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Soutien aux salariés en lutte de l’usine Alphacan de Gaillac (Tarn)

Une nouvelle fois, des licenciements frappent Alphacan à Gaillac : 92 suppressions sur 133 emplois et, pour les quelques-uns qui échappent à la charrette, il ne s’agit à coup sûr que d’un sursis. Alors que l’entreprise Meubles Delmas est en redressement judiciaire depuis fin juillet, c’est un autre coup dur pour l’emploi industriel à Gaillac (Tarn).

De restructuration en restructuration, la chimie française disparaît. Total s’est d’abord débarrassé de son secteur chimie au profit d’Arkema : 6 à 8 % de rendement, ce n’est pas assez quand la spéculation permet du 20 %. Arkema a cédé Alphacan pour un 1 € au groupe Kem One, avec l’appui de Nicolas Sarkozy, en épongeant des millions de dettes et en laissant une trésorerie de l’ordre de 100 millions, trésorerie directement ponctionnée par le groupe via des paradis fiscaux. En clair, le vendeur a payé l’acheteur. Dès 2013, Kem One dépose le bilan. Procédé classique : plutôt que de supporter les frais de licenciements, les grands groupes cèdent à des fonds vautours les branches non rentables. Ceux-ci se payent sur la bête et ferment. La collectivité paye.

En 2013, autres politiques au pouvoir, même schéma : Montebourg, ministre de François Hollande débloque 128 millions d’euros pour permettre au tandem Alain de Krasny/Open Gate Capital de reprendre le groupe. Avec 5 millions d’euros d’apport personnel, les repreneurs se payent un groupe qui fait près d’un milliard de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, le groupe KEM ONE est bénéficiaire : 50 840 700 € en 2015.

Par contre, malgré l’obligation légale de publication des comptes, Alphacan ne publie plus ses comptes depuis 2013. Alphacan a selon le greffe 4 filliales : Alphacan Doo à Zagreb, Alphacan Espana Transformados SAU en espagne, Alphacan S.p.A.e et n italie et Alphacan BV au pays-bas, pays à la fiscalité accommodante.

Entre 2013 et aujourd’hui, KEM ONE a perçu le crédit d’impôt compétitivité, probablement plusieurs millions d’euros par an au vu du nombre de salariés. Nos politiques ne cessent de clamer leur impuissance face aux grands groupes, face aux actionnaires. Ils ont choisit d’être impuissants. Ils acceptent comme une fatalité la désindustrialisation et le chômage. Ils ont organisé cette impuissance en déréglementant, en privatisant, en signant des traités européens favorisant le dumping social, en distribuant des milliards aux entreprises sans poser de conditions. Il faut interpeller le gouvernement et le mettre devant ses responsabilités, lui imposer d’agir pour préserver l’activité industrielle en France, exiger de Kem One le maintien de l’emploi à Alphacan sous peine de devoir rembourser les fonds publics perçus.

Les communistes du Tarn appellent la population à soutenir les salariés d’Alphacan et à participer aux rassemblements de soutien. Ce ne sont pas seulement  leurs emplois qui sont en jeu, c’est l’avenir de Gaillac, l’avenir de nos enfants.

Déclaration du Conseil départemental du PCF du Tarn après les élections régionales 2015

Devant la crise politique, nous relevons le défi ! Retrouvons nos fondamentaux !

Déclaration du Conseil départemental du PCF du Tarn après les élections régionales 2015, 16 décembre 2015

Notre pays n’en finit pas de subir la crise et les politiques que lui imposent un pouvoir, dont l’alpha et l’oméga – derrière les promesses et les discours à usage électoral – consiste à satisfaire les intérêts du grand patronat et du MEDEF.

Cela fait plusieurs décennies que ça dure, avec des moments de répit – qu’imposent les luttes de notre peuple, comme en 1995, en 2003 ou à l’automne 2010 – et des phases d’accélération, lorsque le mouvement populaire ne parvient pas à s’imposer.

