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Maintenant, Mélenchon s’en prend à Pierre Laurent… Le Front de gauche: depuis le départ, un PACS pour le pire. Arrêtons là !
Emmanuel Dang Tran, vivelepcf, 24 août 2013
Les propos tenus vendredi 23 août 2013 par Jean-Luc Mélenchon à l’encontre de Pierre Laurent sont inacceptables pour les communistes, d’autant plus de la part d’un « allié ».
Rappelons les mots employés. Il a accusé en conférence de presse Pierre Laurent de « répondre de manière quasi instantanée, dans un garde à vous impeccable, aux injonctions d’Harlem Désir » avant d’ajouter en meeting à son endroit : « On ne gagne rien au rôle de tireur dans le dos ».
Dans la bouche de Mélenchon, spécialiste des « formules », on sait qu’il ne s’agit pas d’un écart de langage mais d’une déclaration réfléchie rentrant dans une tactique politique.
Jusque-là, Pierre Laurent avait été ostensiblement épargné. Maintenant, il a droit au même traitement que d’autres membres de la direction du Parti, que nombres de communistes dans les localités de la part des disciples de Mélenchon, notamment à l’approche des municipales.
Les derniers propos de Mélenchon ne peuvent rester sans suites, cette politique agressive du Parti de gauche à l’encontre du PCF sans réaction nationale. Je demande que cette question soit mise à l’ordre du jour du Conseil national du 12 septembre.
La question ne pourra pas se régler par une réconciliation entre dirigeants après les « universités d’été » et par un constat de la « diversité du Front de gauche ». Elle doit conduire pour les communistes au réexamen total de l’alliance avec le PG et, conséquemment, de la stratégie du Front de gauche, voulue par la direction du PCF. Les outrances calculées de Mélenchon doivent aussi ouvrir les yeux de ceux qu’un mirage ou un espoir électoral aurait aveuglés en absence de véritable alternative politique.
J’estime d’abord qu’il est plus que temps de se démarquer publiquement de certains positionnements personnels de Mélenchon, de les condamner. Combien de temps il aura fallu à Pierre Laurent pour commencer à s’inquiéter (dans l’interview de Libération qui lui vaut l’ire de Mélenchon) du mode de « la provocation et de l’invective » ! La surenchère populiste fait objectivement le jeu de la politique gouvernementale qu’elle prétend combattre, voire celui du pire populisme. Notre parti ne peut pas laisser passer encore des sorties telles que l’approbation d’une intervention militaire en Libye, la qualification de la guerre d’Algérie en « guerre civile (lien) » etc.
J’estime que la direction du Parti doit cesser de fermer les yeux devant les jeux politiciens de Mélenchon. Il reproduit, en farce, l’OPA de son inspirateur Mitterrand sur ce qu’il reste de l’électorat et de l’influence communistes. Sa « façon de faire de la politique », son opportunisme dans les postures « radicales », ses combinaisons à géométrie variable (main tendue à Cohn-Bendit puis Eva Joly) représentent le contraire de la conception communiste de la politique.
Une dernière fois, je l’espère, nous sommes obligés de déchiffrer le calcul de Mélenchon.
En attaquant Pierre Laurent et les communistes, Mélenchon ne cherche pas un instant à remettre en cause le Front de gauche ni à divorcer de la direction du PCF. Au contraire.
Il n’y a aucun intérêt, dénué qu’il est de véritables troupes et appareil. Il a besoin de la caution PCF pour être mis en avant comme chef de la gauche de la gauche. Pour les municipales, le PG est beaucoup plus prudent que ses déclarations n’en donnent l’image. Le résultat y est incertain : Mélenchon ne pourra pas compter les voix comme les participants à ses marches citoyennes, avec son coefficient multiplicateur de 6… D’où sa recherche d’alliances avec EELV. Il n’y aura sans doute de listes du PG seul que dans quelques villes centres, bourgeoises (aussi faute de candidats ailleurs!).
En attaquant le PCF sur ses alliances avec le PS, Mélenchon fait d’une pierre trois coups. Il taille des croupières à son partenaire sachant que l’attractivité du Front de gauche est principalement liée à sa posture d’opposition au PS. Il fait oublier ses 30 ans de sinécure dans le parti gouvernemental, comme, depuis, son appel à voter Hollande sans conditions. Enfin, il rend encore plus difficile à la direction du PCF de se séparer de lui : elle le ferait « sur la droite » et sortirait disqualifiée.
