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Les dirigeants de l’UE veulent modérer les dépenses militaires du gouvernement grec ! Le monde à l’envers? Pas si sûr!

Vivelepcf, 23 juin 2015

Les dirigeants de l’UE seraient en passe d’obtenir du gouvernement grec un engagement de baisse de 200 millions d’euros du budget militaire grec en 2016. Les rôles pourraient paraître inversés mais pourtant…

Depuis son élection en janvier, le gouvernement alliant le parti de gauche Syriza du premier ministre Tsipras et le parti d’extrême-droite nationaliste ANEL du ministre de la défense Kamenos a, au contraire, montré son attachement à maintenir un haut niveau de dépenses militaires, l’un des plus élevés d’Europe.

Ainsi, le gouvernement Tsipras a signé en avril un contrat de 500 millions d’euros avec le groupe américain Lockheed, qui devrait en sous-traiter une partie au lobby militaro-industriel grec, pour la modernisation de 5 avions de reconnaissance de la Marine grecque. Le montant a fait hurler certains politiciens: « 200 millions pour la crise humanitaire, 500 millions pour des armes » s’est notamment exclamé le leader du parti de centre-gauche « To Potami », de Stravros Theodorakis qui aurait pu être un allié alternatif à ANEL.

Cette décision illustre encore un peu plus la farce politique que représentent, à usage grec et européen, Syriza et sa soi-disant « radicalité ». Nouveau mémorandum d’austérité avec la Troïka, professions de foi en l’euro, poursuite des privatisations, attentions particulières aux armateurs, au clergé, à l’armée : Syriza c’est la triste continuité présentée comme « rupture » pour mieux éteindre chez les peuples toute véritable perspective de changement.

Le logo des manoeuvres communes aéronavales avec Israël

Le parti ANEL de Kamenos, ancien ministre de la mer sous la droite, en est la caution et le symbole. Le ministre nationaliste annonce l’entrée de la Grèce dans le dispositif anti-Daech de l’OTAN. Il vient de présider, fin avril, aux manœuvres aéronavales conjointes avec les armées américaine et israélienne en mer Egée.

Coopération militaire renforcée avec Israël du gouvernement Tsipras : là encore de quoi étonner et ouvrir les yeux !

Grèce/Syriza : La supercherie « radicale » est tombée, reste la dangereuse illusion sociale-démocrate

EDT pourVivelepcf, mars 2015 (voir notre article de janvier en lien)

 

Manifestation le 27 février contre le nouvel accord antipolaire signé par le gouvernement Syriza-ANEL avec l'UE, organisée par le KKE et le PAME

Après sa victoire électorale (relative, 36% de 61% de suffrages exprimés), le parti Syriza n’a pas tardé à doucher les espoirs de beaucoup de ceux qui, en Grèce et dans d’autres pays, ont cru à une véritable rupture politique.

Dès le lendemain, son leader Alexis Tsipras scellait l’alliance gouvernementale avec le parti de droite extrême des « Grecs indépendants », ANEL (à la joie du FN en France). ANEL s’est illustré par son discours ultra-réactionnaire, ultra-nationaliste, militariste, son racisme anti-immigrés. Mais ANEL est aussi un parti « pro-européen ». Et ANEL est dirigé par l’ancien ministre de la Marine qui a, entre autres, organisé la privatisation du port du Pirée, Pannos Kammenos.

Les plus aveugles supporters de Syriza  ont vu cette alliance avec le diable comme un calcul tactique et pragmatique de Tsipras.

Elle a surtout complété les gages donnés par Syriza aux capitalistes grecs, européens, ceux-là mêmes qui se sont gorgés de la dette grecque,  et à l’impérialisme. Tsipras a nommé Kammenos ministre de la défense : c’est la garantie de la poursuite de l’affiliation à l’OTAN et du maintien du niveau, exceptionnellement élevé en Europe, des dépenses militaires. ANEL, c’est la garantie aussi que l’on ne touchera pas à l’Eglise et aux armateurs, déjà épargnés dans les propositions électorales de Syriza. L’effet d’annonce autour du gel de la privatisation du port du Pirée a fait long feu : sa poursuite fait partie des accords du 22 février avec la Commission européenne.

