Culture

Commémorer Maurice Thorez (1900 – 11 juillet 1964) : une nécessité pour le PCF et les communistes

EDT pour Vivelepcf, 11 juillet 2014

Il y a 50 ans, le 11 juillet 1964, Maurice Thorez, mourrait d’une congestion cérébrale à 64 ans. Le 16 juillet 1964, sous une chaleur torride, des centaines de milliers de communistes, de sympathisants, de travailleurs défilaient à Paris pour ses obsèques. Pendant plus de 30 ans, la vie de Maurice Thorez, secrétaire général (président à la toute fin) du PCF, s’est confondue avec l’histoire de notre parti, dans sa période la plus structurante, à travers les plus dures épreuves, au moment de sa plus forte influence dans le pays. Dans l’histoire collective du Parti communiste français, en lien avec le mouvement communiste international, la personnalité de l’ancien mineur, devenu dirigeant politique et homme d’Etat, a joué un rôle propre, souvent décisif.

Pour le 50ème anniversaire de sa mort, la direction actuelle du PCF n’a absolument rien organisé : pas une célébration, pas un colloque, pas même une déclaration.

Nous ne pouvons pas nous empêcher de faire le rapprochement, auquel invite la coïncidence de date, avec les centaines d’initiatives impulsées par la direction du PCF pour célébrer Jean Jaurès, le dirigeant socialiste. Le culte d’un ancêtre d’un côté, l’oubli, le reniement d’un père fondateur de l’autre.

Depuis le début de l’année 2014, on trouve 7 articles dans l’Humanité quotidienne faisant, de près ou de loin, référence à Thorez, contre près de 300 à Jaurès…  sans parler des suppléments et des numéros spéciaux célébrant ce dernier.

Ces choix mémoriels correspondent évidemment à la ligne politique poursuivie par la direction du PCF, celle de l’effacement de l’identité de classe du Parti pour n’en garder que le nom et le diluer dans une recomposition de « gauche ». Deux choses nous semblent importantes.

Premièrement, on peut et doit pousser la direction du Parti à assumer ouvertement ses choix, en l’occurrence le choix de ses références historiques.

Deuxièmement, pour Jaurès mais surtout pour Thorez, on peut et on doit relancer le débat et l’analyse critiques sur leur action, aussi sur leur conception de la voie vers le socialisme, d’un point de vue communiste, pour travailler à défendre et reconstituer le parti communiste de classe et de masse.

Loin de nous l’idée qu’il ne faille pas commémorer la grande personnalité historique et éclectique de Jaurès cette année ! Notamment pour contrecarrer les récupérations – même de droite – et le procès en béatification à « gauche ».  

Mais, d’un point de vue communiste, il y a un fossé entre d’une part, reconnaître dans Jaurès un maillon vers la constitution du parti ouvrier de type nouveau, du PCF et de l’autre, vouloir retourner aux conceptions de Jaurès. C’est bien ce deuxième objectif qu’embrassent la direction du PCF et celle de l’Humanité. Le changement par étapes du sous-titre de l’Huma, « d’organe central du Parti communiste français » à « Journal fondé par Jean Jaurès » le résume parfaitement. Pourtant, à une voix d’administrateur près en 1920 (le communard Camélinat), l’Huma restait aux mains des socio-démocrates…

Si Jaurès a très lentement évolué vers le socialisme, le marxisme, s’il a contribué à unifier un parti socialiste, s’il a créé l’Humanité, s’il s’est montré un défenseur sincère et courageux de la paix, ce n’est pas lui faire injure que de constater qu’il « exprimait l’idéologie des couches de la petite bourgeoisie sympathisantes avec le socialisme, et non l’idéologie de la classe ouvrière » (selon la formule de Georges Cogniot). Il ne s’est jamais sorti du parlementarisme et de la conception démocratique bourgeoise. C’est au retour à cela, avec l’abandon du Parti de classe, que travaillent les directions du PCF depuis la « Mutation » de Robert Hue. Jaurès à l’autre grand avantage d’être l’aïeul également de ces socialistes avec lesquels la direction du PCF veut tellement s’unir et se fondre.

