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En quoi les dépenses militaires gênent les « frondeurs » du PS !!

Brève, vivelepcf, 14 août 2014

Le titre d’un article des Echos daté du 12 août 2014 a pu retenir l’attention des communistes : « Dépenses militaires et déficit : l’aile gauche du PS remonte au créneau ».

Depuis des mois, des clubs – « affligés », « frondeurs », « gauche avenir », « un monde d’avance », « l’appel des 100 » – se multiplient au PS et tentent de s’afficher critiques, à gauche, de Valls. Pierre Laurent leur tend la main avec une insistance qui désarçonne certains camarades. Tous ces soutiens de Hollande en 2012 ont voté la « contre-réforme ferroviaire »,  le collectif budgétaire etc. Une perspective à gauche avec eux et leurs calculs tactiques d’ici 2017 : peu de communistes y croient, nous n’en voyons pas l’intérêt, au contraire !

Mais voilà que certains contesteraient le niveau des dépenses militaires ? De quoi nous faire réviser notre avis ? Que nenni !

Le titre de l’article des Echos peut induire le lecteur en erreur. Sa lecture précise les choses.

M. Jean-Marc Germain, bras droit de Mme Martine Aubry, rapporteur à l’Assemblée du projet de loi de facilitation du licenciement (transposant l’ANI du MEDEF et de la CFDT), maintenant député « frondeur », signataire de « l’Appel des 100 », ne remet absolument pas en cause les dépenses militaires, ni la dissuasion nucléaire – 4 milliards d’euros par an – ni les ingérences militaires de l’impérialisme français à l’étranger au Mali, en Centrafrique ou ailleurs.

Non, ce qui dérange M. Germain, comme d’autres responsables du PS et de l’UMP, c’est que ces dépenses soient comptabilisées dans le calcul du déficit budgétaire, en particulier par la tutelle européenne – qu’il ne saurait contester bien sûr davantage.

Pour M. Germain, ces 2,5% du PIB de dépenses militaires, « sanctuarisées » par Hollande, (détournées vers les marchands de canons et la guerre !), devraient être décomptés parce que la France et la Grande-Bretagne, « seuls pays capables d’assurer les interventions extérieures européennes », effectuent, en somme, une tâche d’intérêt collectif pour tous les impérialismes européens. L’Allemagne de consacre que 1,4% de son PIB au budget militaire.

Sans ce surcoût de dépenses militaires, la France se retrouverait dans les normes de Maastricht et de l’UE, dans les clous des 3% du PIB de déficit public. Le tour serait joué !

Nous constatons, sans étonnement, le conformisme militariste du « frondeur » du PS. Il existait un autre « Appel des 100 », organisation pacifiste animée par Georges Séguy, qui a lutté notamment dans les années 80 contre le déploiement de missiles nucléaires Pershing américains en Europe de l’ouest. Surtout ne le confondons pas avec « l’Appel des 100 » apparatchiks du PS en quête d’un ravalement de façade à gauche !

Nous constatons ensuite le manque de rigueur économique de M. Germain. Même si on refuse de la compter par un artifice politique et comptable, la dépense militaire existe bel et bien toujours et pèse tout autant sur les comptes publics. Mais bien sûr, la proposition de M. Germain est purement virtuelle et politicienne.

Enfin, nous vérifions le rôle des frondeurs dans la majorité. Ils s’efforcent de faire passer le déficit budgétaire creusé par Hollande et Valls, à coups de milliards d’euros de cadeaux au patronat (41 milliards par an en plus avec le « Pacte de responsabilité ») pour le résultat de mesures visant la croissance ou la justice sociale. Certains « frondeurs » en appellent même à plus de déficits publics, soi-disant pour la relance.

Rappelons notre position : le déficit budgétaire, c’est comme le cholestérol, il y a le bon et le mauvais. Le mauvais, c’est celui qui sert le profit capitaliste par des baisses d’impôts ou de cotisations patronales ou des aides directes et qui fait profiter de la charge de la dette publique la finance privée. Le bon, c’est celui qui dirige l’épargne populaire vers le financement d’investissements dans la durée, répondant aux besoins du pays.

Rappelons aussi que nous sommes pour l’abaissement des dépenses militaires, l’abandon de la dissuasion nucléaire, le retour en France de tous les soldats français déployés à l’étranger.

Il n’est pas très sûr que M. Germain soit capable de jouer vraiment à « l’aile gauche » du PS. Le mot « gauche » n’a peut-être plus la même signification pour lui que pour les socialistes d’il y a 30 ans confrontés à un PCF plus fort.

