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Conseil national du PCF des 10 et 11 avril 2015, intervention d’Emmanuel DANG TRAN, fédération de Paris

Les importantes manifestations de jeudi (9 avril) ont rassemblé l’avant-garde de la classe ouvrière. Elles portent la perspective de rupture politique dans l’intérêt du monde du travail. Elles devraient être au centre des préoccupations de notre Conseil national. Je constate que ce n’est pas le cas.

Du point de vue du monde du travail et, en particulier du PCF, on ne peut guère trouver de sujet de satisfaction dans les résultats des élections départementales, sinon peut-être très localement (Val-de-Marne…).

Le refus de la politique gouvernementale s’est, certes, à nouveau exprimé massivement. Mais il se heurte plus que jamais à l’impasse politique institutionnelle. Le pouvoir ne sort pas entravé du scrutin pour continuer et aggraver la même politique antisociale.

Son rejet s’est d’abord manifesté par l’abstention, qui avec les blancs et nuls, dépasse les 50% – sans compter les non-inscrits.

Le système de l’alternance « gauche/droite » continue de fonctionner, tant bien que mal, même massivement discrédité. Il est complété maintenant, à part entière, par le FN. On est passé de « l’UMPS » au PS+UMP+FN.

Le calcul politicien, tel que Valls l’a dévoilé grossièrement pendant la campagne, fonctionne. Le repoussoir FN plombe la droite, crée un réflexe minimum de mobilisation à « gauche » derrière le PS. Surtout, il contribue à polariser la vie politique sur les échéances de 2017, dans une logique de moindre mal. Dans le flou des positions démagogiques et contradictoires du FN, un point est soigneusement mis en avant par l’idéologie dominante: le nationalisme de l’extrême-droite sert à discréditer toute opposition à l’Union européenne du capital.

Les résultats du PCF n’ont pas été en état de perturber ce scénario électoral. Et pour cause ! La direction du PCF a pris la lourde décision d’emblée de dissoudre le vote communiste au plan national.

Aux élections cantonales de 2008 (8,82%), à celles de 2011 (7,46%) – malgré le début du brouillage du Front de gauche – la persistance du vote et de l’ancrage communistes s’était manifestée (certes sous des gouvernements de droite qui relativisaient la participation aux exécutifs départementaux de «gauche » avec le PS).

Aux départementales 2015, il est purement et simplement impossible de décompter le vote communiste. Suivant les cantons, la direction du PCF n’a pas présenté de candidats, ou bien a soutenu des candidats qui étaient aussi ceux du PS dès le 1er tour, ou bien encore a fait des alliances avec des partenaires divers, dont, dans un tiers des cas, avec EELV, regroupement opportuniste pour le moins éloigné des positions communistes – c’est le moins que l’on puisse dire – radicalement même sur l’Europe.

Les sondages « sortis des urnes » attribuent entre 5,5% et 6% au Front de gauche. Mais que représente le Front de gauche à ces élections quand les paroles de Mélenchon et de Pierre Laurent s’opposent autant médiatiquement ?

Il n’est pas raisonnable de la part de la direction d’afficher faussement, à destination des lecteurs de l’Humanité, un résultat de 9,4%. C’est additionner des choux et des carottes ! Dans le détail, vous ne comptez pas les 26% des cantons où le FdG n’avait pas de candidat et soutenait implicitement ou explicitement le PS. Mais vous comptabilisez pour le FdG toutes les voix dans les cantons où il y avait alliance avec le PS ou soutien du PS dès le 1er tour. Et vous comptez comme vote « communiste » les voix des candidatures communes avec EELV. C’est n’importe quoi ! Essayer de se mentir pour se défausser de la critique, c’est la pire façon d’aborder l’avenir !

