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Vœux de Hollande : un ton énergique pour mieux endormir !

Vivelepcf, 1er janvier 2015

Dans ses vœux pour la nouvelle année, le Président Hollande s’est voulu énergique, volontariste. Il a dénoncé le dénigrement de la France pour lui substituer un peu de vaine gloriole (« cinquième puissance du monde », « deux prix Nobel cette année »). Contrairement aux années précédentes, il n’a pas pleuré sur la crise internationale qui conditionnerait les choix nationaux. Changement de ton mais non de politique !

Mais pourtant rien ne va ! Hollande n’a pas pu complètement ignorer les difficultés quotidiennes croissantes du plus grand nombre. A nouveau, il a insisté sur sa priorité de réduire le chômage, qui est au plus haut. C’est à se demander si le gouvernement n’entretient pas un haut niveau de chômage pour mieux prétexter sa politique de casse sociale. Poser la question, c’est y répondre. Pas un mot de Hollande sur les salaires, les retraites et la chute du pouvoir d’achat.

Hollande s’est évertué à présenter la « réforme territoriale » et le « Pacte de responsabilité » comme des faits accomplis, dont il se prévaut. Il ne serait plus temps de contester le plus gros transfert – 41 milliards d’euros par an – jamais organisé des salaires et du salaire socialisé vers le patronat et le profit capitaliste. Il indique un chemin de repli à la « gauche » et aux syndicats : « aux entreprises maintenant d’embaucher et d’investir », c’est-à-dire négociez des contreparties au Pacte bien sûr sans le remettre en cause.

On a senti Hollande impatient d’ailleurs que le nouveau cycle de « négociations » pour la « modernisation du dialogue social » aboutisse pour plus et mieux de collaboration de classe.

Toujours rétrospectivement, au titre des « avancées sociales », Hollande a mis en avant le « compte pénibilité », pourtant illisible et qui entretient la pénibilité au travail plus qu’il ne la combat ou la compense, et les « jeunes professeurs mieux formés », mais beaucoup moins payés : ils apprécieront.

Ceci dit pour 2015, Hollande n’a quasiment rien annoncé de précis qui concrétise la nouvelle année de sacrifice promise l’avant-veille dans la presse espagnole par Manuel Valls. Il s’est étendu sur la fumeuse perspective de la conférence climat  à Paris en décembre et a donné le nouveau débat sociétal de diversion de l’année : l’euthanasie.

Mais dans le domaine économique et social,  il n’a insisté que sur le projet de loi Macron « sur l’économie » qui doit être discuté dans les prochaines semaines. Il a osé le présenter comme un « coup de jeune pour la société ».

La loi Macron, très disparate, dont la seule cohérence est la satisfaction des lobbys patronaux, apparaît de plus en plus autant comme un coup politique que comme une somme de  mauvais coups économiques et sociaux. Communistes, il va de soi que nous en combattrons tous les aspects négatifs, dont l’extension du travail du dimanche, la remise en cause des prud’hommes, la privatisation des aéroports, l’extension des transports par car contre le chemin de fer etc.

Mais nous constatons aussi comment le débat public sur la Loi Macron commence à nourrir toute les confusions politiques dans l’opinion. Des corporations marquées à droite, soutenues par la droite (et l’extrême-droite), notaires ou huissiers, apparaissent en pointe. Cette partie du PS, « frondeurs » et Aubrystes, qui a laissé passer le Pacte de responsabilité et voté pour la casse de la SNCF, se refait une virginité en découvrant les vertus du repos dominical et retrouve Mélenchon et ses nouveaux amis « verts ».

Hollande sait ce qu’il fait. Plus que jamais, communistes, nous combattons toute la cohérence de la politique qu’il mène de la même façon que ses prédécesseurs. Nous ne confondrons pas le souci de rassemblement des travailleurs, de convergences avec la remise en selle d’une équipe social-démocrate de recours, avec les politiciens qui ont propagé des illusions avant 2012, qui se réfèrent encore au programme électoral de Hollande et qui adhèrent à la tromperie de l’Union européenne.

2015, pour le système, c’est déjà le dernier virage avant la ligne droite des élections présidentielles de 2017. L’omniprésence médiatique, même sur un mode mineur, du Président contribue à focaliser les esprits sur ce leurre institutionnel, comme la mise en scène des primaires à droite. Hollande a rappelé qu’il serait là « jusqu’au bout » levant toute hypothèse, improbable, d’élection anticipée. Dans ce cadre, à nouveau, il n’a pas manqué hier de raviver le rôle de repoussoir et de déversoir que le système assigne au FN et d’assimiler tout rejet de l’UE du capital au « populisme ».