Ceux-ci ont fini de détruire l’espoir qu’une figure historique fondait en Syriza. Le grand résistant, Manolis Gleizos, qui arracha en 1941 le drapeau nazi de l’Acropole, s’est excusé publiquement d’avoir nourri des illusions sur Syriza et a demandé « au peuple grec de le pardonner ». Il s’indigne notamment des opérations de communication du gouvernement grec qui prétend par exemple refuser de discuter avec la « troïka » mais accepter de discuter avec ses trois composantes (Commission européenne, Banque centrale et Fonds monétaire international) !

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Alternance électorale en Grèce avec Syriza: les faux espoirs préparent la pédagogie de la résignation

EDT pour Vivelepcf, 27 janvier 2015

La victoire du parti Syriza aux élections générales anticipées en Grèce, le 25 janvier, était courue, annoncée dans tous les médias européens.

Quelques réflexions d’abord sur les résultats électoraux eux-mêmes.

Ces élections sont marquées d’abord par une abstention toujours au plus haut, malgré la dramatisation internationale de l’enjeu : plus de 37% comme en juin 2012, en comptant les blancs et nuls, en nette augmentation. En 2009, elle était de 29%, en 2003 de 23%.

On assiste ensuite à un retour relatif à la prédominance de la bipolarisation qui a dominé le paysage électoral pendant près de 40 ans, à la différence que Syriza remplace le Pasok.

Le parti de droite « Nouvelle démocratie – ND » se maintient presque par rapport à 2012, avec 27,8% des voix (-1,8%) et domine largement son camp. Les ultra-réactionnaires « Grecs indépendants » reculent de 2% à 4,8%.

A la marge, les néonazis de « l’Aube dorée » se maintiennent au-dessus de 6%. Même résultat pour le parti populiste, qui se définit « centriste », « La Rivière », dirigé par un journaliste vedette de la télévision.

Vatican, Grèce: l'alternance!

A gauche, Syriza continue à avaler l’électorat socio-démocrate du Pasok. Syriza progresse de 9,5% sur juin 2012, le Pasok recule encore de 7,6%.  Le Pasok fait seul les frais du vote sanction contre la coalition gouvernementale au sein de laquelle il collaborait avec ND. Le Pasok s’effondre à 4,6% mais ne disparaît pas complètement. Il est délesté pour l’avenir du clan Papandréou qui se présentait séparément (2,5%).  Le parti divers gauche Dimar disparaît à peu près complètement (6% en 2012). Il a perdu sa raison d’être de pont entre Siryza et le Pasok avec l’image de plus en plus modérée de Syriza.

Cette clarification permet au Parti communiste grec (KKE) de regagner du terrain à 5,5% (+1%), après plusieurs succès électoraux locaux. L’opération « vote utile » a moins joué. L’illusion électorale a moins écrasé le mouvement réel des luttes que le KKE et son émanation syndicale, le PAME, mènent sur de véritables positions de rupture avec l’ordre capitaliste grec et européen.

La victoire de Syriza, assez relative en voix, nette en sièges avec la prime au parti arrivé en tête, s’explique aisément.

Syriza a bénéficié du discrédit total du Pasok. Syriza passe encore pour un parti vierge de participation aux politiques d’austérité, et malgré le ralliement de nombre de cadres du Pasok et ses vieilles compromissions politiciennes au plan local, pour un parti plus propre dans ce système politique clientéliste et corrompu.

Jusqu’aux élections – pour combien de temps encore ? -, Syriza est parvenu encore à combiner deux images, celle d’un parti d’opposition à l’austérité et celle d’un parti normalisé, institutionnalisé. Il est parvenu à capter une partie de la colère devant la crise aigüe qui frappe le peuple, mais sans effrayer les couches moyennes, surtout sans effrayer les puissants.

Depuis 2 ans, le leader du Parti et nouveau premier ministre, Alexis Tsipras, s’est beaucoup dépensé pour rassurer les possédants de Grèce et les grands de ce monde en s’affichant tour à tour avec Obama, le Pape (et les prélats de l’Eglise orthodoxe), le patronat, les directeurs du FMI. Auprès de ces derniers, il s’est engagé à honorer loyalement la dette grecque envers l’institution capitaliste mondiale.