Mélenchon sait qu’il peut se permettre d’aller très loin sans rompre la corde. Grâce à la direction du PCF, c’est lui qui personnifie le Front de gauche. Sans lui, la stratégie initiée par la direction du PCF tombe à l’eau.
Tout cela, Mélenchon ne l’emportera sans doute pas au paradis. Mais les communistes doivent se dégager des impasses stratégiques du PCF qu’il prend soin d’exploiter.
Si nous n’avons pas de leçons à recevoir de transfuges du PS, la question de sortir de la dépendance institutionnelle du PCF au PS se pose. Celle-ci a été aggravée par les choix de la « Mutation » dans les années 90, liquidant l’organisation militante de base, les cellules, et priorisant la participation aux institutions sur l’action dans les luttes. La part des dirigeants locaux et nationaux du PCF liés à des mandats électifs, obtenus avec le PS, est devenue prépondérante, créant une condition structurelle à l’alignement sur la social-démocratie et son fonctionnement. Pour autant, on ne corrigera pas tout cela en quelques mois avant les municipales. C’est aux communistes localement de décider. Tous les cas de figure existent dans le PCF, de la poursuite d’une conception d’une union de combat à une désolante caution à des politiques locales social-libérales. A Paris, après 12 ans de collaboration avec le social-libéralisme, je me prononce pour des listes de rassemblement initiées par le PCF.
Mélenchon fait du chantage : « sans moi, plus de Front de gauche ». Pour les communistes, l’alternative ne saurait être : « Le Front de gauche sans Mélenchon ».
D’une part, parce que Mélenchon ne se trompe pas. La direction du PCF est allée le chercher en 2008 pour constituer le FdG (en doublant le congrès du Parti), après l’échec des « collectifs antilibéraux » de 2006, et celui en 2007 de la tentative de remise en cause de l’existence même du Parti. Les présidentielles ont fini de l’introniser comme dépositaire du Front de gauche.
D’autre part parce que toutes les composantes du Front de gauche, Mélenchon et la direction du PCF en tête, au-delà des divergences tactiques et structurelles, occupent le même espace politique et partagent les mêmes conceptions et perspectives.
J’estime que la rupture avec Mélenchon ne peut que coïncider avec une rupture avec la stratégie du Front de gauche :
- Une rupture avec la conception institutionnelle et électoraliste de la politique et de l’organisation
- Une rupture avec la perspective de recomposition de la gauche et d’émergence d’un deuxième pôle de « gauche » (réformiste) à côté du PS, entretenant l’illusion de tirer à gauche le PS et étouffant le PCF.
Le 5 mai à la Bastille, Mélenchon se dit prêt à devenir premier ministre de Hollande ou ministre de Montebourg. Il invite Eva Joly. Côté Pierre Laurent, le changement implique systématiquement de rassembler toute la gauche. Dans une interview au même journal Libération en août 2012 (lien), il estimait que le « PCF devait être l’héritier des traditions socialistes et communistes de la 1ère moitié du 20ème siècle » (donc de Blum !). Aux « assises citoyennes » du 16 juin convoquées par la direction du PCF, on retrouve ensemble sur la tribune principale aux côtés de Pierre Laurent, la PS Lienemann, l’ex bras droit de Delanoë, Autain, le secrétaire d’EELV Durand, Mélenchon…
- Une rupture avec les positionnements réformistes, dissimulés autant par l’utopisme, l’humanisme, le gauchisme que par les diatribes de Mélenchon.
Avec nombre de responsables d’organisations locales du PCF, de militants, nous proposons de commencer par ce dernier point, pour répondre à l’urgence et à la colère sociales, pour développer les luttes et rassembler les travailleurs, pour commencer à faire reculer la politique au service du capital.
Nous proposons de lancer notamment ces campagnes nationales :
- Pour le rétablissement de la retraite à 60 ans avec 37,5 annuités de cotisation (quand la pétition reprise par le FdG, « pas un trimestre de plus, pas un euro de moins », entérine les lois Fillon et Woerth et dédouane le pouvoir actuel).