Nous ne voyons pas ce que Pierre Laurent peut bien lui trouver pour l’imaginer en partenaire des communistes…

Suite de la sape du financement de la Sécu : le Conseil constitutionnel, la droite, les « frondeurs » veulent du sérieux et du durable !

Brève, vivelepcf, 8 août 2014

Les voies du Conseil constitutionnel sont loin d’être impénétrables.

Le gouvernement dispose avec le Conseil d’Etat d’un organisme hautement compétent qui examine tous les projets de loi et alertent, entre autres, sur les risques d’inconstitutionnalité de chaque disposition.

Des principes aussi vagues que « le principe d’égalité devant la Loi » laissent ensuite une latitude aux Conseil constitutionnel pour censurer ou non. Mais ces décisions sont toujours très politiques. Il n’y a qu’à voir qui le compose : Jean-Louis Debré, Jacques Barrot, Michel Charasse, Valéry Giscard d’Estaing pour citer les plus connus du grand public.

Plus que jamais, communistes, nous sommes pour la suppression du Conseil constitutionnel.

Le 6 août, celui-ci a censuré l’article 1 de la loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2014. En clair, il a supprimé la disposition ajoutée par Hollande au « Pacte de responsabilité » prévoyant d’exonérer totalement de cotisations sociales maladie et retraite les salariés à plein temps payés au SMIC et partiellement ceux payés jusqu’à 1,3 fois le SMIC.

Ce serait un non-sens de voir dans cette censure une remise en cause du Pacte de responsabilité dans son ensemble.

Le gouvernement perd seulement le maigre bénéfice politique – et encore on est en plein été – d’une mesure perverse dont affichage social n’a de toute façon pas fonctionné. Il pourra revoir sa copie à la rentrée. D’ailleurs, il ne se trouve guère que la CFDT pour pleurer.

La droite a la petite satisfaction dans l’immédiat de dénoncer « l’amateurisme » du pouvoir. Cela ne va pas loin.

Communistes, nous avons fermement dénoncé cette mesure. Augmenter les bas salaires nets en puisant dans le salaire socialisé, le financement de l’assurance maladie et l’assurance vieillesse, c’est mettre dans une poche ce que l’on a volé dans l’autre. C’est opposer les salariés entre eux. Ce n’est absolument pas augmenter le pouvoir d’achat. C’est surtout à nouveau saper les bases du financement de notre système solidaire de protection sociale.

C’est sur ce dernier point qu’il faut apprécier la décision du Conseil constitutionnel. Il l’a motivée par la « distinction entre cotisations sociales et impositions de toute nature » inscrite dans la Constitution et par le lien légalement nécessaire entre le droit à des prestations et le versement effectif de cotisations. Notons au passage que la conception du Conseil constitutionnel est très contestable : les cotisations sociales patronales encore versées (ou compensées) sont également liées au travail du salarié assuré et devraient suffire à l’ouverture des droits.

A droite, comme à gauche, sous l’influence du patronat, beaucoup jugent que la casse du financement de la sécurité sociale ne doit plus passer par une suite de mesures ponctuelles mais par des réformes structurelles globales.

A droite, depuis toujours, certains militent pour la remise en cause du monopole de la Sécurité sociale, une mise en concurrence avec des acteurs privés, tout en maintenant le caractère obligatoire des versements de base.

A « gauche », l’aile aubryiste du PS, avec les « frondeurs » tel le député Jean-Marc Germain, auparavant parrain à l’assemblée de la loi de facilitation des licenciements (ANI), s’engouffrent dans la fissure ouverte par le Conseil constitutionnel pour remettre en avant la proposition de fusion entre la CSG et l’impôt sur le revenu.

Cette mesure structurelle serait d’une extrême gravité et porterait la destruction de tout le système. Elle effacerait tout ce que la CSG représente encore de prélèvement direct sur la création de richesse par le travail, son lien au salaire. Elle finirait presque totalement de déresponsabiliser les entreprises du financement de la protection sociale. Elle conduirait à son étatisation et rapidement à la réduction à un minimum à l’américaine de ses prestations.

L’expérience le montre depuis 30 ans, en particulier pour casser la sécurité sociale, droite et gauche d’alternance savent se répartir les rôles, casse des prestations pour les premiers, casse du financement solidaire pour les seconds.

De nouvelles grandes batailles pour la défense de la Sécurité sociale sont à prévoir.

