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Portugal : le gouvernement PS « sauve » la banque BANIF pour 2,3 milliards d’euros. Le PCP vote contre.

Repris de Solidarité internationale PCF, 28 décembre 2015

Le candidat aux élections présidentielles du 24 janvier 2016, soutenu par le Parti communiste portugais, Edgar Silva, a vivement critiqué la politique du gouvernement socialiste. Interviewé à Porto à la suite du discours de Noël du nouveau premier ministre PS, Antonio Costa, Edgar Silva lui a reproché de poursuivre des gouvernements précédents, « ce dont le Portugal a le moins besoin, c’est bien de la politique du passé, celle d’avant le 4 octobre ». Rappelons que la droite a perdu la majorité aux élections législatives du 4 octobre et qu’un gouvernement PS, avec un soutien sans participation du PCP et du « Bloc de gauche », a fini par être installé.

L’affaire, le scandale, du renflouement et de la vente de la banque BANIF est dans tous les esprits. Le 23 décembre, le gouvernement Costa a fait passer à l’Assemblée un budget rectificatif spécial prévoyant le versement de 2,25 milliards d’euros, dont 1,8 milliard provenant directement du budget de l’Etat, à la BANIF pour permettre sa vente (l’Etat est actionnaire à 60%) à une banque espagnole pour … 150 millions d’euros. Cette soi-disant « aide » obéit à une injonction de Bruxelles pour compenser des actifs financiers douteux, « expurger les actifs problématiques » de la BANIF et la remettre dans les normes européennes. Cette opération suit un renflouement à hauteur de 1,1 milliard d’euros depuis 2012, pour les mêmes motifs, décidés par l’ancien gouvernement de droite. Ces sommes sont colossales alors que cette banque ne pèse que 3% des dépôts du pays (surtout à Madère et aux Açores).

Le PS a pu faire passer son plan éclair grâce à l’abstention du parti de droite de l’ancien premier ministre Coehlo, tous les autres partis votant contre. Le « Bloc de gauche » a tenté de proposer des amendements que le gouvernement n’a pas acceptés. Pour sa part, le PCP, par la voix de ses députés, a refusé en bloc ce coup de force.

Le PCP n’accepte pas que les travailleurs et les contribuables paient pour les malversations financières. Le PCP n’accepte pas que le pays se plie aux diktats de l’Union européenne. Le PCP refuse toujours de relayer l’illusion de possibles régulation ou supervision publiques des banques privées limitant leurs pratiques spéculatives.

Les Portugais ont déjà payé pour la BANIF.

Malgré Bruxelles, pour le PCP, la seule solution consiste à intégrer la banque dans la sphère publique. « Seule une banque placée entre les mains du peuple ne vole pas le pays » a conclu le député communiste Miguel Tiago.

Le nouveau renflouement de la BANIF représente à lui seul plus de 200 euros par Portugais. L’opération creuse le déficit public de 1% du PIB pour 2016 et accroît la dépendance de l’Etat à la finance d’autant. Aussi les quelques annonces sociales du nouveau gouvernement PS – suspension de prélèvements exceptionnels sur les pensions de retraites et les allocations familiales, rembauche de 600 fonctionnaires qui avaient été mis en disponibilité, paraissent bien modestes et fragiles en comparaison.

Les contradictions du PS au pouvoir, obligé de gouverner en s’appuyant une majorité de gauche mais fidèle à l’UE et aux puissances d’argent, ne peuvent pas ne pas éclater. Le PCP avait dit ce qu’il ferait. Il fait ce qu’il avait dit. Il a refusé le choix du maintien de la droite au pouvoir. Il appuie tout ce qui, sous la pression du mouvement populaire (qui est sa priorité), va dans le sens des intérêts populaires. Mais il combat sans concession la poursuite de la politique au service de l’intérêt du capital même si elle vient du gouvernement PS.

La situation politique portugaise est mouvante. Les élections présidentielles du 24 janvier revêtent une importance inédite.

Portugal: Un ancien prêtre candidat communiste aux présidentielles

Repris de Solidarité internationale PCF

L’actuel président portugais de droite, Annibal Cavaco Silva, a fini par désigner le socialiste Antonio Costa premier ministre, le 23 novembre 2015. Il se sera efforcé jusqu’au bout de faire obstacle, malgré la Constitution, à la suite des élections législatives du 4 octobre. Costa s’appuie au Parlement sur une majorité de gauche. Les députés de 4 partis, dont le PCP, se sont accordés pour faire tomber le gouvernement de droite minoritaire. Mais il n’y a pas d’accord de gouvernement, de participation du PCP par exemple. Les élections présidentielles du 24 janvier 2016 revêtent une importance politique accrue dans ces circonstances. Il s’agit d’en finir avec le rôle de nuisance exercé par le président actuel. Il s’agit, à gauche, de revoir les rapports de force. Le poids du PCP, relais des luttes les plus conséquentes contre la politique antisociale poursuivie depuis des années, sera déterminant, face à un PS, ultra-réformiste et pro-européen – mais contraint par la situation nationale à se gauchir – à côté d’un « Bloc de gauche » politicien, aux positions changeantes et opportunistes.