Faire passer Syriza, son chef et leurs propositions pour « radicaux , sinon « anticapitalistes » relève de la supercherie. Leurs inspirateurs sont Roosevelt et même Obama… Tardivement sorti du flou, le programme de Syriza constitue un plan de relance capitaliste étatique, « keynésienne » classique. Mais même d’ampleur modérée, il n’a quasiment aucune chance de fonctionner parce que les réformistes et opportunistes dirigeants de Syriza ont donné tous les gages, afin d’accéder au pouvoir, qu’ils ne s’affronteront pas réellement aux puissances d’argent grecques et qu’ils ne rompront pas avec l’euro et l’Union européenne.

Les premières mesures sociales d’urgence annoncées seront bienvenues, même si elles correspondent à des prothèses de doigts sur un bras amputé: l’augmentation du salaire minimum (négocié au préalable avec le patronat), la baisse des impôts directs des ménages les plus pauvres, le retour de compléments pour les petites pensions, des aides au logement et au chauffage pour une population dont un tiers vit au-dessous du seuil de pauvreté.

Le KKE a annoncé qu’il soutiendra toutes les mesures allant dans le sens de l’intérêt des travailleurs et des plus pauvres, qui en seront fondamentalement redevables à leurs propres luttes. Mais comme l’a déclaré son secrétaire général du KKE, Dimitris Koutsoumbas, les « faux espoirs » vont vite retomber. C’est inévitable.

Y compris ces mesures sociales, avec le programme d’investissements, la création promise de 300.000 emplois, le plan de relance de Syriza est estimé à 11 milliards d’euros par an par ses propres économistes. Le nouveau gouvernement n’a aucun moyen de les trouver en Grèce. Syriza s’est placé d’emblée à la merci de l’Union européenne et des grandes puissances.

L’Etat grec ne peut plus emprunter sur les marchés financiers, sinon à des taux prohibitifs. La Banque de Grèce ne peut plus créer de monnaie, à cause de l’appartenance à l’euro. Logiquement Syriza s’est engagé à ne pas recourir au déficit budgétaire qui lui est impossible.

Sur les 11 milliards d’euros, les économistes de Syriza espèrent en récupérer 3 par une meilleure collecte des impôts et la lutte contre la fraude fiscale. A supposer que l’intention soit réelle, le résultat est incertain et ne sera en tout cas pas immédiat avec une administration appauvrie et gangrénée par le clientélisme et la corruption. Par ailleurs, Syriza demeure très flou sur une réforme fiscale qui mettrait à contribution les puissances d’argent dont les armateurs et l’Eglise. L’alliance conclue avec le parti ultra-réactionnaire des « Grecs Indépendants » la rend très improbable.

Ensuite les économistes de Syriza comptent sur 3 milliards d’euros de rentrées induites par le succès de leur propre plan relance. Ils sont les seuls à y croire… Intégrée à la zone euro, non compétitive dans cette monnaie, avec un appareil de production encore davantage saccagé après la crise, l’économie grecque est parfaitement incapable de répondre aux besoins du pays et de la population, même si cette dernière était rendue un peu plus solvable.

Et d’où viendrait le reste ? Uniquement du bon vouloir de l’Union européenne et des autres Etats européens (puisque Tsipras s’est engagé à payer le FMI). Tsipras et son équipe de jeunes universitaires formés aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni roulent des mécaniques et affirment avoir des atouts en main pour négocier. Lesquels ?

Les caisses de l’Etat sont vides. Sans « l’aide » européenne, dans les mois qui viennent, même en annonçant unilatéralement la suspension du paiement des intérêts de la dette (européenne), l’Etat ne serait même plus en mesure de payer ses fonctionnaires. Adieu la chasse à la fraude fiscale, adieu les quelques mesures sociales !

A défaut d’armes économiques, Syriza prétend disposer d’arguments politiques.

La constatation que la dette publique grecque est parfaitement illégitime est une réalité mais elle ne pèse pas grand-chose dans la négociation. L’UE et les Etats européens prêtent à l’Etat grec pour qu’il leur rembourse l’argent qu’il leur doit suivant un cercle vicieux. Ce serait absurde si cela ne plaçait pas la Grèce sous la dépendance complète de ses créanciers.