Maurice Thorez, tout au contraire, est la personnification et un acteur principal de la constitution du Parti de classe en France. (Lire la suite…)

1er mai 1974 au Portugal: le premier 1er mai après la révolution des œillets

Vivelepcf, mai 2014

Le peuple portugais, les communistes portugais en particulier, viennent de célébrer intensément le 40ème anniversaire de la Révolution des œillets.
Le 25 avril 1974, l’une des plus vieilles dictatures fascistes du monde s’effondrait. Un groupe d’officiers, refusant l’impasse de la poursuite des guerres coloniales, le renversait formellement.
La montée des luttes des travailleurs, malgré la répression de la police politique, le mécontentement populaire général, organisés principalement par le parti communiste, avaient enfin eu raison du régime salazariste.
Le 1er mai suivait de quelques jours. Pour la première fois, la célébration de la Journée internationale des travailleurs n’allait plus être interdite ni les manifestations ouvrières réprimées. Au contraire, ce symbole historique international allait permettre l’intervention massive, irrésistible, des travailleurs et du peuple pour la poursuite du processus révolutionnaire dans l’intérêt des masses.
Dans des conditions précaires, dans l’effervescence générale, le Parti communiste portugais a joué un rôle majeur.
Nous reproduisons ci-dessous quelques photos de la manifestation à Lisbonne et des extraits des dépêches d’alors des correspondants de l’AFP, impressionnés.
La Révolution des œillets allait ouvrir le champ des possibles, amener, avec l’intervention permanente du PCP et de la CGTP, des conquêtes démocratiques et sociales inédites.
Mais l’impérialisme et les capitalismes, national et étrangers, s’ils n’avaient pas pu prolonger leur vieil instrument politique d’exploitation vermoulu, n’allaient pas être de reste. Le Portugal est un petit pays isolé.
Ils mirent en avant, dès la révolution, le « parti socialiste » de Mario Soares pour contenir et étouffer les aspirations à la révolution sociale, en lien avec les forces réactionnaires possédantes. Soares a ensuite rempli la mission d’arrimer le Portugal à l’Union européenne du capital.  
Aujourd’hui, de concert avec la bourgeoisie locale, l’Union européenne, le capitalisme reviennent, à la faveur de leur propre crise, sur les concessions des années 70 et 80. Le pays est saigné. L’émigration de masse reprend.
L’actualité des valeurs portées par la Révolution des œillets, exprimées si fortement le 1er mai 1974, n’en est que plus pressante. Le Parti communiste portugais est toujours là, heureusement aussi, pour les porter, loin de la soumission à l’UE et sa « gauche européenne ».

AFP – Lisbonne 30 avril 1974 :

« A la veille de la fête du premier mai, qui sera pour la première fois un jour férié mercredi au Portugal, les journaux et les radios multiplient les appels au calme. »

AFP – Lisbonne 30 avril 1974 :

« C’est la première fois dans l’histoire du Portugal que le premier mai sera jour férié officiel. Sous la monarchie qui fut détrônée en 1910, il ne l’était évidemment pas. Il ne le fut pas non plus sous la République qui succéda. Sous Salazar, on ne pouvait s’attendre non plus à l’autorisation de manifestations populaires. Toutefois, sans être fériée, la journée était marquée, le soir, par un défilé folklorique ».

AFP – Lisbonne 1er mai 1974 – 0h51

« Le commandant Fernandès a indiqué que le général Antonio de Spinola avait autorisé mardi un porte-parole du Parti communiste portugais à enregistrer une interview qui sera diffusée mercredi à la télévision en même temps que des déclarations d’autres dirigeants politiques. La décision a été prise après la rencontre qui a duré deux heures et demi dans l’après-midi, entre trois des membres de la junte, dont le général Spinola, et les dirigeants du Parti communiste portugais autour du secrétaire général Alvaro Cunhal, arrivé peu avant au Portugal après un exil de 13 ans. …

Le matin même, M. Cunhal prononçait son premier discours après son retour d’exil, debout sur un tank, entouré de soldats l’œillet rouge à la boutonnière ».

AFP – Lisbonne 1er mai 1974 – 13h38

« Il n’y a pas un fusil, pas une voiture, pas une boutonnière, pas un tank qui de soit en ce début d’après-midi du premier mai à Lisbonne décoré d’œillets rouges ou de petits drapeaux portugais vert et rouge en vente à tous les coins de rue. L’explosion des couleurs a subitement éclaté peu après midi après une matinée d’un calme étrange ». … Soudain, la ville s’est réveillée et, en quelques instants à midi, les voitures aux oriflammes rouges et verts, ont commencé à klaxonner dans toutes les rues, provoquant d’énormes embouteillages ».

