Les premiers CN du PCF suite au 36ème congrès. Unité de façade, suppression de la publication des débats dans l’Huma
Vivelepcf, 1er avril 2013
Comme elle l’a manifesté au dernier congrès, la direction nationale du PCF, reconduite, est soucieuse de montrer une image d’unité, sinon d’unanimisme. Mais pour cela, elle s’efforce de court-circuiter les échanges contradictoires, ou même seulement ouverts, dans le Parti, à la base dans les sections, dans l’Huma. Stratégie et structuration du Front de gauche, accords électoraux avec le PS, réaction à l’OPA et aux provocations de Mélenchon, riposte à l’UE, positions de rupture dans les luttes : moins les communistes en discuteront, plus la direction pourra se prévaloir de l’unité du Parti.
Dans cet objectif peu louable, la direction ne se montre guère regardante sur les artifices. Nous avons déjà écrit sur les conditions caricaturales de préparation du congrès : à peine quelques jours pour prendre connaissance des textes soumis au vote. L’inanité du texte « Rallumons les étoiles », déjà remisé dans les greniers des sections, s’est vérifiée dans la faiblesse des débats au congrès national. Tout le monde les a déjà oubliés. Les textes structurants du Front de gauche ont été négociés avec les partenaires, en parallèle du congrès des communistes. Nous l’avons dénoncé. Etrangement, ils ne sont venus en discussion qu’à la réunion du Conseil national du 14 février, après le congrès.
Le mieux est parfois l’ennemi du bien. En fin de congrès, la présidence annonce glorieusement à la tribune, ce que les journalistes ont évidemment repris (comment le leur reprocher ?) que Pierre Laurent est élu avec 100% des voix. C’est mieux que Gorbatchev, même mieux que Brejnev, aussi bien que Staline… En réalité, le bulletin de vote ne comprenait pas de case CONTRE ou ABSTENTION. Tous les bulletins rayés, 16% quand même, ont été comptés comme nuls…
La mise en scène de l’unité a impliqué les initiateurs des textes « alternatifs » de complaisance, Karman, Gerin et cie, déjà ralliés au Front de gauche, qui ont félicité lourdement la direction du Parti lors du congrès pour ses évolutions récentes. Voilà qui confirme le crédit à accorder à ces soi-disant « opposants ».
Seule note heureusement discordante : le texte alternatif « Un Parti résolument communiste dans l’affrontement de classe. Ni abandon, ni effacement ». Il a permis, entre autres, parce qu’il a été porté, dans l’adversité, par des dizaines d’organisations du Parti, que la composition du nouveau CN ne soit pas totalement homogène sur le plan des options stratégiques.
Au congrès final, malgré des délégations très filtrées, des prises de paroles savamment ordonnées, ses initiateurs ont pu faire passer largement un message simple, à défaut de pouvoir forcer le débat sur toutes les questions cruciales.
Ce 36ème congrès restera celui de l’abandon de la faucille et du marteau, de son remplacement, sur les cartes du Parti, par l’étoile du Parti de la gauche européenne et la formule œcuménique « l’Humain d’abord » du Front de gauche. Les longues justifications de Pierre Laurent ont aidé les communistes, les internautes, les journalistes à comprendre la signification lourde de cette nouvelle étape du processus de mutation-liquidation du PCF et d’abandon de ses positions révolutionnaires. A la faucille et au marteau, préférons, a-t-il déclaré en conclusion, après avoir placé l’avenir dans l’Europe et le PGE, le « communisme de nouvelle génération » !
La possibilité de telles dissonances dans le Parti semble décidément aussi insupportable à la direction que tout débat ouvert.
Voilà qu’à la réunion du Conseil national du 9 mars, la nouvelle présidente, Isabelle de Almeida, annonce unilatéralement que les résumés des interventions du CN ne seront plus publiées dans le supplément « Communistes » de l’Huma.
Sa formule est lapidaire : « Pour information, le ou les rapports introductifs et les interventions de chacune et chacun d’entre nous seront dorénavant publiés sur le site internet pour des raisons d’économies, un compte rendu journalistique des travaux sera donné dans Communistes. » Problème, il y a trois ans, la discussion est venue et le Conseil national avait renoncé à supprimer la publication des résumés d’intervention. Aucune donnée n’a changé. Le site internet n’a rien à voir comme accessibilité avec le journal. Pierre Laurent a insisté le 9 mars sur sa volonté de maintenir une totale « transparence » sur les débats internes au Parti.
La justification financière n’est pas tenable comme l’a démontré notre camarade Dominique Negri. L’économie attendue s’élève à 60.000 euros. C’est l’équivalent de 50 centimes par adhérent revendiqué et par an. C’est l’équivalent des indemnités de 5 ou 6 adjoints au maire. C’est combien de fois moins que ce que la direction du Parti s’est engagée à donner au Front de gauche, sans en informer le congrès ?
Quand une direction d’un parti n’arrive pas, à ce point à assumer ses positions, c’est qu’il y a un problème. Pour nous il est clair, il réside dans le fossé entre d’un côté, la ligne de renoncement, d’alignement sur la gauche européenne d’accompagnement, et de l’autre côté, la ligne et l’organisation révolutionnaires des Partis communistes, plus que jamais nécessaires aux travailleurs quand la crise générale du capitalisme bat son plein.
Nous appelons les camarades à exprimer à la direction leur volonté de voir maintenue la publication des résumés des interventions au Conseil national du PCF.