Pour la sécurité des médicaments, pour la préservation en France des compétences en matière d’essais cliniques

L’industrie pharmaceutique française est l’une des plus développées au monde. Chaque année, 600 millions d’euros sont consacrés à la recherche, privée ou publique, dans la recherche clinique.

La législation française est l’une des plus poussées du monde en matière de sécurisation du médicament. Des scandales comme ceux du Mediator ou des prothèses PIP sont l’exception. Avant toute mise sur le marché, un médicament doit faire l’objet d’essais cliniques sur l’homme. Dans ce domaine aussi, l’encadrement juridique en France est très avancé.

Mais pour les multinationales, les essais cliniques constituent un marché concurrentiel mondialisé, source de profits potentiels considérables.

En France, on teste les médicaments dans des cliniques spécialisées sur des volontaires sains, suivis dans la durée, indemnisés jusqu’à 3800 euros par an. En Inde à l’extrême opposé, on peut recruter des cobayes à 5 euros l’expérimentation.

C’est dans ce contexte qu’il faut situer la décision de la multinationale suisse SGS de liquider la clinique Aster, l’un des trois principaux spécialistes français des essais cliniques, situé dans le 15ème arrondissement de Paris. SGS a racheté Aster-Cepach, entreprise indépendante, prospère et réputée pour son sérieux.

Après s’être accaparé du beau carnet de clients d’Aster, la direction de SGS a consciencieusement sapé sa nouvelle filiale. Elle a désorganisé le calendrier d’exécution des études, vendu certaines activités « à la découpe », plombé les comptes avec des frais immobiliers, sans parler de la pollution du climat social. Au total, en 7 ans, elle a réussi à affaiblir Aster de la moitié de ses emplois.

Pourtant jamais, SGS-Aster et ses salariés ne sont « tombés dans le rouge » et n’ont perdu leur reconnaissance dans le milieu pharmaceutique.

Janvier 2013 : SGS argue de la baisse conjoncturelle du chiffre d’affaires en 2012 pour annoncer un plan de suppression de 88 des 99 emplois, les 11 autres restant en sursis. Pourtant, le carnet de commandes était plein pour 2013 !

Pour les salariés, c’est un « coup de massue ». D’une moyenne d’âge de 40 ans et de 10 ans d’activité dans une activité d’excellence très spécialisée, n’existant nulle part ailleurs dans la région, où retrouver un emploi ? Devant le sabotage, le gâchis, la colère s’est organisée avec les syndicats. Il n’est pas question d’accepter un « plan de sauvegarde de l’emploi », annoncé hors des procédures légales et n’assurant aucun reclassement ou formation. (Ah que SGS aurait aimé bénéficier de l’accord MEDEF-CFDT de flexibilisation de l’emploi (ANI) adopté par le gouvernement pour aller plus vite en sale besogne !).

Surtout, la bataille pour le maintien, la reprise de l’activité reste centrale, envers et contre le diktat de SGS. Un projet existe déjà de reprise de 60% de l’activité. SGS s’est appliqué à le saboter en annulant les études programmées, en détournant les contrats en court et les clients vers son autre filiale en Belgique (où les conditions sociales sont beaucoup plus lâches et où le travail s’effectue en … anglais). C’était bien ça le but !

Depuis 5 mois, les salariés des laboratoires de la rue Eugène Million et de la rue de la Croix-Nivert n’ont quasiment plus de travail. SGS laisse pourrir la situation. Si cela aussi, ce n’est pas du harcèlement !

La lutte des salariés de SGS-Aster est la nôtre, que nous travaillons à l’hôpital, à l’Institut Pasteur, ou  partout ailleurs, comme patient potentiel.

Face à SGS, les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités, associer les gestes aux annonces. Les salariés en lutte sont allés rencontrer la ministre de la santé et celui du « redressement productif ». De leurs collaborateurs, ils n’ont entendu que de molles paroles de compassion.

La mobilisation doit s’étendre pour porter la bataille de SGS-Aster !

- Non aux 88 suppressions d’emplois !

- Non à la liquidation d’un des trois principaux centres d’essais cliniques du médicament en France !

-  Oui, le maintien et la reprise de l’activité est possible, sur la base des compétences des personnels, d’un projet existant, du carnet de commandes de début d’année, de la réputation de la clinique.

- Oui, le gouvernement peut et doit intervenir contre SGS, comme auprès des firmes pharmaceutiques. L’Etat subventionne les essais, accorde des crédits d’impôts : autant de moyens financiers de pression.

- Avec les hôpitaux, les CHU notamment, avec l’Institut Pasteur, l’Inserm, cela fait des années que l’on évoque la nécessité d’un rapprochement avec des centres d’essais cliniques ! Il est temps. Un « Centre national de gestion des essais de produits de santé – le CeNGEPS » a été créé. Il est dirigé en Ile-de-France par l’Assistance-publique – Hôpitaux de Paris. Il fait quoi pour sauver Aster ?

- Le besoin d’essais cliniques, d’études épidémiologiques, du savoir-faire d’Aster, ne cesse de croître.

 La liquidation de SGS-Aster serait un scandale sanitaire : il faut que cela se sache !