dans le 15ème, cette municipalité de « gauche plurielle », à l’unisson de la politique antisociale du gouvernement supprime les centres de santé (Balard, Beaugrenelle), dernièrement le centre municipal Anselme Payen, pour mieux détourner l’argent public vers le privé, tout en engorgeant les urgences de l’HEGP. Une lutte est engagée localement pas plusieurs associations, la CGT, avec le soutien du PCF.

Au plan national, la récente loi Touraine donne aux Agences régionales de santé (ARS), instituées par la Loi Bachelot, de nouvelles prérogatives (« groupements hospitaliers de territoire ») pour détruire l’offre publique de santé au profit du privé.

La ministre Touraine ne peut plus contester que sa politique « d’austérité » implique, encore, 70.000 suppressions d’emplois dans les hôpitaux publics en France d’ici 2017.

Enduit des cosmétiques de l’hypocrisie de l’humanitaire et du « dialogue social», Martin Hirsch n’est que le mercenaire des pires intérêts financiers, passant de Sarkozy à Hollande, de Bachelot à Touraine. Avec lui, l’AP-HP est toujours au centre de la casse de l’hôpital public nationalement.

L’humanitaire, la santé, l’offre de soin la meilleure pour tous, défendons-la ensemble, agents hospitaliers, médecins, patients et citoyens ! Soutenons la grève du 21 mai et préparons ses suites !

Pour la santé, le plan Hirsch/Touraine ne doit pas passer !

Rassemblement, jeudi 21 mai à partir de 11h, devant le siège de l’AP-HP, avenue Victoria.

Le 1er mai pluvieux ne doit pas obscurcir la perspective ouverte par le 9 avril !

Vivelepcf, 2 mai 2015

Nous reconnaissons que la manifestation syndicale traditionnelle du 1er mai 2015 n’a pas été l’une des plus suivies de ces dernières années.

Un aperçu de la manif à Marseille (au sec)

Les circonstances externes, non-politiques, étaient pour le moins défavorables. La pluie battante restera dans les souvenirs, encore davantage pour les militants communistes qui vendaient le muguet des luttes le matin. Le week-end prolongé et les vacances scolaires ont évidemment joué.

Ceci dit, des questions politiques et syndicales se posent aussi et on aurait tort de se réfugier uniquement sous les parapluies. D’autant plus que cette faible mobilisation ne correspond pas au succès des manifestations, un jour ouvré, du 9 avril, à l’initiative de la CGT.

La manifestation « traditionnelle » n’est la propriété d’aucune organisation en particulier, mais de toutes celles qui, d’une façon ou d’une autre, sont héritières du mouvement ouvrier socialiste en France. Cela implique évidemment d’arranger ensemble l’ordonnancement de la manifestation. Mais pourquoi la CGT a-t-elle ressenti le besoin de signer un appel commun avec notamment le syndicat réformiste « autonome » UNSA ? L’UNSA a refusé toute référence à la journée d’action du 9 avril, car sa logique est à l’opposé de celle des révolutionnaires.

UNSA, FSU, Solidaires et CGT ont tenu à reprendre l’appel de la Confédération européenne des syndicats (la CES à laquelle collaborent aussi FO et la CFDT). Les positions de la CES, institution ultra pro-européenne, relai syndical appointé de la Commission européenne, militante notamment pour le projet de « constitution » européenne rejeté par notre peuple il y a dix ans, ne peuvent guère rencontrer les attentes des travailleurs de chaque pays et de France.

L’appel commun n’a pratiquement pas été diffusé par les militants CGT. Mais les tracts de la Confédération ou des Unions régionales sont restés à des revendications très générales, hausse des salaires, pensions et minima sociaux, voire sociétale égalité salariale hommes-femmes (vers le haut, heureusement !), « créations d’emploi pour combattre le chômage (sic).

Nous avons le souvenir des mobilisations massives de 2009 sur une « plateforme intersyndicale » aussi vague, puis de la perspective donnée aux manifestations géantes pour les retraites de 2010. Objectivement, ce qui renvoie à un changement politique général, électoral, maintenant pour 2017, après les illusions et désillusions de 2012, ne peut pas rassembler les militants, les travailleurs, les retraités, chômeurs et jeunes. Ce même 1er mai, les médias ont évidemment valorisé le rassemblement groupusculaire du FN et ses embrouilles politiciennes dirigées vers 2017…

C’est autre chose dont les manifestations du 9 avril ont exprimé la recherche : de revendications unifiant les luttes, les faisant converger pour faire reculer dès maintenant la politique du gouvernement.