Se voulant soucieux du chômage, Hollande a pourtant été muet sur la collaboration de son gouvernement à la casse industrielle du pays, dont après Arcelor-Florange, Alstom est peut-être le pire exemple, avec la scandaleuse opération Montebourg. Il a été muet sur les 8000 suppressions d’emplois à La Poste. Il s’est gardé de se vanter de la dissolution de la SNCF avec la « réforme ferroviaire » et de l’opposition déterminée qu’elle suscite. Qui ne dit mot entend continuer sur la même voie, même discrètement.

De même, on n’a rien entendu sur la Sécurité sociale pour 2015. Mais Hollande a présenté honteusement la fin de l’universalité des allocations familiales comme une mesure de justice sociale et s’est félicité de la suppression complète des cotisations sociales patronales pour les salaires au niveau du SMIC avec le « Pacte de responsabilité ». Cela donne une idée des politiques à venir.

La continuité marquera aussi en 2015 la politique étrangère de Hollande au service des impérialismes français, européens et américain. Hollande s’est lourdement réjoui dès le début de son intervention des « succès » de la diplomatie française en omettant cette année de rendre hommage aux soldats français morts. 2014 restera marqué par le soutien inconditionnel à la guerre et aux crimes israéliens à Gaza, au soutien à un coup d’Etat et à des fascistes en Ukraine, à des interventions sans fin en Afrique etc. Mais on continue…

Nous aussi, nous continuons ! La colère sociale gronde. Les luttes se multiplient. La résignation entretenue avec les désillusions d’après 2012 s’estompe. Tomber dans les pièges renvoyant à de nouvelles illusions en 2017, réformistes ou bien pire, fascistes, n’est pas une fatalité.

2015 peut et doit être l’année de grandes campagnes de lutte, précises et convergentes, pour la défense de la Sécurité sociale, des services publics, pour des nationalisations, contre l’alignement sur l’Union européenne, pour la paix, pour commencer à inverser la politique au service du capital. Sans oublier que le Président n’est qu’un rouage du système.

N’oublions pas de commémorer le 11 novembre 1940 !

Vivelepcf, 11 novembre 2014

Dans l’ensemble des commémorations du 11 novembre, particulièrement développées cette année, n’oublions pas de commémorer la manifestation patriotique et résistante des étudiants et lycéens parisiens le 11 novembre 1940.

Sur injonction des Allemands, le gouvernement collaborationniste avait annulé les cérémonies commémorant l’armistice de 1918 et interdit toute manifestation dans une France occupée depuis 5 mois. La jeunesse patriotique, la jeunesse antifasciste, ne l’accepte pas. L’idée monte dans les lycées, grandes écoles et universités parisiens de manifester le 11 novembre. L’arrestation du grand savant antifasciste Paul Langevin le 8 novembre renforce la détermination des jeunes.

L’Union nationale des étudiants et lycéens communistes, le réseau de résistance du Musée de l’Homme contribuent de façon importante, seuls comme forces organisées, à la mobilisation. Plusieurs centaines, peut-être 3000 étudiants et lycéens défilent vers l’Arc de Triomphe et défient les nazis et les collabos. Ils ont donné un premier signal, éclatant de courage, de résistance à tout le peuple français.

La répression sera dure mais l’occupant et ses valets sont politiquement mis en difficulté.  

Nous reproduisons ci-dessous l’analyse et les souvenirs de notre camarade Francis Cohen, publiés dans l’Humanité du 10 novembre 1990.

Une seule photographie de l’événement a été retrouvée à ce jour et remise au Musée de la Résistance (ci-contre). C’est celle du défilé des étudiants de l’Institut national agronomique, en tenue d’apparat, se dirigeant solennellement vers les Champs-Elysées. On y reconnaît notre camarade André Pipard (1920-2007), vice-président de la promotion 1939 et militant de la Jeunesse communiste depuis 1938.  


La manifestation du 11 novembre 1940 et son retentissement, par Francis Cohen

Pour bien comprendre la manifestation des lycéens et étudiants sur les Champs Elysées le 11 novembre 1940, il faut se reporter en pensée à la situation d’alors.

Cinq mois ne s’étaient pas écoulés depuis l’entrée des troupes allemandes à Paris. La stupeur, le désarroi, la confusion qui avaient frappé la grande majorité de la population commençaient à peine à se dissiper. L’occupation n’avait pas encore révélé ses méfaits.