AFP – Lisbonne 1er mai 1974 – 13h51

«  Dans les centrales des mouvements politiques et syndicats, les dernières consignes sont données aux militants qui vont assurer le service d’ordre. »

AFP – Lisbonne 1er mai 1974 – 13h53

« Peu avant la manifestation qui, affirment les communistes, rassemblera des centaines de milliers d’ouvriers, le Mouvement des forces armées peut observer une foule endimanchée, joyeuse mais tranquille, éclatante de la « sérénité » réclamée par tous les communiqués de la junte ».

AFP – Lisbonne 1er mai 1974 – 17h00

« Liesse populaire à Lisbonne. Dans un délire de fête de libération, c’est par centaines de milliers que les habitants ont, depuis le début de l’après-midi envahi les artères principales dans une atmosphère enthousiaste mais qui reste toujours souriante et ordonnée. Le service d’ordre est très réduit, tandis que s’écoule, surmontée de banderoles, la manifestation de masse convoquée par les partis de gauche. «Vivent les forces armées », « Le peuple uni ne sera jamais vaincu » hurlent les manifestants. »

AFP – Lisbonne 1er mai 1974 – 22h20

« Une foule estimée à plus de 300.000 personnes a assisté mercredi en fin d’après-midi à Lisbonne à une manifestation de masse organisée dans un grand stade de la ville, avec la participation de MM. Mario Soares, secrétaire général du Parti socialiste et Alvaro Cunhal, secrétaire général du Parti communiste. … Le premier orateur de cette manifestation a déclaré, sous les applaudissements : « le fascisme est tombé mais reste l’exploitation capitaliste ».

AFP – Lisbonne 1er mai 1974 – 22h29

« Les discours les plus attendus et les plus applaudis durent ceux prononcés par MM. Soares et Cunhal ».

AFP – Lisbonne 2 mai 1974 – 00h05

« Nuit de premier mai joyeuse à Lisbonne. La nuit du premier mai a pris des allures de nuit de réveillon à Lisbonne, où se poursuivent des manifestations bruyantes et joyeuses. Des cortèges d’automobiles pleines d’occupants sillonnent la ville en klaxonnant tandis que des marins et des soldats agitent des drapeaux rouges et portugais. »

AFP – Lisbonne 1er mai 1974 – 23h16

« La journée du premier mai, célébrée pour la première fois au Portugal, a donné lieu mercredi à d’imposantes manifestations de masse qui se toutes déroulées sans incident dans la discipline et l’allégresse. A Lisbonne, plus d’un demi-million de personnes ont célébré cette journée dans un enthousiasme qui, par beaucoup de côtés, rappelait les scènes de libération à la fin de la seconde guerre mondiale. La manifestation organisée par les syndicats et les partis de gauche a réclamé le jugement des dirigeants de l’ancien régime, la fin de la guerre coloniale, le retour à toutes les libertés et présenté en même temps des revendications sociales. Ces manifestations ont été caractérisées par une allégresse et une discipline qui n’a pas manqué d’impressionner les observateurs dans un pays qui venait, il y a moins d’une semaine, de se débarrasser d’un demi-siècle de régime totalitaire.

A la veille de la formation par la junte de salut national d’un gouvernement provisoire, les forces de gauche ont ainsi donné une démonstration de leur puissance. Le dirigeant communiste Alvaro Cunhal l’a fait ressortir dans son discours prononcé au stade de la FNAT (« Organisation de jeunesse du travail dans la joie »), baptisé désormais « Stade du Premier mai », en demandant aux forces armées de ne pas se dissocier du peuple… »

Hommage à Pablo Neruda, décédé le 23 septembre 1973. « Nouveau chant d’amour à Stalingrad »

Nouveau chant d’amour à Stalingrad

Poème de Pablo Neruda composé après la victoire soviétique à Stalingrad, le 2 février 1943

Traduction AC* pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

* Cette traduction n’a pas comme ambition de faire office de traduction littéraire mais plutôt, en suivant au maximum la lettre et l’esprit de Neruda, de fournir une alternative commode à ceux qui ne peuvent lire l’irremplaçable version espagnole citée ci-dessous


J'ai écrit sur le temps et l'eau,
j'ai décrit le deuil et ses reflets violets,
j'ai écrit sur le ciel et sur la pomme,
désormais, j'écris sur Stalingrad

Ma fiancée a déjà emporté ainsi que son foulard
la lueur de mon amour énamouré,
maintenant mon cœur est sur le sol,
dans la fumée et la lumière de Stalingrad.

