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Agents des services publics, fonctionnaires et salariés du privé, tous unis pour défendre les services publics et nos conditions de travail

Faisons des journées des 15 et 22 mars le point de départ d’une grande riposte à la politique antisociale de Macron.

Si la politique menée sous Sarkozy puis Hollande a habitué les travailleurs aux mauvais coups, Macron fait aujourd’hui le pari de pouvoir précipiter les choses. Depuis le début de son mandat il ne se passe pas une semaine sans que des attaques gravissimes tombent sur toutes les catégories de salariés et de retraités : casse du code du travail, attaques en règles contre les fonctionnaires, volonté d’en finir avec la SNCF et les cheminots, rançonnement des retraités, offensive contre le logement social… Macron, un petit air de Thatcher à la française ? Montrons-lui notre refus de sa politique au service des plus riches, montrons-lui que les travailleurs dans l’unité d’action savent se faire entendre !

La riposte à la politique de Macron doit débuter avec les journées des 15 mars (salariés des EPHAD, retraités) et 22 mars (cheminots, ensemble de la fonction publique, contrôleurs aériens, étudiants  et divers secteurs du privé…). C’est par des mobilisations massives dans nos différents lieux de travail sur nos revendications catégorielles et par le travail à la convergence de nos luttes vers ces journées d’action que nous repousserons les attaques du gouvernement. Faisons le pari d’un printemps 2018 qui mettra en échec Macron et sa politique !

Attaquer le statut des cheminots c’est attaquer tous les travailleurs !

Le gouvernement prévoit de réformer la SNCF une nouvelle fois en ayant recourt aux ordonnances afin d’accélérer les choses et d’éviter le plus possible la contestation. Sous couvert d’une dégradation du service rendu par la SNCF, dégradation orchestrée par les différents gouvernements afin de légitimer leur politique (politique du tout-TGV, investissements insuffisants, manque de personnel…), le gouvernement organise l’ouverture à la concurrence du secteur ou, dit plus simplement et plus justement, sa privatisation. Au programme, transformation de la SNCF en Société Anonyme, fin du statut de cheminot et suppression, par les régions, de très nombreuses lignes considérées comme non rentables.

Qui peut objectivement croire à cette prétendue recette miracle du gouvernement ? Qui peut croire qu’en supprimant le statut cheminot et en dégradant les conditions de travail, les trains arriveront plus souvent à l’heure ? Qui peut croire qu’en faisant la part belle au privé (qui entrera sur le marché uniquement pour le profit), les investissements nécessaires à la régénération des infrastructures seront réalisés ? Personne ! Encore moins lorsque l’on voit le résultat des privatisations dans les autres pays !

Cette réforme est présente par les médias au service du pouvoir comme inévitable du fait de la dette d’abord et de l’Union Européenne ensuite. La fameuse « dette du ferroviaire » mise en avant est un simple artifice comptable qui résulte de la séparation des activités en différents entreprises afin de préparer la privatisation. De plus, il est important de rappeler qu’un service public n’a pas vocation à être rentable. Quant à l’UE, la privatisation est en effet orchestrée par les directives européennes, mais la lutte des travailleurs permettra leur non implication comme c’est le cas par exemple au Portugal.

Il faut donc nous battre main dans la main avec les cheminots pour défendre le service public ferroviaire et le statut. Ce n’est que par l’arrêt de ce processus de privatisation et la reconquête d’un grand monopole public du rail que nous pourrons renouer avec un service public ferroviaire de qualité au service des usagers et des travailleurs, et non au service des profits privés.

A la RATP, un processus similaire de privatisation est à l’œuvre, stoppons-le !

Si les médias ne parlent pour le moment que de la SNCF, aucune illusion ne doit être entretenue. La RATP est aussi dans le viseur du gouvernement qui va là encore s’attacher à attaquer le statut, attaques déjà commencées avec par exemple le gel du salaire et la retraite. Macron l’a clairement annoncé pendant la campagne, il veut « supprimer les régimes spéciaux », les agents RATP font donc aussi partie des victimes de cette politique antisociale au service des plus riches.

