PCF – 38ème CONGRES: reconstruisons le parti de classe!

37e Congrès – Texte Alternatif – V : Evaluer la crise de la démocratie bourgeoise. (Dont: utter contre le FN, démasquer les illusions « réformistes radicales »)

37ème congrès du PCF – Texte alternatif  » PCF: Reconstruisons le parti de classe! Priorité au rassemblement dans les luttes ».

Lien vers la page de présentation du texteLien vers le texte intégral en PCF

V –Évaluer la crise de la démocratie bourgeoise en France etdans le monde (dont: Lutter contre le FN, démasquer les illusions « réformistes radicales »)


Dans tous les pays, la démocratie bourgeoise « à l’occidentale » est en crise grave. Des États comme l’Espagne ou la Belgique restent des mois sans gouvernement issu des élections. L’adhésion au système s’effondre avec une augmentation générale de l’abstention. Des formations politiques nationalistes, même ouvertement d’extrême-droite, progressent. En Europe de l’Est, où la démocratie bourgeoise ne s’est jamais vraiment imposée, l’abstention est régulièrement majoritaire et des gouvernements ultraréactionnaires sont aux commandes dans plusieurs pays. Dans le même temps, les libertés démocratiques fondamentales sont dangereusement remises en cause.

En France notamment, le système politique de l’alternance arrive à bout avec ses deux équipes qui se succèdent pour appliquer la même politique au service du patronat et du capital. La différence entre la droite et la « gauche », par rapport à ce que continuent de représenter ces notions dans le pays, tient désormais dans la répartition des rôles dans la même pièce qui se joue. Par exemple contre la Sécurité sociale, la droite attaque davantage les prestations, dont la plus symbolique, la retraite à 60 ans. La gauche en sape le financement. On a presque atteint le modèle américain avec quasiment aucune différenciation entre démocrates et républicains. Mais même ce modèle est en crise aux États-Unis comme on le voit dans la préparation de la présidentielle de fin 2016.

Une théorie est développée par des intellectuels de gauche et reprise par la direction du PCF selon laquelle cette crise serait issue d’un double échec, celui du socialisme « réel » et du mouvement communiste d’un côté, celui de la social-démocratie réformiste de l’autre. Il faudrait maintenant reconstruire la gauche. Nous réfutons entièrement ce raisonnement et sa conclusion. Pour nous, c’est le parti révolutionnaire marxiste et léniniste, le parti communiste qu’il faut reconstruire.

Avec la victoire de la contre-révolution à l’Est (y compris pour des raisons internes) et l’affaiblissement du mouvement politique révolutionnaire, la social-démocratie, le PS en France, a perdu la raison d’être qui était devenue la sienne depuis 1917 et 1920 : contenir le mouvement populaire, la lutte des classes, dans la loyauté au capital. Le PS était là pour incarner et limiter les conquêtes sociales, les réformes réelles qu’en réalité la lutte des classes conduites par les organisations révolutionnaires avait permis de gagner. Mais voilà, maintenant, il n’y a plus de « grain à moudre ». Au contraire même, le PS et la « gauche » sont mieux placés que la droite, de par cette histoire, pour détruire les acquis sociaux. Alors, sauver la « gauche », tirer le PS à « gauche », sauver le PS ? Non, merci !

Dire cela ne signifie absolument pas que nous ne fassions pas toujours une différence, notamment en ce qui concerne la défense des libertés, entre ce que représente la gauche et ce que représente la droite, également entre ce que représentent la gauche et la droite d’un côté et le danger que représente l’extrême-droite de l’autre (même si ce sont les politiciens de droite et de gauche qui font le lit de cette dernière).

Le capitalisme n’a plus besoin de la démocratie

Le capital se trouve devant une contradiction. Les formes de la démocratie bourgeoise qu’il a dû concéder dans un rapport de forces données, notamment en Europe occidentale, pour garantir sa domination constituent aujourd’hui, dans un rapport de forces bien plus défavorable pour le monde du travail, une entrave politique, un ralentisseur, à son besoin intrinsèque de maximisation des profits. Le capitalisme français en particulier est handicapé, face à la concurrence mondialisée, malgré l’aide de l’UE, par ses difficultés politiques nationales à liquider les acquis sociaux et démocratiques de notre peuple.

Communistes, nous ne sommes pas du tout des partisans de la démocratie bourgeoise dont nous avons analysé théoriquement la rasions d’être. Aujourd’hui, sa remise en cause se situe sur le front de la lutte des classes en France. Le capitalisme n’a pas la force de placer tout de suite notre pays sous dictature. L’état d’urgence, la répression des mouvements sociaux, la multiplication sous tous les prétextes des milices privées et des systèmes de surveillance y tendent cependant dangereusement.