- Pour la nationalisation intégrale des constructeurs automobiles et de la sidérurgie (quand le FdG privilégie une autre distribution des aides publiques aux entreprises – il faut tendre à les supprimer !)
- Pour la reconquête des monopoles publics des grands services publics et leur renationalisation à 100% (au lieu de vouloir rester « eurocompatibles »).
- Pour la rupture avec l’Union européenne et l’abandon de l’euro (quand le FdG, suivant le Parti de la gauche européenne, entretient l’illusion d’une réorientation sociale de l’UE).
Les calculs et polémiques de Mélenchon et du Front de gauche redeviendront ce qu’ils sont : dérisoires, anecdotiques, si le PCF joue son rôle dans la lutte des classes.
Mélenchon, ennemi du PS ? Son meilleur ennemi ! Et le plus mauvais ami du PCF !
EDT, vivelepcf, 20 août 2013
On aimerait se passer de commenter les jeux de politique politicienne. Mais malheureusement ils ont une influence sur le mouvement réel et aussi sur notre Parti.
Pour sa rentrée, Mélenchon n’a pas fait dans l’originalité. Dans son interview au Journal du dimanche du 18 août, il teste une nouvelle série de formules pour mieux invectiver Hollande et ses ministres. Ses anciens camarades du PS ont réagi au quart de tour en condamnant ses propos et en demandant même au PCF de les désavouer. Pour le porte-parole du PS, David Assouline, « Mélenchon n’a d’ennemis qu’à gauche et cela commence à plus que se voir ». PS et Mélenchon, des amis de 30 ans, ennemis aujourd’hui ? Pas si sûr.
On commence à connaître la musique. Avant les présidentielles de 2012, Mélenchon se répand en mauvais mots sur Hollande. Mais le soir du 1er tour, il appelle à voter pour lui comme si c’était lui-même. Remis de sa défaite aux législatives, il conspue à nouveau copieusement le président. Mais, avant son show du 5 mai à la Bastille, il lui propose de constituer un nouveau gouvernement avec comme premier ministre, lui-même ou bien Arnaud Montebourg. (Lire la suite…)
Disparition de l’ex-président du PGE Lothar Bisky : mort d’un conformiste de « gauche »
Brève, vivelepcf, 17 août 2013
Le politicien allemand Lothar Bisky est décédé à 71 ans le 12 août 2013.
Terne et méconnu, même dans son pays, il a cependant droit à des hommages appuyés allant du président social-démocrate du Parlement européen Martin Schulz au ministre « libéral » de l’économie Philip Rösler et bien sûr de ses confrères dirigeants de « die Linke » et du Parti de la gauche européenne.
Le parcours de Lothar Bisky accompagne étroitement depuis 1989 les transformations politiques de la gauche en ex-RDA et dans toute Allemagne, marquées par la liquidation de la principale organisation d’origine marxiste-léniniste, héritière du Parti communiste allemand, le SED, le parti socialiste unifié d’Allemagne, qui deviendra le PDS, Parti du socialisme démocratique en 1990 avant de disparaître, par étapes, dans « la gauche ».
Avant 1989, la vie de Lothar Bisky ne connaît qu’une seule aspérité. En 1959, à 18 ans, il fait le choix de quitter l’Allemagne de l’ouest et de s’installer en République démocratique allemande. Son cas est beaucoup moins isolé alors qu’on ne l’imagine. Pour un jeune homme pauvre, les perspectives de poursuivre des études sont bien meilleures en RDA. Politiquement à l’époque, Bisky se sentait « socialiste » même s’il a avoué se reconnaître dans Nietzsche et ne comprendre rien à Lénine.
En Allemagne démocratique, il fait une carrière intéressante et épanouissante d’universitaire jusqu’à devenir en 1986 le directeur de l’école de cinéma de Babelsberg.
Ses tiraillements, affichés rétrospectivement ces dernières années, ne lui auront pas nui puisqu’il les a courageusement gardés pour lui. A la construction du Mur de Berlin, il se dit : « je retourne de l’autre côté » mais il n’en fait rien. En 1968, il s’émeut de l’intervention des forces du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie, ce qui ne l’empêche pas dans un livre écrit en 1980 de célébrer (à juste titre…) la répression d’une « tentative de renversement contre-révolutionnaire ». Dans les années 80, il est intérieurement un fervent admirateur de Gorbatchev mais se garde de le montrer.