Le même processus de privatisation / ouverture à la concurrence que pour le rail est à l’œuvre du côté de la RATP. L’exploitation des nouvelles lignes du Grand Paris est désormais soumise à des appels d’offre auxquelles, bien évidemment, la RATP répond mais à l’aide de sa filiale RATP Dev. Qui dit filiale, dit activité identique mais conditions de travail différentes, avec des agents hors-statut. Cela revient à organiser la concurrence entre les travailleurs pour dégrader toujours un peu plus nos acquis sociaux. A partir de 2024 et de façon progressive, la mise en concurrence va également concerner les lignes existantes. Cela ne pourra se faire sans la destruction du statut RATP à laquelle va rapidement s’atteler le gouvernement. Cheminots, agents RATP, nous vivons les mêmes attaques, construisons la même riposte dans la lutte unitaire !

Des fonctionnaires dans le viseur du gouvernement. En lutte pour la défense de nos services publics.

Parallèlement à tout cela, le gouvernement s’en prend continuellement aux fonctionnaires, présentés comme des privilégies. Après le gel du point d’indice, le report de la revalorisation des carrières, le retour de la journée de carence, le ministre Darmanin annonce la suppression de 120 000 postes, un plan de départ « volontaire » et le recours massif aux contractuels. Tout cela est inacceptable !

Pour financer ses nombreux cadeaux aux plus riches, le gouvernement doit faire des économies, il va donc les chercher du côté des fonctionnaires à qui on demande toujours plus tout en donnant toujours moins. Dans une vision de plus long terme, le projet du gouvernement est clair ; en finir là encore avec le statut de la fonction publique comme ils veulent en finir avec le statut cheminot et RATP.

Résultat de cette politique, des services publics en détresse ! On le voit dans la santé où les hospitaliers sont pressés à l’extrême pour maintenir tant bien que mal une continuité du service. Dans l’éducation, les manques de moyens sont de plus en plus criants à chaque rentrée, la réforme annoncée du lycée accentuant encore un peu plus les problèmes. Dans les collectivités locales, aux impôts, à Pôle Emploi… partout la pression s’accentue, partout les conditions se dégradent.

Il est urgent de stopper cette dégradation à toute vitesse des services publics et des conditions de travail. Là encore, avec les cheminots et les agents RATP nos revendications convergent, luttons ensemble contre ce gouvernement qui nous attaque tous !

Salariés du privé, notre mobilisation aux côtés des autres catégories sera décisive !

La stratégie du gouvernement repose sur la division, refusons-là. Non les cheminots et les fonctionnaires ne sont pas des privilégiés ! Les seuls privilégiés se sont ceux qui bénéficient de la politique du gouvernement ; les plus riches. En tant que salariés du privé, nous avons tout intérêt à soutenir la lutte des cheminots et des fonctionnaires car ces statuts représentent des références collectives. Leur destruction se répercutera directement sur le droit du travail privé.

En tant que salariés du privé, nous sommes également touchés de plein fouet par la politique du gouvernement. La loi El-Khomri puis les ordonnances Macron ont gravement attaqués le droit du travail. Dans nos entreprises, cela se traduit par une pression accrue, une stagnation des salaires, une dégradation des conditions de travail voire par un non-respect des règles les plus élémentaires de sécurité.

A partir du 15 mars, plusieurs secteurs du privé sont appelés à la mobilisation. Les salariés des EPHAD nous montrent la voie avec une grève massive dans le secteur pour revendiquer des moyens supplémentaires afin de pouvoir réaliser correctement leur mission. Dans chaque secteur, les revendications catégorielles doivent se construire et être portées par une mobilisation massive.

Cheminots, agents RATP, fonctionnaires, salariés du privé, retraités, étudiants ou privés d’emploi, nous subissons tous aujourd’hui la politique du gouvernement. Refusons le jeu de la division, et unissons-nous ! Partout faisons remonter nos revendications catégorielles, partout mobilisons-nous, partout travaillons à l’unité d’action et à la convergence des luttes. Cela débute avec les journées des 15 et 22 mars afin d’exiger :

     -l’arrêt immédiat de la casse du statut cheminot et la reconquête d’un grand monopole public du ferroviaire assurant la qualité du service et des conditions de travail.