Le capitalisme en est au stade, dans les pays occidentaux, de vider de leur sens les acquis démocratiques. 

Nous devons lutter contre l’exclusion des masses de la vie politique. L’abstention (la non-inscription même sur les listes électorales) peut être un acte politique ponctuel justifié. Mais son inscription dans la durée, jusqu’à l’indifférence, est dangereuse. La meilleure façon pour nous de s’opposer à cette tendance est de redonner son sens au vote communiste.

Il nous faut évaluer également les effets de l’éclatement du débat public et de l’information avec les nouvelles technologies de la communication. Les référents communs, comme le JT ou la presse quotidienne, s’effacent. Avec internet, la hiérarchisation de l’information est remise en cause ouvrant à de nouvelles récupérations politiques, parfois extrémistes voire sectaires (théorie du complot).

L’idéologie dominante sait aussi multiplier les débats de diversion, notamment lorsqu’ils renvoient les uns et les autres vers des identités ou des catégories présumées. Nos congrès précédents ont consacré beaucoup de temps aux questions « sociétales » notamment. La plupart méritent une position politique du Parti mais sans que jamais elle ne soit coupée des enjeux de classe profonds et des questions économiques et sociales.

Pour les capitalistes, plutôt le FN que le PCF

C’est le cas pour la plus grave des positions de diversion qu’encourage l’idéologique dominante : la division entre les travailleurs par la xénophobie et toutes les formes de racisme. Le recours par le système à l’extrême-droite remonte à 30 ans en France (alors directement par le PS) mais il est passé depuis 2012 à un nouveau stade. La montée de l’extrême-droite ne se limite pas au FN en France. A défaut pour l’instant – nous devons vérifier et réviser sans cesse la validité de ce constat – d’un parti fasciste de masse, des mouvements ultraréactionnaires, ou étroitement catégoriels (néo-poujadistes) ont envahi les rues ces dernières années et des groupuscules ouvertement néofascistes se manifestent plus bruyamment. Le mouvement est général dans les pays occidentaux mais prend des formes différentes suivant la force des traditions antifascistes et les besoins du capitalisme national (nous devons notamment étudier attentivement la poussée électorale récente du parti AfD et la signification des manifestations de rue anti-immigrés, anti-musulmans du mouvement « Pegida » en Allemagne).

En France, le FN, dans toutes ses composantes, continue plus que jamais à dévoyer et détourner les colères populaires vers la haine. Mais le nouvel appareil dirigeant de ce parti a fortement augmenté la démagogie sociale dans son discours et l’a associée de façon nouvelle à un positionnement économique étatiste et technocratique. Le système a décidé de pousser des franges beaucoup plus larges de la population, et notamment de la classe ouvrière, vers le FN et son organisation. La promotion éhontée du FN, érigé en opposant principal à la politique gouvernementale, par Valls notamment dans la dernière campagne électorale des régionales dépasse le calcul politicien à court terme. Nous devons mesurer attentivement la portée de deux prises de position récentes : l’appel solennel du président du Medef, Gattaz, à faire front contre le FN avant les élections régionales, la déclaration très calculée de Hollande comparant le discours du FN « à des tracts du PCF des années 70 ». Cette déclaration insultante pour nos camarades a suscité notre indignation générale. Il nous faut analyser en même temps à quel point le pouvoir essaie de valider et crédibiliser la démagogie sociale du FN en l’associant à notre histoire.

Mener le combat anticapitaliste est la meilleure arme contre les fascismes

L’axe de notre riposte au FN est la dénonciation de sa nature de classe au service du patronat et du capital par, en priorité, notre expression et notre action dans les entreprises, les quartiers et les campagnes, dans les luttes. Pour autant, cette position passe par le refus, largement exprimé par d’autres, de la banalisation du FN. Nous défendons sans relâche l’histoire et l’actualité de l’antifascisme. Nous ne tolérons aucun racisme, y compris dans nos rangs, en suivant le slogan toujours juste : « un raciste est quelqu’un qui se trompe de colère ». Ce refus de la banalisation du FN ne se confond en rien avec une « union sacrée », sur n’importe quelle base contre lui. Il n’est pas question pour nous de combattre le FN main dans la main avec le Medef ! Certaines positions « unitaires » récentes, notamment intersyndicales, opposant par exemple les soi-disant idéaux de « paix et de coopération » qui auraient présidé à la « construction de l’Europe » relèvent du parfait contresens ou de la tromperie dangereuse. L’opposition au FN ne saurait servir de prétexte à valider l’UE du capital qui porte intrinsèquement la mise en concurrence des peuples.

