Comme défi à la censure et à la répression anticommuniste, il n’y a pas si longtemps, les camarades britanniques affichaient la faucille et le marteau dans leurs publications sous la forme d’un catalogue d’outillages. Sous la pression de l’UE, faudra-t-il en revenir là?

Communistes, nous n’avons pas le fétichisme des objets. Les symboles de notre histoire, quand ils deviennent seulement identitaires voire folkloriques, cessent d’être utiles et peuvent être détournés. La disparition de la faucille et du marteau des nouvelles cartes et des nouveaux timbres du PCF n’aurait pu être qu’anecdotique. Les échanges, par media interposés, que nous avons suscités lors du 36ème congrès de février ont montré que non.

Ce congrès était orchestré pour être celui de l’unité des communistes derrière le Front de gauche. Des oppositions de complaisance sont bien rentrées dans le jeu. Du texte de la direction, il ne reste déjà que le souvenir du titre saugrenu « rallumer les étoiles ». Mais de fait, le congrès est devenu aussi celui de l’abandon de la faucille et du marteau, révélant son véritable objectif : pousser d’une étape encore le processus de mutation réformiste du PCF. Pas de changement de cap de ce côté-là !

La direction n’a laissé que quelques jours aux adhérents pour prendre connaissance des textes réunis dans un dossier touffu et pour se prononcer. Dans le même esprit, elle a pris garde de diffuser les nouvelles cartes après ce vote… Les camarades, éberlués, n’y croyaient pas avant de les recevoir.

On peut rendre grâce à Pierre Laurent d’avoir pris le temps, malheureusement après le bouclage du Congrès, d’expliciter sa démarche dans de très longues interventions. Les symboles communistes ne correspondent pas à la volonté de changement du « communisme de nouvelle génération ». il s’est félicité d’être un « récidiviste », lui qui a été responsable de l’élimination de la faucille et du marteau de la une de l’Humanité. D’un journal militant communiste, la direction du PCF a fait un journal d’information de gauche (avec 20% de capitaux privés). Du PCF, Pierre Laurent n’a-t-il pas affirmé, dans son interview à Libération d’août 2012, qu’il voulait faire l’héritier des courants socialistes et communistes de la première moitié du 20ème siècle.

Mais le coup de force le plus nouveau, le plus perfide, le plus indéfendable réside dans l’inscription d’un nouveau logo, des deux côtés de la carte, celui d’un autre parti : l’étoile du Parti de la gauche européenne. Adhérents du PCF, nous ne le sommes pas individuellement du PGE. Le PGE n’est pas un parti communiste mais un regroupement, financé par la Commission européenne, de partis de « gauche », la plupart ouvertement réformistes et pro-européens.

L’UE du capital s’efforce justement de criminaliser le communisme et ses symboles. Certains nouveaux régimes à l’est, aux tendances fascisantes, interdisent la faucille et le marteau, osent les assimiler aux croix gammées. C’est une forme de reconnaissance de l’actualité et de la force de notre symbole et du contresens de la direction du Parti.

Dans les manifestations, nous faisons l’expérience de l’attraction que les autocollants, badges, en-tête avec faucille et marteau suscitent : l’attente de positions claires d’un parti qui demeure, dans l’inconscient collectif, celui du monde du travail, de la résistance à l’exploitation.

Voilà bien pourquoi nous n’allons pas remiser – Pierre Laurent nous y autorise ! – ce symbole qui prend même, dans la situation actuelle interne de notre parti une signification supplémentaire pour les communistes qui entendent le rester et qui ont besoin de tous leurs outils politiques.