Emeutes à Ferguson : impossible de cacher le modèle américain ! Exprimons notre préoccupation !

Vivelepcf, 21 août 2014

Les agences américaines abreuvent tous les jours le monde des médias de faits divers improbables, sordides ou croustillants, qui meublent les temps d’antenne, en France notamment pendant les vacances.

Mais depuis quelques jours, il leur est impossible de ne pas laisser diffuser par le même canal des nouvelles des émeutes dans la petite ville de Ferguson, dans le Missouri, consécutives à la mort d’un jeune ans  homme noir de tué de six balles par un policier blanc dans des conditions non élucidées. Il s’en passe des pareilles régulièrement mais sans ce degré de violence et cet impact national. Un autre jeune noir de 23 ans vient d’être tué par la police à Saint-Louis, à 10 km de Ferguson.

Les reportages font le tour du monde donnant du régime des Etats-Unis, donneur de leçon universel en matière de morale et de droits de l’Homme, une image plus conforme à la réalité. On redécouvre que le modèle américain repose sur l’inégalité généralisée, la faiblesse des droits sociaux, la déshérence des services publics, la pauvreté de masse, la relégation de larges couches de la population, le tout se confondant avec la persistance d’une logique ségrégationniste et d’un racisme imprégnant toute la société.

L’hypocrisie du régime américain éclate. Elle a atteint un sommet avec le choix des milieux dominants de faire élire à la présidence un président un peu « noir ». Le symbole n’arrive plus à masquer la réalité, plus du tout à tromper les masses noires pauvres.

Le gouvernement Obama tente d’éteindre le feu en promettant une enquête sérieuse sur les actes policiers mais la poussée de fièvre raciste ne le laissera peut-être pas faire.

A défaut de pouvoir occulter l’événement, les médias, français notamment, s’efforcent de le banaliser, d’en limiter la portée, de faire la part du feu en admettant des troubles raciaux sporadiques. Ils reprennent les versions faisant état de casseurs venus d’ailleurs ou, sur un autre plan, ils publient des analyses sociologiques sur les problèmes spécifiques des noirs et leurs difficultés d’intégration.

Mais ils essaient de taire notamment certains faits et certaines réactions aux Etats-Unis et ailleurs, celles qui nuisent le plus au discours moralisateur mondial du gendarme du monde, de l’impérialisme américain et de ses alliés. Ils ont du mal.

Des journalistes européens dépêchés à Ferguson ont fait l’expérience des méthodes policières américaines. Deux Allemands, par exemple, représentant des journaux pourtant bien réactionnaires et atlantistes, qui photographiaient une station-service incendiée, ont été arrêtés, menottés, fouillés, emprisonnés pendant plusieurs heures. Ils n’ont pas pu garder pour eux leurs très mauvais souvenirs. Un constat : La liberté de la presse n’est pas la priorité aux Etats-Unis.

A Saint-Louis, des manifestants pacifiques, qui essayaient de rencontrer le gouverneur du Missouri pour lui demander de renoncer à déployer la Garde nationale à Ferguson, ont été sévèrement rudoyés et 8 d’entre eux arrêtés de la même façon, dont une dangereuse militante, âgée de 90 ans, Hedy Epstein, juive allemande rescapée de l’Allemagne nazie.

Dans le monde, les référentiels habituels de l’idéologie dominante occidentale sont retournés. Les médias de Chine ou de Russie, impérialismes concurrents, n’ont pas manqué de s’alarmer de la situation aux Etats-Unis. Des personnalités palestiniennes ont lancé un appel de solidarité avec les populations noires réprimées.

Les pays de l’ALBA, l’Alliance bolivarienne pour les peuples, union commerciale antiimpérialiste d’Etats d’Amérique latine (dont Cuba, le Venezuela et la Bolivie) a rendu publique une déclaration. Ils y expriment leur « profonde préoccupation devant les faits de violence » à Ferguson et la résurgence de la ségrégation raciale, « toujours pas résolue », aux Etats-Unis. Ils manifestent leur « solidarité avec la communauté afro-américaine des Etats-Unis ». Ils appellent les « autorités américaines à procéder à une enquête sincère, claire et transparente » et à respecter les droits de l’Homme.

Nous n’escomptons pas obtenir du gouvernement français le même message à destination du régime des Etats-Unis. Mais les événements tragiques de Ferguson doivent attirer l’attention sur la nature de la « démocratie » américaine, sur son mépris des droits fondamentaux, y compris sur son sol, notamment sociaux, et même des « libertés » dont se prévaut le « libéralisme ». Ils doivent contribuer à démonter la propagande de l’impérialisme américain en même temps que l’émotion mondiale peut contribuer à retenir son bras répressif à Ferguson et ailleurs.

Les Etats-Unis influencent mais ne contrôlent plus entièrement les institutions internationales.

On n’en a peu fait la publicité mais même le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon a appelé, le 18 août, à « une position internationale commune sur ces événements » ainsi qu’à une « retenue et un respect du droit au rassemblement et à la liberté d’expression pacifique ».»  

Faisons-le savoir !