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CN du PCF – janvier 2016 – Intervention de D. NEGRI

Conseil national du PCF des 16 et 17 janvier 2016, intervention de Dominique NEGRI, fédération de l’Isère

Je retiens que le rapport de Pierre Laurent et la plupart des interventions font le constat – il est temps ! – de l’échec du « Front de gauche ». Pierre invite à faire un « bilan sans complaisance » des stratégies à l’œuvre depuis plusieurs années et sans les réduire aux seuls résultats électoraux. Allons-y ! Et sérieusement ! Et en remontant aussi loin qu’il faut.

Souvenons-nous, sans aller plus loin, de 2007 quand la stratégie d’effacement du Parti dans les « collectifs antilibéraux » a abouti au terrible résultat électoral que l’on sait. La réaction immédiate des dirigeants du Parti a consisté à vouloir aller plus avant dans la même stratégie suicidaire, avant de constituer le Front de gauche. Après le naufrage du Front de gauche qu’achèvent de confirmer les élections régionales, je crains qu’on ne tire les mêmes conclusions erronées qu’en 2007 : continuer dans le mur.

J’ai retrouvé les déclarations au journal « Le Monde » du 14 septembre 2007 de notre camarade Olivier Dartigolles, à l’époque déjà porte-parole du PCF :

« On ne peut plus se la raconter. Après la claque électorale qu’on s’est prise, si on fait comme avant, on meurt », dit-il. Désormais, il est persuadé qu’il faut « une nouvelle organisation politique » dans laquelle existerait « une sensibilité communiste organisée ». Pas un « parti ripoliné », mais bien une autre organisation avec d’autres sensibilités, antilibéraux, socialistes de gauche, syndicalistes, altermondialistes ».

Aujourd’hui, après les régionales, Olivier Dartigolles, toujours porte-parole national, déclare au Figaro du 14 janvier 2016: « L’une des questions majeures qui seront abordée portera sur la nature et le rythme du changement des transformations au PCF ». « Il faudra répondre à la crise de confiance qui touche les partis, à leur déconnexion avec la société, sans jeter tout notre patrimoine. Il faudra tout explorer, sans tabou » explique-t-il. Même la délicate question d’un changement de nom du parti pourrait être abordée. »

Honnêtement, camarades, vous voyez une différence ? Collectifs antilibéraux, Front de gauche avec le PG, demain « fabriques citoyennes » avec les partenaires des « primaires » : on tourne en rond, en termes de stratégie politicienne! Avec un seul résultat obtenu à chaque fois: l’effacement du PCF, du parti de lutte et de ses positions révolutionnaires.

Aujourd’hui encore, le rapport pose la question complètement de travers. Au lieu de discuter pour savoir comment sauver « la Gauche » avec les élections de 2017 comme finalité (en créant de nouvelles illusions électorales), posons la question : comment le PCF redevient le parti dont les travailleurs ont besoin dans la lutte des classes très agressive que, globalement, ils subissent. Avec éventuellement, le moment venu, les élections uniquement pour la relayer (sans illusions).

Il est lamentable que toute cette réunion du Conseil national ait été tournée vers l’éventualité de « primaires à gauche ». Mon avis ? Pour moi, c’est non à cette farce, à cette mascarade politicienne destinée à accentuer le brouillage politique (que ce soit à « la gauche de la gauche » avec le souvenir de la piteuse expérience des « collectifs antilibéraux » ou que ce soit « avec toute la gauche »). Et je ne veux surtout pas que l’on embarque – comme dans les épisodes précédents – les communistes, malgré eux, sur cette voie, sur la voie d’une nouvelle recomposition politique qu’ils ne pourraient que valider et subir après coup.

