Paix et désarmement. Remettre au centre l’opposition à la guerre impérialiste : cela devrait aussi être un sujet de congrès pour le PCF.
Cahiers communistes, 27 septembre 2018
Nous avons édité et commencé à diffuser une PETITION POUR LA BAISSE DES CREDITS MILITAIRES DE LA FRANCE.
Nous la situons immédiatement dans le cadre du vote du budget pour 2019 par le Parlement et dans le contexte du centenaire du 11 novembre 1918. Une intense propagande impérialiste pour promouvoir l’UE du capital, l’impérialisme européen « à visage humain » comme « un espace de réconciliation et forces de paix » est plus que prévisible.
On nous demande pourquoi nous lançons cette pétition au nom d’un certain nombre d’organisations du PCF, celles qui défendent la motion alternative « Reconstruire le Parti de classe – Priorité au rassemblement dans les luttes » et non au nom du Parti tout simplement.
C’est parce qu’il y là, encore, une véritable question de congrès et d’orientation, fondamentale, du PCF. Le contenu de notre pétition coïncide avec l’état d’esprit d’un très grand nombre de communistes et avec ce qu’on attend du PCF historique mais pas exactement avec les positions de certains dirigeants principaux du Parti et de la direction.
Dans le cadre des discussions de congrès, nous voulons développer ce débat. Il ne doit pas être étouffé dans l’ambiguïté. Nous partons partir de deux expressions récentes, assumées, de dirigeants du Parti (ci-dessous en format image):
1- Une interview d’André Chassaigne, président du groupe GDR et membre de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, donnée à Var Matin, le 9 février 2018 que le député a diffusé sur son compte « Twitter ».
2- Le tract national du secteur « Inter » du Parti diffusé à l’occasion des « Marches pour la Paix » du 22 septembre 2018.
Ces documents permettent de mesurer concrètement l’étendue des divergences dans le Parti qui exigent réellement un débat et une mise au clair.
Sur l’objet même de notre pétition, il y a désaccord. Le tract national de la direction du pcf ne traite pas du budget du ministère des Armées. Mais André Chassaigne estime : « Il y a une partie importante du budget [du nucléaire] qu’on pourrait utiliser pour mettre à niveau notre armement conventionnel. Je ne suis pas opposé à ce qu’on puisse augmenter le budget de la défense (Chassaigne). Mais si c’est pour le consacrer au nucléaire, on ne réglera pas les problèmes de l’armée française ».
De telles positions sont pour le moins troublantes de la part d’un dirigeant communiste. « Mettre à niveau notre armement conventionnel », ce n’est pas augmenter les pensions des veuves et veufs des soldats morts en expéditions néocoloniales (Mali, Afghanistan, Centrafrique, etc.), encore moins dédommager les pays détruits par les bombes françaises (Libye, Syrie, etc.).
La Cour des comptes a d’ailleurs dû faire constater que les dépenses réelles consacrées à l’Armée et à la guerre, en intégrant les « OPEX, Opérations extérieures », excédait déjà les 2% de ponction sur la richesse créée par le travail, 2% du PIB du pays, niveau présenté comme un objectif par l’OTAN (mais autant par l’UE et le gouvernement impérialiste français).
Dans le reste de l’interview de Chassaigne, nous pourrions nous retrouver sur la nécessité de la re-nationalisation des industries d’armements françaises, au service d’une défense strictement nationale, si le député ne se contentait pas de mentionner un vague « pôle public national de la Défense » qui ne revient pas que les changements de statuts et le processus de privatisation, par exemple de la Direction des constructions navales DCN, devenue Naval Group, qu’a notamment accomplis la « Gauche plurielle ».
Nous pouvions imaginer que la direction du PCF serait désormais claire sur la revendication essentielle, si simple, même si elle ne suffit pas, de la sortie de l’OTAN. Mais non, ce n’est pas clair non plus!
Nous nous souvenons comment le président actuel du Parti de la Gauche européenne, Gregor Gysi, avait, en 2010, rassuré l’ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne : Le Parti de la « gauche », « die Linke », demande la dissolution de l’OTAN parce qu’elle est impossible (supposant un vaste accord supranational entre Etats), alors que le slogan de « sortie de l’Allemagne de l’OTAN » pourrait fonctionner sur la base d’un rapport de force national. Nous avions alors dénoncé cette duplicité du dirigeant du PGE, révélée par Wikileaks (enregistrements à l’appui, sans démenti possible de Gysi). C’est un véritable cas d’école politique.