Avec le gouvernement de M. Valls et de Macron, le cap est mis toujours plus dans cette direction. Ce sont ces politiques au service du capital, qu’elles soient de droite – et c’est dans l’ordre des choses – où qu’elles se revendiquent de gauche (et c’est là que le bât blesse et que les gens n’acceptent plus et ne supportent plus) – qui abîment le lien social, les solidarités, les services publics, sans jamais répondre aux aspirations populaires, ni permettre un quelconque recul du chômage ou de la précarité, bien au contraire.

Le paysage politique, à l’issue de ces élections régionales témoigne bien de l’ampleur de cette crise économique, sociale et politique.

Dans notre région, comme dans notre département, nous nous félicitons d’avoir contribué, à la place qui est la nôtre, à la défaite du Front National.

Son accession aux responsabilités dans notre région, comme dans les communes ou les départements n’aurait rien apporté de positif aux travailleurs, à la jeunesse, aux retraités. Pour nous tous, cela aurait été encore plus de politiques d’austérité et de régression sociale, auxquelles il aurait fallu ajouter – en prime – des politiques d’exclusion contre les immigrés, les pauvres, la casse de la culture, des difficultés accrues pour les associations d’éducation populaire et le monde associatif dans son ensemble.

Mais pour autant, rien n’est réglé. Si demain, les politiques mises en place – au plan national en particulier – prolongent et amplifient les coupes budgétaires dans les dépenses utiles aux populations, si l’on continue d’éloigner les citoyens des centres de décision, en s’attaquant à la démocratie communale, si nos dirigeants continuent de vivre dans leur monde, coupés du peuple et éloignés de leurs souffrances, les mêmes phénomènes ne manqueront pas de se produire à nouveau et peut-être de manière amplifiée.

Le défi qui nous est posé est là. Nous nous devons de répondre à nouveau clairement aux attentes populaires, en menant la bataille idéologique – contre l’Europe du capital et ses conséquences, contre les logiques capitalistes et celles d’exclusion qui se nourrissent mutuellement – et nous sommes à nouveau capables d’incarner une espérance collective, celle de l’espoir d’une société enfin débarrassée de l’exploitation capitaliste qui broie les hommes, exacerbe les haines et attise les peurs. Ces batailles idéologiques doivent aussi être prolongées et nourries par des batailles quotidiennes, aux côtés des populations, face au patronat, aux directives européennes et aux projets gouvernementaux, lorsqu’ils portent le sceau des régressions sociales.

Avec vous, nous voulons relever ce défi.

C’est le sens de notre engagement d’aujourd’hui et de demain comme celui de toute notre histoire.

Notre parti, le Parti Communiste Français a une longue et belle histoire, depuis sa création au congrès de Tours en 1920.

Aucune des conquêtes sociales obtenues par notre peuple n’aurait pu l’être si ses militants n’avaient donné comme ils l’ont fait, de leur temps, de leur énergie, pour rassembler notre peuple et contribué, comme en 1936, à la Libération, en 1968 … aux conquêtes sociales que patronat et partis à son service s’évertuent à détricoter depuis des années… (D. Kessler…)

Nous sommes fiers de cette histoire et de cet héritage – celui qui prolonge les combats des révolutionnaires de 1789 et de tous ceux qui, dès le XIXe siècle ont constitué peu à peu les organisations du mouvement ouvrier, qui lui ont donné un corpus théorique – autour notamment des idées de Marx et d’Engels – et avec l’expérience historique formidable – malgré sa défaite – que fut celle des Communards.

Depuis sa création, jamais notre parti n’a porté atteinte aux libertés dans ce pays, c’est notre honneur, ce qui explique, contrairement à tous les autres courants politiques, que nous n’avons pas changé de nom … Ses militants ont payé souvent le prix fort de leur engagement contre l’occupation nazie (le « parti des fusillés » n’était pas une expression usurpée), contre les guerres coloniales (souvenons-nous de Charonne ou de nos camarades torturés comme Maurice Audin ou Henri Alleg), ou quotidiennement pour des conditions de travail dignes ou une vie meilleure dans nos villages ou quartiers.