J'ai touché de mes mains la chemise
du crépuscule azur et défait:
aujourd'hui, je touche l'aube de la vie
naissant sur le sol de Stalingrad.

Je sais que le vieillard à la plume,
provisoirement jeune, comme un cygne délié
laisse éclater sa douleur notoire
devant mon cri d'amour à Stalingrad.

Je place mon âme où il me plaît.
Je ne me nourris pas de papier fatigué
agrémenté d'encre et d'un encrier.
Je suis né pour chanter Stalingrad.

Ma voix était avec tes morts héroïques,
sur tes propres murs broyés,
ma voix sonnait comme sonne le glas,
et le vent en te voyant mourir, Stalingrad.

Or, américains combattants,
blancs et noirs tels des grenadiers
tombent sur le serpent dans le désert,
Tu n'es plus seule, Stalingrad.

La France revient à ses éternelles barricades,
dans une bannière de rage drapant
ses larmes fraîchement séchées.
Tu n'es plus seule, Stalingrad

Et les grands lions d'Angleterre,
volant sur la mer déchaînée,
enfoncent leurs griffes sur la terre brune.
Tu n'es plus seule, Stalingrad.

Aujourd'hui, sous des montagnes de châtiment,
les tiens enterrés ne sont plus seuls:
avec la chair tremblant des morts
qui touchèrent ton front, Stalingrad.

Ton acier bleu d'orgueil forgé,
ta tête de planètes couronnée,
ton bastion de pains partagés,
ta sombre frontière, Stalingrad.

Ta Patrie de marteaux et de lauriers,
le sang sur ta splendeur enneigée,
le regard fixe de Staline sur la neige
tissée par ton sang, Stalingrad.

Les décorations que tes morts
ont placé sur leur poitrine transpercée
viennent de la terre, du frisson
de la mort et de la vie, Stalingrad

La saveur profonde que tu portes encore
au cœur de l'homme blessé,
avec la branche des capitaines rouges
sortis de ton sang, Stalingrad.

L'espoir qui éclot dans les jardins,
comme la fleur de l'arbre attendue,
la page gravée de fusils,
de lettres de lumière, Stalingrad

La tour que tu perçois sur les hauteurs,
les autels de pierre ensanglantés,
les défenseurs de ton âge canonique,
les enfants de ta chair, Stalingrad.

Les aigles ardents de tes pierres,
le métal par ton âme allaité,
les adieux de larmes emplis,
et les vagues de l'amour, Stalingrad.

Les os des assassins meurtris,
les envahisseurs paupières closes,
et les conquérants fuyant,
dans le sillage de ta foudre, Stalingrad.

Ceux qui humilièrent les courbes de l'Arc
et trouèrent les eaux de la Seine,
avec l'assentiment de l'esclave,
se sont arrêtés à Stalingrad.

Ceux qui dans Prague la Belle en larmes,
du silence et de la trahison,
piétinèrent ses mutilés,
sont morts à Stalingrad.

Ceux qui dans l'antre grecque ont craché,
la stalactite de cristal brisée
et son bleu classique estompé,
où sont-ils aujourd'hui, Stalingrad ?

Ceux qui ont brûlé et brisé l'Espagne
gardé dans leurs chaînes le cœur
de cette mère de chênes et de guerriers,
se décomposent à tes pieds, Stalingrad.

Ceux qui en Hollande, eaux et tulipes,
ont éclaboussé de boue sanglante,
et ont répandu le fouet et l'épée,
reposent désormais à Stalingrad.

Ceux qui dans la blanche nuit de Norvège
avec un hurlement de chacal enragé
calcinèrent ce printemps glacé,
se sont tus à Stalingrad.

Honneur à toi par ce que l'air porte,
ce qu'il reste à chanter et ce qui l'a été,
honneur à tes mères et tes fils,
et à tes petit-fils, Stalingrad.

Honneur au combattant de la brume,
honneur au Commissaire et au soldat,
honneur au ciel derrière ta lune,
honneur au sol de Stalingrad.

Garde-moi un bout d'écume violente,
garde-moi un fusil, garde-moi une charrue,
et qu'on les mette sur ma tombe,
avec une fleur rouge de ta terre,
pour qu'on sache, si doute il y a,
que je suis mort en t'aimant et que tu m'as aimé,
et que si je ne me suis pas battu à tes flancs,
j'ai laissé en ton honneur cette obscure grenade,
ce chant d'amour à Stalingrad.