Les leçons d’histoire économique relatant comment les grandes puissances impérialistes ont décidé en 1953 de faire cadeau à l’Allemagne de l’Ouest capitaliste des dettes des nazis sont vraiment de mauvais goût pour un parti qui se dit de « gauche ». Redresser l’impérialisme allemand contre le socialisme était, par ailleurs, autrement plus prioritaire pour les grandes puissances que donner un coup de pouce au petit plan de relance keynésien de Syriza…

Syriza espère compter sur une solidarité politique internationale. C’est ignorer combien l’UE et l’euro sont de formidables instruments pour opposer les peuples aux autres. Qui en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche ou en France acceptera de « payer pour les Grecs » quand l’appareil de propagande aura expliqué que les dettes grecques sont détenues par ces pays ? Qui au Portugal, ou en Irlande, acceptera que la Grèce « bénéficie » de facilités que l’UE n’a pas accordé à ces pays soi-disant redevenus « vertueux », au prix de lourds sacrifices bien réels ?

En s’interdisant toute remise en cause de l’appartenance de la Grèce à l’euro et à l’UE, en s’appuyant sur les couches de la population les plus attachées (dans tous les sens, notamment par leurs économies en monnaie forte) à l’euro, Syriza s’est délibérément privé de tout moyen de pression sur l’UE.

Reste l’autre perspective, continuer à amadouer le système, à donner des gages, promettre une gestion de « gauche » de l’austérité plus à même de calmer le peuple grec. C’est ce que les sociaux-démocrates des autres pays conseillent à Syriza, espèrent pour leur propre opportunisme – voir les recommandations de Cécile Duflot dans le Libération du 26 janvier, alors que la BCE a décidé de changer d’orientation politique monétaire. C’est bien la voie de collaboration que Tsipras suit depuis toujours. Tout compte fait, son plan de relance promet d’aider beaucoup les capitalistes grecs en soulageant un peu les souffrances du peuple grec, et en réinsérant les couches moyennes dans les standards de la petite bourgeoisie européenne.

Mais que l’Allemagne, la France, l’Union européenne fassent ce choix d’une social-démocratie de « gauche » en Grèce : rien n’est moins sûr. La bourgeoisie internationale (dont la grecque) n’en a pas besoin. La Grèce ne connaît pas de situation prérévolutionnaire : le système, les syndicats réformistes, avec Syriza, tiennent encore la contestation, malgré le travail des communistes. L’exemple grec avec Syriza peut au contraire être un magnifique outil d’instruction des peuples dans le cadre de la pédagogie de la résignation !

Il faut se demander pourquoi l’idéologie dominante en Europe a tant fait pour faire passer Syriza pour un parti de « gauche radicale ». 

Les injonctions de Merkel ou de Moscovici à ne pas voter Syriza ont en fait bien aidé ce parti dans sa posture d’opposition. En Grèce même, tous les observateurs ont noté que la droite a fait une très mauvaise campagne, très à droite, anti-immigrés, sécuritaire, défendant l’austérité, comme si elle voulait laisser la place à Syriza. Lui laisser la « patate chaude » comme l’ont avoué plusieurs dirigeants de ND… Il ne faut pas oublier non plus que ces élections anticipées ont été causées, non par une poussée populaire, mais par le refus des députés des différents partis de droite et du centre, pourtant largement majoritaires, de s’entendre sur le nom d’un nouveau Président de la République.

En 2015, la situation est mûre et opportune pour un passage au pouvoir de Syriza. Depuis 2012, la dette grecque est passée aux institutions publiques européennes venant de la finance privée qui ne court plus de risque. Les menaces de « contagion » d’une remise en cause de l’euro ont baissé. Syriza lui-même a donné suffisamment de gages de loyauté à l’UE.

Faire passer Syriza pour une « alternative radicale », c’est diriger la colère populaire, en Grèce et ailleurs, vers des options de collaboration de classe, un illusoire « capitalisme à visage humain », c’est la détourner de la contestation de l’Union européenne du capital. Faire échouer maintenant Syriza, ce sera peut-être la meilleure façon d’alimenter la résignation en Grèce et dans les autres pays, tout en préservant la tromperie sur sa « radicalité ».

Quitte pour le système et l’UE à accorder à la droite en Grèce ce qu’il aura refusé à Syriza pour calmer la situation sociale, tout en continuant à entretenir dangereusement les néofascistes.