Cela dit, nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins.

Nous perdons à nouveau des élus lors de cette élection, et ce, de manière très importante, au point de mettre en péril notre implantation nationale.

Le FN est à 30% dans une ascension continue, l’abstention est à 50 %, la plupart des jeunes de 18 à 25 ans ne sont pas inscrits, plus de la moitié des sympathisants CGT n’ont pas voté …

Sauf le temps d’une élection en 2012, le Front de gauche n’est jamais parvenu à mobiliser les salariés. Cette fois-ci dans notre région, la liste « Nouveau Monde en commun » EELV-Front de gauche a perdu la moitié des voix par rapport au total des voix de la liste FDG et de la liste Onesta de 2010. On ne peut donc sérieusement parler de succès, c’est au contraire un résultat très décevant, surtout eu égard aux ambitions annoncées.

Certains de nos dirigeants pensent – mais ils le pensaient déjà il y a 10 ans ou 20 ans … – qu’il faut « changer de nom », voire créer une « nouvelle organisation », en d’autres termes, aller au bout de la « mutation » – lancée par Robert Hue il y a vingt ans de cela et en finir avec le PCF.

C’est aussi, ne nous le cachons pas, le vieux rêve de la bourgeoise et du patronat.

C’est aussi pour cela que ces derniers continuent de nous mener une guerre idéologique acharnée, dans les médias ou dans les programmes scolaires où le matraquage anticommuniste est permanent, avec la banalisation du fascisme via le concept dangereux de « totalitarisme »1 qui est omniprésent dans les programmes d’histoire au collège et au lycée.

Nous ne leur ferons pas ce cadeau de dissoudre ou d’en finir avec le PCF.

Bien au contraire !

Fiers de notre histoire, des riches enseignements qu’elle nous livre, des expériences présentes et passées, nous allons relever le défi d’un parti qui va redevenir un grand parti populaire, un grand parti utile à notre peuple, le parti du monde du travail.

Beaucoup d’entre nous ont connu ce parti, ses militants, ses élus qui faisaient que le PCF était perçu comme le parti qui fait ce qu’il dit et qui dit ce qu’il fait. Un parti qui a permis, pendant des décennies l’émergence de responsables et de militants – à tous les niveaux de responsabilité – issus du monde du travail – et pas des « politiciens professionnels » comme tous les autres partis …

Force est de constater que ce lien avec le monde du travail, avec le mouvement syndical, associatif … s’est distendu depuis une vingtaine d’années. Cela a coïncidé avec des orientations politiques qui ont privilégié des stratégies d’alliances ou l’élaboration de combinaisons ou de cartels électoraux avant toute autre chose.

En donnant à penser – et parfois avec des dirigeants qui le montraient – que nous étions un parti comme les autres, la population, le monde du travail nous a considérés – et traités – comme les autres partis.

Nous ne voulons plus de cela, ni des stratégies d’effacement du PCF. Nous devons retrouver nos fondamentaux avec notamment une analyse de classe approfondie de notre société, sous peine de disparaître.

Nous allons surmonter cette épreuve – comme à d’autres périodes sombres de notre histoire- parce que c’est la seule voie d’avenir pour notre peuple !

Nous appelons toutes les bonnes volontés à nous rejoindre, toutes celles et ceux qui ne se résignent pas à l’absence d’avenir pour notre jeunesse, tous ceux qui refusent l’alignement derrière l’Union sacrée de Valls et Hollande ou une fausse contestation du « système » incarnée par un FN qui est aussi une arme de ce « système » capitaliste mais plus dure encore en réalité contre le peuple et les travailleurs.

Nous voulons rebâtir un parti rassembleur, fraternel, qui est en toutes circonstances, au quotidien, aux côtés de celles et ceux qui souffrent, aux côtés des salariés, des populations et qui les rassemble et qui ne laisse jamais passer les mauvais coups.

