Par le nombre, la journée de grève et de manifestation du 27 septembre 2011 dans l’éducation a fait la démonstration de la persistance de la colère, de la volonté de changement politique, de la capacité de mobilisation des salariés.L’opposition massive à la casse des retraites et les millions de manifestants l’an dernier ne se sont pas évanouis.

Comment cela pourrait-il en être autrement dans l’éducation après une rentrée encore plus difficile due notamment aux effets des suppressions 66.000 postes depuis 2007 ? La situation devient de plus en plus insoutenable dans la plupart des établissements.

La question de la perspective politique est plus que jamais posée. Dans les mois qui viennent, elle va être de plus en plus placée sous le signe des élections de 2012. Le budget de l’Etat qui s’apprête d’être voté est quasiment virtuel pour l’éducation puisque la rentrée et les 14.000 nouvelles suppressions de poste prévues auront lieu après mai 2012. Le Parlement, dont le Sénat nouvellement de « gauche », va surtout être le théâtre de joutes préélectorales.

Il est de la plus haute importance de ne pas laisser la perspective enfermée dans ce cadre électoral.

 

Depuis 10 ans, la stratégie européenne dite de « Lisbonne » de démantèlement des systèmes publics d’éducation, de marchandisation des enseignements guide les gouvernants nationaux, qu’ils soient de droite ou de « gauche ».

 

En 2003, le gouvernement Raffarin est parvenu à « décentraliser » les personnels techniques de collèges et lycées.

Depuis 2007, les suppressions de postes affaiblissent tout le système. La suppression de la carte scolaire accroît les inégalités et en atteint sa cohésion. Tous les effets pervers attendus se produisent. La « réforme » du lycée appauvrit gravement les enseignements aussi bien dans les filières générale que professionnelle et technologique, donc les possibilités d’acquisition de la culture générale et de l’esprit critique comme des qualifications ouvrières. La formation des maîtres a été démantelée. Le statut des enseignants, comme celui de tous les fonctionnaires, est fragilisé. Le pouvoir a engagé l’autonomisation des établissements, en vue de « l’école-entreprise avec un directeur-patron », avec notamment l’organisation des heures de soutien.

Le travail de sape permanent de l’éducation nationale a ainsi gravement avancé.

 

Les très fortes résistances du monde enseignant et du pays ont freiné ce mouvement mais sans réussir pour l’instant à l’inverser. C’est bien la question impérieuse. Seul le développement de la lutte sur les alternatives immédiates peut le gagner.

 

Il n’y aura pas de miracle électoral. On se souvient comment Claude Allègre ou Ségolène Royal ont dit tout haut, attaquant les enseignants, ce qui est la logique dominante au PS, conformément à ses choix européens. Le PS a aussi approuvé l’autonomisation des universités, préalable à leur mise en concurrence sous tutelle du patronat.

Pour 2012, les leaders de gauche sont prudemment flous, en particulier sur les questions de moyens. Par exemple, François Hollande promet maintenant le rétablissement des postes supprimés depuis 2007 (ce qui ne suffit d’ailleurs pas vu l’augmentation du nombre d’élèves) mais l’étale sur 5 ans et l’assortit de la suppression, totalement discutable, des redoublements. Face aux dégâts de la suppression de la carte scolaire, il est vaguement question de créer une « nouvelle sectorisation ».

Qu’on ne s’y trompe pas. Un plan de super-austérité se prépare contre le peuple français, comme s’il en abat sur les autres pays d’Europe, au nom de la crise, de la récession, des dettes publiques que les politiques menées provoquent elles-mêmes. Les quelques promesses préélectorales au monde de l’éducation risquent fort de s’envoler.

 

Aussi le succès de la mobilisation du 27 septembre en appelle d’autres. Des possibilités très importantes de convergences de lutte sont possibles pour défendre l’éducation nationale. Elles se créent spontanément avec les parents contre les fermetures de classe. Elles se développent avec l’ensemble de la fonction publique saignée de même par la RGPP. Elles peuvent grandir aussi avec le monde ouvrier face à l’affaiblissement organisé parallèlement des branches industrielles et des filières professionnelles.

 

Le 27 septembre, des enseignants de l’école privée manifestaient également. C’est principalement ce qu’ont mis en avant les media. En tant que salariés, avec leur propre statut, ils ont raison de revendiquer. Mais il ne saurait être question, le moins du monde, d’intégrer à la bataille pour le service public, pour l’éducation nationale, le secteur privé. Celui-ci, même sous contrat, est nettement moins frappé par les réductions de moyens gouvernementaux. Il joue plus que jamais son rôle néfaste dans le développement des inégalités scolaires, d’une logique de concurrence, toujours dans la négation de la laïcité républicaine.

 

Communistes, nous mettons en avant nos propositions : vaste plan de recrutement d’enseignants et de personnels éducatifs sous statut, rétablissement de la formation pédagogique, réintégration des personnels régionalisés dans l’éducation nationale, rétablissement d’une carte scolaire respectant cohésion territoriale et mixité sociale, développement des enseignements etc.

Notre pays a besoin de plus d’école pour tous !

Nous assortissons nos propositions des conditions de la rupture avec la politique actuelle : fin des cadeaux au patronat et aux plus riches, augmentation des salaires, affranchissement des traités et directives de l’UE du capital et de l’euro.

Les bombes françaises en Libye, en Afghanistan ou en Côte d’Ivoire, cela coûte au moins un milliard d’euros soit 40.000 postes d’enseignants !

 

Face aux attaques qui se préparent, préparons les plus grandes mobilisations, avant comme après les élections de 2012 ! A commencer par la journée d’action, de grève et de manifestation interprofessionnelle du 11 octobre.