Dans les manifestations, communistes, c’est ce que nous avons mis en avant ! Voir notre tract en lien.

Avec beaucoup de réactions très positives malgré la pluie…  La perspective ouverte le 9 avril par l’avant-garde des luttes peut et doit continuer à animer les travailleurs après leur fête.

Lien vers notre tract PCF diffusé à la manifestation parisienne

CGT – Comprendre la crise 1 : acceptation en 2008 de la « représentativité syndicale » version Medef/Sarkozy avant l’engagement des directions derrière la « gauche » et/ou le « Front de gauche »

TOILE DE FOND DES MOUVEMENTS DANS LA CGT, QUE L’ENGAGEMENT DE LA DIRECTION CONFEDERALE DERRIERE LA GAUCHE DIRIGEE PAR HOLLANDE ET SOUTENUE PAR MELENCHON NE PEUT MASQUER, LA CONVERSION AU SYNDICALISME DE NEGOCIATION, DE COGESTION TELLE QUE LES DISPOSITIONS DITES DE LA « REPRESENTATIVITE » SYNDICALE, FORMULEES AVEC LE MEDEF ET SARKOZY, EXPRIMENT CRUMENT. NOUS REPRODUISONS UNE ANALYSE DE 2008 SUR UN POINT ESSENTIEL QU’IL NE FAUT PAS OUBLIER.

Position commune sur la « représentativité syndicale » : grave étape d’un syndicalisme de lutte vers un syndicalisme de compromis

Par EDT et Stéphane Auriol, militant syndical à la RATP, membre du CN du PCF, 8 juin 2008

Voilà  des années que le patronat et les gouvernements nous rabattent les oreilles sur le « dialogue social », l’essor de la « démocratie sociale ». La réalité tranche avec ces envolées : licenciements, délocalisations, blocage des salaires, démantèlement des service public, du statut des fonctionnaires…

Aujourd’hui Sarkozy se réjouit que « le dialogue social n’a jamais été aussi dense ni aussi constructif en France qu’au cours des derniers mois » et se félicite de la « position commune » sur la « représentativité, le développement du dialogue social et le financement du syndicalisme », adoptée le 9 avril par des représentants syndicaux et patronaux.

L’enthousiasme présidentiel rejoint celui du Medef qui salue « un texte historique, innovant et équilibré ». Cette convergence ne surprend pas. De façon plus inhabituelle, elle s’étend à la CFDT et surtout à la CGT dont la direction s’apprête à ratifier majoritairement le texte.

Comment imaginer une « position commune » avec le Medef au moment où la situation exige de faire converger les luttes, la riposte des salariés du privé et du public ? Comment admettre que le Medef dicte ses conditions sur des dispositions qui ne concernent que les syndicats de salariés ?

Le texte de cette « position commune » ne doit surtout pas passer inaperçu.
Militants politiques communistes à l’entreprise, il doit retenir toute notre attention. Parce que nous sommes tous également militants syndicaux, pour la plupart à la CGT. Mais aussi à titre de militants politiques décidés à animer la lutte des classes sur le lieu de l’exploitation.

L’analyse du texte confirme l’inquiétude intuitive ! Il porte sur des aspects différents de l’activité syndicale. Mais dès le préambule, paraît l’idéologie du texte : la négation de l’affrontement de classe et du rapport d’exploitation dans l’entreprise. On y lit que syndicats et patrons s’entendent pour « développer le dialogue social au regard des évolutions actuelles de la société et de ses composantes économiques et sociales ».

Validation des accords : une fausse avancée

Ne nous laissons pas illusionner : un accord d’entreprise, de branche, national est fondamentalement l’expression du rapport de forces dans l’entreprise, la branche et le pays, du niveau des luttes. Les postures de l’éventail des organisations réformistes n’en sont que le reflet de l’action des travailleurs et de leurs organisations de classe.