Nous avons été confrontés et nous allons être confrontés à la question de notre attitude au second tour des élections. Elle est piégeuse. Ne la laissons pas être structurante, diriger nos positionnements, notamment contre le FN. En rabattre sur nos positions anticapitalistes pour ménager des alliances électorales défensives contre le FN serait un parfait contresens. Au contraire, plus nous seront forts et clairs dans le combat anticapitaliste, dont la lutte contre le FN fait partie, plus nous serons à même d’échapper au piège électoral. Le moment venu, à partir de ce positionnement sans concession, nous pourrons faire la part des choses entre, d’un côté, l’impossibilité de cautionner, au nom de la lutte contre le FN, ceux dont la politique fait son lit et, de l’autre, l’enseignement historique qu’il ne faut laisser aucune tête de pont institutionnelle aux fascistes.

Dans le refus de la banalisation du FN, un exemple mérite d’être discuté au congrès. L’entreprise SAPAG, à Ham dans la Somme, produit des valves pour la grande industrie. Elle était menacée de fermeture imminente cet hiver par la multinationale qui l’a reprise (elle est toujours d’ici deux ans). L’intersyndicale a interpellé les élus de tous bords et organisé une réunion publique. A la tribune, se sont retrouvées toutes les étiquettes politiques dont le FN. Lorsque le FN est intervenu, avec un discours étudié en direction des salariés, personne de la tribune, pas même les élus communistes, n’a bronché. Seuls dans la salle, les représentants de la section voisine du PCF de Saint-Quentin ont manifesté ostensiblement leur refus de cette situation, entraînant un débat avec les ouvriers. Cette dernière position doit être tenue systématiquement et l’organisation du Parti doit donner le plus de moyens aux camarades pour la tenir. Faisons éclater les contradictions entre la démagogie sociale et la nature de classe du FN ! Lorsque les salariés d’Air France ont été sanctionnés, placés en garde à vue, après une lutte pour leur emploi, Philippot et Le Pen se sont rangés dans le camp des patrons. Il est impossible pour eux, sous peine de contrarier leur base bourgeoise, de ne pas dénoncer les grèves ouvrières, les manifestations pour les retraites ou le code du travail.

En bref, face au FN, soyons le mieux communistes possible !

À propos des nouveaux mouvements « radicaux ». Etats-Unis/Grande-Bretagne/Espagne/Grèce

Devant la crise de sa démocratie bourgeoise, le système encourage aussi l’émergence d’une social-démocratie de « gauche ». Il en a besoin pour contenir l’opposition populaire notamment du « peuple de gauche » attaché aux acquis sociaux et démocratiques. La vie politique reste formatée par les expériences comme l’Union de la gauche. La social-démocratie « de gauche », un certain gauchisme aussi, sont beaucoup moins stigmatisés que le point de vue révolutionnaire communiste, qui plus est en plein effacement depuis des années. Nous allons à la rencontre des aspirations que nous partageons de ce « peuple de gauche », aussi des couches moyennes en voie de prolétarisation et de paupérisation. Mais nous devons y aller sur une base de classe, sur des objectifs de lutte. Nous développons à plusieurs reprises, dans ce texte de congrès, la thèse que le PCF ne doit pas s’effacer plus encore dans cette illusion, dans une nouvelle illusion, une nouvelle tromperie social-démocrate de « gauche », même teintée « d’indignation ». L’analyse de la situation politique dans d’autres pays l’étaye.

Aux États-Unis, symétriquement au succès dans les primaires du candidat populiste de droite extrême Trump, on assiste à l’émergence de Bernie Sanders, sénateur indépendant, qui se prétend « socialiste », dans les primaires démocrates avec Hillary Clinton. Sa promotion médiatique est par elle-même le signe, comme celle de Trump, de l’épuisement du système politique américain et d’aspirations réelles à des changements sociaux, même si Sanders recueille principalement un soutien dans la petite bourgeoisie intellectuelle. Mais il n’y a aucune illusion à se faire sur Sanders. Ce « socialiste » exclut l’appropriation publique des moyens de production privés. Ses références sont Roosevelt ou Truman. Son directeur de campagne est celui qui a organisé la campagne d’Al Gore en 2000. Sur les questions très contestées des interventions américaines à l’extérieur, il les a quasiment toutes approuvées. Il est clair que la candidature Sanders est le moyen de canaliser  l’aspiration au changement pour renforcer la candidature d’Hillary Clinton, représentante directe de l’impérialisme US.