C’est de ce type d’hommes peu courageux et conformistes que ceux qui, de l’intérieur, veulent transformer et détruire le mouvement communiste allemand après 1989/1990 ont besoin. Après 30 ans de silence politique conformiste, il s’engage à partir de 1989/90 dans 25 ans d’activité politique toujours conformiste.
L’Allemagne de l’est a une histoire profondément différente des autres pays de l’est. Elle est l’héritière, même très déformée, d’un puissant mouvement ouvrier et communiste, de la Résistance antinazie. Elle a été au centre de la guerre froide. La RFA l’annexe sur une base idéologique revancharde qui exclut les retournements de veste en un jour des nomenclaturistes, tels qu’on les a observés dans les autres pays.
Les Gorbatchéviens est-allemands sont contraints de ruser. Homme sans aspérités (« sans qualités » ?), Bisky devient un instrument utile aux droitiers. Le bateleur Gregor Gysi, avocat des dissidents, tout en étant lié à la Stasi (avant que ses connivences avec l’ambassade des Etats-Unis soient dévoilées par Wikileaks) ne peut tenir tous les rôles. Le patron gorbatchévien de la Stasi, Marcus Wolf, ne peut plus agir directement. Bisky va être le conciliateur utile, la courroie de transmission, l’intermédiaire consciemment effacé, du processus d’élimination progressif de l’organisation communiste, dans un contexte de désarrois collectif total.
Celui qui ne s’était jamais mêlé de rien devient en quelques mois un artisan de premier plan, sous des airs modérés, de la dissolution du SED, de la création d’un PDS reniant les fondements marxistes-léninistes, pourtant si décisifs pour la lutte dans un environnement de nouveau capitaliste. Bisky sera premier dirigeant du PDS de 1993 à 2000 puis de 2003 à l’étape suivante, la fusion de ce parti avec la partie de la social-démocratie détachée par Oskar Lafontaine dans « Die Linke » qu’il codirigera un temps.
L’adaptation, résignée ou volontairement réformiste, au capitalisme, à son idéologie, au système politique de l’Allemagne impérialiste, aura été l’objectif guidant Bisky. Faire avec…
A la tête du Parti de la gauche européenne (de 2007 et 2010 avant de laisser la place à Pierre Laurent), et du groupe GUE/NGL au Parlement européen, il se distingue encore dernièrement en soutenant la résolution appelant à une intervention militaire en Libye et par son soutien à l’OTAN. Il a fini sa vie politique en signant un appel pour « sauver l’euro et l’Union européenne » en juin 2013. « La gauche doit se battre pour assurer qu’il n’y aura aucune sortie de la voie de l’intégration européenne » affirmait-il.
S’adapter à l’air du temps, l’expression a donné en allemand un concept valable pour les individus : les « Mitmacher », « ceux qui font avec ».
Lothar Bisky aura été une figure bien représentative de la « gauche européenne ».
Communistes, laissons Mélenchon à son populisme ! Notre manifestation, c’est celle du 1er mai !
EDT, 12 avril 2013
Ce qui est comique avec Mélenchon, c’est que l’idée de la fin du pouvoir personnel, version 5ème République, passe toujours par sa propre personne !
Regonflé par les médias, en ces temps d’affaires, il convoque tout seul, comme cela lui vient, un défilé national « républicain » pour le 5 mai 2013, à l’occasion de l’anniversaire de l’élection de François Hollande. Sur toutes les antennes, il se pose en chevalier blanc pourfendant ses ex-camarades du PS et celle qu’il veut à tout prix concurrencer, Marine Le Pen. La désastreuse expérience d’Hénin-Beaumont l’an dernier ne l’a pas détourné de ce qu’il imagine être un faire-valoir.
Voilà donc Mélenchon lance son annonce le jeudi 4 avril. Il ne prend pas la peine de prévenir ses amis de la « coordination nationale » autoproclamée du Front de gauche qui se réunit le même soir. Elle devra se réunir à nouveau le lendemain pour avaliser le choix du chef. Entre temps, Pierre Laurent s’est rallié à l’initiative, sans attendre la réunion du Conseil national du PCF, qui a lieu le 13 avril et qui n’aura plus qu’à enregistrer. Eva Joly et Olivier Besancenot, en perte de notoriété, saisissent la perche de Mélenchon. André Chassaigne affiche quelque réticence lundi 8 avant de s’aligner à son tour, du moins selon Pierre Laurent.