Selon le rapport d’Olivier Dartigoles, il resterait 166 élus départementaux PCF ou apparentés, au lieu de 227. Parmi eux, 133, au plus, sont membres du PCF. C’est évidemment a priori un point d’appui pour les populations. Mais, il est stupide de proclamer pour autant, comme le fait un communiqué du CN, que le Front de gauche constituerait la 3ème force politique du pays, même si 133 élus, c’est deux fois plus que le nombre d’élus du FN (62)… C’est aussi deux fois plus que le nombre d’élus du PRG (62) ! Le point commun avec le PRG, pour la première fois, c’est que 44 des 133 élus communistes étaient candidats du PS dès le 1er tour…

Pierre Laurent, dans son intervention d’hier, a souligné la nécessité de subordonner les alliances électorales à la stratégie politique et celle-ci aux contenus. Je fais remarquer que la direction a pris soin de faire l’inverse. La réunion du Conseil national consacrée à la préparation des départementales a eu lieu le 15 octobre 2014 alors qu’une conférence nationale était convoquée le 8 novembre…

La ligne décidée par la direction suit bien une cohérence, même si elle décidée en dehors des communistes. Elle consiste à combiner les deux fers au feu de la social-démocratie. Cette cohérence s’est traduite par une désastreuse géométrie variable dans les alliances électorales. A ce jeu, le vote communiste disparaît et le PCF est perdant à tous les coups.

D’un côté, pour garantir les sièges, pour assumer la participation/collaboration aux exécutifs de « gauche » sortants, les directions du PCF ont présenté des candidatures en connivence directe avec le PS. L’image de Pierre Laurent, main dans la main avec Cambadélis avant le 2nd tour, continuera à peser lourdement. Cela ne signifie pas pour moi le refus de tout accord de désistement avec le PS pour le second tour ; mais seulement lorsque le positionnement est clair au premier. Cette politique associe logiquement le Parti au désaveu de la « gauche » gouvernementale.

De l’autre côté, suivant les situations électives locales, les directions du PCF ont soigné une posture critique à gauche, en préparation de 2017, avec des « frondeurs », des PS déguisés en « divers gauche », en « Nouvelle Donne », ou des « écologistes ».

A entendre la discussion de notre CN, cette combinaison ambiguë, impossible à assumer ouvertement, va rester à l’ordre du jour jusqu’aux élections régionales de décembre 2015. Vu le mode de scrutin, la volonté de poursuivre la participation, la collusion, aux exécutifs régionaux de gauche, il sera impossible d’être clairs vis-à-vis de la politique du PS. La constitution des listes pour le 1er tour, offrira la possibilité de soigner une image « à gauche de la gauche » pour préparer 2017. Après les régionales, en 2016, on pourra passer à une étape déjà expérimentée lamentablement par les communistes : celles des disputes pour le choix du candidat de la « gauche de la gauche » pour les présidentielles !

Quel scénario ! J’ai envie de dire aux camarades : « Vous avez apprécié les collectifs antilibéraux, vous avez aimé le Front de gauche, vous allez adorer les « Chantiers de l’espoir » » !

Je remarque combien notre CN est maintenant embarrassé avec le « Front de gauche ». Faut-il même garder la « marque » alors que Mélenchon en est de fait dépositaire nationalement et que le PG ne se prive pas de tailler des croupières au PCF à tous les niveaux ? Ce n’est pas faute que quelques-uns ici, dont je fais partie, aient alerté ! Nous avons dénoncé fondamentalement la poursuite de la stratégie d’effacement du Parti et des positions communistes avec le « Front de gauche ». Mais nous avons aussi alerté sur le risque immédiat de donner les clés à un politicien socio-démocrate comme Mélenchon. Difficile de contester aujourd’hui que nous avions raison.

Les « Chantiers d’espoir » [à la réunion desquels certains dirigeants du Parti se sont rendus juste après le CN, le 11 avril] sont le nouveau lieu de rencontre et d’affrontement de toutes les postures, personnalités et groupes qui ambitionnent d’occuper l’espace de la « gauche de la gauche », en forces d’appoint de la social-démocratie. L’appel de lancement est si vague qu’il pourrait être signé par le pape. La référence des EELV, rocardiens de « Nouvelle Donne » ou PS « frondeurs », c’est le programme de Hollande en 2012 !

Ça promet ! On connaît ! 2016 sera l’année des guéguerres pour désigner le ou la candidate de la gauche « radicale » pour les présidentielles. Les négociations politiciennes, sans fin, pour les places éligibles aux régionales sera le lot d’ici la fin de l’année 2015 !

Hier, Pierre Laurent a mis en garde à juste titre : « Notre discours peut passer au-dessus de la tête des gens des quartiers ». Avec ces combinaisons politiciennes, c’est sûr !