Aujourd’hui, le dernier tract, du secteur inter de la direction du PCF suscite notre surprise et notre réprobation. Nous y lisons : « Nous sommes nombreux à considérer que l’OTAN est devenue obsolète ». Ah bon, l’Otan, c’était mieux avant !! C’est sans doute que pense Trump…
Au verso, on lit encore encore : « Les communistes proposent, en lieu et place des stratégies d’alliances, d’opter pour des logiques de partenariats avec la mise en route d’un processus multilatéral de sortie de l’OTAN au profit de la création d’espaces communs de coopération et de sécurité collective ». « Processus multilatéral de sortie de l’OTAN » : l’expression est tordue, proche de la méthode Gysi. La direction du PCF, engluée dans la ligne du PGE, n’arrive pas à dire purement et simplement : « SORTIE UNILATERALE DE LA FRANCE DE L’OTAN » !
Enfin sur le nucléaire militaire… qui n’a rien à voir avec le nucléaire civil. Rappelons, une fois de plus, que les Mélenchon et les EELV sont aussi virulents contre cette énergie lorsqu’elle répond, non sans questionnements légitimes, aux besoins des populations, mais la défendent quand elle vise la destruction et la mort.
Sur ce sujet de l’arme atomique, le débat au sein de notre parti est ancien et connu. En 1977, le rapport Kanapa, dans une visée avouée de rendre le PCF « ministrable » dans la suite de l’Union de la gauche, décidait, gravement, d’accepter la force de frappe nucléaire gaulliste, comme un « fait accompli » et de rentrer dans l’illusion d’une autonomie de la « démocratie » France et dans la fable de la dissuasion. Cette position a fait des dégâts dans le Parti, alors, et ensuite dans la société française. Nous pouvions espérer qu’elle aurait été dépassée, notamment après la forte et exemplaire mobilisation des communistes, notamment des jeunes communistes, en 1995 et 1996 contre la reprise des essais nucléaires à Mururoa.
Mais, dans la position de Chassaigne, comme dans le tract de la direction du Parti, l’ambiguïté demeure.
Pour nous, la participation aux campagnes mondiales pour la signature du Traité d’interdiction des armes nucléaires n’a de sens que si nous, en France, combattons l’arme nucléaire de notre propre impérialisme. Sinon, ce n’est que phrases et hypocrisie.
D’un côté, l’adhésion à la dissuasion semble abandonnée. Mais il n’est pas question de remettre en cause l’arme nucléaire française. On lit parfois qu’il fait se contenter de « mettre à niveau notre équipement », ailleurs qu’il faut cesser de le moderniser. Cela n’a aucun sens ! Comment va-t-il justifier de maintenir un armement nucléaire que les généraux diront inefficace ? De même, il est aberrant de renvoyer le désarmement nucléaire français à des accords entre la Russie et les Etats-Unis (réduction proportionnelle des arsenaux – position également de Mélenchon). Il n’est plus, depuis longtemps, question du nombre d’ogives mais de leur perfectionnement pour détruire et tuer plus « sélectivement », être plus opérationnel dans des conflits régionaux.
Camarades, prenons conscience d’où 10, 20, 30, 40 années de reniements, d’alignement sur l’idéologie ont éloigné la direction de notre Parti de notre théorie et de notre pratique révolutionnaires, internationalistes, de la défense du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de la lutte contre la guerre impérialiste, condition de la paix.
Avant, après le 38ème congrès tronqué du PCF, communistes, nous avons à remettre à l’ordre du jour et actualiser ces analyses fondamentales.
100 ans après le 11 novembre 1918, renouons avec le Léninisme et sa lutte contre la guerre impérialiste ! « Pas un homme, pas un sou pour la guerre impérialiste ! » suivant la formule historique. L’argent du travail, pour la santé et l’école !
LIEN VERS LA PETITION POUR LA BAISSE DES CREDITS MILITAIRES DE LA FRANCE
En lien sur ce site,
Retrouver le texte du tract de présentation de la pétition :
Lien vers le tract au format PDF mis en page
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SEPTEMBRE 2018 ET INTERVIEW D’A. CHASSAIGNE A VAR MATIN DU 9 février 2018
On ne peut pas désarmer la France unilatéralement … il faut que tous les pays s’engagent et le fassent … sinon, on va s’en prendre une !