Rien que sur le fonctionnement, l’initiative du Front de gauche, pour une nouvelle « constitution », semblable à un coup politicien, est irrecevable.
Mais au-delà, qu’est-ce que l’affaire Cahuzac change à la situation politique ? Le spectacle d’un ministre du budget apôtre de l’austérité et de la lutte contre la fraude fiscale et fraudeur lui-même contribue objectivement à discréditer le gouvernement. Demain, si ses collusions avec l’industrie pharmaceutique sont avérées, on vérifiera pour qui roulent les gouvernants. Les dirigeants du PS, de l’aile gauche à l’aile droite, unanimement outragés par cette « trahison », auront encore plus de mal à masquer que leur parti est bien plus un parti bourgeois qu’un parti ouvrier. Une opportunité existe, dans le sens de l’action du PCF, pour obtenir enfin quelques moyens supplémentaires pour les services fiscaux contre la fraude.
Tout cela n’est pas à ignorer mais rien ne change dans l’appréciation de la politique mise en œuvre, hier comme aujourd’hui, par Hollande, Ayrault, hier avec le lieutenant Cahuzac. L’austérité prépare la super-austérité sous l’égide de l’Union européenne du capital. Et ma foi, il faut avoir été naïf ou sacrément manipulateur pour avoir imaginé ou fait croire que l’alternance social-démocrate aux élections de 2012 aller amener quelque inflexion politique.
Alors aujourd’hui, est-ce que l’on s’efforce de reconstituer l’immense rapport de force existant dans le pays, de soutenir les luttes pour rompre avec cette politique ? C’est normalement et constamment notre choix de communistes. Ou bien est-ce que l’on s’applique à diriger, à canaliser la colère contre des hommes et des chimères. C’est le choix de Mélenchon et c’est un choix dangereux.
Depuis quelques semaines, se caricaturant lui-même, Mélenchon accumule les sorties injurieuses dans les médias. Content de lui, il en rediscute cyniquement autour d’un café avec les journalistes qu’il vient d’insulter. Il n’insulte pas que les journalistes mais surtout la classe ouvrière, les travailleurs, à qui ce notable éducaillé n’imagine pas s’adresser autrement que sur un mode vulgaire.
Maintenant il franchit un nouveau cap dans cet exercice de style dégradant. Nous avons toutes les raisons de ne pas apprécié Pierre Moscovici pour ses choix politiques. Mais le vouer à la haine publique, « il a un nom, il a une adresse », « il ne pense pas en français », tout cela relève du nationalisme le plus écoeurant. Les mots ont un sens ! Appeler à la « purification » de la vie politique évoque le pire. Mélenchon prend garde de ne pas dire « tous pourris », ce qui le compromettrait…
Mais quand il parle de « système intrinsèquement pourri », comment lui-même, disciple de Mitterrand et du trotskyste Lambert, qui se complaît à se décrire comme un ancien « cacique » à qui le PS avait donné une sinécure au Sénat puis au gouvernement, comme un habile maquignon de la politique la main tendue un jour à Cohn-Bendit, le lendemain à Besancenot, n’y serait-il pas intégré ? Mélenchon a bien aussi appelé à voter pour Hollande « comme pour lui-même ». Camarades, ne soyons pas non plus masochistes au point de fermer les yeux sur le mépris que les gauchistes du PG (ex-PS !) manifestent à notre égard à propos de l’amnistie sociale comme des municipales.
L’affaire Cahuzac sert objectivement à la droite pour se remettre en selle, un an à peine après la défaite de Sarkozy, alors qu’elle partage profondément (ANI, Crédit d’impôt au patronat au nom de la compétitivité, TVA antisociale etc.) les choix gouvernementaux et européens. L’affaire Cahuzac embarrasse d’un côté le gouvernement mais elle lui sert de l’autre à faire diversion sur ces choix.