     -la défense du monopole public RATP et du statut des agents, la fin de la privatisation des transports.

     -le maintien du statut de la fonction public, des embauches massives dans les secteurs publics déficitaires, la revalorisation des traitements.

     -le retrait de la loi El-Khomri et des ordonnances Macron cassant le code du travail.

     -le refuse de l’application des directives européennes qui organisent la privatisation et la marchandisation des services publics.

C’est par la lutte que nous gagnerons, c’est par l’unité que nous vaincrons !

 

Présidentielles : le capital a gagné sur toute la ligne. Un PCF sur le terrain des luttes pour organiser la riposte dès le 1er mai.

Communistes, nous avons toujours dénoncé l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Avec elle, le système s’est doté d’un instrument idéologique redoutable pour contenir les quelques concessions démocratiques qu’il a dû laisser devant les luttes des travailleurs et du peuple, pour les détourner vers une acceptation de sa politique, une « servitude volontaire ». Avec le quinquennat, imposé sous la « gauche plurielle » en 2000 (Mélenchon compris), le système a subordonné, systématiquement tous les 5 ans, les élections législatives au vote pour un chef. Seule, l’existence d’un parti révolutionnaire de classe et de masse, le PCF, a historiquement permis de contrecarrer ce piège, d’offrir une alternative, du moins une forme de résistance aux travailleurs. Mais, et c’est une constatation fondamentale, même si elle se situe dans la suite logique des années précédentes, 2017 sanctionne la disparition complète du point de vue communiste organisé. Aux présidentielles 2017, le système fait un carton plein. Il a atteint ses trois cibles.

L’alternance droite/gauche, à bout de souffle, est dépassée

Premièrement, il est parvenu à dépasser son mode habituel de gouvernement politique, l’alternance droite/gauche pour mener, de façon complémentaire, successivement depuis 30 ans, la politique au service du capital. A bout de souffle, le système risquait de ne plus être opérationnel devant le niveau du mécontentement populaire et des luttes potentielles. Le système l’a remplacé en arrivant à introniser Macron comme une figure de renouvellement, alors qu’il est l’héritier direct du président sortant honni, qu’il est un valet direct du capital. Pour accentuer cette posture, Macron n’a pas hésité à s’attacher les soutiens de personnes allant de Robert Hue et Patrick Braouezec à Alain Madelin. Le scrutin présidentiel, personnifié, est décidément un terrain privilégié pour le matraquage idéologique, passé au marketing politique 2.0 (internet).

Le système a sacrifié un bouc émissaire, avec acharnement, son fidèle Fillon, postulant naturel à l’alternance. Logiquement, l’opinion publique s’est choquée davantage d’un costume à 13.000 euros que des dizaines de milliards d’euros de cadeaux au profit, accordés ou promis par Macron ou Fillon. Cette manipulation de la campagne a en outre permis d’abaisser comme jamais le niveau du débat politique dans le pays. Fillon, trop clair, trop cru, dans ses perspectives de casse sociale, risquait de raviver très vite les luttes ouvrières. La candidature confusionniste Macron semble plus à même de faire passer, en « douceur », la même politique. Egalement de faire de l’extrême-droite l’opposition privilégiée, plutôt que le mouvement social. On notera que le parti libéral-réactionnaire, Les Républicains, ne devrait pas couler avec son candidat. Contrairement au PS, voué à un éclatement.

Subissant les trahisons et la concurrence traduite par les sondages, le candidat de la gauche social-démocrate normale, pourtant « frondeur », Hamon, a endossé le sinistre bilan de Hollande à la place de Macron. La force de l’idéologie dominante est vraiment épatante !