Les actes de résistance avaient commencé. Des petits groupes se formaient, mais on ne peut pas parler alors de mouvement organisé sur une grande échelle. De Gaulle était encore peu connu, contesté. Les premiers résistants (qui ne se désignaient pas encore sous ce nom) étaient inspirés par deux courants de pensée principaux, qui allaient peu à peu se rencontrer. Le premier, d’inspiration souvent nationaliste, voulait simplement (ce qui était déjà beaucoup!) continuer la guerre et se nourrissait de sentiments patriotiques et anti-allemands. Le second, nettement plus nombreux, était antifasciste, démocrate et républicain. C’est à ce second courant que se rattache l’action des communistes.

Le climat a l’université

Les universitaires, enseignants, étudiants et lycéens des grandes classes constituaient un milieu limité, particulier. L’antihitlérisme, le soutien au Front Populaire et à l’Espagne Républicaine y avaient laissé des traces profondes, malgré le munichisme de certains. Dans les lycées des beaux quartiers, le nationalisme, voire le militarisme, étaient endémiques.

Les révocations d’enseignants communistes, «franc-maçons» (lisez républicains) et juifs commençaient. Les nazis cherchaient à gagner les intellectuels en multipliant les conférences et les écrits de ceux d’entre eux, rares à vrai dire, qui adhéraient à l’idéologie hitlérienne.

Notre action d’étudiants communistes se déroulait dans ce climat. Nous dénoncions les atteintes à la culture française et, comme les autres communistes le faisaient dans leurs secteurs, nous défendions les revendications immédiates des étudiants (organisation et études, situation matérielle) qui les mettaient en conflit avec les autorités. Nous étions peu nombreux, mais très actifs. Nous agissions par tracts, journaux, papillons, bouche à oreille.

De leur côté, les universitaires communistes, non moins actifs, préparaient, entre autres, la sortie du journal clandestin l’ «Université Libre», dans un esprit de défense de la culture et de l’indépendance de la France, en diffusant notamment un Appel du PCF aux intellectuels.

L’arrestation de Paul Langevin

Deux événements marquants allaient se produire à la fin octobre 1940. Le premier était d’ordre général: c’était l’entrevue de Montoire entre Pétain et Hitler, le 24. Les choses commencèrent à s’éclairer: le mot et la notion de collaboration étaient lancés.

Le second allait secouer le Quartier Latin: l’arrestation le 30 octobre, par des officiers allemands, du professeur Langevin. Aussitôt, des tracts appelèrent à la protestation et à la manifestation. Ils émanaient des étudiants communistes et d’un Comité de Défense des Professeurs et Etudiants de l’Université de Paris qui s’était constitué clandestinement et réunissait des universitaires de tendances très diverses. Un appel fut lancé à manifester au Collège de France le 8 novembre, au moment où Langevin aurait dû faire son cours. Le 8, à 16 heures, dans un quartier envahi par les forces policières françaises et sillonné par des automitrailleuses allemandes, un grand nombre d’universitaires et d’étudiants se retrouvèrent et se massèrent silencieusement devant le Collège de France. En même temps, plusieurs dizaines d’enseignants et chercheurs s’introduisaient dans l’amphithéâtre où Langevin aurait dû être et écoutaient une brève allocution de Frédéric Joliot-Curie. La manifestation se conclut par un cortège d’une trentaine d’étudiants communistes qui parcourut le Quartier en criant «Libérez Langevin» et en chantant «La Marseillaise».

Du 8 au 11 novembre

La radio de Londres avait donné le conseil d’aller aux monuments aux morts le jour du 11 novembre. Le PCF avait lancé un mot d’ordre analogue. Sur cette base, était apparue l’idée d’aller silencieusement fleurir la tombe de l’Inconnu. Cette idée rencontrait le désir de manifester son patriotisme. Elle circula, fut reprise par des petits groupes plus ou moins structurés dans les facultés et les lycées, et atteignit de nombreux individus isolés.

Quant à nous, au début, nous n’étions pas partisans d’une manifestation à l’Etoile, craignant les provocations et les réactions des jeunes devant la répression violente que nous prévoyions. Nous préférions donner la consigne de manifestation devant les monuments au morts des établissements d’enseignement, où il nous semblait plus facile et plus sûr de rassembler les élèves et étudiants.

C’est au soir du 8 novembre, devant le succès de la manifestation pour Langevin, et aussi à cause des échos qui nous parvenaient sur l’accueil à l’idée de la marche à l’Etoile, que nous avons révisé notre position et nous nous sommes ralliés à cette idée. Nous avons consulté la direction du Parti, qui nous a donné son accord. François Lescure, qui était à la fois le représentant légal de l’Union Nationale des Etudiants à Paris et membre (avec Suzanne Djian et moi-même) du «triangle» de direction de l’Union des Etudiants et Lycéens Communistes illégale, a aussitôt fait adopter ce point de vue par le petit groupe des militants qui travaillaient autour de l’U.N.E. et des oeuvres sociales universitaires. Des tracts et des papillons ont été multipliés dans ce sens, le bouche à oreille mis en action.