Quelques mots sur le principal dans le peu de temps qui m’est imparti :

-          La tromperie du mot d’ordre de « l’Europe sociale », de la réorientation de l’UE et de l’euro, ces outils d’exploitation économique et de mise en concurrence des peuples de l’UE, est de plus en plus dénoncée, exemple grec à l’appui. Enfin, j’ai entendu quelques autres voix s’élever ici. Poser la question de la rupture à tout niveau avec l’UE du capital est essentiel dans la préparation du congrès.

-          De nombreuses luttes sectorielles se développent. J’en cite une qui me concerne directement en tant qu’employée et militante syndicale aux finances publiques : la grève du 26 janvier pour les salaires et l’emploi (32.000 suppressions de poste depuis 2002 aux finances !). La casse du statut de la fonction publique est à l’œuvre sous ce gouvernement de « gauche ». Le protocole PPCR (Parcours professionnels, carrières et rémunérations) en est un instrument étendant notamment la mobilité forcée, les rémunérations à la tête du client. L’absence de position nationale offensive du parti a facilité un certain flottement syndical sur cette question (la direction de la FSU approuvant le PPCR !). Agissons !

Enfin je vous annonce qu’il y a déjà plus de 150 inscrits aux vœux de la section de Saint-Martin-d’Hères le 31 janvier que précédera un meeting sur la coordination des luttes sociales dans l’Isère. Face au fatalisme ambiant : Résistance !

Les premiers CN du PCF suite au 36ème congrès. Unité de façade, suppression de la publication des débats dans l’Huma

Vivelepcf, 1er avril 2013

Comme elle l’a manifesté au dernier congrès, la direction nationale du PCF, reconduite, est soucieuse de montrer une image d’unité, sinon d’unanimisme. Mais pour cela, elle s’efforce de court-circuiter les échanges contradictoires, ou même seulement ouverts, dans le Parti, à la base dans les sections, dans l’Huma. Stratégie et structuration du Front de gauche, accords électoraux avec le PS, réaction à l’OPA et aux provocations de Mélenchon, riposte à l’UE, positions de rupture dans les luttes : moins les communistes en discuteront, plus la direction pourra se prévaloir de l’unité du Parti. (Lire la suite…)

Redonner son nom à notre perspective révolutionnaire : le socialisme

36ème congrès du PCF – Texte alternatif – « Un parti résolument communiste dans l’affrontement de classe. Ni abandon, ni effacement!

PARTIE VI

L’actualité insolente du socialisme

Face à l’offensive massive du capitalisme, la notion de socialisme revient en force un peu partout. Le socialisme est de nouveau synonyme d’alternative au système.

Très longtemps, le PCF a porté cette alternative, seul d’une façon théorique cohérente, s’appuyant sur le marxisme-léninisme, sur les expériences nées de la Révolution d’octobre et sur l’histoire du mouvement ouvrier français. Après la victoire de la contre-révolution à l’est, sa direction a décidé d’effacer la perspective socialiste et, avec elle, la perspective même de rupture révolutionnaire, toute notion d’étape vers le changement de société.

Le socialisme a été abandonné en 1996, avec la « Mutation ». C’est l’époque où Robert Hue, de la même façon que ses successeurs, reprend à son compte toute la propagande antisoviétique de l’idéologie dominante.

Avec le Front de gauche, la direction a dépassé la « visée communiste » pour la remplacer par « l’humain d’abord », qui selon son programme « n’exprime pas seulement une préférence morale mais dit aussi sa stratégie contre la crise » et « vise l’intérêt général… face à la domination des marchés financiers ». Effectivement, cela n’a plus rien à voir, même de loin,  avec le socialisme et le marxisme.

Pour notre parti, le PCF, le mot « socialisme » a une signification historique trop forte pour être déformée à l’envie, encore aujourd’hui.

En 1968, le Manifeste de Champigny reprenait ainsi notre conception du socialisme : « Le socialisme, c’est tout à la fois la propriété collective des grands moyens de production et d’échange, l’exercice du pouvoir politique par la classe ouvrière et ses alliés, la satisfaction progressive des besoins matériels et intellectuels sans cesse croissants des membres de la société, la création des conditions propres à l’épanouissement de chaque personnalité ».