Plusieurs membres du CN ont soulevé la nécessité d’organiser des campagnes de « solidarité concrète ». Oui ! Partir de la détresse et de la colère de la population : oui ! Mais non pour les canaliser, non pas même pour seulement les exprimer mais pour les traduire en luttes politiques en s’appuyant sur l’avant-garde telle qu’elle a défilé le 9 avril ! Allons-y !

[Je n’ai pas eu le temps au CN de détailler toutes les propositions suivantes. Je les mets en discussion dans ce texte].

-          L’anniversaire de la sécurité sociale, les luttes contre le démantèlement de l’hôpital public appellent un large mouvement convergent pour réexpliquer et reconquérir le financement solidaire par la cotisation sociale.

-          La revendication de la semaine de 32 heures monte, notamment dans l’industrie. Profitons-en pour lancer une campagne pour la véritable semaine des 35 heures, alors que les salariés à plein-temps travaillent en fait 39,4 heures en moyenne, autant qu’avant les lois Aubry dont le patronat a tant profité.

-          L’annonce récente de la montée de l’Etat dans le capital de Renault devrait nous amener à reprendre nos propositions de nationalisations démocratiques telles que nous aurions pu et dû les avancer pour l’automobile (PSA), la sidérurgie (Arcelor) ou Alstom.

-          A nouveau, j’appelle à une campagne nationale contre les augmentations des tarifs publics. La défense des services publics ne saurait se limiter à des « coordinations » alibi [Le rapport du CN a vanté les « Assises pour le service public »], dirigées par des ex-cadres de la CFDT, sur des bases opportunistes. On ne peut pas se battre pour les services publics avec les politiciens qui ont appuyé le démantèlement de la SNCF avec la « réforme ferroviaire », qui la pratiquent dans les régions. Pas plus qu’avec ceux qui défendent l’UE du capital et ses directives de mise en concurrence. Pour la SNCF, La Poste : prenons, communistes, nos responsabilités pour faire converger les très nombreuses luttes locales sur la position politique de fond de défense et de reconquête des grands monopoles publics nationalisés !

Quelques-uns l’ont évoqué : Les débats et soubresauts actuels dans la CGT ne peuvent nous laisser indifférents. Plutôt que de faire la part belle aux réformistes et aux représentants du patronat [comme à la « Convention nationale pour l’industrie » d’octobre], donnons des repères politiques de rupture aux camarades syndiqués qui en sont à la recherche.

Un dernier mot sur la Grèce. Arrêtez ! Être solidaire avec les Grecs, ce n’est pas soutenir le gouvernement de coalition Syriza/ANEL (parti d’extrême-droite) ! La question n’est pas de souhaiter ou de ne pas souhaiter la réussite du plan de Syriza. Son plan – très modeste –  de relance capitaliste est voué à l’échec. Ils continuent à se placer à la merci de l’UE du capital. Ils multiplient les gages de soumission à l’OTAN, aux possédants, aux armateurs notamment. Il est maintenant possible que la Grèce finisse par sortir de l’euro. Ce qui aurait pu et dû être une reconquête de souveraineté, risque de passer – à cause du parti pris de Syriza – pour une « punition » infligée par l’UE et la BCE.

Communistes, nous devrions analyser et démonter cette pédagogie de la résignation à destination européenne, au lieu d’y participer !

Et surtout ne suivons pas la ligne du Parti de la gauche européenne, PGE, soumise à l’UE ! Comment peut-on aujourd’hui valider le nouveau diktat imposé par l’UE, le FMI et les grandes puissances européennes à la Grèce dans les mêmes termes que ceux que nous avions dénoncés quand la droite était au pouvoir ? Syriza, dans ses compromis est peut-être obligé de l’accepter [Tsipras a pris garde de ne pas le soumettre au Parlement grec]. Mais, si nous voulons être solidaires du peuple grec, nous ne pouvons que le dénoncer dans nos pays. La section allemande du PGE, die Linke, se déchire sur cette question. Syriza elle-même se fracture.

En France, communistes, cessons de soutenir l’illusion d’un capitalisme européen à visage humain !