Notre peuple a besoin d’un vrai parti communiste qui propose un projet et une stratégie révolutionnaires, autonome dans ses analyses et dans ses orientations et actions qui sur chaque question fasse entendre des réponses en rupture avec le capitalisme.

Non, le capitalisme mondialisé n’est pas la fin de l’histoire ! Il faut construire à nouveau une perspective d’une société débarrassée de la misère, de l’exploitation, inventer la voie vers le socialisme, dans le monde d’aujourd’hui, en étant respectueux des libertés et des droits humains.

Ceux qui cassent les salaires, la protection sociale, les conquêtes du mouvement ouvrier ici, notamment en Europe, sont les mêmes qui sont à l’origine des drames – celui quasi quotidien des réfugiés (victimes souvent des guerres provoquées par les impérialistes) ou celui des victimes quotidiennes de l’exploitation capitaliste – comme les ouvriers et ouvrières du Rana Plaza au Bangladesh. Ce sont les mêmes dirigeants, patrons de grands groupes qui saccagent aussi la planète partout, sans autre préoccupation, comme toujours, que leurs profits.

Oui, l’alternative, c’est bien le socialisme ou la barbarie capitaliste.

Jamais le monde, ni notre société n’ont produit autant de richesses, jamais les riches n’ont été aussi riches – et pourtant la majorité d’entre nous nourrit des inquiétudes pour son avenir, pour celui de ses proches, pour son emploi, ses conditions de travail, le niveau de sa pension … C’est donc cela qu’il faut changer.

Pour notre avenir, celui de la jeunesse, nous sommes prêts à mener ce combat, avec le peuple de France, qui a besoin, plus que jamais de son parti révolutionnaire, le PCF, et pas d’un énième parti ou cartel réformiste.

Les capitalistes sont organisés, alors organisons-nous aussi, nombreux, ne leur laissons pas le champ libre, ne les laissons pas faire !

C’est le sens de notre engagement. Vous pourrez compter sur le Parti Communiste Français !

1 Le totalitarisme n’a rien d’un concept historique mais c’est qui est une construction idéologique, qui est rejetée d’ailleurs dans beaucoup de pays par de nombreux historiens, notamment dans les pays anglo-saxons.

Suites du drame de Sivens : prévenir les provocations, d’où qu’elles viennent

Texte collectif, vivelepcf.fr, 11 novembre 2014

La mort dramatique du jeune militant Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive lancée par la gendarmerie, suscite des manifestations d’émotion. Nous les partageons.

Elle renforce le caractère national de l’affaire du barrage de Sivens, déjà totalement disproportionné au regard de la réalité du projet contesté. Rappelons que les zones qui seraient inondées ne représentent que 34 hectares, c’est-à-dire l’équivalent d’une seule petite exploitation agricole dans cette partie pauvre du Tarn. Le coût prévisionnel est 80 fois inférieur à celui du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

Les développements, récupérations et débordements politiques nationaux, parfois inquiétants, les motivations de ceux qui les provoquent, appellent de notre part, communistes une analyse et des réponses précises à tous les niveaux, très différents, de la question agricole locale aux tentatives d’embraser le pays.

1-      Au plan local, la dernière expertise ouvre enfin la voie à une révision du projet de façon à mieux concilier les intérêts et vues qui s’affrontent. La fédération du Tarn du PCF appelait depuis le départ à une étude indépendante et n’a pas soutenu l’option retenue par la majorité du Conseil général. Les évolutions récentes renforcent encore l’obligation d’un supplément de concertation, dans la transparence, dans le souci de la réponse aux besoins des populations.

Les agriculteurs du secteur, soutenus par une large majorité de la population, estiment majoritairement qu’ils ont besoin, pour survivre devant un marché de plus en plus dur, pour maintenir une vie dans les villages, de développer leur production grâce à une meilleure irrigation. Quelques autres ne le pensent pas. Quelques propriétaires s’estiment lésés par le projet. Des écologistes, en général venus d’ailleurs, contestent l’efficacité du barrage prévu et jugent prioritaire la défense du milieu naturel existant.