Le système érige le FN en opposant principal aux politiques ultra-capitalistes

Deuxièmement, les tenants du système peuvent se réjouir que les conditions soient rassemblées, après ce vote, comme jamais, pour que l’extrême-droite représente et canalise l’opposition à la politique ultra-capitaliste de la présidence et de la majorité Macron à venir. Plus que jamais, le FN va servir de dérivatif, de repoussoir mais aussi de légitimation au prochain gouvernement, comme il l’a fait pour sa candidature. Macron et Le Pen sont les meilleurs ennemis. Macron a cultivé dans sa campagne, globalement creuse, les clivages avec le FN sur le multiculturalisme, l’immigration ou la Russie de Poutine. De son côté, Le Pen a habilement affiné sa démagogie sociale attrape-tout, ce qui la rapproche de la caractérisation du fascisme. Elle capte aisément, pour la déformer vers le nationalisme, l’opposition populaire à l’UE du capital, dont Macron est le chantre.

Les résultats du 23 avril montrent une perspective extrêmement inquiétante. Le FN paraît davantage en situation de dépasser son rôle de contrepoint et de faire valoir des politiques « ultralibérales » et pourrait devenir un recours pour le capital, devant l’aggravation de la crise et la nouvelle cure antisociale qu’annonce l’élection de Macron. Le Pen a obtenu un nombre jamais atteint de voix, 7,7 millions. Son influence électorale s’est socialement et géographiquement homogénéisée, mis à part les banlieues à forte population d’origine émigrée et les centres-villes. Le scrutin a montré que la droite extrême dispose de réserves, pas pour gagner le 7 mai, mais pour la suite. Pensons, sans tirer systématiquement de trait d’égalité, à une partie de l’électorat ultraréactionnaire qu’a courtisé Fillon et qui a, ces dernières années, montré ses capacités à tenir la rue. Pensons au vote pour Dupont-Aignan qui masque à peine son ambition de devenir premier ministre d’ouverture d’une présidente Le Pen.

Une recomposition de la gauche accélérée afin de faire taire la contestation de classe

Mais ce qui est aussi inquiétant, face à Macron et à ces sombres perspectives, c’est la recomposition de la gauche que la présidentielle accélère. Avec l’avènement de Macron, l’éclatement du PS se précipite. Fondamentalement et historiquement, comme dans d’autres pays, la social-démocratie a perdu l’essentiel de sa raison d’être, celle de gérer le « grain à moudre » pour faire rempart aux partis révolutionnaires et au camp socialiste. Il faudra approfondir cette analyse plutôt que constater le soi-disant « double échec « du « socialisme réel » et de la social-démocratie.

Une grande partie des notables du PS devrait rejoindre Macron et achever sa mue « libérale ». Et le reste ? Les contours de la recomposition politique à gauche sont encore imprécis. Mais ce qui se dessine constitue la troisième réussite du système à ces élections.

Ce qui va passer pour la « gauche », voire la « gauche de la gauche », sera dominé par le réformisme, des transfuges socio-démocrates (Hamon et cie, Mélenchon ex-PS), des représentants des lobbys sociétaux inscrits dans le fonctionnement idéologique du système, avec une place renforcée pour le populisme incarné par Mélenchon. On penche plus vers l’exemple Tsipras, Iglesias ou même Beppe Grillo (dont les représentants devisaient à Rome avec Mélenchon du « plan B ») que vers Corbyn (qui n’est pas pourtant exactement ma tasse de thé).

Je fais partie des camarades qui n’ont pas donné de consigne de vote pour le 1er tour. C’est-à-dire notamment que je n’ai ni appelé à voter Mélenchon, ni spécialement appelé à ne pas voter pour lui. Mais, puisque Pierre Laurent et la direction de notre parti se sont rangés derrière sa candidature, puis qu’une partie de la réaction l’a abusivement qualifié de « communiste » (un compliment pour lui, une injure pour nous !), nous avons fait notre possible, en continuant à militer pendant la campagne, pour éviter tout amalgame entre Mélenchon et, nous, communistes.