Ceci étant rappelé, la possibilité actuelle d’adoption d’un accord par la signature d’une seule organisation syndicale, largement instrumentalisée par le patronat, n’en est pas moins inacceptable.

Le texte envisage une modification des conditions de validation des accords. L’amélioration n’est qu’apparente. Les syndicats signataires devront représenter au moins 30% des voix aux élections professionnelles pour que l’accord soit validé. C’est déjà le cas en général. A la RATP, ce système existe déjà (35%) et la direction trouve sans mal les signataires…

En revanche, les possibilités d’opposition des organisations syndicales majoritaires ne sont pas améliorées. L’article 6 est même encore plus restrictif. Un accord, une fois adopté, ne pourra être dénoncé, qu’à l’unanimité des organisations reconnues représentatives.

Le Medef a mis des garde-fous. Il amène les syndicats à la logique de compromis mais la « position commune » lui confère de nouvelles possibilités d’influence sur les syndicats.

C’est ainsi que nous interprétons la refonte des règles de représentativité syndicale. Rien ne justifie qu’elle soit associée à la nouvelle validation des accords.

Nouvelle définition de la « représentativité syndicale » : un vrai recul pour un syndicat de classe

Aujourd’hui, héritage de l’après-guerre, quatre confédérations syndicales, CGT, CFDT, FO et CFTC (+ CGC pour les cadres) sont reconnues représentatives à tous niveaux. Elle bénéficient d’une « présomption irréfragable » de représentativité ; ce qui leur permet notamment de désigner dans toute entreprise un délégué syndical disposant de protection, d’heures de délégation, d’une capacité à négocier. Les autres syndicats doivent faire la démonstration de leur représentativité.

La « position commune » supprime la présomption irréfragable. La représentativité sera réexaminée périodiquement (article 1) selon 7 critères dont « l’audience établie à partir des résultats aux élections professionnelles » et la « transparence financière ».

Du point de vue du syndicat de classe, tel que nous concevons la CGT, ces nouveaux critères constituent un recul. La représentativité nationale de la CGT est un fait incontestable. Demain, dans certaines branches et entreprises l’implantation de la CGT (délégués syndicaux) sera handicapée par le seuil de 10% (8% au niveau national) qui serait désormais nécessaire pour être reconnu. Ce sera particulièrement le cas dans des entreprises, notamment des  PME, où le patronat et les syndicats de collaboration disposent des plus grands moyens de pression.

On ne voit pas par ailleurs l’intérêt pour les révolutionnaires à pousser les organisations syndicales réformistes à se regrouper.

Le caractère déterminant des résultats électoraux amènera les syndicats à faire rentrer les salariés dans des pratiques délégataires sinon électoralistes. Et renforcera les patrons ! Chaque travailleur sait combien les élections professionnelles sont placées sous influence (contrairement aux prud’homales). Le Medef se félicite que le texte impose aussi que les délégués syndicaux soient désignés parmi les candidats.

La « position commune » institutionnalise ces pratiques syndicales et en fait l’élément structurant de l’activité syndicale, aux dépens de la construction de rapports de forces et de la lutte.

Des syndicats institutionnellement, financièrement, sous influence patronale !

Connaissons-nous un patron qui soutient et finance un syndicat de lutte de classe ? L’expérience du mouvement ouvrier nous apprend que tout droit syndical ne peut être le résultat que d’âpres luttes et que le patronat s’efforce immédiatement de le retourner à son profit.

Dans le cas présent, l’article 12 invite les entreprises à « apporter des moyens aux organisations syndicales de salariés » qui « devront prioritairement prendre des formes favorisant l’adhésion, telles que des formes d’abondement de celle-ci » (ex : le chèque syndical). Le même article envisage la possibilité de « réserver certains avantages conventionnels aux adhérents des organisations syndicales » comme « piste à explorer de nature à développer les adhésions ». Comment continuer à parler d’indépendance, de liberté syndicale ?

Symbole et instrument de cette collaboration entre patronat et syndicat, l’article 13 prévoit même la création d’une « Fondation du dialogue social ». Tout un programme !