Ecrits xénophobes de Mélenchon : je demande à Pierre Laurent de couper tout contact entre le PCF et ce politicien dangereux

Emmanuel Dang Tran , transmis à Vivelepcf, 9 décembre 2014

Jean-Luc Mélenchon vient de qualifier, par écrit, à l’attention des médias, sa contradictrice dans l’émission de France 2 du jeudi 4 décembre, la politicienne de droite allemande, Ingeborg Grässle, de « caricature de boche de bande dessinée ».

Je suis outré. Mélenchon est coutumier de l’insulte, de l’injure publique, de la grossièreté. Mais là, il franchit un cap qu’aucun démocrate, aucun républicain et encore moins un communiste ne peut tolérer.

Pierre Laurent a eu raison de rappeler sur RTL dimanche 7 décembre, combien faisait partie des valeurs fondamentales des communistes le combat contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

Je n’oblige personne à partager mon analyse que Mélenchon a servi et sert de faire valoir à Le Pen, en essayant de profiter de la poussée fasciste, organisée par le système, pour se faire une place au soleil politique, notamment en s’étant parachuté dans le Pas-de-Calais aux législatives, avec ses idées creuses.

Je n’oblige personne à faire le lien, même indirect, entre les péroraisons de Mélenchon, alors porte-parole du PS, en faveur de l’Europe de Maastricht, celle de la mise en concurrence des peuples les uns contre les autres et sa tentative de récupération, obscène, de l’exacerbation de la xénophobie qui en est résulté.

Mais j’appelle tous les démocrates, tous les républicains, et d’abord tous les communistes à condamner fermement les propos de Mélenchon.

Il ne s’agit pas d’un écart de fin de banquet. Mélenchon s’est suffisamment répandu auprès des journalistes sur sa recherche de la formule la plus dégoûtante et la plus opportuniste.

Oui, le politicard Mélenchon est dégoûtant. Il a toute sa place dans les émissions obscènes des télévisions privées de fin de soirée. Il n’a rien à voir avec le mouvement populaire anticapitaliste. Insignifiant en lui-même, il se complaît dans le second rôle malsain que lui confère le pouvoir.

Après cette outrance de trop, 100 ans après le déclenchement de la 1ère guerre mondiale, je demande à Pierre Laurent et à toute la direction du PCF de rompre toute relation avec Mélenchon.

A partir de demain, je cesserai de serrer la main aux quelques adhérents du Parti de « gauche » que je peux croiser, provisoirement pour ceux qui se sont égarés en quête d’une organisation de combat, définitivement pour ceux, opportunistes, dévoyés des écoles de l’UNEF et du PS, ou anarchistes de droite, qui ont misé sur leur pair, Mélenchon.

Je suis communiste, donc je combats la xénophobie et le populisme, donc je n’ai rien à faire d’autre avec Mélenchon que de le combattre en attendant que cette baudruche éclate. Communiste, je ne demande qu’à pouvoir l’ignorer, donc à ce que la direction du PCF le laisse déblatérer avec ses amis Dassault, Guaino ou Buisson.

L’Huma ouvre ses colonnes à Gattaz : mais en quoi peut-on s’en féliciter ?

Vivelepcf, 8 décembre 2014

Responsables du PCF, il ne se passe quasiment pas une heure depuis quelques jours sans que nous recevions un mail de relance nous invitant à acheter et vendre en masse le prochain numéro de l’Humanité Dimanche parce qu’il contiendra la transcription d’un échange entre Pierre Laurent et Pierre Gattaz.

Nous ne devons pas être les seuls à être éberlués que la direction du Parti nous appelle à diffuser l’opinion … du patron des patrons.

Rappelons d’abord comment ce débat a vu le jour. Etape 1 : Pierre Gattaz met au défi dans les médias les hommes politiques de bien vouloir débattre avec lui. Etape 2 : Pierre Laurent répond : « chiche ». Etape 3 : aucun média dominant ne se montre intéressé. Etape 4 : Pierre Laurent et Patrick Le Hyaric mettent l’Humanité au service de ce débat. Etape 5 : Pierre Gattaz répond : « chiche » !

Communistes, nous comprenions bien l’intérêt de prendre Gattaz au mot pour lui porter, par exemple à la télévision, la contradiction sur le terrain de l’idéologie dominante. Mais à la fin des courses, c’est l’inverse qui se produit, c’est Gattaz à qui l’on ouvre les portes et qui pourra apporter son apport à l’idéologie du Front de gauche dans son propre journal.