Au Royaume-Uni, Jeremy Corbyn est certainement le dirigeant du Parti travailliste le plus à gauche depuis 30 ans. Son élection est également un signe de crise de ce parti et du bipartisme britannique traditionnel. Pour autant, Corbyn est député depuis 28 ans et est un cadre du Parti social-démocrate le plus inséré historiquement et institutionnellement  dans la collaboration de classe. Il peine à rassembler le Labour sur ses positions courageuses contre les bombardements en Syrie ou pour le désarmement nucléaire. Il recule sur ses positions hostiles à l’UE et appelle maintenant à voter pour le maintien du Royaume-Uni dans l’UE au référendum de juin. Comme si le rôle que le système lui aurait dévolu était d’empêcher l’émergence d’une position de gauche de rupture avec l’UE.

En Espagne, le parti Podemos a canalisé, avec pour l’instant des succès électoraux, la contestation qui s’est exprimée notamment dans le mouvement diffus des « Indignés » ou dans la volonté de renouvellement politique manifestée, entre autres, par le changement d’équipes municipales dans les villes principales. Mais la nature opportuniste et politicienne de Podemos se révèle vite malgré la mise en scène d’une « nouvelle façon de faire de la politique » par son leader Pablo Iglesias. Non conformisme, «happening », « cyberdémocratie » d’un côté, mais négociations politiciennes très traditionnelles, recrutement – hautement symbolique – sur les listes électorales de l’ex général en chef de l’armée espagnole et de l’OTAN de l’autre. En fait de modernité, Iglesias s’applique, en populiste, à mettre en avant sa personne, à rejeter la forme parti, à dénigrer le Parti communiste espagnol.

Le Grèce de Syriza et de Tsipras fournit l’exemple le plus abouti du rôle de ces nouvelles formes politiques « radicales » et réformistes pour le compte du système. C’est le seule pays où l’une d’elle est arrivée au pouvoir. Le cas grec est devenu, encore plus en 2015, un sujet politique international. Cette expérience attire d’autant plus notre attention que Tsipras, dirigeant du PGE, a été et est toujours érigé en modèle par Pierre Laurent, ces dernières semaines encore, malgré l’accord UE/Turquie odieux contre les « migrants » qu’a préparé et défend Tsipras.

La Grèce présente plusieurs particularités. Le retard de développement de son économie dans la zone euro, le niveau de corruption de son appareil politique traditionnel, notamment du Parti socialiste Pasok, ont fait subir à son peuple, encore plus gravement qu’ailleurs, la dernière crise « financière » du capitalisme après 2008. Sa position géostratégique en fait un élément indispensable à l’OTAN. Les luttes sociales ont été fortes en nombre et notamment orientées par le Parti communiste grec (KKE) et le syndicat PAME suivant une ligne anticapitaliste conséquente. Les puissances capitalistes européennes et américaines avaient donc encore plus de raisons d’empêcher une rupture de ce pays avec l’euro et l’UE et le précédent qu’elle aurait représenté.

Depuis le départ, nous disposons de faits et d’analyses précis, notamment apportées par le KKE, sur la nature opportuniste et la ligne réformiste de collaboration de Syriza, malgré l’image de « radicalité » diffusée par l’idéologie dominante. Ensemble hétéroclite de petits groupes politiques, Syriza est devenue l’usine de recyclage de la social-démocratie. Le système avait besoin d’une nouvelle force d’opposition tant les partis d’alternance traditionnels, le PASOK totalement discrédité et la droite, se confondaient aux yeux du peuple. Vers 2010, le système pouvait craindre que la colère et les luttes populaires contre le gouvernement Pasok et la droite, tous deux pro-UE, débouchent sur une rupture avec l’UE. En quelques années d’attention particulière de la « Troïka » (UE, BCE, FMI), Syriza a pu monter en puissance à la fois comme force nouvelle prétendument d’opposition « radicale » mais fidèle à l’UE et l’euro. Sa réalité a éclaté dès sa victoire électorale de janvier 2015. Tsipras noue aussitôt une coalition avec un parti libéral et raciste de droite extrême (ANEL), donne des gages à l’Eglise, l’armée et aux armateurs. Il renforce ensuite l’intégration dans l’OTAN et s’allie de façon inédite avec Israël. Les mois de laborieuse négociation, début 2015, avec l’UE, la BCE et le FMI se confirment être rétrospectivement un travail politique de pédagogie de la résignation. Il débouche en juillet sur l’acceptation du pire plan antisocial infligé à un peuple d’Europe capitaliste depuis 1945. La porte est ouverte à un retour direct de la droite au pouvoir et à une poussée fasciste, encore davantage avec la gestion désastreuse de la question des « migrants ». L’utilité politique de l’exemple grec et de Syriza pour le capital vaut, comme école de la résignation, pour toute l’Europe.