Nous jugeons nécessaire d’examiner à nouveau la perspective révolutionnaire aujourd’hui, comme l’histoire des expériences socialistes du 20ème siècle, suivant cette définition, sans éluder aucun des questionnements des dernières décennies sur le socialisme.

Certains révisionnistes ont porté l’idée qu’il y aurait eu un socialisme non-démocratique et qu’il faudrait imaginer un « socialisme démocratique ». Mais pouvons-nous concevoir un socialisme qui ne soit pas démocratique à moins d’être imparfait ou usurpé ? Pouvons-nous imaginer une démocratie réelle sans socialisme, c’est-à-dire sans contrôle collectif des moyens de production ?

D’autres tentent une expression astucieuse, « Le socialisme du 21ème siècle », pour s’épargner l’étude du 20ème. C’est impossible. Parlons plutôt de socialisme au 21ème siècle !

La jeunesse communiste est venue apporter une bouffée d’air frais à la réflexion des communistes en rétablissant l’objectif du socialisme dans sa résolution de congrès en 2010. Des jeunes viennent ainsi de plus en plus nombreux vers le PCF et la JC en recherche de perspective révolutionnaire.

La question du socialisme se pose concrètement dans nos luttes quotidiennes, dans notre conception de la propriété des moyens de production, des nationalisations en régime capitaliste, selon l’état des rapports de classe, dans notre recherche d’étapes et de ruptures immédiates avec la politique du capital.

En Amérique latine, avec le soutien et en coopération avec Cuba socialiste, des peuples ont pris le chemin de révolutions progressistes qui se réclament du socialisme, dans un continent longtemps dominé et pillé par l’impérialisme américain. Avec nos camarades vénézuéliens du PCV, nous nous réjouissons de la nouvelle victoire d’Hugo Chavez, qui est à la fois une grande victoire populaire et une « défaite stratégique de l’impérialisme ». Nous devons affirmer bien plus nettement notre soutien (ce qui n’exclut pas les critiques constructives)  et notre solidarité sans faille avec ces processus révolutionnaires en Bolivie, en Equateur, au Vénézuela …  d’autant que ces peuples demeurent confrontés à des forces capitalistes puissantes, soutenues par Washington.

En Europe, face à l’offensive violente du capital contre les droits des travailleurs, le Parti Communiste Français doit faire face, assumer son héritage révolutionnaire, à l’image des partis communistes de Grèce ou du Portugal, et s’engager à nouveau résolument dans la construction du socialisme.

36ème congrès du PCF – Texte alternatif – Résumé

Un parti résolument communiste dans laffrontement de classe. Ni abandon, ni effacement!

Résumé pour le supplément « Communistes » de l’Huma. Le format et le nombre de premiers signataires ont été décidés unilatéralement par la direction du PCF.

Premiers signataires :

Jean Baus (54), ouvrier sidérurgiste, secrétaire de la section de Jarny, fédération de Meurthe-et-Moselle

Frédéric Bernabé (70), chauffagiste, section de Vesoul, secrétaire de la fédération de la Haute-Saône, Conseil national

Corinne Bécourt (02), travailleuse sociale, section de Saint-Quentin, CD de la fédération de l’Aisne, Conseil national

Jean Clavel (92), ouvrier métallurgiste, section de Malakoff, fédération des Hauts-de-Seine, soldat du refus en Algérie

Joël Copin (62), consultant, section de Rouvroy, fédération du Pas-de-Calais, responsable pour Rouvroy d’une association nationale d’entraide et d’action sociale

Emmanuel Dang Tran (75), secrétaire de la section de Paris 15, CD de la fédération de Paris, Conseil national, responsable de la revue « Cahiers communistes »