Aubry, « l’aile gauche » du PS ? Vous y croyez, vous ?

Après leur vote pour la « contre-réforme ferroviaire », le numéro des députés PS « aubryistes » fait un flop !

PCF Paris 15, 7 juillet 2014

Les commanditaires des "frondeurs"?

On allait voir ce qu’on allait voir. On allait entendre ce qu’on allait entendre.

Depuis les désaveux électoraux cinglants du PS aux municipales et aux européennes, certains courants et personnalités du PS s’efforcent d’incarner une critique de « gauche » de la politique menée par leur président et leur gouvernement.

Quelques-uns se sont dits « atterrés » ou « affligés ». Mais les chefs de file du mouvement se plaisent plutôt à être qualifiés de « frondeurs » par les médias : de quoi donner – espèrent-ils – une image de « rebelles » à ces cadres de la politique soucieux de passer des cabinets aux premiers postes.

Ils ont ourdi leur plan de bataille dans les couloirs et les antichambres de l’Assemblée et du Sénat. Ils ont aiguisé leurs armes dans les restaurants en compagnie de politologues avisés. Ils les ont testées dans des réunions de clubs politiques.

L’attaque héroïque était programmée dans la discussion à l’Assemblée à partir d’une série d’amendements techniques au projet de loi de finances rectificative pour 2014.

Ils espéraient voir chaque soir au JT la carte, avec de petits drapeaux, de leurs avancées parlementaires, gagnées, pied à pied, par quelque entremise judicieuse à la buvette de l’hémicycle. Des conjurés, de tout le pays, par dizaines, retenaient déjà leur souffle, se préparaient à dévoiler leur sympathie pour la rébellion dans un bulletin d’élu local.

Mais voilà, la lutte, la vraie, celle des cheminots a grippé l’opération médiatique calculée.

La détermination des cheminots à s’opposer à l’éclatement de la SNCF, à l’une des contre-réformes structurelles les plus lourdes de conséquences du pouvoir PS, a dépassé les attentes du pouvoir. La réalité du projet de loi a été démasquée. Le mouvement social a retrouvé un repère. La grève des cheminots s’est prolongée jusqu’au « vote solennel » à l’Assemblée, le 24 juin, lendemain du début de la « joute parlementaire » sur le budget rectificatif.

Quand la lutte des travailleurs s’intensifie contre la politique « ultra-libérale » pilotée par l’UE du capital, les députés PS sont obligés de faire front. « Indignés, affligés, frondeurs » : pas une voix de député n’a fait défaut contre les cheminots. Cela aurait été trop risqué pour le pouvoir de faire passer sa « réforme » avec des voix de droite et d’en trahir encore plus ouvertement la nature. Dans les circonscriptions desdits « frondeurs », les cheminots en lutte ont été frappés par la méconnaissance crasse de la « réforme » par les députés ou par leurs attitudes évasives et dilatoires : « Nous nous prononcerons en fonction des amendements adoptés » (ex : le député Christian Paul de la Nièvre).  On a vu !

Du coup, les numéros des quelques députés frondeurs sur le budget, en nocturne devant quelques collègues à l’Assemblée, ont fait un véritable four.

Une seule chose est restée – la plus significative - : leur vote final POUR le budget rectificatif, les mesures du « Pacte de responsabilité » conforme au vote à celui de leurs camarades PS « orthodoxes » ! Cette chute était évidemment programmée d’avance. Mais bien loin d’apparaître comme le résultat d’acquis dans la bataille d’amendements, ce vote faire ressortir crûment le caractère réel de la démarche des « frondeurs » : l’hypocrisie.

La suite de leur agitation politicienne sur le projet de loi de financement rectificatif de la sécurité sociale – où là Valls les autorisent à s’abstenir – ne changera plus rien l’image justement lamentable que donnent ces politiciens.

Le calcul du pouvoir PS avec ses « frondeurs », jouant comme toujours sur ses « courants » aux contours mouvants, est limpide depuis le départ.

Le PS poursuit loyalement, avec zèle, la politique au service du capital. Dans le système d’alternance, il lui revient notamment de démolir les services publics et le financement de la Sécurité sociale que la droite a historiquement bien plus de mal à imposer.

Le désaveu populaire est inévitable. Il atteint des sommets en période de crise.

La fonction première des « frondeurs » pour le compte du PS, mais surtout du système, est de canaliser « à gauche » une partie de cette colère, des désillusions. Il faut faire croire que le PS reste un parti de « gauche », même s’il mène une politique de droite…  Il faut faire croire que la perspective de rupture peut se jouer dans une recomposition parlementaire, voire dans des primaires de la gauche avant 2017, et non à partir des luttes sociales présentes.