Les politiciens français, du Front de gauche, des Verts ou du PS (« frondeurs ») qui s’enthousiasment à gorge déployée pour Syriza espèrent jouer le même jeu dans notre pays : donner l’illusion de la radication sur une ligne d’acceptation du système. D’autant mieux qu’ils ne courent aucun risque de se dévoiler en accédant au pouvoir…

Les communistes ne peuvent guère se laisser tromper longtemps. Cécile Duflot, ministre de Hollande en meeting pour Tsipras, est-elle anticapitaliste ? Tsipras, dans sa trajectoire personnelle, a déjà bien aidé à lever l’illusion en s’alliant avec le parti des Dupont-Aignan et De Villiers grecs, les « Grecs indépendants », scission de ND, dirigée par l’ancien ministre qui a privatisé le port du Pirée…

Etre solidaire politiquement du peuple grec, c’est soutenir le KKE, notamment dans ses choix de rupture avec l’Union européenne et l’euro ! Communistes français, nous l’avons fait, nous continuons parce que c’est aussi utile et nécessaire à nos propres luttes.

Jusqu’où avec Tsipras ? Jusqu’à appeler à voter, comme lui, pour Jean-Claude Juncker ?

Vivelepcf, 8 juin 2014

Le Parti de la gauche européenne (PGE) a fait du leader grec de Syriza, Alexis Tsipras son héraut pour les élections européennes. Il a porté sa candidature à la présidence de la Commission européenne.

Communistes français, nous faisons partie de ceux qui ont dénoncé ce choix qui légitime l’institution la plus antidémocratique de l’Union européenne et qui valide la logique d’intégration dans l’UE du capital. Nous avons donné tous les éléments sur les orientations réelles de Tsipras et de Syriza, parti qui sert à recycler la social-démocratie grecque, dont les références sont, entre autres, Roosevelt et le Plan Marshall… (voir notre article en lien).

Tsipras a joué un temps une partition de « gauche radicale ». Il est encore présenté comme « radical » par une partie de la presse de droite. Il l’a été en France avec insistance, pendant la campagne électorale, par le Front de gauche, par Mélenchon, par Pierre Laurent. Mais derrière le gauchiste, le social-démocrate s’est déjà largement réveillé en donnant des gages à Obama par exemple, ou en faisant de la défense de l’euro en Grèce sa priorité.

Mais Tsipras est largement passé à l’étape suivante : celle du leader d’un parti d’alternance, aspirant à la gestion loyale des affaires du capital en Grèce.

Voilà donc que Tsipras, dans une déclaration du 3 juin, appelle les députés européens à soutenir la candidature à la présidence de la Commission européenne du politicien luxembourgeois de droite, Jean-Claude Juncker. Il pousse sa logique d’adhésion à l’intégration européenne jusqu’au bout. Il justifie sa défense de Juncker au nom du respect du vote européen et des prérogatives nouvelles du Parlement européen, qu’il invite à parler d’une seule voix.

Extraits du communiqué de Tsipras: « «Pendant la campagne, j’étais candidat pour la gauche européenne. Je me tenais vigoureusement en désaccord avec les orientations politiques du Parti populaire européen et de son candidat, M. Jean-Claude Juncker. Ces désaccords persistent. » «Néanmoins, le Parti populaire européen a remporté l’élection. Par conséquent, il revient à M. Jean-Claude Juncker d’être le premier à tenter de rassembler la majorité requise, en négociant avec les autres groupes politiques ». « C’est une obligation morale du Conseil européen de porter la candidature qui est arrivée en tête aux élections ».

La plupart des partis du PGE, confrontés à d’autres situations nationales, sont pris à contrepied. La présidente sortante du groupe GUE-NGL, l’Allemande de Die Linke, Gabi Zimmer, se range derrière la position de Tsipras. Mais la direction de Die Linke ne la suit pas et annonce, comme Mélenchon, qu’elle n’appelle pas à voter pour Juncker mais … pour Tsipras lui-même !

Le club des 5!

C’est le crétinisme parlementaire à la puissance européenne !

La stratégie du Front de gauche a réduit la représentation du PCF à un seul député européen (nous en avions 20 entre 1979 et 1984).

Notre parti ne peut pas continuer à suivre les Mélenchon ou les Tsipras dans la course, même par étape, à la validation de l’intégration dans l’UE. Il ne peut pas continuer à renier les positions historiques de notre parti, de combat contre l’Europe supranationale du capital, sur une base de classe, donnant au rejet de classe de l’Union européenne par les travailleurs une perspective de rupture progressiste.