Nous soumettons ces faits et analyses, désormais peu contestables, au 37ème congrès et proposons que le congrès acte une rupture avec Syriza et un rétablissement des relations officielles entre le PCF et le KKE et invite notamment ce dernier à la Fête de l’Humanité 2016.

Moins flambante que la tromperie du réformisme « radical », la seule voie pour des communistes conséquents, c’est la reconstruction d’un parti de classe sur des analyses rigoureusement anticapitalistes.

37e Congrès – Texte Alternatif – VI: Reconstruire le parti de classe, redevenir le parti de la classe ouvrière

37ème congrès du PCF – Texte alternatif  » PCF: Reconstruisons le parti de classe! Priorité au rassemblement dans les luttes ».

Lien vers la page de présentation du texteLien vers le texte intégral en PCF

VI – Reconstruire le parti de classe, redevenir le parti de la classe ouvrière


99% de la population mondiale possède autant que l’autre 1%. Le chiffre affiché par l’ONG multinationale Oxfam fait florès. Il traduit symboliquement, moralement, au-delà de la méthode de calcul, la dynamique profondément inégalitaire du capitalisme. Ce n’est pas non plus une découverte.

Que 99%, peut-être même 100%, certains à leur insu, des femmes et des hommes vivraient mieux sous un autre système que le capitalisme, c’est probable. Le slogan « l’humain d’abord » traduisait cette indifférenciation. Même Serge Dassault est humain après tout.

Mais que 99% aient également intérêt et soient également en situation d’agir pour combattre et renverser le capitalisme, c’est évident que non. Penser le contraire, c’est penser un parti petit-bourgeois sous l’emprise de l’idéologie dominante.

Quand le Front de gauche réalise des résultats électoraux supérieurs  dans des arrondissements bourgeois de Paris que dans des villes à tradition ouvrière de banlieue ou de province, cela pose question. Comme beaucoup de communistes, nous sommes sidérés devant les explications de dirigeants qui estiment que le message « exigeant » du Front de gauche est mieux compris par les couches plus éduquées et plus « politisées ».

Quelle amnésie (volontaire?) concernant notre propre histoire !

Une force historique de notre parti est d’avoir été le Parti de la classe ouvrière, d’avoir été l’outil d’une intervention politique directe et de haut niveau de centaines de milliers de ses représentants, ouvriers, employés, paysans, femmes au foyer.  

Cette originalité unique dans notre pays est pratiquement effacée. L’évolution des conditions d’exploitation, des formes de travail, de la vie sociale y sont pour quelque chose. Le travail de destruction de la direction du PCF depuis la « mutation » de 1993 en est grandement responsable avec la suppression formelle – après avoir cessé d’alimenté leur activité – des cellules, de l’activité à l’entreprise, aussi de la plupart des CDH et de la remise de carte annuelle etc.

Nous nous sommes sans doute trop interrogés, à partir des années 70, sur les contours de la classe ouvrière alors que le capital faisait évaluer rapidement les conditions du travail proprement ouvrier en France. Avec le renforcement de l’institutionnalisation du Parti et son premier affaiblissement cela constitue un ensemble, une histoire que nous devons étudier.

Mais pour nous aujourd’hui, sans nier le besoin d’une actualisation théorique, il est clair que la classe ouvrière, suivant la mise en évidence de son rôle historique par Marx, se définit, parmi ceux qui n’ont que le travail pour vivre, par un niveau d’exploitation, un niveau objectif d’intérêt à renverser le capitalisme, par une position dans la création de plus-value, par des formes de travail plus propres au développement de la conscience de classe.

Reconstruire à la base, au plus près des problèmes et des luttes

A ce 37ème congrès, nous voulons faire connaître et partager des expériences de sections du PCF, un peu partout en France, qui s’efforcent de faire vivre, revivre ce parti de classe, de reconstituer des cellules, c’est-à-dire de reconstruire le PCF, conformément à ce qu’il continue à représenter dans le pays, dans son histoire, dans son inconscient collectif, tel que de plus en plus de travailleurs, de syndicalistes, de jeunes l’attendent et le recherchent.

La question de forme, de structure est indissociable de la question de fond, des positions politiques. On comprend aisément que l’on ne conçoit pas le même parti dans une réunion le soir sur la répartition des places aux régionales entre composantes du Front de gauche et une discussion le midi, brève et furtive bien que patiemment organisée, au self sur la situation de son entreprise.

Reconstituer le Parti dans les quartiers, ce n’est pas – du moins pas seulement – venir en tant qu’élu ou candidat offrir sa compassion ou mieux son aide, certainement pas non plus utiliser le clientélisme façon PS.