Leur deuxième fonction est d’accompagner la politique actuelle du gouvernement en prétendant pouvoir l’amender dans le détail pour mieux en valider le fond. La levée du gel des plus petites pensions était déjà prévue par Valls : elle ne change rien au scandale de la perte de pouvoir d’achat générale des retraites et des allocations. Les « frondeurs » ne contestent pas le principe des milliards d’euros de cadeaux au profit capitaliste contenus dans le « pacte de responsabilité » mais seulement leur fléchage. Et plus pro-UE qu’eux, c’est difficile à trouver.

Leur troisième fonction est de préparer l’après-Valls, en 2017, ou possiblement avant. Avec sa politique encore plus violemment antisociale, Valls se prépare à rejoindre Hollande en termes d’impopularité. Son contrat de mission est de faire passer en force et vitesse certaines contre-réformes structurelles fondamentales comme la « réforme ferroviaire », le « pacte », tout ou partie de la « réforme territoriale ». La relève se prépare pour quand Valls sera grillé. Objectif : adopter une posture de gauche pour mieux entériner les mauvais coups passés de Valls et Ayrault mais aussi pour passer à l’étape suivante de la politique commanditée par le patronat.

Martine Aubry, ou Arnaud Montebourg, assistés de politiciens qui se replacent comme Cécile Duflot après son départ du gouvernement, pourraient être les personnalités à même d’incarner cette nouvelle phase.

Les « frondeurs » préparent le terrain.

Aucune illusion n’est permise. Dans leur « Appel des 100 », ces socialistes se réclament du président du Conseil italien social-libéral Mattéo Renzi.

En fait de soutien à la « consommation », Renzi met en œuvre une flexibilisation sans précédent du droit du travail, un nouveau programme de privatisation et une remise en cause complète de la fiscalité progressive.

Les lieutenants de Mme Aubry, responsable et coupable, au nom des « 35 heures », des pires mesures – jusqu’à présent – de flexibilisation du temps de travail et d’exonération de cotisations sociales patronales, portent une nouvelle et profonde contre-réforme : la fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu. Le Medef appelle de ses vœux les plus chers cette proposition de Hollande qui finirait de couper le lien entre la CSG et les salaires, qui exonérerait encore davantage les patrons du financement de la sécurité sociale. Les « frondeurs » proposent aussi le financement de 300.000 contrats « aidés ». Rien de nouveau là non plus : souvenons-nous des emplois jeunes d’Aubry. Il s’agit toujours de livrer une main d’œuvre encore meilleur marché au patronat et de tirer l’ensemble des salaires vers le bas.

Le petit jeu des Aubryistes ne prend pas pour l’instant, grâce à la montée des luttes. C’est doublement tant mieux !

Leurs tentatives de trouver des cautions de gauche, les tentations de recomposition politique à gauche, sont également mises en échec.

Les députés communistes notamment ont finalement voté contre la « réforme ferroviaire », du bon côté de la barricade, face aux « frondeurs ». La perspective promue par Pierre Laurent d’un « Front du peuple », suivant l’étonnante expression utilisée pour désigner l’assemblage de courants politiques du PS, d’EELV, du FdG…, est disqualifiée d’avance. Au meeting des clubs socialistes « un monde d’avance », à la tribune duquel avait pris place Pierre Laurent, le soir même de la réunion du Conseil national du PCF le 14 juin, la majorité des orateurs étaient contre les cheminots en lutte…

Une personnalité « montante » du PS, courant « frondeur », est Jean-Marc Germain, député, très proche collaborateur de Martine Aubry. Il aura autant de mal à se faire faire une figure de « gauche », lui qui, l’an dernier encore, était rapporteur parlementaire d’une loi de Hollande qualifiée « d’historique », arrangée entre le gouvernement et le Medef avec la complicité de la CFDT à laquelle Germain n’aura cessé de rendre hommage dans les débats parlementaires : la loi de « sécurisation de l’emploi », autrement la transposition de l’ANI, l’accord pour faciliter les licenciements…

Les cheminots ont ouvert la voie : la rupture politique ne pourra venir que des luttes et de leur convergence ! Et c’est la place de notre parti, le PCF, sa raison d’être, d’y contribuer, loin des combinaisons politiciennes, sans issue pour les travailleurs, suicidaires pour notre Parti.