Le souci, apparemment louable, de « transparence financière », qui deviendrait condition de la reconnaissance de la représentativité, conduit en fait à une mise sous tutelle des organisations syndicales. On notera ainsi que l’article 1-5 prévoit qu’elle s’exerce au niveau confédéral, fédéral ou régional, ce qui limite l’autonomie des unions départementales, locales ou des syndicats d’entreprise. Un moyen de contenir l’autonomie du syndicalisme de proximité.

Les normes de certification des comptes sont par ailleurs renvoyées à la loi que concocte Xavier Bertrand. Le pire est à redouter.

Le Medef explique pourquoi le texte s’intitule « position commune » et non « accord » : pour que le gouvernement dans sa loi ne soit pas tenu d’en respecter la lettre. Il aura notamment loisir, s’appuyant sur la légitimité que les signataires lui auront donnée, d’imposer une nouvelle « hiérarchie des normes », privilégiant le « contrat » sur la loi, l’accord d’entreprise sur l’accord de branche, en un mot les échelons où la dictature patronale pèse le plus fortement.

L’article 17 ouvre la voie. Il prévoit « qu’à titre expérimental », des accords d’entreprise puissent déroger aux plafonds du contingent d’heures supplémentaires fixés par des accords de branche. Autrement dit, l’une des dernières dispositions acquises avec les 35 heures est remise en cause. De l’expérimentation à la règle : combien de temps ?

Après un tel examen, encore très partiel, on ne peut que s’interroger sur la décision majoritaire des organes dirigeants de la CGT de ratifier ce texte, de le faire aussi vite sans lancer le débat de fond auprès des syndiqués. On ne peut s’empêcher de faire le lien avec plusieurs expériences récentes marquant la mutation du syndicat historique de lutte de classes engagée par sa direction.

Dans la suite d’une évolution impulsée par la direction de la CGT

Après le 48ème congrès de la CGT, le mot « compromis » figurait dans le projet de résolution.  Maryse Dumas, secrétaire confédérale a déclaré après son rejet par les délégués: « les mots ont leur histoire. Certains délégués sont favorables à la démarche de négociation, mais pas au «compromis.» C’était la première fois que le terme était employé dans un document d’orientation. Il a fait débat. Au prochain congrès, il choquera moins.»

Nous avons été confrontés ces derniers mois, sur des sujets politiques très importants, à la manifestation de ces nouvelles pratiques syndicales. Sur la question des retraites et de la remise en cause des régimes spéciaux, préalable à la nouvelle phase du démantèlement de l’ensemble du système par répartition, la négociation entreprise par entreprise, proposée par les directions syndicales, a interrompu la grève de novembre. Objectivement, sans aucun résultat sur les revendications que les grévistes portaient.

La loi actuellement en discussion sur le contrat de travail porte une régression sociale et démocratique historique. Le gouvernement (et le PS) s’appuie sur l’accord du 11 janvier 2008 entre patronat et 4 centrales syndicales pour la faire passer (ne pas s’y opposer). La CGT n’a pas signé l’accord mais a accepté de négocier « a priori » le recul social.

Ne doit-on pas voir une adaptation du patronat correspondant à la mutation de la direction de la CGT ? On avait du mal à imaginer que le souci de probité motive l’activisme de Mme Parisot contre M. Gautier-Sauvagnac. L’éviction des anciens cadres de l’UIMM marque vraisemblablement un passage :

d’une culture patronale de « partenariat » avec des syndicats réformistes minoritaires, qui a succédé au paternalisme d’antan vers 68, à une culture de cogestion avec l’ensemble des syndicats dont la CGT. Exit Gautier ! Mais pas les salariés militants de classe !

Aujourd’hui que faire ?

En tant que militants politiques, il ne nous appartient pas d’intervenir en tant que tel dans les débats syndicaux. Malgré la précipitation, la ratification de la « position commune » a rencontré l’opposition de plusieurs fédérations et unions départementales CGT. Nous le constatons avec satisfaction.

Il nous appartiendra d’intervenir fortement sur le projet de loi du gouvernement qui émanera de ce texte. Nous le jugerons et le combattrons sur le fond et non sur la qualité historique des signataires.

Dès à présent, sur les dossiers politiques imminents comme les retraites, l’assurance chômage, nous ne saurions nous aligner, dans notre action dans le monde du travail, sur la logique de négociation du moindre mal. Pas de courroie de transmission à l’envers !