Le lecteur de l’Huma, même occasionnel, n’en sortira guère plus instruit. L’opinion du Medef, il faudrait qu’il soit sourd et aveugle pour ne pas l’avoir déjà entendue ou lue. L’argumentation de Pierre Laurent, celle des économistes de la gauche européenne, il peut la retrouver dans chaque édition du journal dirigé par Patrick le Hyaric. Au mieux, il sera conforté dans ces positions.

Ce n’est pas ça qui va beaucoup déranger Gattaz. Mais, ce fin renard de la propagande patronale ne compte certainement pas manquer cette occasion inédite. Il va pouvoir montrer à la France, grâce à la direction du PCF, qu’il est un homme ouvert au débat le plus large, tant que c’est pour l’intérêt national, entre hommes de bonne volonté bien sûr. Gros malin, il saura se retrouver d’accord avec Pierre Laurent sur les objectifs – baisse du chômage, relance de l’industrie – malgré les désaccords sur les moyens. Subtil, il saura remercier Pierre Laurent de se préoccuper du « coût du capital » subi par les entreprises, tout en attirant en parallèle son attention sur le « coût du travail ». Pierre Laurent se récriera alors certainement. Gattaz pourra même se retrouver avec lui pour demander une réorientation de la politique monétaire de la BCE plus favorable aux patrons français, ceux qui produisent ici (et profitent aussi!) mais qui, évidemment, n’en peuvent plus des charges… etc.

Gattaz jouera bien évidemment aussi son rôle de gros méchant. Il bavera sur le CICE insuffisant et trop complexe, poussant Pierre Laurent à réclamer des contreparties et ainsi à légitimer les aides publiques au patronat et au profit capitaliste.

On pourrait peut-être s’épargner d’acheter l’Huma vendredi et fermer les yeux. On pourrait mettre plutôt les 1,5 euros dans l’achat des « aventures de Roudoudou » proposées dans les mêmes mails publicitaires du journal fondé par Jean Jaurès.

Mais malheureusement, il ne s’agit pas d’une bourde, d’une maladresse, d’un piège dans lequel seraient tombés quelques collaborateurs de Pierre Laurent sans s’en rendre compte, puis s’en pouvoir l’en dégager.

Non, l’échange Pierre Laurent/Pierre Gattaz révèle un virage bien plus grave de la part de la direction du PCF.

Inviter à débattre courtoisement le patronat, érigé en « partenaire » politique (comme l’idéologie dominante a imposé l’expression « partenaires sociaux »), est en train de devenir une ligne générale. Le secrétaire départemental du PCF Bouches-du-Rhône vient ainsi d’échanger publiquement avec son homologue du Medef 13. Ce n’est pas faire injure à notre camarade que de constater que le patron a largement tiré son épingle du jeu (voir la vidéo).

Les camarades qui ont assisté à la « convention nationale industrie » organisée par la direction du PCF les 22 et 23 novembre derniers en ont vécu une manifestation encore plus grossière de cette tendance.

La réunion était organisée par l’ancien dirigeant de l’aile réformiste de la CGT, Alain Obadia (rappelé par Robert Hue à la direction du PCF). Elle s’est déroulée, en la présence, sinon sous le patronage, entre autres dirigeants de la CGT, de Jean-Christophe Le Duigou, économiste qui s’affiche « keynésien » plutôt que marxiste et qui travaille étroitement avec des patrons au point d’avoir fait préfacé un de ses livres par Jean Gandois (prédécesseur de Gattaz).

Cette réunion méritera un autre article pour souligner notamment l’éviction de toute proposition de lutte immédiate au monde du travail. Evacués notamment les objectifs de nationalisation de la sidérurgie ou de l’automobile, de défense et de reconquête des monopoles publics structurants, de rupture avec l’UE et l’euro… Entre l’expression du désespoir et de la colère et les objectifs vagues et fumeux de réindustrialisation « écologique » ne sont envisagées que des politiques d’aménagement du système, de réorientation des aides au patronat, de baisse du coût du capital en faveur du patronat et des capitalistes productifs, d’accommodement de l’UE.