De nombreux électeurs et camarades ont voté Mélenchon, par défaut, sans illusion sur le personnage, mais pour voter le plus utile « à gauche » parmi tous ces mauvais choix. Depuis le départ, ça ne pose aucun problème. Après la désignation de Hamon (différent mais pas moins « à gauche » que Mélenchon), il y avait le choix, sans parler des candidats gauchistes. Face à la candidature sabotée de Hamon, Mélenchon a gagné la 3ème primaire, celle des sondages qui en ont fait le vote le plus « utile ». Mais de fait, fort de ses 19%, Mélenchon sort très renforcé dans la recomposition à venir de la gauche.

La personnification de la politique, le dédain des partis, le populisme pratiqué par Mélenchon sont à l’opposé de nos conceptions. Son programme économique et social est tout sauf anticapitaliste. Les mots même « capitalisme » et « lutte des classes » sont absents de son programme. La FI (« France insoumise ») propose, sous les oracles de Keynes et Roosevelt, de revenir à une forme ancienne du capitalisme monopoliste d’Etat, national, avec injonction dirigiste de milliards d’euros dans l’économie capitaliste. Philippot est sur la même longueur. Le protectionnisme, c’est une politique capitaliste, à l’opposé de la réponse aux besoins dans le pays. Sur les revendications sociales et les mesures concrètes, Mélenchon est au plus bas (SMIC, retraites etc.) et va même jusqu’à promouvoir la fusion CSG/impôt sur le revenu, machine à détruire le financement de la Sécurité sociale. Sur l’UE, la position du Maastrichien est fourbe, laissant envisager que l’UE du capital serait réformable, renvoyant aux calendes grecques toute rupture (« plan B »). Sur la paix, Mélenchon condamne l’OTAN mais pas le surarmement français, comme il a applaudi Sarkozy pour la destruction de la Libye. J’en passe, notamment sur les envolées nationalistes et le changement de couleur, du rouge au bleu, depuis 2012.

Mais le plus dangereux chez Mélenchon, c’est la perspective de rupture politique qu’il met en avant. Avec la « 6ème république », il la place sur le terrain des institutions, de la superstructure, de l’amendement de la démocratie bourgeoise et non sur la lutte des classes. Il la place en terme de renversement de régime allant jusqu’à se revendiquer de De Gaulle et du 13 mai 1958. Cette perspective et son populisme nourrissent le terrain où pousse le plus facilement la mauvaise herbe d’extrême-droite. Et c’est très grave.

Mélenchon et sa « France insoumise » ne peuvent pas être le centre de gravité d’une gauche de résistance et de reconquête. Notre priorité doit être la reconstruction du PCF.

Le système peut se réjouir d’une quatrième victoire, dont il n’est pas directement responsable : la disparition totale du PCF et du point de vue communiste organisé. Ses causes ne remontent pas à la décision de ne pas présenter de candidat. Si la direction du PCF n’a pas présenté de candidats, c’est parce qu’elle a abandonné tant de positions communistes et adopté des positions réformistes qu’elle ne peut pas assumer dans une élection nationale, sous peine de dépasser, par le bas, le score de Marie-George Buffet en 2007. Souvenons-nous du congrès bâclé de 2016 et de la base de discussion vide de sens et illisible !

Depuis 6 mois, les choix et les revirements de la direction du Parti sont suicidaires. Même si c’était dans une logique tactique et électoraliste, elle commençait à se rendre compte que l’opération Front de Gauche et l’intronisation de Mélenchon qu’elle a favorisée se retournent contre le PCF. Des critiques évidentes à l’encontre de Mélenchon, qu’à quelques-uns nous propagions dès 2008 et 2011, commençaient à être reprises. Et puis fin novembre, revirement et alignement lancé par Pierre Laurent par voie de presse sur Mélenchon. Sur la base de prédictions avérées de bon résultat de Mélenchon, de prédictions démenties de victoire de Valls aux primaires ? D’autres, en « opposition », se prononçaient pour une candidature « provisoire » anticipant un ralliement possible au candidat PS… Après la désignation de Hamon et les flottements dans les sondages, la direction du PCF endosse une nouvelle raison d’être : entremetteur entre les courants Hamon et Mélenchon de la social-démocratie ! Avant, vu les sondages, un alignement complet sur Mélenchon malgré le mépris hautain affiché par ce dernier pour les communistes et leurs candidats. Beaucoup de communistes vivent cela comme une humiliation.