Conseil national du PCF des 10 et 11 avril 2015, intervention d’Emmanuel DANG TRAN, fédération de Paris

Les importantes manifestations de jeudi (9 avril) ont rassemblé l’avant-garde de la classe ouvrière. Elles portent la perspective de rupture politique dans l’intérêt du monde du travail. Elles devraient être au centre des préoccupations de notre Conseil national. Je constate que ce n’est pas le cas.

Du point de vue du monde du travail et, en particulier du PCF, on ne peut guère trouver de sujet de satisfaction dans les résultats des élections départementales, sinon peut-être très localement (Val-de-Marne…).

Le refus de la politique gouvernementale s’est, certes, à nouveau exprimé massivement. Mais il se heurte plus que jamais à l’impasse politique institutionnelle. Le pouvoir ne sort pas entravé du scrutin pour continuer et aggraver la même politique antisociale.

Son rejet s’est d’abord manifesté par l’abstention, qui avec les blancs et nuls, dépasse les 50% – sans compter les non-inscrits.

Le système de l’alternance « gauche/droite » continue de fonctionner, tant bien que mal, même massivement discrédité. Il est complété maintenant, à part entière, par le FN. On est passé de « l’UMPS » au PS+UMP+FN.

Le calcul politicien, tel que Valls l’a dévoilé grossièrement pendant la campagne, fonctionne. Le repoussoir FN plombe la droite, crée un réflexe minimum de mobilisation à « gauche » derrière le PS. Surtout, il contribue à polariser la vie politique sur les échéances de 2017, dans une logique de moindre mal. Dans le flou des positions démagogiques et contradictoires du FN, un point est soigneusement mis en avant par l’idéologie dominante: le nationalisme de l’extrême-droite sert à discréditer toute opposition à l’Union européenne du capital.

Les résultats du PCF n’ont pas été en état de perturber ce scénario électoral. Et pour cause ! La direction du PCF a pris la lourde décision d’emblée de dissoudre le vote communiste au plan national.

Aux élections cantonales de 2008 (8,82%), à celles de 2011 (7,46%) – malgré le début du brouillage du Front de gauche – la persistance du vote et de l’ancrage communistes s’était manifestée (certes sous des gouvernements de droite qui relativisaient la participation aux exécutifs départementaux de «gauche » avec le PS).

Aux départementales 2015, il est purement et simplement impossible de décompter le vote communiste. Suivant les cantons, la direction du PCF n’a pas présenté de candidats, ou bien a soutenu des candidats qui étaient aussi ceux du PS dès le 1er tour, ou bien encore a fait des alliances avec des partenaires divers, dont, dans un tiers des cas, avec EELV, regroupement opportuniste pour le moins éloigné des positions communistes – c’est le moins que l’on puisse dire – radicalement même sur l’Europe.

Les sondages « sortis des urnes » attribuent entre 5,5% et 6% au Front de gauche. Mais que représente le Front de gauche à ces élections quand les paroles de Mélenchon et de Pierre Laurent s’opposent autant médiatiquement ?

Il n’est pas raisonnable de la part de la direction d’afficher faussement, à destination des lecteurs de l’Humanité, un résultat de 9,4%. C’est additionner des choux et des carottes ! Dans le détail, vous ne comptez pas les 26% des cantons où le FdG n’avait pas de candidat et soutenait implicitement ou explicitement le PS. Mais vous comptabilisez pour le FdG toutes les voix dans les cantons où il y avait alliance avec le PS ou soutien du PS dès le 1er tour. Et vous comptez comme vote « communiste » les voix des candidatures communes avec EELV. C’est n’importe quoi ! Essayer de se mentir pour se défausser de la critique, c’est la pire façon d’aborder l’avenir !