Pour l’exprimer au mieux, Obadia a appelé à la tribune du Colonel Fabien, un certain Thierry Weil, porte-parole du lobby patronal créé par Louis Gallois et financé par la sinistre UIMM (fédération patronale de la métallurgie), « la Fabrique de l’industrie ». Le moment était finement choisi après l’intervention d’un jeune militant d’Airbus qui dénonçait la délocalisation des usines aéronautiques vers la zone dollar que justement Gallois, ce bon conseiller des princes, a mise en place lorsqu’il était PDG d’EADS, avec le plan « Power 8 ».

Dans son long exposé d’orateur rompu au marketing politique, Weil a dosé généreusement la provocation insultante envers la classe ouvrière et les communistes « à l’ancienne » et les compliments outranciers à Alain Obadia ou à Philippe Martinez, secrétaire de la fédération CGT de Métallurgie, pressenti par Thierry Lepaon pour lui succéder, au cas où. Présent, Martinez venait d’intervenir pour expliquer qu’il fallait désormais envisager prioritairement l’intervention publique au niveau européen comme l’augmentation du SMIC (173 euros en Bulgarie – NDLR). Un bon point de la part du nervi du Medef !

Celui-ci n’a pas feint son plaisir de pouvoir appeler à la collaboration de classe sous la coupole du siège du PCF*. Gageons que Gattaz rira autant de son débat dans l’Huma.

Communistes, cela ne nous fait vraiment pas rire de constater cette réalité que la lutte des classes ne s’arrête plus aux portes des organisations historiques révolutionnaires de la classe ouvrière en France !

Dimanche prochain sera un dimanche sans huma, mais non sans réflexion et action.

 

*Plusieurs camarades ont quitté la salle en signe de réprobation. Le malaise était large. Deux camarades ont interpelé Obadia.   

Au CN du PCF de juin 2014, puis à la Conférence nationale de novembre : alimenter des illusions sur une nouvelle « gauche plurielle » d’ici 2017 ? Non, merci ! On a donné !

Dominique Negri, Emmanuel Dang Tran, membres du CN, vivelepcf, 28 juillet 2014

Le Conseil national du PCF s’est réuni les 14 et 15 juin 2014. Dans un contexte marqué par l’aggravation de la politique au service du Medef, par les sombres résultats des élections européennes, par une nouvelle crise du Front de gauche, mais également par la montée de luttes aussi importantes que celle des cheminots, les communistes étaient en droit de concevoir de grandes attentes avant ce CN. Elles ont été déçues.

Certes, une conférence nationale est officiellement convoquée pour les 8 et 9 novembre. Ce sera l’occasion à partir de la Fête de l’Huma de pousser le débat dans le Parti et au-delà. Mais dans le cadre statutaire restrictif, il est clair qu’elle vise à avaliser la « relance stratégique » engagée par Pierre Laurent et une majorité du CN. Il est frappant que le secrétaire national, au milieu du CN, le samedi 14 au soir – la résolution n’étant pas encore adoptée – choisisse d’aller figurer à la tribune du meeting d’un club du PS, dénommé « Un monde d’avance », présidé par Henri Emmanuelli, en compagnie d’une sélection de dirigeants PS et EELV…

Le nouveau « choix stratégique », c’est la poursuite de l’ancien : toujours aller dans le mur mais plus vite ! C’est la combinaison d’un Front de gauche élargi (avec une diminution illusoire de l’influence de Mélenchon) et d’alliances plus larges encore, avec les « écologistes » et des courants du PS. L’appellation choisie, le « Front du peuple », en référence à 1936, est complètement déplacée.

Nous sommes intervenus trois fois, avec notre point de vue local et notre expérience différents, mais animés du même refus radical de ce cours suicidaire et de la même conviction que les communistes doivent prendre l’initiative pour défendre et reconstituer leur parti.

Enfin, on a parlé au Conseil national de la « réforme ferroviaire ». Une résolution soutenant clairement les cheminots, alors en grève depuis 5 jours, a été adoptée. Le sujet n’en est pas moins resté très secondaire dans les discussions et encore davantage dans le rapport. Il était trop tard pour corriger l’indifférence, très politique, que nous avions essayé de contrecarrer aux CN précédents en appelant à une campagne nationale de masse pour préparer cette lutte essentielle.

Le CN des 14 et 15 est loin d’avoir tout clarifié pour autant. (Lire la suite…)