Comme beaucoup de camarades, de « tendances » pas nécessairement identiques, nous avons tenu le terrain localement pendant la campagne, préservé quelque chose. Mais cela ne durera pas indéfiniment, si cette direction continue à plier sous les sondages et l’idéologie dominante.

Je respecte pleinement les dirigeants du Parti qui ont défendu, face à l’alignement sur Mélenchon, un point de vue « identitaire », très différent du mien, se référant aux orientations du PCF et du PGE et les assume. Mais je ne crois pas que les positions, que je ne partage pas, proposant la réorientation de l’UE et de  la BCE, qui font passer le Maastrichien Mélenchon pour plus anti-UE que nous, proposant la modulation des cotisations patronales, proposant de tirer le revenu universel de Hamon avec une incompréhensible « sécurité emploi formation » défendent le Parti et sa raison d’être révolutionnaire.

Sans exagérer, l’heure et grave pour le pays et l’heure est grave pour le PCF, les deux allant, pour moi, ensemble.

Dans l’immédiat, pour le 2nd tour, en cohérence avec l’analyse ci-dessus, je pense que le Parti ne doit pas donner de consigne de vote. Cela ne veut pas dire appeler à ne pas voter Macron et condamner ceux qui pensent que c’est un moyen de faire barrage à l’extrême-droite. Le désaccord n’est pas sur le fond avec eux et l’on ne va pas se disputer. Mais ma réflexion m’amène à penser que l’extrême-droite et Macron sont objectivement complices et que le capital version Macron est plus près que jamais d’enfanter une forme de fascisme. Il est en tout cas inadmissible que Pierre Laurent ait court-circuité le débat du parti et du CN.

Pour les législatives, je formule un vœu pieux : que le PCF adopte le principe (souffrant peu d’exceptions) de présenter des candidatures de rassemblement dans toutes les circonscriptions, d’entamer ou de poursuivre l’action militante, de se dégager de toute négociation, de ne rien quémander, sous la pression des résultats de la présidentielles, pour des candidatures uniques de « gauche » préfigurant la recomposition politique à dominante réformiste. A ce moment : le Parti d’abord ! Aussi pour le rassemblement de ceux qui nous intéressent le plus : l’avant-garde de la classe ouvrière.

Pour le fond, à terme, je renvoie aux analyses de la motion alternative que j’ai signée pour le congrès : « Reconstruisons le Parti de classe. Priorité au rassemblement dans les luttes ».

Une date immédiate s’impose : le 1er mai ! Tout va être fait pour détourner les manifestations traditionnelles du mouvement ouvrier vers un appui, politique et même syndical, au prochain gérant loyal du capitalisme français. Il est plus important que jamais que nous nous investissions toutes nos forces pour en faire le début de la riposte à l’ultracapitalisme de Macron et à l’extrême-droite, recours du système.  

EDT pour vivelepcf, 26 avril 2017

 

Appel à signer : Présidentielles : Communistes, pourquoi nous ne donnons pas de consigne de vote pour le 2nd tour.

 

Braouézec soutiendrait Macron selon la presse : toujours la même logique !

Brève, vivelepcf, 18 janvier 2017

Le Journal du dimanche du 15 janvier cite les soutiens nouveaux à la candidature de Macron et cite Patrick Braouézec, ancien député-maire PCF de Saint-Denis, et toujours président de la communauté de « Plaine-Commune ». Selon le JDD, « il se tâte ».

Est-ce pire de soutenir Macron qu’un autre candidat issu de la social-démocratie ? Sur le fond, vu ce qui s’annonce « à gauche », peut-être pas. Mais au niveau du symbole, si ! Macron est un produit politique  vendu comme un dentifrice, suivant une opération publicitaire financée par la grande banque et les grands groupes de médias, pour incarner, sous une nouvelle image, une politique ouvertement tournée vers les intérêts du capital.