La manifestation et son retentissement

Le résultat convergent de tous ces efforts organisés et des participations spontanées, individuelles et collectives, dépassa les attentes des antihitlériens et les craintes des nazis. Des milliers d’étudiants et surtout de lycéens se retrouvèrent l’après-midi du 11 novembre sur les Champs Elysées.

Certes, les quelque soixante jeunes filles et jeunes gens qui étaient alors explicitement membres de l’organisation communiste étudiante clandestine ne pouvaient pas former la masse des défilés. Mais ils constituaient la seule force organisée, agissant dans le cadre d’une force politique d’échelle nationale.

La police française était massivement présente. Il y eut intervention des forces allemandes, dont les véhicules blindés dispersèrent la foule. Il y eut des coups de feu, des blessés, des arrestations (environ 150 d’après diverses sources).

Le mythe de la correction allemande, le caractère idyllique de la toute neuve «collaboration» volaient en éclat.

En même temps, diverses composantes de ce qui allait devenir la Résistance Nationale s’étaient retrouvées, ou du moins avaient découvert qu’elles avaient quelque chose de fondamental en commun.

Pour une part, l’effet d’intimidation a pu jouer sur certains qui n’étaient pas préparés à se trouver en face d’une répression sanglante. Les conseils d’attentisme ont pu en être confortés. Mais c’est fort loin d’avoir été le résultat essentiel. Au contraire, c’est la détermination des patriotes et des antifascistes qui s’est trouvée renforcée. L’opinion publique a eu la révélation à la fois de l’existence de gens et de groupements prêts à manifester et du véritable visage de la «collaboration» naissante. C’est à juste titre que cette date est restée dans l’histoire comme un jalon capital dans le développement du mouvement de la Résistance.

(*) Une étude plus détaillée de ces événements, dont des éléments ont été repris ci-dessus, a paru sous la signature de Francis Cohen dans le numéro de janvier 1988 du Bulletin du Musée de la Résistance Nationale, «Notre musée» (88, rue Max Dormoy-94000 Champigny. Tél. 46.72.40.99.)

Francis Cohen

Hollande sur TF1 : très mauvais programme mais objectifs d’audience et d’intox atteints !

EDT pour Pcf Paris 15, 7 novembre 2014

Presque 30% à l’audimat, 7,9 millions de téléspectateurs, pour une émission politique : TF1 a réussi son coup. On sait que sur TF1, ce n’est pas la qualité du programme qui compte mais l’audience et la satisfaction des producteurs.

Les coproducteurs, Elysée, Medef et UE ont toutes les raisons d’être contents d’eux. Leur objectif est de continuer à anesthésier la colère et le rejet populaire de la politiquement violemment antisociale poursuivie depuis 2012. L’interview télévisée d’hier s’est parfaitement inscrite dans cette stratégie politique.

François Hollande n’a annoncé aucun infléchissement de sa politique. Au contraire, il a, à nouveau, mis en avant  le « pacte de responsabilité » comme remède universel, la réduction des « déficits », mais en même temps les cadeaux au profit des entreprises qui les creusent, comme ses axes directeurs. De nouvelles coupes dans le financement de la Sécurité sociale, avec encore des baisses de cotisations patronales, l’extension du travail du dimanche, du travail sponsorisé par la collectivité au service du patronat (contrats « d’avenir », service « civique » : les quelques nouveautés se situent dans la continuité. A Manuel Valls le soin de mettre en œuvre le pire et le non-dit.

Mais ces graves orientations de fond ont été bien diluées dans l’émission. Hollande n’a guère eu besoin  de se justifier, sur rien, avec des interlocuteurs si complaisants.

Comme dans la plupart des programmes de prime-time de TF1, la qualité des dialogues étaient affligeantes. Le personnage principal est apparu comme un looser. Mais en cela, l’acteur Hollande ne cesse de progresser dans son rôle de punching ball. Il absorbe parfaitement les coups et désole les Français en colère. Il ne laisse aucune illusion sur son départ de l’Elysée en 2017, les laissant patienter dans la résignation jusqu’aux prochaines élections générales.

Le premier journaliste à interviewer le Président, à l’heure de la plus grande audience, a placé le niveau politique au plus bas : pratique du scooter, vie privée et psychologie de comptoir. Hollande s’est plié à ce jeu humiliant sans faire de problème.