Aux présidentielles, le PCP soutient la candidature d’Edgar Silva. Celui-ci vient d’effectuer une tournée en Europe. Il était à Paris le 15 novembre puis à Genève. Le journal progressiste suisse « Gauche Hebdo » a pu l’interviewer. Nous reproduisons l’article de nos amis suisses et les remercions. Solidarité Internationale PCF.

 

 

Un ancien prêtre candidat communiste aux présidentielles

Portugal• Edgar Silva, candidat du Parti communiste portugais aux présidentielles de 2016, était de passage à Genève. Le théologien entend promouvoir les valeurs de liberté et de progrès de la révolution des œillets de 1974. GAUCHE HEBDO, 21 novembre 2015, par Joel Depommier dans la rubrique International

 

Le 10 novembre dernier, la gauche, majoritaire au parlement portugais suite aux élections du 4 octobre, et forte d’un accord entre le Parti socialiste, le Parti communiste portugais (PCP), le parti écologiste et le Bloc de gauche, a fait tomber le gouvernement de droite de Pedro Passos Coelho à travers une motion de censure. Pour l’heure, le président de la république, Anibal Cavaco Silva, opposé à la remise en question de la politique d’austérité de la droite qui sévit depuis 4 ans, continue de faire de la résistance, et l’ancien maire de Lisbonne, le socialiste Antonio Costa, n’a toujours pas été adoubé par l’élu conservateur. Face à ces tergiversations, les élections présidentielles de janvier 2016 prennent donc une importance particulière. Une vingtaine de candidats sont d’ores et déjà en lice. Appuyé par le Parti communiste portugais (PCP), le député de l’assemblée législative de Madère Edgar Silva sera de la partie. Agé de 53 ans, ce licencié en théologie et fondateur du MAC (mouvement d’appui à l’enfance et à une école ouverte) était de passage à Genève pour rencontrer la communauté portugaise, en faisant un petit saut par la rédaction de Gauchebdo. Nous lui avons demandé quelle était aujourd’hui la situation économique du Portugal. «La droite fait beaucoup de propagande, en prétendant que le Portugal est sorti de la crise, en remboursant le prêt de 78 milliards d’euros de la Troïka (UE, FMI, Banque européenne), mais la crise s’est amplifiée. L’endettement s’est accru pour les plus fragiles et les travailleurs ont vu leurs revenus se réduire, alors que les grandes banques et les millionnaires n’ont jamais autant gagné», explique le candidat. «La droite a fermé les services publics, l’école, les tribunaux et attaqué la protection sociale. Le ras-le-bol et le mécontentement des Portugais se sont traduits par une punition pour la droite et l’extrême droite, qui ont perdu 700’000 votes lors des législatives», explique encore cet humaniste, qui fut prêtre pendant quelques années avant de devenir professeur à l’université catholique de Funchal jusqu’en 1992.
«Nous gardons notre droit de critique sur le parti socialiste»
A l’heure actuelle, un gouvernement socialiste est en préparation, sur la base d’un accord entre partis de gauche, qui prévoit la fin du gel des retraites, la fin des coupes dans les salaires des fonctionnaires, des privatisations des transporteurs publics, de la compagnie aérienne TAP et l’augmentation du salaire minimum de 500 à 600 euros. Mais il ne s’agit en aucun cas d’un blanc-seing de la part du PCP aux socialistes.

«La motion de censure contre Pedro Passos Coelho a été le fruit d’un compromis entre quatre partis, mais il ne s’agit pas d’une coalition entre nos forces. Le projet de gouvernement est le fruit d’une initiative des socialistes. Il ne s’agit pas d’un gouvernement patriotique et de gauche comme nous le souhaiterions et nous gardons notre droit de critique. Cependant, pour l’instant nous sommes encore dans l’impasse et Anibal Cavaco Silva doit finalement respecter la constitution et nommer le nouveau gouvernement», précise le membre du PCP. Pour sa campagne, le théologien entend promouvoir les «valeurs d’Avril» de liberté et de progrès social, celles de la révolution des œillets de 1974.

Une campagne avec les salariés et travailleurs
Quid des rapports avec l’UE? «Le PCP défend en priorité l’indépendance du pays et sa souveraineté nationale. Il est aussi primordial de développer une politique de coopération avec les autres peuples aux antipodes de ce qu’est actuellement l’UE», plaide Edgar Silva. Pour l’heure, le marathon électoral d’Edgar Silva, qui estime que «rien n’est décidé pour le scrutin et que c’est le peuple qui fera les élections et non les médias», atteint sa vitesse de croisière.

Depuis le lancement de sa campagne en octobre, le candidat a déjà rencontré des paysans dans les localités de Coimbra et Viseu, présenté les lignes de sa campagne au syndicat de la Confédération générale du travail du Portugal (CGTP-IN), rencontré le corps des pompiers d’Algueirão, la Confédération portugaise des micros, petites et moyennes entreprises (CPMPME) ou le Mouvement démocratique des femmes. On l’a même vu dans le métro de Lisbonne dénoncer les privatisations des transports. Bref, avec le peuple encore et toujours.

