12 avril : 50.000 manifestants à la recherche d’une alternative politique introuvable hors des luttes
Repris de EDT – Pcf Paris 15, 14 avril 2014
Au moins 50.000 personnes de tout le pays ont participé le 12 avril à la marche nationale contre l’austérité à Paris. Le défilé a présenté un caractère plus « citoyen » qu’ouvrier. C’est logique pour un rassemblement organisé un samedi, à l’appel de « personnalités ».
Quelques jours après la nomination de Valls, quelques semaines après les municipales, ces 50.000 manifestants ont donné un signal de mobilisation contre la poursuite et l’aggravation de la politique au service du Medef, face à la résignation orchestrée par l’idéologie dominante. Ils ont exprimé aussi la volonté de combattre l’extrême-droite et de ne pas laisser le pavé aux ultraréactionnaires.
La section du PCF Paris 15ème, avec les jeunes communistes du 15ème ont contribué à cette mobilisation et se félicitent de son résultat. Avec les délégations des sections du PCF de Saint-Quentin, de Mantes-la-Jolie et de Saint-Martin-d’Hères, avec des camarades de plusieurs autres départements, nous avons distribué largement notre tract intitulé « L’alternative politique ne pourra partir que de la montée des luttes ».
La question de l’alternative politique était bien au cœur des préoccupations des manifestants, comme elle l’est pour des millions de travailleurs.
Les municipales ont traduit, dans la situation présente, l’absence objective de perspective politique de rupture dans les institutions.
La manifestation du 12 avril l’a illustrée à nouveau. Les organisations qui se réclament « à la gauche du PS » viennent d’être sanctionnées par les électeurs, presqu’à l’égal du PS. Elles paient visiblement les illusions semées avant 2012 sur un changement avec Hollande, l’absence de positions de rupture franches notamment sur l’Union européenne.
La manifestation de samedi n’a malheureusement pas démenti leurs démarches politiciennes parallèles.
Mélenchon drague aussi bien les « écologistes », pourtant les plus pro-UE des politiciens, que le NPA. Après avoir tiré à boulets rouges sur le PCF pendant la campagne des municipales, il est en situation de continuer à le plumer aux européennes, puisque la direction du PCF continue à s’emprisonner dans sa stratégie du Front de gauche.
Besancenot, délaissé des media, fait réciproquement des offres à Mélenchon. Là, il a réussi à s’approprier médiatiquement l’initiative de la manifestation du 12 avril, qui pourtant revient à la direction du PCF.
La direction du PCF, Pierre Laurent, le lui ont permis en préférant s’effacer derrière une affiche anonyme et un appel de « personnalités » diverses. Son objectif prioritaire semble avoir été, quitte à se placer au second rang, de racoler une partie l’autoproclamée « aile gauche » du PS, un peu présente en tête de cortège…
La confrontation de ces préoccupations politiciennes a conduit à abandonner l’idée d’un meeting en fin de manif à la Nation de peur que l’un ou l’autre prenne l’avantage.
Comme on est loin des attentes des manifestants, de l’exigence populaire d’alternative politique !
Les uns et les autres dirigeants de la « gauche radicale » n’ont réussi à s’entendre que pour mettre en avant la personne du politicien grec Alexis Tsipras.
Tsipras est candidat à la présidence de la Commission européenne pour le Parti de la gauche européenne (PGE). Lui et ses soutiens français ne pourraient mieux légitimer l’UE du capital, prétexte et instrument de l’écrasement des acquis sociaux et démocratiques de chaque peuple. Sa priorité principale est d’ailleurs la sauvegarde de l’euro. Ses inspirateurs sont ouvertement Obama et Roosevelt.
Pouah !
Le changement politique en France ne réside évidemment pas dans une perspective illusoire et trompeuse de renversement des coalitions au Parlement européen. Il n’est évidemment pas à attendre d’un changement de gouvernement de Hollande. Après les sales coups confiés à Valls, Hollande pourrait miser sur équipe de remplacement, moins « social-libéral ». Et alors !
Plus que jamais, nous continuons, comme dans la manif du 12, de mettre en avant les luttes, leur renforcement, leur convergence. C’est la seule voie vers le changement politique dans la période actuelle. C’est la seule façon de repousser le consensus droite/PS, de rejeter la diversion mortifère du FN, organisé pour le compte du système.
La mobilisation contre le « pacte de responsabilité » est passée à un niveau supérieur avec la manifestation du 18 mars, notamment dans les organisations de la CGT. L’opposition au Pacte ne saurait se réduire à des slogans vagues contre l’austérité. Pour rassembler, nous devons traduire la gravité du « pacte », les cadeaux d’un montant inégalé au patronat, en luttes immédiates et concrètes, contre la TVA, la casse de la santé et de l’hôpital publics, celle des allocations familiales…
La lutte des cheminots contre la réforme ferroviaire, avec la grève du 22 mai, celles des fonctionnaires contre l’austérité, avec la grève du 15 mai, les mouvements à la Poste, à EDF, à la RATP possèdent un fort potentiel d’entraînement chez les usagers. Partout en France, on se bat contre la casse de l’industrie.
C’est tout cela que nous avons mis au centre de notre expression à la manifestation du 12 avril, pour la convergence des luttes, passant par la rupture avec l’UE du capital, loin des préoccupations politiciennes, qui ne sauraient enfermer la détermination des manifestants, des travailleurs qui luttent et lutteront.
Prochain rendez-vous pour la mobilisation générale : le 1er mai !