Version espagnole :

Yo escribi sobre el tiempo y sobre el agua,

describí el luto y su metal morado,

yo escribí sobre el cielo y la manzana,

ahora escribo sobre Stalingrado.


Ya la novia guardó con su pañuelo

el rayo de mi amor enamorado,

ahora mi corazón está en el suelo,

en el humo y la luz de Stalingrado.


Yo toqué con mis manos la camisa

del crepúsculo azul y derrotado:

ahora toco el alba de la vida

naciendo con el sol de Stalingrado.


Yo sé que el viejo joven transitorio

de pluma, como un cisne encuadernado,

desencuaderna su dolor notorio

por mi grito de amor a Stalingrado.


Yo pongo el alma mía donde quiero.

Y no me nutro de papel cansado

adobado de tinta y de tintero.

Nací para cantar a Stalingrado.


Mi voz estuvo con tus grandes muertos

contra tus propios muros machacados,

mi voz sonó como campana y viento

mirándote morir, Stalingrado.


Ahora americanos combatientes

blancos y oscuros como los granados,

matan en el desierto a la serpiente.

Ya no estás sola, Stalingtado.


Francia vuelve a las viejas barricadas

con pabellón de furia enarbolado

sobre las lágrimas recién secadas.

Ya no estás sola, Stalingrado.


Y los grandes leones de Inglaterra

volando sobre el mar huracanado

clavan las garras en la parda tierra.

Ya no estás sola, Stalingrado.


Hoy bajo tus montañas de escarmiento

no sólo están los tuyos enterrados:

temblando está la carne de los muertos

que tocaron tu frente, Stalingrado.


Tu acero azul de orgullo construido,

tu pelo de planetas coronados,

tu baluarte de panes divididos,

tu frontera sombría, Stalingrado.


Tu Patria de martillos y laureles,

la sangre sobre tu esplendor nevado,

la mirada de Stalin a la nieve

tejida con tu sangre, Stalingrado.


Las condecoraciones que tus muertos

han puesto sobre el pecho traspasado

de la tierra, y el estremecimiento

de la muerte y la vida, Stalingrado


La sal profunda que de nuevo traes

al corazón del hombre acongojado

con la rama de rojos capitanes

salidos de tu sangre, Stalingrado.


La esperanza que rompe en los jardines

como la flor del árbol esperado,

la página grabada de fusiles,

las letras de la luz, Stalingrado.


La torre que concibes en la altura,

los altares de piedra ensangrentados,

los defensores de tu edad  madura,

los hijos de tu piel, Stalingrado.


Las águilas ardientes de tus piedras,

los metales por tu alma amamantados,

los adioses de lágrimas inmensas

y las olas de amor, Stalingrado.


Los huesos de asesinos malheridos,

los invasores párpados cerrados,

y los conquistadores fugitivos

detrás de tu centella, Stalingrado.


Los que humillaron la curva del Arco

y las aguas del Sena han taladrado

con el consentimiento del esclavo,

se detuvieron en Stalingrado.


Los que Praga la Bella sobre lágrimas,

sobre lo enmudecido y traicionado,

pasaron pisoteando sus heridas,

murieron en Stalingrado.


Los que en la gruta griega han escupido,

la estalactita de cristal truncado

y su clásico azul enrarecido,

ahora dónde están, Stalingrado?


Los que España quemaron y rompieron

dejando el corazón encadenado

de esa madre de encinos y guerreros,

se pudren a tus pies, Stalingrado.


Los que en Holanda, tulipanes y agua

salpicaron de lodo ensangrentado

y esparcieron el látigo y la espada,

ahora duermen en Stalingrado.


Los que en la noche blanca de Noruega

con un aullido de chacal soltado

quemaron esa helada primavera,

enmudecieron en Stalingrado.


Honor a ti por lo que el aire trae,

lo que se ha de cantar y lo cantado,

honor para tus madres y tus hijos

y tus nietos, Stalingrado.

Honor al combatiente de la bruma,

honor al Comisario y al soldado,

honor al cielo detrás de tu luna,

honor al sol de Stalingrado.


Guárdame un trozo de violenta espuma,

guárdame un rifle, guárdame un arado,

y que lo pongan en mi sepultura

con una espiga roja de tu estado,

para que sepan, si hay alguna duda,

que he muerto amándote y que me has amado,

y si no he combatido en tu cintura

dejo en tu honor esta granada oscura,

este canto de amor a Stalingrado.