A baisser le niveau du débat, Mélenchon et ses amis rentrent dans leur jeu. Dans la surenchère « populiste », les gagnants sont toujours à droite, même quand ils traînent des « casseroles » parce que l’on attend rien d’autre d’eux : Berlusconi, Tapie, bientôt Sarkozy et Le Pen…
Non, les communistes n’ont rien à faire dans les calculs de Mélenchon, d’autant plus flatté par les journalistes qu’il les insulte !
Qu’est-ce qu’il y a à commémorer le 5 mai ? L’élection de Hollande ? La non-élection de Mélenchon ? Cette date empreinte d’institutionnalisme donne la perspective du Front de gauche en France, celle de la constitution d’un « bloc de gauche », une social-démocratie de rechange, pro-UE derrière des critiques minimales, comme dans les autres pays d’Europe sous l’égide du PGE, notamment à l’occasion des élections européennes.
Le 5 mai, un dimanche, restons chez nous ! Ou bien distribuons des tracts dans nos quartiers et villages !
Il n’est nul besoin de relire Lénine et « l’Etat et la révolution » pour savoir que toutes les avancées démocratiques bourgeoises sont bonnes à prendre pour les travailleurs mais aussi que la rupture ne peut pas partir des institutions bourgeoises. L’assemblage hétéroclite de bonnes réformes, peu probables, et de gadgets institutionnels que représente le projet fumeux de « 6ème république » ne fera converger aucune force efficace pour la rupture. Les ex-ministres de la gauche plurielle portent d’ailleurs la coresponsabilité de l’avènement du quinquennat…
Communistes, rendons-nous à l’évidence. Qu’on le veuille ou non, Mélenchon a les clés du Front de gauche. C’est lui le porte-parole depuis que la direction du Parti l’a intronisé pour parachever sa « mutation ». La manifestation du 5 mai, quelles que soient les variations de discours, portera son « coup de balayette », son « qu’ils s’en aillent tous » recopié par le sinistre comique italien Beppe Grillo. L’occasion ne se prête pas à autre chose. C’est ce personnage que l’on mettra en avant.
Camarades, n’allons pas jouer les figurants de la farce! Aucun d’entre nous ne doit se laisser droguer par ces laides paroles du bateleur !
Notre place est ailleurs, dans une autre manifestation autrement plus symbolique et importante : Celle du 1er mai. Comme salariés, comme militants, comme syndicalistes de classe, nous y avons toute notre place, pour porter les propositions de rupture nécessaires sur lesquelles les salariés peuvent se rassembler pour gagner, pour commencer à faire reculer la politique au service du capital.
NATIONALISATIONS ! Automobile, sidérurgie, énergie… imposons le débat quand le ministre Montebourg annonce de nouvelles « ouvertures du capital » et bénit les accords antisociaux chez Renault.
HAUSSE DES SALAIRES ! Quand le gouvernement décide de rembourser 6% des salaires au patronat avec le « crédit d’impôt compétitivité », soit 20 milliards d’euros par an, payés par la TVA antisociale !
DEFENSE DE LA SECURITE SOCIALE ! Le rapport de force existe pour mettre en échec le démantèlement des allocations familiales. Les millions de salariés, de retraités qui ont manifesté en 2010 contre la casse de la retraite à 60 ans n’ont pas disparu. La « gauche » les a trompés avant 2012, en liquidant la référence fondamentale au nombre d’annuités. Mais le rapport de force existe toujours face à l’orchestration de la résignation.
RUPTURE AVEC L’UNION EUROPENNE ! Mélenchon feint de critique « l’euro Merkel », sans se priver d’accents xénophobes. Le nostalgique de Maastricht préfère « l’euro Schröder », « l’euro des peuples ». Irlandais, Portugais, Espagnols, Grecs, Chypriotes etc. tous nos camarades appellent la fin de l’euro ! Communistes français, retrouvons nos positions de toujours !
Camarades, faisons un rêve ! Que les dirigeants du PCF continuent à s’exprimer posément, sans éclat de voix, sans chercher à concurrencer Mélenchon mais qu’ils portent distinctement, à la tête de la mobilisation de tout notre parti, ses positions historiques, plus justes que jamais, la riposte à la politique du capital.
Camarades des cellules et des sections, prenons nos responsabilités !
Vive le PCF !