Reconstituer le Parti à l’entreprise, ce n’est pas jumeler, suivant une courroie de transmission qui n’a pas lieu d’être, directions réformistes du parti et du syndicat. Les travailleurs en lutte ont raison d’utiliser toutes les tribunes. Mais l’instrumentalisation des luttes dans les meetings électoraux « pour faire bien », ou de certains militants recrutés sur les listes relève de la démagogie et du mépris. Le recul du point de vue communiste pèse lourdement sur l’orientation des syndicats de tradition révolutionnaire. Les bons militants communistes marchent sur deux pieds le syndical et le politique, c’est bien connu. Le renforcement et la diffusion d’analyses de classe communistes sont une priorité, y compris dans notre conception du mouvement syndical, de son rôle spécifique et de son indépendance.

Ce que les communistes peuvent et doivent développer, aussi pour se renforcer pour faire adhérer sur des bases de classe, c’est en priorité la traduction politique des préoccupations immédiates, la prise en main collective des problèmes, la construction de luttes, même petites. Dans les grandes entreprises et les services publics, un début de fonctionnement en réseau entre camarades (et sympathisants) commence à se réinstaurer pour diffuser des analyses de lutte. Les nouveaux moyens de communication permettent d’échanger plus facilement des tracts, des journaux de cellule ou de quartier, des modèles d’affiches. Nous voulons donner une nouvelle impulsion à ces échanges à l’occasion du congrès.

Il est significatif qu’il faille remettre aujourd’hui dans un texte de congrès national le contenu de ce qui était historiquement des formations élémentaires et fédérales du Parti. La formation des communistes est capitale. La demande est forte des jeunes adhérents et d’autres. La liquidation de nos outils, exceptionnels, de formation dans les années 90 a été scandaleuse. Des expériences nouvelles de formation se développent. Il faut les valoriser, en particulier celles qui font le lien entre nos fondamentaux théoriques et les luttes présentes. C’est une préoccupation majeure pour l’avenir du Parti.

Exiger des dirigeants de notre parti et de nos élus qu’ils mènent la lutte des classes à leur niveau

Ce travail  de reconstruction du PCF peut-il se faire dans l’indifférence devant la gouvernance de l’appareil par la direction et ses dérives réformistes et politiciennes ? Bien sûr que non !

C’est pour cela notamment que nous intervenons à ce congrès pour  sortir le parti du scénario mortifère des primaires. A trois reprises en dix-huit mois, notamment grâce aux interventions des initiateurs de ce texte, les communistes ont évité le pire.

En juin 2014, alors qu’André Chassaigne avait approuvé les amendements à la « réforme » ferroviaire et s’était abstenu sur l’article le plus grave de la loi, une pétition rapide a garanti un vote contre de la part des députés communistes. Sinon, le PCF risquait d’être totalement discrédité dans cette entreprise capitale dans la lutte des classes en France.

En juillet 2015, P. Laurent et A. Chassaigne annonçaient leur intention de voter au parlement pourle plan antisocial imposé par l’UE et Tsipras au peuple grec. En partie grâce à une pétition en deux jours, leur vote s’est heureusement inversé. Comment lutter contre l’austérité en France quand on l’approuve en Grèce ?

En novembre 2015, la forte réaction des communistes après l’adhésion des mêmes dirigeants à l’union sacrée après les attentats, état d’urgence compris a infléchi le vote de certain sur sa prolongation puis la position contre la déchéance de nationalité.

Faire vivre, renforcer le PCF doit se faire avec, sans ou même contre sa direction, comme l’avait exprimé le grand résistant André Tollet à une conférence de presse en 2000. C’est toujours et plus que jamais notre conviction.

Être le parti d’avant-garde socialiste ne se décrète pas mais c’est un objectif, même exigeant. Lorsqu’une lutte échoue, nous ne disons pas que c’est la faute des travailleurs (combien de fois pourtant l’entendons-nous ?), mais nous nous demandons ce que nous n’avons pas réussi à faire et comment nous pourrons faire  mieux pour la suite.

Au 36ème congrès, un mouvement s’est fait entendre pour la préservation du symbole du Parti, celui des travailleurs, la faucille et le marteau. Nous avions dénoncé leur suppression des cartes du Parti, transformées en carte du PGE (alors que les adhérents du PCF ne sont pas membres personnellement du PGE). La direction a été bien en mal d’expliquer aux médias la mise au placard du symbole historique. En 2014, faucille et marteau sont réapparus, même si c’est en minuscule, sur les timbres de cotisants.

Communistes, sachons utiliser cet identifiant fort en grand.