Fabienne Debeauvais (80), employée de l’automobile, section d’Amiens, fédération de la Somme, Conseil national

Claude Fainzang (75), enseignante, section de Paris 19, CD de la fédération de Paris, conseil national, responsable nationale d’une association de défense du droit au logement

Armelle Hervé (78), documentaliste, secrétaire de la section de Mantes-la-Jolie, CD de la fédération des Yvelines

Eric Jalade (81), enseignant,  section de Castres, secrétaire de la fédération du Tarn, Conseil national

Jean-François Larosière (59), enseignant, section de Douai, CD de la fédération du Nord, responsable régional d’une association de solidarité avec le peuple palestinien

Fabien Marion (13), enseignant, section d’Aix-en-Provence, fédération des Bouches-du-Rhône

Dominique Negri (38), fonctionnaire, secrétaire de la section de Saint-Martin-d’Hères, CD de la fédération de l’Isère, Conseil national

Michel Perrin (87), cheminot, section  Limoges-Cheminots, fédération de la Haute-Vienne, ancien secrétaire de la fédération

Christian Tabaglio (54), ouvrier chaudronnier, section de Jarny, fédération de la Meurthe-et-Moselle, Conseil national

Noël Zicchina (2A), agent EDF-GDF, section d’Ajaccio, CD de la fédération de Corse-du-Sud

 

RESUME DU TEXTE ALTERNATIF

Il est gravement illusoire de laisser croire que l’on pourrait humaniser la société sans rompre avec le capitalisme et l’exploitation de l’homme par l’homme. Le verbiage sociétal du texte «Rallumons les étoiles» esquive les vraies questions, le bilan depuis le congrès de 2008. Il se situe hors des conditions réelles de la lutte de classe en France dans la nouvelle phase de la crise globale du capitalisme (non du libéralisme ou de sa financiarisation).

Malgré un haut niveau de contestation populaire et de luttes (retraites, poste, industrie…), patronat et capital sont en état de programmer la super-austérité avec le nouveau gouvernement. L’idéologie dominante parvient à dévoyer la colère vers l’extrême-droite.

Le bilan du Front de gauche, stratégie imposée par la direction, est négatif; les espoirs placés par certains, par défaut, sont retombés. Le FdG a entravé les positions communistes de rupture qui auraient pu féconder les luttes. Il a rabattu sur les élections de 2012, cultivé des illusions sur l’alternance comme celle d’une renégociation possible du TSCG.

Alliance sans intérêt, il a mis le PCF sous la tutelle de socio-démocrates qui cachent mal sous les vociférations gauchistes leurs positions réformistes. Le vote communiste est dévalué. La moitié des élus régionaux et des députés PCF sont perdus. Une nouvelle organisation, occulte, supplante le Parti, composant une social-démocratie de secours, suivant le modèle du PGE. C’est bien un « mini congrès de Tours à l’envers » dans la suite du processus entamé avec la Mutation, Martigues, les collectifs antilibéraux.

Rompre avec cet effacement est une nécessité. Le PCF doit redevenir un parti communiste, un parti de classe. Internationaliste, il doit sortir du PGE, renouer avec des partis comme les PC grec et cubain.

Lançons de grandes campagnes nationales. Pour le financement solidaire de la Sécu, pour la sortie de l’OTAN, le retour des soldats expédiés hors de France. Loin des illusions réformistes sur «l’Europe sociale», reprenons nos positions historiques contre l’UE du capital et son arme: l’euro. Mesurant les attentes des luttes, nous proposons un appel au peuple de France pour un vaste programme de nationalisations démocratiques des secteurs clés de l’économie et de reconquête des grands services publics.

N’ayons pas peur de redonner son nom et son contenu à notre projet de société, à la rupture révolutionnaire qui est la raison d’être de notre parti, sur la base de sa théorie marxiste et léniniste, instruits des expériences du 20ème : Le socialisme au 21ème siècle!