Dérive populiste et xénophobe (antiallemand): Le « Bloc de gauche » portugais, nouvel exemple au sein du PGE

Brève, vivelepcf, 20 mars 2015

Le « Bloc de gauche » (Bloco de esquerda) est un parti politique portugais issu de la fusion de groupes de la petite gauche trotskyste, maoïste, mouvementiste et de socio-démocrates. Il est sponsorisé massivement par le Parti de la gauche européenne, face au Parti communiste portugais qui, lui, rejette l’alignement du PGE sur l’Union européenne du capital.

Le Bloc de gauche vient de faire parler de lui en éditant une affiche censée dénoncer la politique d’austérité au Portugal. L’affiche représente le premier ministre portugais, Pedro Passos Coehlo, et la chancelière allemande Angela Merkel, avec cette légende dénonciatrice, en grand en langue allemande (imprécise), en plus petit traduite en portugais : « Un gouvernement qui est plus allemand que les Allemands ».

Ce dérapage xénophobe a suscité la condamnation de nombreux progressistes portugais. Comme s’il n’y avait pas de travailleurs et de progressistes en Allemagne ; comme s’il n’y avait pas de capitalistes, de colonialistes, de fascistes au Portugal !

Le Bloc de gauche s’inscrit dans la dérive populiste d’autres composantes du PGE. En Grèce, Syriza s’est associé, à son arrivée au gouvernement, avec le parti d’extrême-droite nationaliste des « Grecs indépendants », ANEL, qui développe un racisme anti-immigrés, une rhétorique outrancièrement antiallemande pour masquer ses liens avec les milieux d’affaires grecs. En France, avec son habituelle grossièreté, Jean-Luc Mélenchon du Parti de gauche/ Front de gauche / Mouvement 6ème République, a traité de « caricature de boche » une députée allemande (voir notre réaction en lien).

En utilisant de tels raccourcis  xénophobes, ces composantes du PGE font dangereusement le lit des partis nationalistes.

Dans le même temps, à l’instar du Maastrichien Mélenchon, avec le PGE, ils  se veulent les meilleurs défenseurs de l’Union européenne et de son instrument économique majeur de domination supranational au service du capital, l’euro, contre la souveraineté des peuples.

On ne doit pas y voir de contradiction mais une cohérence que le PCF avait dénoncée dès la fondation des premières institutions de l’Europe du capital. Les capitalistes et impérialistes des pays d’Europe s’associent contre les acquis sociaux et démocratiques nationaux de leurs propres peuples. Ils les mettent en concurrence, exacerbent les oppositions nationalistes, pour mieux les exploiter et les dominer.

Le PGE est objectivement complice de cette démarche dont les ravages s’étendent sur le continent jusqu’au développement, jusqu’aux portes du pouvoir, de partis fascistes.

Pour le PCF, il est temps d’en sortir, de retrouver nos positions de classe, nos positions internationalistes ! En ce qui concerne le Portugal, nous devons travailler avec nos camarades du PCP et repousser ce « bloc de gauche ».

Pour le 100ème anniversaire de la naissance du dirigeant communiste portugais, Alvaro Cunhal

A l’occasion du centième anniversaire de la naissance d’Alvaro Cunhal, dirigeant historique du Parti communiste portugais, sont édités, pour la première fois en français, plusieurs de ses textes les plus importants.

Traduction par Miguel Queiroz, éditions Delga, vente militante: 15 + 4,15 (port) = 19,15 euros. Chèques à l’ordre de Cahiers communistes, à renvoyer au 130 rue Castagnary, 75015 Paris.

ALVARO CUHNAL: LE PARTI EN TOUTE TRANSPARENCE

« Quand certains disent que, pour vaincre certaines réserves et suspicions, le Parti devrait changer « d’image », on peut déduire que ce que l’on entend par là, c’est que le parti devrait changer d’image et qu’il devrait devenir un parti comme l’anticommunisme aimerait qu’il soit.
Ils aimerait qu’à la place du parti révolutionnaire qu’il est, parti et avant-garde de la classe ouvrière et de tous les travailleurs, parti luttant de façon cohérente et infatigable pour les intérêts du peuple, pour la liberté, pour l’indépendance nationale et pour le socialisme, parti patriotique et internationaliste, il devienne parti inoffensif pour la bourgeoisie et la réaction. Un parti qui perde sa nature de classe et abandonne sa politique de classe, qui modèle sa politique selon les critères de la bourgeoisie et non selon ceux du prolétariat, qui accepte l’immobilité des structures socio-économiques capitalistes, qui rompe ses liens d’amitié avec le mouvement communiste international, qui prenne le chemin de l’antisoviétisme et des attitudes diviseuses du mouvement communiste, qui limite son action à la concurrence lors des élections qui se déroulent selon les diktats de la bourgeoisie et à l’action parlementaire de certains députés pris dans la routine de leur propre action, qui devienne un parti avec un programme et une activité social-démocratisante, qui abandonne ses objectifs du socialisme et du communisme. En résumé : un parti assimilé à la société bourgeoise, son idéologie et son immoralité. »