37e Congrès – Texte Alternatif – VII: Redonner son nom à notre projet de société, le socialisme

37ème congrès du PCF – Texte alternatif  » PCF: Reconstruisons le parti de classe! Priorité au rassemblement dans les luttes ».

Lien vers la page de présentation du texteLien vers le texte intégral en PCF

VII – Redonner son nom à notre projet de société : le socialisme

Repris du graphiste Borislav Marinic


Face à l’offensive massive du capitalisme, la notion de socialisme revient en force un peu partout. Le socialisme est de nouveau synonyme d’alternative au système, même si le mot est souvent vidé de son sens comme dans la campagne présidentielle du sénateur américain Bernie Sanders qui se dit socialiste mais exclut l’appropriation sociale des moyens de production privés…

Très longtemps, le PCF a incarné cette alternative, le seul à la porter d’une façon théorique cohérente, s’appuyant sur le marxisme-léninisme, sur les expériences nées de la Révolution d’octobre et sur l’histoire du mouvement ouvrier français. Après la victoire de la contre-révolution à l’Est, sa direction a décidé d’effacer la perspective socialiste et, avec elle, la perspective même de rupture révolutionnaire, refoulant toute notion d’étape vers le changement de société.

Le socialisme a été abandonné en 1996, avec la « Mutation ». C’est l’époque où Robert Hue, de la même façon que ses successeurs, reprend à son compte toute la propagande antisoviétique de l’idéologie dominante.

Avec le Front de gauche, la direction a dépassé la « visée communiste » pour la remplacer par « l’humain d’abord », qui selon son programme « n’exprime pas seulement une préférence morale mais dit aussi sa stratégie contre la crise » et « vise l’intérêt général… face à la domination des marchés financiers ». Effectivement, cela n’a plus rien à voir, même de loin,  avec le socialisme et le marxisme.

Pour notre parti, le PCF, le mot « socialisme » a une signification historique trop forte pour être déformée à l’envie, encore aujourd’hui.

Notre conception du socialisme charpente nos luttes

En 1968, le Manifeste de Champigny reprenait ainsi notre conception du socialisme : « Le socialisme, c’est tout à la fois la propriété collective des grands moyens de production et d’échange, l’exercice du pouvoir politique par la classe ouvrière et ses alliés, la satisfaction progressive des besoins matériels et intellectuels sans cesse croissants des membres de la société, la création des conditions propres à l’épanouissement de chaque personnalité ».

Nous jugeons nécessaire d’examiner à nouveau la perspective révolutionnaire aujourd’hui, comme l’histoire des expériences socialistes du 20ème siècle, suivant cette définition, sans éluder aucundes questionnements des dernières décennies sur le socialisme.

Certains révisionnistes ont porté l’idée qu’il y aurait eu un socialisme non-démocratique et qu’il faudrait imaginer un « socialisme démocratique ». Mais pouvons-nous concevoir un socialisme qui ne soit pas démocratique à moins d’être imparfait ou usurpé ? Pouvons-nous imaginer une démocratie réelle sans socialisme, c’est-à-dire sans contrôle collectif des moyens de production ?

D’autres tentent une expression astucieuse, « Le socialisme du 21ème siècle », pour s’épargner l’étude du 20ème. C’est impossible. Parlons plutôt de socialisme au 21ème siècle !

La question du socialisme se pose concrètement dans nos luttes quotidiennes, dans notre conception de la propriété des moyens de production, des nationalisations en régime capitaliste, selon l’état des rapports de classe, dans notre recherche d’étapes et de ruptures immédiates avec la politique du capital.

Face à l’offensive violente du capital contre les droits des travailleurs, le Parti Communiste Français doit faire face, assumer son héritage révolutionnaire, à l’image des partis communistes de Grèce ou du Portugal, et s’engager à nouveau résolument dans la construction du socialisme.


37e Congrès – Texte Alternatif – Conclusion: Préparer le centenaire de 1917 et 1920

37ème congrès du PCF – Texte alternatif  » PCF: Reconstruisons le parti de classe! Priorité au rassemblement dans les luttes ».

Lien vers la page de présentation du texteLien vers le texte intégral en PCF

CONCLUSION: Préparer le centenaire de 1917 et 1920

L’histoire du PCF fait partie de l’histoire du pays et imprègne profondément ses traditions de lutte.  Nous en sommes fiers.

Elle est un enjeu de lutte idéologique en elle-même. On se souvient de la tentative de récupération et de « décommunisation » de la mémoire de Guy Môcquet et de la résistance communiste par Sarkozy.