Ce ralliement à Macron est grave mais révélateur. Braouézec poursuit sa logique de toujours : l’opportunisme. Du PCF, il n’a récupéré qu’un héritage électif, issu d’un parti ouvrier qu’il aura été à l’avant-garde pour détruire, avec ses amis « refondateurs », « radicaux », avant la direction du Parti.

S’il se confirme, son ralliement à Macron pourrait au moins permettre de soulever les communistes qui restent pour dégager ce personnage de tous ses mandats et réclamer qu’il rembourse !

De quoi Fillon est-il le nom ? (de quoi Macron est-il le nom?)

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Fillon 2017 : le système a trouvé son champion de droite pour foncer sur l’autoroute ouverte par sa « gauche »

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Il fallait bien inventer quelque chose comme les « primaires » pour arriver à ce miracle : faire passer Fillon pour un homme de changement ! Fillon, l’artisan de la privatisation de France-Télécom en 1996, appliquée par Jospin. Fillon, l’auteur de la loi de 2003 avançant la casse de la retraite solidaire. Fillon, le premier ministre de Sarkozy de 2007 à 2012 !

Dans le jeu des « primaires », l’ex hyper-président Sarkozy a personnifié et endossé seul le bilan de 2007-2012. Juppé, jouant « au centre », présenté comme un moindre mal pour la « gauche », est passé pour l’homme d’une certaine continuité avec la politique du gouvernement actuel. Voilà comment Fillon, en proposant une poursuite encore plus brutale de la politique en faveur du capital et en soignant ses postures conservatrices sur les questions de société, peut personnifier une rupture suffisante pour prendre le relai de Hollande.

Comme dans les autres pays, la démocratie bourgeoise est à bout de souffle en France. Le discrédit des politiciens au pouvoir, le rejet de leur politique n’ont jamais atteint de tels niveaux, ce dont témoignent notamment l’abstention et non-inscription sur les listes électorales. Pour autant, dans les conditions de la France, il apparaît que le système peut et doit continuer à miser sur l’alternance droite/gauche pour faire gérer les intérêts du capital.

Il faut rappeler que gauche et droite en 2000 se sont accordées pour limiter à une fois tous les 5 ans, sur le scrutin le plus personnifié et le plus pauvre en termes de débat démocratique, l’échéance de renouvellement de l’équipe dirigeante.

Aujourd’hui, le système n’a pas besoin du recours, au pouvoir ou à ses portes, à des populistes de type Donald Trump ou Beppe Grillo. En France, seul le FN pourrait jouer ce rôle mais il reste trop marqué par sa filiation fasciste pour gagner une majorité. Dans la primaire de la droite, le seul candidat, Poisson, qui prônait une passerelle avec l’extrême-droite a obtenu 1,3%. Il semble, au contraire, que la désignation de Fillon traduise la mobilisation de la bourgeoisie ultraréactionnaire sur une autre voie, celle de la droite traditionnelle. Le Pen et Philippot semblent, quant à eux, cantonnés par le système à travailler au détournement, au moyen d’une démagogie couplant social et racisme, de l’électorat issu de la classe ouvrière.

Symétriquement, le système n’a ni besoin, ni intérêt à recourir à une grande coalition « social-démocratie/droite » comme en Allemagne ou, d’une autre façon, avec l’abstention des députés du PSOE, en Espagne. Vu l’histoire, encore récente, de notre pays, les hésitations dans les syndicats de tradition révolutionnaire, le risque serait trop grand de laisser un espace politique pour une « vraie » gauche.

L’insistance de l’idéologie dominante à promouvoir le nouveau produit politique « Macron » fait aussi réfléchir. La création d’un troisième pôle politique, au centre, très libéral, « ni droite, ni gauche », a-t-elle plus de chances de réussir que lors de toutes les tentatives passées avortées ? Macron, se plaçant hors du PS, tout en étant un instigateur des pires réformes du quinquennat finissant, pourrait servir à une réhabilitation d’un « PS de gauche ». Le sacrifice – le suicide politique – programmé de l’ambulance François Hollande suit la même logique.

