Nous reproduisons ci-dessous la lettre de soutien envoyée par plusieurs membres du conseil national, Emmanuel Dang Tran, Claude Fainzang, Eric Jalade et Dominique Negri aux communistes du PCF Saint Quentin, dans leur lutte politique dans l’Aisne à l’occasion de l’élection législative partielle des 13 et 20 mars prochains.

 

Le 15 février 2016,
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Chers camarades,
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Vous vous êtes adressés par un courrier du 26 janvier à tous les membres du Conseil national du PCF. Vous nous avez alertés sur les conditions de désignation des candidats présentés (ou soutenus) par le PCF à la législative partielle dans la 2ème circonscription de l’Aisne, consécutive à la démission de l’ancien ministre UMP Xavier Bertrand, devenu président de la Région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Cette élection aura lieu les 13 et 20 mars.
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Présents à la réunion du Conseil national des 16 et 17 janvier, nous pouvons vous confirmer que votre situation n’a pas été soumise à discussion, pas plus que celles des élections dans la 1ère circonscription des Yvelines (Versailles) et dans la 10ème du Nord (Tourcoing) qui auront lieu aux mêmes dates et où, à notre connaissance, le débat entre communistes se poursuit.

La prochaine réunion du CN se déroulant les 5 et 6 mars, il lui sera impossible, suivant sa prérogative définie par les statuts du Parti, de valider les candidatures qui pourront se réclamer du PCF.

De son côté, la fédération du PCF de l’Aisne a choisi de transgresser les statuts et de désigner unilatéralement des candidats, ignorant les propositions de la section du PCF Saint-Quentin et contre l’avis des adhérents de la circonscription. Toutes les sources confirment les informations que vous nous avez communiquées. Aucun dirigeant du PCF, quelles que soient ses options dans les débats stratégiques internes, ne peut avaliser ces procédés. Ni sur la forme, ni sur le fond.

Sur la forme, en contradiction flagrante avec les statuts, les dirigeants départementaux ont fait l’impasse sur l’appel à candidature, n’ont pas informé les communistes de la circonscription, n’ont pas fait valider leur « bulletin de vote », ont expédié leur décision en 4 jours… En réalité, personne ne conteste que l’immense majorité des adhérents du Parti de la circonscription refuse la ligne politique représentée par les candidatures imposées par le département et soutient celle de la section de Saint-Quentin.

Sur le fond, personne ne nie la notoriété – la bonne notoriété – des candidats proposés par la section de Saint-Quentin : Corinne Bécourt, travailleuse sociale, militante associative pour le droit au logement, secrétaire de la section qui regroupe plus de la moitié de la population et l’essentiel des adhérents du PCF de la circonscription et Olivier Tournay, enseignant, principal opposant à Xavier Bertrand au Conseil municipal de la plus grande ville de l’Aisne.

En termes de ligne politique, depuis des années la section de Saint-Quentin porte et met en pratique, avec dynamisme, une conception du PCF donnant la priorité aux luttes sur les combinaisons institutionnelles, aux positions communistes de rupture sur l’acceptation du réformisme (par exemple contre l’UE).

D’une façon générale, il n’y a pas de raison que le « respect de la diversité dans le Parti » aille toujours dans le même sens et que les directions valident systématiquement les options d’effacement de l’identité communiste.

Dans ce cas particulier de l’Aisne, c’est proprement indéfendable. La direction départementale prétend poursuivre sa ligne des départementales de mars 2015 : affichage « front de gauche » et, en même temps, alliances, dès le 1er tour, avec le PS là où des places étaient à préserver pour des élus.

Le Conseil national des 16 et 17 janvier, analysant le désastre des élections régionales, a acté l’échec de la stratégie du Front de gauche, que confirment les dissensions croissantes depuis avec le PG de Mélenchon. Par ailleurs, de moins en moins de dirigeants se masquent que l’alignement électoral sur le PS et la social-démocratie discrédite notre parti. Les meetings avec Claude Bartolone et Emmanuelle Cosse, dernière recrue de Hollande, aux régionales en Ile-de-France ont, par exemple, coûté cher aux luttes quotidiennes des communistes.

Nous regrettons que la présidente du CN, Isabelle de Almeida, et Pierre Laurent n’aient pas répondu à votre courrier.

Par ailleurs, si cela vous avait échappé, nous vous informons que le CN des 16 et 17 janvier n’a rien tranché et n’a pas adopté, après débat contradictoire, de résolution validant l’inscription du PCF dans un processus de « primaires à gauche ». Les avances de Pierre Laurent ou d’Olivier Dartigolles vers tel ou tel, suivant par exemple l’initiative de Cohn-Bendit, n’engagent donc pas le Parti. Cette démarche ne saurait vous être opposée pour l’élection partielle de Saint-Quentin. Pour notre part, nous la réprouvons totalement. Mais le comble serait que les « primaires », cette caricature politicienne de démocratie « à l’américaine », serve à nier l’expression de la souveraineté des communistes, notamment à Saint-Quentin.

Une chose ne peut plus durer dans le PCF : que les dirigeants affichent que tous les communistes sont égaux mais considèrent que certains sont plus égaux que d’autres. Votre situation rappelle la circulaire envoyée en juillet, pour la désignation des candidats aux régionales, par le secrétaire national aux secrétaires départementaux de la grande région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. Elle affirmait que, dans le cadre de la consultation sur les chefs de file PCF, tous les noms se valaient mais qu’il fallait que les secrétaires départementaux assurent la désignation de Marie-Pierre Vieu… Cette dernière allait aussitôt sceller une alliance derrière EELV et son chef local Onesta, corédacteur de la constitution européenne en 2005 avec Giscard…

Chers camarades, nous apprécions au plus haut point vos belles batailles, locales dans la situation nationale, conduites dans un esprit de large rassemblement avec les salariés, les populations, les militants syndicaux et associatifs, par exemple contre les aides publiques aux patrons qui délocalisent, pour la défense des services publics, contre l’application des directives européennes, pour la solidarité internationale, aussi au jour le jour, contre les fermetures de classe ou les expulsions locatives. Tout cela dans une région sinistrée, gérée par l’ex-ministre du chômage de Sarkozy où la démagogie sociale du FN trouve particulièrement un terreau.

Aussi, avec vous, nous appelons les candidats FdG de la Fédération de l’Aisne à faire le choix de la démocratie et de l’intérêt du Parti et à se retirer de l’élection.

Vous pouvez compter sur notre soutien aux candidats PCF « les Voix de la Colère », Corinne Bécourt et Olivier Tournay et nous sommes à votre disposition pour toute initiative.

Bien fraternellement,

Emmanuel Dang Tran, Claude Fainzang, Eric Jalade, Dominique Negri