Selon le rapport d’Olivier Dartigoles, il resterait 166 élus départementaux PCF ou apparentés, au lieu de 227. Parmi eux, 133, au plus, sont membres du PCF. C’est évidemment a priori un point d’appui pour les populations. Mais, il est stupide de proclamer pour autant, comme le fait un communiqué du CN, que le Front de gauche constituerait la 3ème force politique du pays, même si 133 élus, c’est deux fois plus que le nombre d’élus du FN (62)… C’est aussi deux fois plus que le nombre d’élus du PRG (62) ! Le point commun avec le PRG, pour la première fois, c’est que 44 des 133 élus communistes étaient candidats du PS dès le 1er tour…

Pierre Laurent, dans son intervention d’hier, a souligné la nécessité de subordonner les alliances électorales à la stratégie politique et celle-ci aux contenus. Je fais remarquer que la direction a pris soin de faire l’inverse. La réunion du Conseil national consacrée à la préparation des départementales a eu lieu le 15 octobre 2014 alors qu’une conférence nationale était convoquée le 8 novembre…

La ligne décidée par la direction suit bien une cohérence, même si elle décidée en dehors des communistes. Elle consiste à combiner les deux fers au feu de la social-démocratie. Cette cohérence s’est traduite par une désastreuse géométrie variable dans les alliances électorales. A ce jeu, le vote communiste disparaît et le PCF est perdant à tous les coups.

D’un côté, pour garantir les sièges, pour assumer la participation/collaboration aux exécutifs de « gauche » sortants, les directions du PCF ont présenté des candidatures en connivence directe avec le PS. L’image de Pierre Laurent, main dans la main avec Cambadélis avant le 2nd tour, continuera à peser lourdement. Cela ne signifie pas pour moi le refus de tout accord de désistement avec le PS pour le second tour ; mais seulement lorsque le positionnement est clair au premier. Cette politique associe logiquement le Parti au désaveu de la « gauche » gouvernementale.

De l’autre côté, suivant les situations électives locales, les directions du PCF ont soigné une posture critique à gauche, en préparation de 2017, avec des « frondeurs », des PS déguisés en « divers gauche », en « Nouvelle Donne », ou des « écologistes ».

A entendre la discussion de notre CN, cette combinaison ambiguë, impossible à assumer ouvertement, va rester à l’ordre du jour jusqu’aux élections régionales de décembre 2015. Vu le mode de scrutin, la volonté de poursuivre la participation, la collusion, aux exécutifs régionaux de gauche, il sera impossible d’être clairs vis-à-vis de la politique du PS. La constitution des listes pour le 1er tour, offrira la possibilité de soigner une image « à gauche de la gauche » pour préparer 2017. Après les régionales, en 2016, on pourra passer à une étape déjà expérimentée lamentablement par les communistes : celles des disputes pour le choix du candidat de la « gauche de la gauche » pour les présidentielles !

Quel scénario ! J’ai envie de dire aux camarades : « Vous avez apprécié les collectifs antilibéraux, vous avez aimé le Front de gauche, vous allez adorer les « Chantiers de l’espoir » » !

Je remarque combien notre CN est maintenant embarrassé avec le « Front de gauche ». Faut-il même garder la « marque » alors que Mélenchon en est de fait dépositaire nationalement et que le PG ne se prive pas de tailler des croupières au PCF à tous les niveaux ? Ce n’est pas faute que quelques-uns ici, dont je fais partie, aient alerté ! Nous avons dénoncé fondamentalement la poursuite de la stratégie d’effacement du Parti et des positions communistes avec le « Front de gauche ». Mais nous avons aussi alerté sur le risque immédiat de donner les clés à un politicien socio-démocrate comme Mélenchon. Difficile de contester aujourd’hui que nous avions raison.

Les « Chantiers d’espoir » [à la réunion desquels certains dirigeants du Parti se sont rendus juste après le CN, le 11 avril] sont le nouveau lieu de rencontre et d’affrontement de toutes les postures, personnalités et groupes qui ambitionnent d’occuper l’espace de la « gauche de la gauche », en forces d’appoint de la social-démocratie. L’appel de lancement est si vague qu’il pourrait être signé par le pape. La référence des EELV, rocardiens de « Nouvelle Donne » ou PS « frondeurs », c’est le programme de Hollande en 2012 !

Ça promet ! On connaît ! 2016 sera l’année des guéguerres pour désigner le ou la candidate de la gauche « radicale » pour les présidentielles. Les négociations politiciennes, sans fin, pour les places éligibles aux régionales sera le lot d’ici la fin de l’année 2015 !