La primaire du PS, fin janvier, a de fortes chances (de forts risques) de servir à remettre en selle une « gauche » réformiste, susceptible de canaliser l’opposition sociale et syndicale à la politique de Fillon. Dans notre idée, il est inacceptable que des dirigeants du PCF se préparent, pour quelques places, à cautionner cette perspective.

Toute l’activité des communistes doit être, pendant la campagne des présidentielles, à défaut d’être dans la campagne (vu les choix d’abandon de Pierre Laurent ou d’André Chassaigne), de préparer les luttes à venir contre le pouvoir Fillon et ses nouvelles attaques radicales contre nos acquis sociaux et démocratiques. Avec tout ce que continue à représenter notre parti, le PCF.

L’élimination de Juppé par la bourgeoisie tient aussi à son mauvais souvenir des grèves de novembre/décembre 1995 et de la mise en échec du « plan Juppé – droit dans ses bottes ».

Le mouvement contre la loi El-Khomri en 2016 a montré le niveau de colère – de classe – dans la population et la détermination de centaines de milliers de travailleurs à entrer dans la lutte. Nous devons faire ce constat en toute conscience des calculs politiciens à « gauche » et de la pédagogie de la résignation qui ont guidé Valls et le gouvernement actuel dans leur provocation antisociale.

Fillon s’apprête à s’engouffrer dans les nouvelles brèches béantes ouvertes par la gauche contre les travailleurs, y compris le dispositif répressif accru. Des luttes très dures s’annoncent. Elles ne se gagneront pas avec les politiciens et les illusions de « gauche » qui ont laissé faire les mauvais coups de Hollande-Ayrault-Valls.

Fillon, surenchérissant sur Juppé, a commencé à donner ses axes de batailles : autant de luttes à préparer.

Dans la suite d’El-Khomri, il veut la flexibilité totale du temps de travail. Pour mieux organiser la défense, ne nous trompons pas de repère et soyons lucides sur la nature originellement nocive des lois Aubry.

S’appuyant sur l’accord PPCR obtenu par Lebranchu grâce aux syndicats de collaboration, Fillon veut achever le statut de la fonction publique et liquider 500.000 fonctionnaires en 5 ans. Une bataille majeure s’annonce.

Après le CICE, le transfert d’un montant inédit, organisé par Macron et Hollande, d’argent socialisé provenant du travail vers le profit capitaliste (40 milliards d’euros par an), Fillon veut saigner encore le peuple avec 16 milliards de ponction par une augmentation de TVA, notamment pour financer la suppression de l’ISF !! La bataille avortée de 2013 contre les augmentations de TVA peut et doit être reprise.

Fillon prépare l’opinion à une réduction sans précédent des prestations de l’assurance maladie et de l’hôpital public. Ne seraient plus remboursées socialement que les pathologies les plus lourdes, les plus coûteuses à soigner. Le reste serait vidé de la Sécu pour remplir les complémentaires et les praticiens privés.  Une autre bataille majeure et rassembleuse à anticiper.

A cheval sur les deux quinquennats – sans mouiller la majorité à venir – le pouvoir tente de faire passer le passage à la retenue à la source pour mieux détruire l’impôt progressif et poursuivre la fiscalisation du financement la Sécurité sociale (fusion CSG et impôt sur le revenu, exonérant progressivement les entreprises). Bien que technique, cette contre-réforme d’une extrême gravité peut et doit donner lieu à une campagne de masse.

Enfin, sous ses postures de « rupture », Fillon fait passer, pour le camp de la bourgeoisie, l’objectif du renforcement de l’intégration dans l’UE, du développement de la suprématie politique de l’UE et de la BCE sur la zone euro : s’il y a bien un sujet sur lequel les communistes ont la responsabilité de mener la bataille, c’est celui-là.

De quoi Fillon doit-il être le nom ? D’une mobilisation renforcée dans les luttes !

EDT pour Vive le PCF,29 novembre 2017