Il a adopté la même posture de faiblesse devant les attaques des quatre personnes « normales », soigneusement choisies dans la « société civile » par TF1. Il ne les a pas contredites. Ils se sont trouvés en accord sur le principal, sur leur « bonne volonté » commune. Avec la première, Hollande a pu placer sa seule intention un peu sociale : un aménagement du chômage des 60/62 ans avant la retraite. Avec les trois suivantes, imprégnées des valeurs patronales mais jouant – mal – leur rôle, mal répété, de gens normaux, il a partagé tous les poncifs de l’idéologie dominante du patronat. Et le coût du travail qui est trop élevé pour l’emploi et l’initiative individuelle, et les pays étrangers où ça se passe bien mieux qu’en France !

Si Hollande est apparu peu à son avantage, la mise en scène de cet échange avec le « peuple » a surtout visé à illustrer un consensus sur les présupposés politiques et économiques du patronat.

Pour une émission similaire, il y a quelques années, à l’occasion du mi-mandat de Sarkozy, les journalistes avaient fait autrement et invité des éléments revendicatifs, syndiqués (certes gauchistes). A l’époque, il s’agissait de canaliser la colère vers la « gauche » d’alternance avant 2012. Là, au mi-mandat de Hollande, il s’agit pour les tenants de l’idéologie dominante de décourager la révolte ou de dévoyer la colère vers la droite d’ici 2017.

Dans l’émission d’hier, le journaliste de droite Yves Calvi a été le plus agressif, promouvant les mesures que les Sarkozy, Juppé et Fillon promettent pour enfoncer encore plus les travailleurs après 2017 sur la base du sombre bilan que laissera la « gauche » d’alternance. Il n’y a que face à lui que Hollande s’est montré énergique et a pris quelques accents de gauche (sans guillemets). « La dépense publique, c’est aussi l’école et la santé » : dans cette émission, ce simple rappel fait passer l’intervenant pour de « gauche » !

La droite comme perspective de changement institutionnel en 2017, mais aussi l’extrême-droite. Hollande joue le jeu du repoussoir politicien du FN plus que jamais. Il s’est évertué, une nouvelle fois, toujours sous son ton lénifiant, à assimiler le rejet de l’Union européenne – cette évidence pour une majorité des classes travailleuses – à une position du FN.

Aucun calcul politicien, et des plus sombres, n’aura été épargné aux téléspectateurs. Hollande a pris soin de réduire Valls dans les mots à un exécutant de sa politique à lui pour lui préserver une position pour 2017. Il a été peu disert sur les « frondeurs » du PS: c’est la cartouche suivante. Pour l’instant, c’est bien, pour Hollande, que la « gauche de la gauche » se concentre sur la question – hors classe – du barrage de Sivens après le drame de la mort du jeune manifestant.

La politique version TF1, version Hollande, c’est bien la politique atone, débarrassée de cette horreur qu’est la lutte des classes ! La lutte des classes pourrait pourtant soutenir les audiences mais moins les dividendes des actionnaires de la chaîne.

Mais c’est à nous de l’animer !

Rentrée : Hollande se sent en état de charger encore la barque des contre-réformes. Pourquoi ?

Brève, vivelepcf, 20 août 2014

Dans sa longue interview au journal Le Monde daté du 20 août, François Hollande enfonce le clou.

Les derniers chiffres de l’économie nationale sont encore plus mauvais en termes de croissance, de production industrielle ou d’emploi. Qu’importe ! C’est la faute aux tensions dans d’autres régions du monde. C’est parce que sa politique n’a pas encore porté ses fruits. L’exercice de langue de bois est usé à la corde. Qu’importe encore ! Il n’est pas difficile de comprendre que les vrais objectifs de la politique du gouvernement sont ailleurs : la casse des acquis sociaux et démocratiques, la pression sur les salaires, le soutien au profit capitaliste.

Hollande défend donc sans réserves son « pacte de responsabilité », les 41 milliards d’euros de cadeaux par an au patronat, les 50 milliards de coupe dans les budgets publics et sociaux.

Hollande n’a aucun état d’âme sur sa réforme territoriale : la constitution des euro-régions est engagée, la disparition des départements aussi d’ici 5 ans, le temps d’une réflexion sur « l’avenir des départements ruraux ».

Hollande l’affirme : il « soutient le nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et ses projets » et lui fournit un brillant second avec Moscovici.

Il en va de même sur tous les sujets mais Hollande charge encore la barque. (Lire la suite…)