« Kuhle Wampe » (Ventres glacés) : un film communiste allemand de 1932

Vivelepcf, 8 août 2013

Nous avons découvert que l’on pouvait visionner sur « Youtube » des versions, d’une qualité technique précaire, dans la version censurée de 1932, parfois avec sous-titres en anglais, du film allemand « Kuhle Wampe », en français « Ventre glacés – A qui appartient le monde ».

Lien VERS LE FILM

Ce film est d’un grand intérêt et d’une grande importance. C’est le premier film de fiction prolétarien, ouvertement communiste tourné en Allemagne, sans doute le premier de tous les pays capitalistes. Le tournage a été protégé par le service d’ordre du Parti communiste allemand (KPD).

Il a été tourné en 1932 par le cinéaste d’origine bulgare, Slatan Dudow, assisté pour le scénario par Bertold Brecht qui a fortement imprégné l’œuvre.

Sur la forme, le film traduit la recherche avant-gardiste des artistes communistes. L’influence du cinéma soviétique, notamment dans le montage, est évidente. La musique de Hanns Eisler est partie intégrante de la construction du film comme de son message. Le célèbre Solidaritätslied (Chant de la solidarité) a été composée pour le film.

Au fameux documentaire « Berlin, symphonie d’une grande ville » (1927 – Walter Ruttman), déjà inspiré par l’avant-garde soviétique mais sans objectif politique, Kuhle Wampe fait écho avec une sorte de symphonie du Berlin prolétaire.

En 1932, la crise du capitalisme est à son paroxysme. Le chômage de masse, les drames qu’il amène (suicide, expulsions), l’exploitation des travailleurs, la pauvreté, l’humiliation constituent le cadre du scénario. La bataille idéologique traverse les familles prolétaires dans ces conditions.

Progressivement la résistance à l’arbitraire des possédants et de l’Etat, l’action collective s’étendent.

Les expulsés se retrouvent à une heure de Berlin dans un campement communautaire aux bords d’un lac, dénommé « Kuhle Wampe ». La résignation, les préjugés inculqués n’y disparaissent pas du jour au lendemain mais l’esprit de résistance y progresse.

A la crise du capitalisme qui détruit l’ouvrier, les prolétaires mis en scène dans le film opposent la dignité, le sport, la solidarité dans des mouvements de masse. L’organisation communiste est à la base de ces mouvements. Mais la prise de conscience et l’engagement politiques individuels partent aussi en retour de ces expériences collectives.

Kuhle Wampe est un témoignage cinématographique et politique unique.

A projeter dans tous les ciné-clubs communistes !

 

Chant de la solidarité (Brecht –Eisler )

Debout, peuples de cette terre,
Pour ce seul but unissez-vous :
Que la terre soit votre terre
Et qu’elle vous nourrisse tous

En avant ! N’oubliez jamais
Que notre force est l’unité,
Ventre plein ou ventre affamé,
En avant, n’oubliez jamais
La solidarité !

Jaunes ou bruns, blancs comme noirs,
Cessez donc de vous massacrer !
Que les peuples puissent parler
L’accord se fera sans retard !

En avant ! N’oubliez jamais
Que notre force est l’unité,
Ventre plein ou ventre affamé,
En avant, n’oubliez jamais
La solidarité !

Si nous voulons vite arriver
Vous tous nous êtes nécessaires :
Celui qui n’aide pas son frère
C’est lui qu’il refuse d’aider.

En avant ! N’oubliez jamais
Que notre force est l’unité,
Ventre plein ou ventre affamé,
En avant, n’oubliez jamais
La solidarité !

Tous, et autant qu’ils sont, nos maîtres
Voient d’un bon œil nos dissensions,
Car le temps qu’elles dureront
C’est vrai qu’ils resteront nos maîtres.

En avant ! N’oubliez jamais
Que notre force est l’unité,
Ventre plein ou ventre affamé,
En avant, n’oubliez jamais
La solidarité !

Prolétaires de tous pays
L’union, c’est votre liberté :
Vos bataillons et vos armées
Viendront à bout des tyrannies !

En avant, jamais n’oublions,
Ventre affamé ou ventre plein,
Et posons tout net la question :
Qui donc possède le matin ?
À qui le monde appartient donc ?
Bertolt Brecht