Militants, nous entendons souvent des patrons ou des DRH nous dire qu’ils avaient un grand parent communiste. Comme un courant de sociologues spontanés, ils nous expliquent volontiers que le parti a permis l’ascension sociale de certains ouvriers pendant les « trente glorieuses », que ça avait été bien, mais que cela correspondait plus à une situation individuelle, dans un cadre historique révolu, qu’à un engagement révolutionnaire… Quel révisionnisme !

Cette année, on fête le 80ème anniversaire du Front Populaire. Certains prétendent placer sous ces auspices leurs initiatives de recomposition politique « à gauche » ou « à la gauche de la gauche », dont notamment les primaires. Imagine-t-on Cécile Duflot ou Arnaud Montebourg à la place de Blum ? Qui à la place de Maurice Thorez ? Et que donnerait la photo ?

Ce que l’on met moins en avant à propos du Front populaire, c’est que l’initiative d’une unité antifasciste revient au parti communiste, que le Parti et son formidable essor sont le moteur des luttes ouvrières à l’origine des grandes conquêtes sociales de 36. De son côté, Blum affichait sa loyauté aux possédants, abandonnait les Républicains espagnols. La majorité des parlementaires du Front populaire socialistes et radicaux – pas Blum – allaient voter les pleins pouvoirs à Pétain…

Le patronat cible ouvertement les conquêtes de la Libération issues du Programme du Conseil national de la Résistance. Communistes, leur défense, celles des grands monopoles publics nationalisés, sortis des « grandes féodalités économiques », celle de la Sécurité sociale sont une de nos priorités. Mais, sauf le respect que l’on doit aux représentants des autres courants de la Résistance, nous ne pouvons pas laisser dire aujourd’hui que le programme du CNR est issu d’une alliance nationale. Comme nous ne pouvons pas laisser dire que la paternité de la Sécurité sociale reviendrait à De Gaulle et non au Parti communiste, à la CGT et en particulier à Ambroise Croizat ! Non, le programme du CNR est issu du rapport de classe existant à la Libération, alors que la bourgeoisie, en tant que la classe, s’était discréditée dans la collaboration et était momentanément très affaiblie et le PCF à la tête de la classe ouvrière, seule résistante en tant que classe, était très renforcé.

Il y a deux événements historiques dont personne ne disputera au PCF la commémoration : le centenaire de la Révolution d’Octobre et le centenaire de la fondation de notre parti au Congrès de Tours en 1920.

 La direction du Parti depuis la Mutation 1993 a fait acte de repentance pour 1917 par la voix de Robert Hue. En 2008, Marie-George Buffet reniait à peu près tout le contenu du Congrès de Tours et déclarait: « Nous sommes au 21ème siècle, le monde a changé, les modèles se sont écroulés. Aussi, dans cette belle ville de Tours, si nous ne retenions de son célèbre congrès qu’une seule chose : le formidable espoir, cette énorme volonté politique de la part de nos camarades de construire une société meilleure. »

Nous ne partageons pas ces positions de reniement. Nous continuons à penser que la Révolution d’Octobre est féconde. Nous continuons à penser que la création, à l’appel de Lénine, des partis communistes, suivant le nom du Manifeste de Marx et Engels, prolongeant l’expérience inaboutie de la Commune de Paris, la constitution d’un parti de type nouveau, réellement un parti de classe, en rupture avec la collaboration de classe de la social-démocratie, restent d’actualité dans une perspective révolutionnaire.

Libres à des dirigeants actuels du PCF de penser le contraire. Mais nous leur faisons observer que l’identité du PCF se confond définitivement avec son histoire et sa naissance. Garder le nom « PCF », mais renier le principal de ce qu’il représente dans le pays, c’est se condamner à disparaître. C’est ce que nous constatons, durement, non spécialement depuis 1989, mais depuis 1997 et le congrès de Martigues de 2000.

Se renier et disparaître, ce n’est pas notre choix. Assumer, même de façon impitoyablement critique notre histoire, pour la poursuivre, si !

Aussi, nous proposons que le 37ème congrès du PCF lance, à l’occasion du centenaire de la Révolution d’Octobre, une vaste commémoration, des rencontres nationales, non pas un colloque d’historiens choisis, mais une mise en débat général dans le Parti et au-delà de l’héritage et de l’actualité de 1917.

Un politicien socialiste, Jean-Marie Le Guen, a prédit, goguenard, que le PCF ne fêterait pas son 100ème anniversaire. Nous l’assurons du contraire.

 

Nous pensons que les travailleurs, notre peuple ont besoin du Parti communiste français.

Nous savons que le besoin ne suffit pas à l’existence du PCF.

Le PCF doit donner la priorité au rassemblement dans les luttes et redevenir un parti de classe

Notre texte est un appel à faire vivre, à renforcer, à reconstruire le PCF