Hier, Pierre Laurent a mis en garde à juste titre : « Notre discours peut passer au-dessus de la tête des gens des quartiers ». Avec ces combinaisons politiciennes, c’est sûr !

Plusieurs membres du CN ont soulevé la nécessité d’organiser des campagnes de « solidarité concrète ». Oui ! Partir de la détresse et de la colère de la population : oui ! Mais non pour les canaliser, non pas même pour seulement les exprimer mais pour les traduire en luttes politiques en s’appuyant sur l’avant-garde telle qu’elle a défilé le 9 avril ! Allons-y !

[Je n’ai pas eu le temps au CN de détailler toutes les propositions suivantes. Je les mets en discussion dans ce texte].

-          L’anniversaire de la sécurité sociale, les luttes contre le démantèlement de l’hôpital public appellent un large mouvement convergent pour réexpliquer et reconquérir le financement solidaire par la cotisation sociale.

-          La revendication de la semaine de 32 heures monte, notamment dans l’industrie. Profitons-en pour lancer une campagne pour la véritable semaine des 35 heures, alors que les salariés à plein-temps travaillent en fait 39,4 heures en moyenne, autant qu’avant les lois Aubry dont le patronat a tant profité.

-          L’annonce récente de la montée de l’Etat dans le capital de Renault devrait nous amener à reprendre nos propositions de nationalisations démocratiques telles que nous aurions pu et dû les avancer pour l’automobile (PSA), la sidérurgie (Arcelor) ou Alstom.

-          A nouveau, j’appelle à une campagne nationale contre les augmentations des tarifs publics. La défense des services publics ne saurait se limiter à des « coordinations » alibi [Le rapport du CN a vanté les « Assises pour le service public »], dirigées par des ex-cadres de la CFDT, sur des bases opportunistes. On ne peut pas se battre pour les services publics avec les politiciens qui ont appuyé le démantèlement de la SNCF avec la « réforme ferroviaire », qui la pratiquent dans les régions. Pas plus qu’avec ceux qui défendent l’UE du capital et ses directives de mise en concurrence. Pour la SNCF, La Poste : prenons, communistes, nos responsabilités pour faire converger les très nombreuses luttes locales sur la position politique de fond de défense et de reconquête des grands monopoles publics nationalisés !

Quelques-uns l’ont évoqué : Les débats et soubresauts actuels dans la CGT ne peuvent nous laisser indifférents. Plutôt que de faire la part belle aux réformistes et aux représentants du patronat [comme à la « Convention nationale pour l’industrie » d’octobre], donnons des repères politiques de rupture aux camarades syndiqués qui en sont à la recherche.

Un dernier mot sur la Grèce. Arrêtez ! Être solidaire avec les Grecs, ce n’est pas soutenir le gouvernement de coalition Syriza/ANEL (parti d’extrême-droite) ! La question n’est pas de souhaiter ou de ne pas souhaiter la réussite du plan de Syriza. Son plan – très modeste –  de relance capitaliste est voué à l’échec. Ils continuent à se placer à la merci de l’UE du capital. Ils multiplient les gages de soumission à l’OTAN, aux possédants, aux armateurs notamment. Il est maintenant possible que la Grèce finisse par sortir de l’euro. Ce qui aurait pu et dû être une reconquête de souveraineté, risque de passer – à cause du parti pris de Syriza – pour une « punition » infligée par l’UE et la BCE.

Communistes, nous devrions analyser et démonter cette pédagogie de la résignation à destination européenne, au lieu d’y participer !

Et surtout ne suivons pas la ligne du Parti de la gauche européenne, PGE, soumise à l’UE ! Comment peut-on aujourd’hui valider le nouveau diktat imposé par l’UE, le FMI et les grandes puissances européennes à la Grèce dans les mêmes termes que ceux que nous avions dénoncés quand la droite était au pouvoir ? Syriza, dans ses compromis est peut-être obligé de l’accepter [Tsipras a pris garde de ne pas le soumettre au Parlement grec]. Mais, si nous voulons être solidaires du peuple grec, nous ne pouvons que le dénoncer dans nos pays. La section allemande du PGE, die Linke, se déchire sur cette question. Syriza elle-même se fracture.

En France, communistes, cessons de soutenir l’illusion d’un capitalisme européen à visage humain !