Il s’agit maintenant de faire en sorte que la révision du projet optimise l’irrigation, en préservant au mieux certaines spécificités du milieu naturel existant, dans la perspective de créer un nouveau milieu écologique harmonieux.

2-      L’occupation de la zone de Sivens a été érigée par certains groupes politiques et lobbys comme le symbole de la lutte contre une agriculture productiviste destructrice. Le symbole est mal choisi. Cette lutte est déplacée ici. Quelques agriculteurs seulement pratiquent des cultures intensives et encore sur de petites surfaces. Non, ce n’est pas la « ferme des mille vaches », ce n’est pas l’Amérique !

Communistes, nous ne nous opposons pas à toute forme d’agriculture intensive, à l’utilisation des progrès agronomiques. Nous sommes opposés aux théories de la « décroissance », du retour réactionnaire à la « terre qui ne ment pas ».

Nous militons en France pour une agriculture raisonnée, basée sur des exploitations familiales et coopératives, visant à répondre aux besoins nationaux, aux besoins de pays moins favorisés par la nature, avec des modes de production respectueux de cette nature, soucieux de la qualité de l’alimentation humaine. A ce titre, nous nous désolons de l’extension de la jachère sur des centaines de milliers d’hectares. Dans le même temps, nous nous battons pour que les paysans puissent vivre de leur travail et vendre leurs productions à des prix rémunérateurs.

Notre bataille pour une agriculture raisonnée, pour la préservation de l’environnement, est indissociable de notre lutte contre le capitalisme, l’agro-business et leurs relais.

Animés de ces préoccupations, nous ne pouvons que rejeter les gesticulations, lourdes de conséquences, des politiciens de l’écologie. Ils soutiennent, comme Bové au Parlement européen, fanatiquement l’UE du capital mais espèrent engranger un peu de la colère que ses dégâts suscitent. La dernière en date : Les députés EELV viennent de voter comme un seul homme le principe de la privatisation des barrages dans le projet de loi en cours d’examen dit de « transition énergétique »…

Pour nombre de politiciens opportunistes, « l’écologie », érigée en question indépendante du système, est devenue le tremplin de leurs ambitions. Mélenchon s’est précipité dans le Tarn. Ségolène Royal, ministre, distille ses positions critiques, espérant tirer son épingle du jeu. A droite, Borloo, maintenant reconverti, était sur le même terrain. Dans le Tarn comme ailleurs, les lobbys du « capitalisme vert » sont impliqués.

Aux militants écologistes sincères présents dans le Tarn, nous proposons de combattre ensemble la politique de l’Union européenne, de la concurrence « libre et non faussée » mondiale, de ceux qui spéculent sur la nourriture, et des politiciens qui les relaient en France en écrasant les paysans.

Aux agitateurs mouvementistes, même ceux qui se disent « d’extrême-gauche », aux touristes politiques en mal de ruralité, nous n’avons rien à dire.

Aux politiciens qui exploitent le filon de l’écologie, nous disons à propos du barrage de Sivens : « un peu de retenue maintenant ! ».

3-      Nous prenons extrêmement garde aux dangereuses instrumentalisations de la mort de Rémi Fraisse. Nous exigeons toute la lumière sur les circonstances de son décès.

Elle est assez dramatique en elle-même, elle pose suffisamment de questions pour ne pas être amalgamée, sans réflexion, à d’autres événements historiques.

A nos camarades et amis qui sont tentés de faire le rapprochement avec, par exemple, le tabassage à mort en 1987 de Malik Oussékine par les sinistres « voltigeurs motocyclistes » de la police, ou les crimes racistes de la police américaine, nous disons que le cas de Sivens ne peut pas et ne doit pas y être assimilé.

Rien ne permet davantage de mettre en parallèle la mort de Rémi Fraisse, comme on peut le lire ici ou là, avec les crimes d’Etat du 17 octobre 1961 ou du 8 février 1962 à Charonne, perpétrés par la police gaulliste pour limiter dans la classe ouvrière française l’impact émancipateur de la défaite devenue inéluctable du colonialisme en Algérie.

Nous alertons sur le danger qu’il y a à dévaloriser ainsi le poids de la commémoration de ces événements historiques.

Oui, il faut rechercher pourquoi Rémi Fraisse a été tué par une grenade lancée par les forces publiques, les causes immédiates comme les causes profondes!

Pour l’instant, on sait qu’il s’est retrouvé au milieu d’un affrontement dur entre gendarmes d’un côté et de l’autre des groupes masqués ultraviolents qui ont investi depuis plusieurs semaines la zone du barrage.

Pourquoi les autorités ont-elles laissé les gendarmes s’affronter à cette heure tardive avec eux alors qu’ils n’avaient – semble-t-il – plus rien à protéger ? En aucun cas la situation ne nécessitait d’utiliser des grenades offensives ou des flash-ball. Il existe des moyens mois dangereux de maîtriser une manifestation qui dégénère.

Mais, par ailleurs, qui anime les groupes d’extrémistes (que nous ne qualifions pas « d’extrême-gauche »,) parfois appelés « Black blocks », qui ont déjà fait dégénérer des manifestations et saccagé des villes comme Strasbourg, Poitiers ou Nantes ? Dans le Tarn – tous les militants sincères de part et d’autre dénoncent leurs agissements: certains éléments sont allés menacer physiquement les agriculteurs partisans du projet. Qui sont leurs commanditaires ?

On ne connaît que trop la capacité du régime à entretenir des provocateurs professionnels et à les faire intervenir notamment dans les mouvements de jeunesse, en complément de la violence policière.

Oui, ces questions nécessitent une réponse.

4-      Dans l’immédiat, analysons à qui profitent la poussée de violence, les actes nihilistes, stupides ou dangereux, spontanés ou calculés, provoqués depuis la mort de Rémi Fraisse dans plusieurs villes, à qui profiterait un plus large embrasement national.

Certains misent sur l’émotion, sur le rejet de l’oppression policière vécue, pour déclencher un mouvement de protestation local et même national, notamment dans la jeunesse, révoltée par la mal-vie et l’absence de perspectives sociales. Au-delà, suivant l’exemple des groupes violents de la zone de Sivens, certains tentent d’entraîner à des violences urbaines comme déjà dans les villes du Tarn mais aussi à Nantes, Rennes ou Saint-Denis, dans le souvenir de l’embrasement des banlieues en 2005.

Ces mouvements, sans organisation, ne portent pas de revendications concrètes, pas même celle de la défense des zones humides de la vallée du Testet, si éloignée des réalités des manifestants, et surtout pas de revendications sociales et politiques. Ils laissent toute la place aux provocateurs de toute espèce. Rapidement, le mode d’action est la violence – contre la violence policière – et elle tient lieu de cause au mouvement.

On ne voit que trop évidemment qui tire le profit politique principal de tels événements, à commencer déjà dans le Tarn. Ils jettent les populations, les travailleurs dans les bras du parti de l’ordre, des partis politiques, y compris les plus dangereux, qui s’en réclament, des tenants du système. En contrepoint des politiciens écologistes, Valls adopte la posture de la fermeté. Le FN est aux aguets.

Communistes, il n’y a pas lieu pour nous d’exagérer les risques d’embrasement. Mais il y a lieu de travailler à éviter les diversions, y compris les pires, auxquelles le système sait si bien recourir. La violence policière, les provocateurs sont des outils à la disposition du système mais c’est le système lui-même que nous combattons.

Promouvons les luttes sociales et politiques ! Lors de la grève des cheminots en juin, Valls était à deux doigts de lancer les CRS et la police.

Dans l’affaire du barrage de Sivens, contribuons à éteindre les braises, à trouver les solutions politiques  locales les plus équilibrées. Prévenons toutes les provocations, d’où qu’elles viennent !